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IMPRIMERIE DE J. TASTU,
RUE DE VAUGIRARD, No 36.

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DU

DIX-NEUVIÈME SIÈCLE,

RÉDIGÉ

PAR MM. AIGNAN (de l'Académie française), ANNÉE,
BERT, BERVILLE, FÉLIX BODIN, BUCHON, CHATELAIN,
DULAURE, ALEXIS DUMÉNIL, ÉVARISTE DUMOULIN
ÉTIENNE, GUADET, A. JAY, LANJUINAIS (de l'Acadé-
mie des inscriptions), DE LATOUCHE, CAUCHOIS-LE-
MAIRE, MONTROL, MOREAU, J.-P. PAJÈS, L.-B. PI-
CARD (de l'Académie française), X.-B. SAINTINE, de
SENANCOUR, LÉON-THIESSÉ, A THIERS, P.-F. TISSOT,
YMBERT, etc., etc.

TOME QUATRIEME.

Páris.

BAUDOUIN FRÈRES, LIBRAIRES,
RUE DE VAUGIRARD, no 36.

1824.

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DU

DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.

A UN POËTE*.

Qui? moi ! du crayon rouge,

attribut d'un censeur,

De vos vers nonchalans affliger la douceur.
Sur des rimes sans faste et sans art enlacées,
Laisser tomber, pédant, la règle aux mains glacées !
Vos accens imparfaits savent-ils émouvoir,
Plaisent-ils ? vous savez tout ce qu'il faut savoir.
Que vos vers, comme vous, à la gêne indociles,
Volent près des amours sur des routes faciles.
Laissez-les, croyez-moi, sans trouble et sans tourmens,
Grandir sous les lambris de vos châteaux normands.
Sans fatigue, au hasard, cueillez à peine éclose,
La rime en votre esprit, comme en vos champs la rose.

* M. Ulric Guttinguer, poëte français, malgré son nom, ét citoyen de Rouen, une des villes les plus françaises que nous connaissions. M. Guttinguer, qui a la modestie de demander des conseils, vient de publier un recueil de vers pleins de naturel et de grâce, sous le titre de Mélanges poétiques. Nous en rendrons compte.

!

La rime a des ennuis qu'elle enchaîne à ses pas :
Trop heureux si vos jours ne les apprennent pas
Un seul mot à polir est quelquefois rebelle,
Tel vers coûte à dompter plus de soins qu'une belle,
Et s'il vous faut rimer et trahir tour à tour,
Offensez la césure et ménagez l'amour.

1

A nous, humbles jaloux de votre double crime,
Laissez les longs regrets, la constance et la rime.

La poésie, encens digne des immortels,
S'épure lentement aux flammes des autels;
Elle est un don du ciel, mais un don de sa haine.
Voudriez-vous d'Hector, de Pâris et d'Hélène,
Voir tomber dans vos vers les murs ensanglantés?
Un roseau dans la main, mendiez et chantez.
Chantez l'ange déchu de sa splendeur première,
Mais de vos yeux flétris exilez la lumière.
Ouvrez à l'Occident l'Indus oriental,

Lisbonne vous attend sous son noir hopital.

Et s'il vous faut enfin abreuver d'harmonie
Ces beaux noms de Renaud, d'Olinde et d'Herminie,
Allez, triste jouet des tyrans offensés,

Expier tant d'orgueil sous des fers insensés.

Non! l'amitié frémit d'un sort qu'elle déteste :
De l'arbre du savoir fuyez l'ombre funeste.
A vcs jours d'innocence épargnez ces revers;
Comme un pommier ses fruits, laissez tomber vos vers.
Ils ont, demi-formés des mains de la tendresse,
La grâce et les défauts, enfans de la paresse.
Allez flatter Agnès de couplets caressans,
Les échos neustriens rappellent vos accens,

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