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ŒUVRES

DE VOLTAIRE.

TOME ONZIÈME.

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au Jupiter olympien, couvrait fon attelier de fragmens d'or & d'ivoire.

Ce qui eft peut-être plus étonnant encore, c'eft que ce talent ne l'abandonna jamais. Il avait plus de quatre-vingts ans dorfqu'il adreffa à madame Dudeffans la pièce charmante qui commence ainsi : Eн quoi vous êtes étonnée

Qu'au bout de quatre-vingts hivers,
Ma mufe faible & furannée

Ofe encor fredonner des vers! &c.

Il est même remarquable qu'en vieilliffant, il mêlait à ces pièces une teinte de fenfibilité douce & tendre qui en augmentait le prix, & qui lui était moins familière à l'âge où, fi nous l'ofons dire, il prodiguait l'efprit à pleines mains.

Peut-être fallait-il, dans une fi grande abondance, facrifier quelques pièces qui, n'ayant que la valeur du moment ou de l'à-propos, deviendront indifférentes pour la poftérité, & c'eft ce que nous nous fommes permis quelquefois. D'ailleurs, quelques-unes étant douteufes, & toutes n'étant pas d'un égal mérite, c'était le

cas d'appliquer le proverbe: In fylvam ne ligna feras.

Remontez de Chaulieu à Voiture, remontez même à des époques plus éloignées, & réuniffez tous ceux de nos poètes qui fe font acquis une grande célébrité par leurs poéfies fugitives, tous ensemble ne formeraient pas en ce genre une collection égale à celle de Voltaire; & (ce que nous n'oferions dire d'aucune autre) que l'on ouvre celle-ci au hafard, on y trouvera presque par-tout l'abandon, la facilité, la grâce, fouvent même la profondeur.

Autant qu'il nous a été poffible, nous avons confervé dans ces pièces l'ordre chronologique, plus indifpenfable encore dans la poéfie que dans la profe, parce qu'on ne peut faifir fans lui les progrès de l'imagination & du talent.

Nous avons fupprimé les différens noms fous lefquels Voltaire se plaisait à se cacher dans fes dernières années. Il avait pris tour-à-tour ceux de Guillaume Vadé,

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