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s'accoutume à prendre la moutarde (3) une fois tous les trente jours, éloigne toute espèce de maladies de sa maison. Mais on ne doit pas en prendre chaque jour. Pour quelle raison? Parce qu'elle cause des affaiblissemens de coeur. Rav Hija, fils d'Achi, disait avoir entendu dire à Rav: celui qui s'accoutume à manger de petits poissons ne viendra pas entre les mains de la colique, et non seulement cela, mais les petits poissons rendent prolifique, végétatif et sain tout le corps de l'homme. R. Hama, fils de Hanina, dit: celui qui s'accoutume à manger de la nielle ne vient pas entre les mains des douleurs de coeur. Objection: Rabban Siméon, fils de Gamaliel, dit que la nielle est une des 60 drogues de la mort, et que si quelqu'un s'endort ayant (de la nielle à l'Orient, son odeur) lui fera monter le sang à la tête. Cela ne constitue pas une difficulté; car une sentence regarde l'odeur et l'autre la saveur, c'est pourquoi lorsque la mère de R. Jérémie pétrissait du pain, elle y jetait (de la nielle pour lui communiquer son goût), et la ratissait après.

Mischna. R. Jéhuda disait: celui qui crée les espèces des herbés.

Ghémara. R. Zira, et selon d'autres R. Hanina, fils de Papa, disait: l'Halaca n'est pas selon R. Jéhuda. R. Zira, et selon d'autres R. Hanina, fils de Papa, disait encore: sur quoi se fonde R. Jéhuda? Sur le verset qui dit (Psau. LXVIII, 20.): Béni soit le Seigneur jour par jour (b), est-ce qu'on doit le bénir pendant le jour seulement, et non pendant la nuit aussi? Cela veut donc te dire que tu dois faire la bénédiction qui est adaptée à chaque jour; de même donc ici il faut faire la bénédiction qui est adaptée à chaque espèce.

R. Zira, et selon d'autres R. Hanina, fils de Papa, disait aussi: viens et vois que la manière d'agir du Saint, béni soit-il, n'est pas comme la manière d'agir du sang et de la chair; la manière d'agir de la chair et du sang porte qu'il peut renfermer quelque chose dans un vase, seulement lorsqu'il est vide, mais lorsqu'il est plein, il ne peut rien y renfermer. Mais le Saint, béni soit-il, ne fait pas ainsi, car il remplit encore davantage un vase plein, et ne ren

ferme rien dans un vase qui est vide; car il est dit (Exod. XV, 26.): si su écoutes en écoutant, c'est-à-dire, si tu écoutes (une fois) tu écouteras aussi (plusieurs fois); mais si tu n'écoutes pas (à présent) tu n'écouteras pas non plus (dans la suite). D'autres expliquent cela ainsi : si tu écoutes l'ancien (ce que j'ai déjà dit) tu écouteras aussi le nouveau (ce que je te dirai); mais si tu le chasses de ton coeur, tu ne seras plus en état d'y prêter l'oreille.

Mischna II.

Celui qui, sur les fruits d'un arbre, fait la bénédiction : le créateur des fruits de la terre, satisfait à son devoir; mais celui qui dit sur les fruits de la terre: le créateur des fruits de l'arbre, ne satisfait pas à son devoir. Cependant celui qui dans toute occasion dit: car tout existe par sa parole, satisfait à son devoir.

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Qui est le Tanne qui dit que la chose principale de l'arbre est la terre? Rav Nahman, fils d'Isaac, dit: c'est R. Jéhuda; car nous avons appris: si la source est tarie et l'arbre coupé (après en avoir cueilli les prémices) il les apporte (devant Dieu), mais il ne dit pas (de la terre que tu m'as donnée). Mais R. Jéhuda dit qu'il les apporte et dit (cette formule, car la terre est la chose principale). Mischna. Sur les fruits de la terre, etc.

Ghémara. Cela va sans dire; mais Rav Nahman, fils d'Isaac, dit: on n'a besoin de dire cela qu'à cause de R. Jéhuda qui dit que le froment est une espèce d'arbre, car une Baraïtha porte: l'arbre dont a mangé le premier homme, selon R. Meïr, a été la vigne; car il n'y a rien qui apporte plus de calamités à l'homme que le vin; car il est dit (Gen. IX,21.): et il but du vin et s'enivra. R. Néhémie dit que c'a été le figuier vu que par la même chose moyennant laquelle ils ont fait le mal, ils ont voulu aussi le réparer; car il est écrit (Gen. III, 7.): et ils cousirent ensemble des feuilles de figuier. Mais R. Jéhuda dit que ce fut le froment, car il n'y a pas d'enfant qui sache dire père et mère

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avant d'avoir goûté le gout du blé 46). J'aurais donc cru, que puisque R. Jéhuda dit que le froment est une espèce d'arbre, il faut faire sur lui la bénédiction: celui qui crée les fruits de l'arbre, c'est pourquoi on nous fait entendre cette tradition: où devons-nous faire la bénédiction: celui qui crée les fruits de l'arbre? là où, après avoir ôté les fruits, il reste encore des branches qui produisent de nou-F. 40.6. veau; mais là où, après avoir ôté les fruits, il ne reste pas de branches qui produisent de nouveau, on ne fait pas la bénédiction: celui qui crée les fruits de l'arbre, mais l'autre : celui qui crée les fruits de la terre.

Mischna. Et sur toute espèce de fruits s'il dit: car tout, etc.

Ghémara. On nous a dit que Rav Hunna disait: excepté le pain et le vin. Mais R. Johanan dit: même pour le pain et pour le vin. Dirons-nous que cela est une dispute de Tanaïm (car nous avons appris): Si quelqu'un voit du pain et dit: que ce pain est beau, béni soit Dieu qui l'a créé, il a fait son devoir, et s'il voit une figue et dit que cette figue est belle, bén soit Dieu qui l'a créée, il a fait également son devoir; paroles de R. Meïr; mais R. Jose dit: quiconque change la formule fixée par les sages à l'égard des bénédictions, ne sort pas d'entre les mains de son devoir. Devons-nous dire donc que Rav Hunna parle selon R. Jose, et R. Johanan selon R. Meïr? Mais Rav Hunna te dira: moi aussi je suis de l'opinion de R. Meïr; cependant R. Meïr n'a parlé (de la manière que nous venons de voir) ci-dessus que parce qu'on avait prononcé le nom pain, car dans tous les cas où on ne prononce pas ce nom, R. Meïr lui-même avoue (qu'on ne remplit pas son devoir). Et R. Johanan? Il te dira: moi aussi je suis de l'avis de R. Jose, cependant R. Jose n'a parlé (de la façon que nous venons de voir) ci-dessus, qu'à cause qu'on avait dit une bénédiction que les rabbins n'avaient pas établie; mais lorsqu'on a dit: car tout existe par sa parole, bénédiction que les rabbins ont établie, R. Jose lui-même avoue (qu'il a rempli son devoir).

46) Raschi: C'est pourquoi il est appelé arbre de la science.

Benjamin Raja (le berger) voulant manger du pain, dit (en chaldéen): béni soit le Seigneur (77) de ce pain. Sur quoi Rav disait: il a fait son devoir. Cependant Rav a dit: toute bénédiction où on ne fait pas commémoration du nom de Dieu, n'est pas une bénédiction. Rép.: Mais Benjamin a dit: bénie-soit la divine miséricorde le Seigneur de ce pain. Il faut cependant trois bénédictions. Rép.: Ce que Rav a dit qu'il a rempli son devoir, il l'a dit à l'égard de la première bénédiction. Mais qu'est-ce qu'il nous fait entendre par là? Que (cela est valable) quoiqu'il l'ait dit dans une langue profane. Mais nous avons déjà appris dans la Mischna voilà ce qu'on peut dire dans toutes les langues: la parcha de la femme soupçonnée d'adultère, la confession de la dîme (Deut. XXVI, 13 etc.), la lecture du Chema, la prière et la bénédiction des mets. Rép.: Cependant il fallait le répéter; car autrement il pouvait me venir dans l'esprit que les mots (de la Mischna valent seulement) lorsqu'on dit la bénédiction dans une langue profane selon la formule prescrite par les rabbins dans la langue sainte: dans le cas contraire j'aurais pu croire (que la bénédiction n'a pas de valeur), c'est pourquoi on nous fait entendre cela expressément.

Dans la même tradition Rav a dit: toute bénédiction où on ne fait pas commémoration du nom de Dieu, n'est pas une bénédiction. Mais R. Johanan dit que toute bénédiction où on ne parle pas du royaume de Dieu n'est pas une bénédiction. Sur quoi Avaï disait: je suis de l'avis de Rav; car une Baraïtha porte sur les mots (Deut. XXVI, 13.): Je n'ai rien transgressé de tes commandemens, et ne les ai point oubliés; c'est-à-dire je n'ai pas omis de te bénir, et je n'ai pas oublié de faire commémoration de ton nom (dans chaque bénédiction). Mais quant au royaume de Dieu, il n'y est rien enseigné. (Et R. Johanan? Il entend ainsi ces paroles: je n'oublierai pas de faire la commémoration de ton nom et de ton royaume 47).

47) Les paroles en parenthèse ne se trouvent pas dans l'édition de Cracovie ni dans l'Ain Jacob,

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Mischna Ille et IVe.

Pour une chose qui ne prend pas son accroissement de la terre, on doit dire: car tout existe par sa parole; sur le vinaigre, sur les fruits tombés d'eux-mêmes, et sur les sauterelles (qu'on peut manger) on doit dire: car tout existe par sa parole. R. Jéhuda dit: pour tout ce qui provient d'une espèce de malédiction (comme ces trois dernières choses) on ne fait pas de bénédiction 48). Celui qui a devant lui plusieurs espèces de produits, R. Jéhuda dit que si dans ce nombre il y en a une des sept espèces 49), il pourra faire la bénédiction sur elle; mais les sages disent qu'il peut la faire sur ce qu'il lui plaira 5o).

Ghém a ra.

Les rabbins ont appris: sur une chose qui ne croît pas de la terre, comme la chair du bétail, des animaux, des oiseaux et des poissons on doit dire: car tout existe par sa parole; sur le lait, sur les oeufs et sur le fromage on doit dire: car tout existe par sa parole; sur le pain devenu moisi, sur le vin devenu aigre, et sur un mets cuit dont la forme a changé, on doit dire: car tout existe, etc.; sur le sel, sur la saumure ( gr.), sur les champignons, sur les potirons () on doit dire: car tout, etc. Devons-nous dire que les champignons et les potirons ne croissent pas de la terre? Mais cependant nous avons appris (Nedarim 55. b.): celui qui fait voeu (de s'abstenir) des fruits de la terre ne peut pas manger des fruits de la terre; il peut cependant manger des champignons et des potirons; mais s'il a dit je fais voeu (de m'abstenir) de tout ce qui croît de la terre, alors lui sont interdits même les champignons et les potirons. Sur quoi Avaï dit: quant à croître, ils croissent de la terre, et quant à sucer, ils ne sucent

48) Mais la décision n'est pas selon R. Jéhuda.

49) Pour lesquelles la terre de promission était célèbre; ces sept espèces sont: le froment, borge, le raisin, les figues, les grenades, les olives, les dattes et le lait.

50) La décision est selon les sages.

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