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comme s'il commettait un vol contre le Saint, béni soit-il, et contre la commune d'Israël 11); car il est dit (Prov. XXVIII, 24.): celui qui pille son père et sa mère, et qui dit que ce n'est point un péché est compagnon de l'homme dissipateur (ou corrupteur). Et ici le mot père ne signifie que le Saint, béni soit-il; car il est dit (Deut. XXXII, 6.): n'est-il pas ton père, ton possesseur? Et le mot mère ne signifie là autre chose que la commune d'Israël; car il est dit (Prov. I, 8.): Ecoute, mon fils, l'instruction de ton père, et n'abandonne pas l'enseignement de ta mère. Mais que signifient les paroles: compagnon d'un homme dissipateur? R. Hanina, fils du fils de Papa, dit: ce mot compagnon veut dire Jérobeam, fils de Nebut, qui corrompit Israël (en le faisant pécher) contre leur père qui est dans le ciel.

R. Hanina, fils de Papa, fit cette opposition. Il est écrit (Osée II, 9.): Et je reprendrai mon froment (17) en son temps, etc. Et il est aussi écrit (Deut. XI, 14.): et tu recueilleras ton froment (77), etc. Cela ne constitue pas une difficulté, car un passage vaut pour le temps qu'Israël fait la volonté de Dieu, et l'autre pour le temps qu'Israël ne fait pas la volonté de Dieu. Les rabbins ont appris: (il est écrit) et tu recueilleras ton froment: que veut dire l'Ecriture par cela? Rép.: Il est dit (Jos. I, 8.): que ce livre de la loi ne s'éloigne point de ta bouche, on pourrait croire que ces paroles doivent être entendues comme elles sont écrites 12), c'est pour cette raison que l'Ecriture dit: et tu recueilleras ton froment (pour nous apprendre) qu'il faut se comporter par rapport à l'étude des lois comme on le fait ordinairement, sans oublier les nécessités de la vie 13), paroles de R. Ismaël. Mais R. Siméon, fils de

11) Raschi: car en omettant la bénédiction, il est cause que les fruits de la terre ne prospèrent pas.

12) C'est-à-dire qu'il soit défendu de faire autre chose que de s'appliquer à l'étude de la loi.

13) Il faut donc s'adonner aussi à l'agriculture d'autant plus, dit Raschi, que c'est la misère qui empêche le plus d'étudier la loi.

Johaï14), dit: comment cela est-il possible? Si l'homme devait labourer dans le temps du labourage, semer dans le temps des semailles, moissonner dans le temps de la moisson, battre le blé dans le temps où on le bat, et le jeter en l'air dans le temps que le vent tire, que deviendrait la loi entre ses mains 15)? Il faut donc expliquer cela (en disant dans le temps que les Israélites font la volonté de Dieu, les travaux qu'ils devraient faire eux-mêmes seront exécutés par les autres; car il est dit (Esa. LXI, 5.): Et les étrangers seront là et paîtront vos brebis, etc. 16), et dans le temps qu'ils ne font pas la volonté de Dieu, ils seront obligés d'accomplir ces travaux de leurs propres mains; car il est dit (Deut. XI, 14.): et tu recueilleras ton froment, et non seulement cela, mais ils exécuteront même les travaux que devraient faire les autres peuples; car il est dit (ib. XXVIII, 44.): Tu serviras tes ennemis, etc. Avaï dit que beaucoup d'hommes ont fait comme dit R. Ismaël, et les choses ont prospéré entre leurs mains, (d'autres ont suivi l'avis) de R. Siméon, fils de Johaï, et la chose n'a pas prospéré entre leurs mains. Rava disait aux rabbins: j'exige de vous en grâce que pendant les jours de Nisan et de Tischri (qui sont les mois de la moisson et de la vendange) vous ne vous laissiez pas voir devant moi, afin que vous ne soyez pas en soin pour votre nourriture, pendant toute l'année

et

Rabba, fils du fils de Hunna, dit que R. Johanan disait

14) La sentence qu'on rapporte ici de ce docteur étant en harmonie avec la doctrine que le Zohar professe au sujet de l'agriculture, peut confirmer en quelque manière l'opinion que R. Siméon, fils de Johaï, est l'auteur de ce livre.

15) Le même R. Siméon, fils de Johaï, ajoute dans le Talmud de Jérusalem (Berac. 5. b.) que s'il avait été sur le mont Sinaï au moment que la loi fut donnée aux Israélites il aurait demandé deux bouches à Dieu, l'une pour l'étudier et l'autre pour satisfaire à ses propres besoins, afin que cette dernière occupation n'interrompît pas l'autre un seul instant.

16) Par ce passage du Talmud on s'explique l'extrême répugnance que les Juifs ont aujourd'hui de s'adonner à l'agriculture; car ils regardent l'exercice de cette profession utile, comme une calamité et un

châtiment du ciel.

au nom de R. Jéhuda, fils d'Elaaï: viens et vois comment les dernières générations n'ont pas été comme les premières: les premières générations ont fait de la loi leur occupation principale, et de leurs affaires leur occupation accessoire, et les unes comme les autres ont prospéré entre leurs mains, au lieu que les dernières générations font de leurs affaires leur occupation principale et de leur loi leur occupation accessoire, et les premières comme la seconde ne prospèrent pas entre leurs mains. Rabba, fils de Hunna, dit encore que R. Johanan disait au nom de R. Jéhuda, fils d'Elaaï: viens et vois comment les dernières générations ne sont pas comme les premières, car les premières générations faisaient entrer leurs fruits par la voie de la porte d'entrée (75 gr.) afin de les assujétir à la dîme, tandis que les dernières générations introduisent leurs fruits par la voie des toits, par la voie des cours, par celle des enclos (p) afin de les délivrer de la dîme, car R. Jannaï dit: Le Tabol 17) n'est pas sujet à la dîme jusqu'à ce qu'il n'ait vu la façade de la maison; car il est dit (Deut. XXVI, 13.): J'ai emporté la Sainteté de la maison (man pa). Et R. Johanan dit que même la cour rend redevable de la dime; car il est dit (ib. vs. 12.): et ils mangeront dans tes portes (w), et ils en seront rassasiés.

Mischna. Excepté le vin, etc.

Ghémara. Pourquoi cette différence pour le vin? Dirons-nous que comme par son changement (de fruit en vin) il devient d'un plus grand prix, il demande une autre bénédiction? Mais cependant l'huile aussi se change en mieux, et pourtant elle n'a pas besoin d'une autre bénédiction, car R. Jéhuda disait avoir entendu dire à Samuel, et de même R. Isaac disait avoir entendu dire à R. Johanan: on fait la bénédiction sur l'huile d'olivier (selon la formule): celui qui crée le fruit de l'arbre. Sur quoi on répondit: quant à l'huile cela arrive parce qu'on ne peut pas faire autrement, car comment devrions-nous bénir? Est-ce que nous

17) fruit dont on n'a pas encore donné la dime, mais seulement les prémices.

devrions dire en bénissant: celui qui crée le fruit du ♫ (de l'olivier)? Mais le fruit lui-même s'appelle n (olive)? Il faudrait donc dire en faisant la bénédiction sur l'huile: ́celui qui crée le fruit de l'arbre n. Mais Mar Zutra dit: (cela est plutôt parce que) le vin nourrit et que l'huile ne nourrit pas. Comment l'huile ne nourrit pas, lorsque nous avons appris: si quelqu'un a fait voeu de s'abstenir de nourriture (777), il ne lui est permis que l'eau et le sel? Comme nous voyons par là que ce n'est que l'eau et le sel qui ne sont pas appelés nourriture (7172) donc toutes les autres choses (l'huile y comprise) sont appelées nourriture (777). Dirons-nous que c'est la question de Rav et Samuel qui disent: on ne doit faire la bénédiction: qui crée les espèses de nourriture (277) que dans les cinq espèces seulement 18). Et Rav Hunna dit: (cela tombe) sur celui qui dit je prends sur moi (de m'abstenir) de tout ce qui nourrit; donc l'huile nourrit. Mais le vin soutient (75) et l'huile ne soutient pas. Mais comment le vin soutient-il, si nous voyons que Rava était accoutumé de boire du vin toute la veille du jour de Pâque pour rabattre quelque chose de son coeur (774) (de sa vigueur, et pour se donner plus d'appétit) afin d'être en état de manger le plus de matses (de pain sans levain) possible? En grande quantité il diminue la vigueur (et donne de l'appétit), mais en petite quantité il soutient. Mais y a-t-il la moindre apparence qu'il soutienne, s'il est écrit (Psau. CIV, 15.): et le vin réjouit le coeur de l'homme, etc.? Le pain soutient et le vin ne soutient pas. Mais dans le vin se trouve l'une et l'autre propriété de soutenir et de réjouir; tandis que le pain soutient et ne réjouit pas. Cependant si c'était ainsi nous serions tenus à faire sur le vin trois bénédictions (comme si lui seul constituait un repas). Mais les hommes n'ont pas en usage de faire consister leurs repas seulement dans le vin. Sur quoi Rav Nahman, fils d'Isaac, disait à Rava: mais dans le cas qu'ils fixassent leurs repas dans le vin seulement que faudrait-il faire? H lui répondit:

18) Raschi: ces cinq espèces sont: le froment, le blé, seigle, l'épi.

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lorsqu'Eli viendra il nous dira s'il est permis de fixer un repas ainsi; mais maintenant cette opinion reste sans force attendu que parmi tous les hommes (on pratique autrement).

(Nous avons appris) dans la même tradition que Rav Jéhuda disait avoir entendu dire à Samuel, et de même R. Isaac disait avoir entendu dire à R. Johanan: sur l'huile d'olivier on fait la bénédiction: celui qui crée le fruit de l'arbre. Or, comment cela? Faudra-t-il dire (qu'il la bénit) parce qu'il s'en sert comme une boisson? Mais c'est une boisson qui ne peut que nuire (et qui par conséquent ne demande pas une bénédiction), car nous avons appris: celui qui boit l'huile de la truma (oblation) doit en rendre le sort, mais il n'est pas tenu d'y ajouter la cinquième partie (car il n'en retire aucun bien); mais celui qui s'est oint avec l'huile de la truma doit en rendre le sort et y ajouter la cinquième partie. Il faut donc dire (qu'il doit la bénir) lorsqu'il la mange avec du pain. Mais si c'est ainsi le pain devient alors la chose principale et l'huile l'accessoire, et nous avons appris cette règle générale: chaque fois qu'il y a une chose principale avec une autre accessoire on est obligé de faire la bénédiction sur la chose principale, et dispensé de la faire sur l'accessoire. Il faut donc qu'il fasse la bénédiction lorsqu'il boit l'huile moyennant un Anigaron (178 gr. et lat.)19); car Rabba, fils de Samuel, dit: l'Anigaron est une sauce d'eau de betterave, et l'Ansigaron d'eau de toute sorte d'herbes potagères. F. 36. a. Mais si c'est ainsi, l'Anigaron sera la chose principale et l'huile l'accessoire, et alors vaudra la règle que nous venons de rapporter. De qui donc s'agit-il ici? De celui qui a mal à la gorge; car la Baraïtha dit: celui qui a mal à la gorge ne doit pas commencer par se gargariser (1997)

19) Garun, dit Rabe, est le nom général de toute espèce de ragout et d'assaisonnement fait avec des entrailles de poisson. On l'appelle Oenogaron lorsqu'on le prépare avec le vin, et Oxygaron lorsqu'on le fait avec le vinaigre. Mais dans le ragout ou sauce dont parle ici le Talmud, il doit entrer nécessairement de l'huile et des herbes.

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