» vivoit pas pour lui; il ne vivoit que » pour les autres. Il nourriffoit les pauvres, » il guériffoit les malades, & rappelloit les » morts du tombeau. Voila pourquoi les » ennemis de l'humanité l'ont condamné » à la mort. Vous qui êtes des hommes >> levez-vous; fuivez-moi: allons pleurer » fur fon tombeau. Ah! penfée cruelle! » O Homme divin! où fera-t-il ton tom» beau? où dormiras-tu en paix? La rage » de tes perfécuteurs permettra-t-elle que » tu aies un tombeau? »

Ainfi s'exprimoit, dans fon défefpoir, Pierre que les hommes fe propofent pour modele dans le premier regret de leurs fautes, mais qu'ils n'ont pas le courage d'imiter jufqu'au bout. La fincérité de fa douleur & de fes larmes lui mérita la couronne des martyrs.

Fin du Chant VI,

CHANT SEPTIE ME.

ARGUMENT.

Le jour deftiné à la mort de Jefus commence à luire. Eloa chante ce grand jour. Le Sanhédrim, par une derniere délibération mene le Meffie à Pilate. Caïphe accufe Jefus. Philon l'accufe auffi. Pilate tire Jefus à part, & l'interroge. Mort de Judas. Pilate revient avec le Meffie, & dit qu'il va l'envoyer à Hérode. Arrivée de Marie. Elle voit fon fils. Elle cherche & trouve Porcie. Leur entretien. Sentiments de Porcie. Elle raconte un fonge qu'elle a cu. Le Meffie eft conduit à Hérode. Hérode lui demande un miracle. Jefus ne répond rien. Caïphe aigrit Hérode contre le Meffie. Hérode, après l'avoir traité avec dérifion, le renvoie à Pilate. Philon répand fes partifans parmi le peuple, pour le prévenir contre Jefus. Pilate avoit fait venir Barrabas, pour le présenter au peuple avec Jefus, & l'engager par-là à demander la délivrance du Meffic.

Porcie envoie une efclave à Pilate. Il parle au peuple qui, féduit par les artifices des prêtres & prévenu contre Jefus, demande la délivrance de Barrabas. Pilate fe lave les mains & déclare folemnellement qu'il eft innocent de la mort du Meffie. Le peuple prend fur lui le crime de cette mort. Le Meffie eft flagellé. Pilate le conduit couronné d'épines vers le peuple qu'il tache de ramener à la justice & à la com→ paffion. Les prêtres accufent le Meffie de s'étré dit Fils de Dieu. Pilate l'interroge fur cette accufation. Réponse de Jefus. Pilate cherche encore à le délivrer; mais les prêtres l'intimi dens, en tui réprochant qu'il ne fe montre pas, par fa conduite, ami de Céfar. Pilate effrayé leur livre Jefus qu'ils conduifent à la mort.

Ceron

CHANT SEPTIEME.

ELOA, environné des anges de la terre,

étoit debout fur le char de l'aurore, & faifoit retentir les airs des accents de fa voix mariée aux accords de fa harpe puiffante tels feront les chants d'alegreffe de la réfurrection univerfelle.

» Eternité, ie te falue. O toi ! jour fan» glant, jour des miféricordes, hâte-toi de » paroître, viens, accours..... Le voila qui » s'avance, & qui étend fa lumiere dans les » cieux. Les Orions le béniffent, & crient » aux foleils voifins, qui le répetent aux >> terres voifines: Voici le jour de la récon»ciliation, ce jour fublime & précieux, ce » jour enfanglanté que l'Eternel envoie » dans l'excès de fon amour. Harpes im» mortelles, célébrez ce jour par vos accords » divins. Il transforme la pouffiere en anges » de lumiere, par une nouvelle création; » & des éternités de paix & de bonheur » vont couler de fon fein,

» Que vois-je ! Une colline de la terre »eft changée en autel; l'autel tremble à » l'approche de la victime. Quand l'Eter>>nel auroit raffemblé des étoiles pour en » conftruire l'autel de fon Fils, il auroit également été ébranlé à l'arrivée d'une » fi grande victime.

»Je porte mes regards de tous côtés; » les foleils brillent d'un éclat plus radieux » & femblent fourire à la terre; les pla»netes qui les environnent, roulent plus » rapidement dans l'étendue des cieux. O » jour de la plus augufte & de la plus fo» lemnelle des fêtes! ô Sabbat du Pere & » Fils! ta préfence eft annoncée par les » chants d'alegreffe de toutes les harpes > céleftes. Toutes les couronnes des féra»phins tombent de leurs têtes; tu es cé»lébré par des fêtes dans toutes les parties » de l'univers. le Fils du Pere mourut!... » Openfée terrible & profonde! Des mil »liers de fiecles s'écouleront avant que » l'œil du féraphin te pénetre; l'Eternel » feul te conçoit. »

Ainfi chantoit Eloa, & les cieux répétoient fes chants. Cependant, aveuglée par le crime, & courbée fous le poids de fes iniquités, une troupe de mortels fanguinai res penfoit bien différemment fur la terre. Ils refpiroient l'efprit de Satan ; & l'Eternel