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Chema. Rav Hasda dit: la jambe découverte d'une femme constitue une nudité (175) (qui empêche de lire le Chema); car il est dit (Esa. XLVII, 2.): découvre la jambe passe le fleuve, et il est aussi écrit immédiatement après (ib. vs. 3.): ta honte (7) sera découverte, et ton opprobre sera vu. Samuel dit: la voix d'une femme constitue une nudité; car il est dit (Cant. II, 14.): car ta voix est douce et ton regard gracieux. Rav Chechath dit: les cheveux d'une femme sont une nudité; car il est dit (ib. IV, 1.): tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres.

R. Hanina dit: j'ai vu que Rabbi suspendait ses Tephillin. Mais on lui objecta cette tradition: celui qui suspend (à un clou) ses Tephillin aura la vie suspendue. Les interprètes des passages difficiles disent sur les paroles (Deut. XXVIII, 66.): Et ta vie sera pendante devant toi, qu'elles font allusion à celui qui suspend ses Tephillin. Cela ne fait pas de difficulté, car une chose se rapporte aux courroies, et l'autre à la cellule des Tephillin 8). Et si tu veux je peux dire qu'il n'y a pas de différence entre (suspendre les Tephillin) par les courroies ou par la cellule, et que l'une et l'autre choses étant défendues Rabbi a dû les suspendre dans une bourse. Mais si c'est ainsi à quoi bon le dire? On nous parle de cela expressément, afin que tu ne penses pas qu'il soit nécessaire de les cacher (dans une armoire) comme le livre de la loi.

R. Hanina disait encore: j'ai vu que Rabbi rotait, baîllait, éternuait, crachait et se grattait sur son habit") F. 24. b. (pendant la prière), mais il ne cherchait pas à s'envelopper de nouveau 10), et lorsqu'il baîllait, il plaçait sa main

8) Raschi: Il ne convient pas de suspendre les Tephillin par les courroies de manière que la cellule soit en bas, mais on peut faire le contraire, et c'est justement ce qu'a dû faire Rabbi.

9) Raschi: pour chasser les pons et les puces qui le piquaient. Il est à remarquer que Raschi s'étant proposé de chercher des Synonymes à toutes ces expressions vulgaires dans la langue des barbares comme il le dit (75) il a recours, ce me semble, aux trois langues italienne, française et espagnole (Striller, baler, starunder).

10) Raschi: il ne cherchait pas à arranger son Talleth une fois qu'il lui était tombé, pour ne point interrompre sa prière.

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sur son menton. Mais on lui objecta cette tradition: celui qui fait entendre sa voix dans la prière passe pour avoir peu de confiance (en Dieu), et celui qui en priant élève trop haut sa voix, imite les faux prophètes (de Baal I Rois XVIII, 28.), celui qui rote et celui qui baîlle passent pour être grossiers d'esprit, et si quelqu'un éternue dans la prière: c'est un mauvais pronostic pour lui; d'autres disent qu'on peut reconnaître par là qu'il est mal élevé : celui qui crache pendant sa prière, c'est comme s'il crachait sur la figure d'un roi. D'accord que l'action de roter et de bailler ne présentent pas ici de difficulté, car une fois elle peut avoir lieu malgré nous-mêmes 11), et une autre fois avec notre pleine advertance. Mais la difficulté est qu'il n'y a pas deux espèces d'éternumens. Rép.: Cette difficulté n'existe pas, car il y a fort bien deux espèces d'éternumens, et une fois on parle de ceux d'en haut 12), et une autre fois de ceux d'en bas 13). Car R. Zira dit: cette chose qui a été enseignée dans l'école de Rav Hamenuna m'est aussi agréable et aussi précieuse que toute autre doctrine; c'est-à-dire, que si on éternue dans la prière, il faut le prendre pour un bon pronostic, car de même qu'ils font du bien à l'esprit ici bas, de même ils lui en font en haut (ou dans le ciel) 14). Mais la difficulté est, ciel)14). qu'il n'y a pas de différence entre cracher et cracher. Rép.: Cette difficulté n'existe pas, car il y a une différence entre cracher et cracher, vu que la chose peut se passer selon ce que dit Rav Jéhuda: si quelqu'un prie et qu'il lui vienne un crachat il peut le faire absorber par son Talleth, et si le Talleth est trop beau il peut le faire absorber par son suaire. Ravina se trouvait debout derrière Rav Ache: un crachat étant venu à celui-ci, il le jeta derrière lui. Ra

11) Et par conséquent, à Rabbi aussi il peut être arrivé de roter et de bailler malgré lui-même.

12) Là où l'on dit que Rabbi éternuait.

13) Là où l'on défend d'éternuer.

14) Ce jeu de mots que nous n'osons pas expliquer est bien digne d'être remarqué.

vina lui dit: est-ce que Mar n'est pas de l'opinion de Rav Jéhuda (qui dit) qu'il faut le faire absorber par son suaire. Rav Ache répondit: moi j'ai pour cela trop d'aversion. (Il suit dans la même tradition): celui qui fait entendre sa voix dans la prière a peu de foi (en Dieu). Sur quoi dit Rav Hunna qu'on n'a enseigné cela que pour celui qui peut disposer son coeur en silence, mais celui qui ne peut pas disposer son coeur en silence peut (faire entendre sa voix). Cependant ces paroles sont relatives à celui qui prie tout seul, car s'il prie dans l'assemblée il pourrait la troubler (en élevant trop haut la voix).

R. Abba voulait se soustraire à Rav Jéhuda, car il était dans la résolution de monter dans la terre d'Israël, et Rav Jéhuda soutenait que quiconque monte de Babel dans la terre d'Israël viole un précepte affirmatif; car il est dit (Jér. XXVII, 22.): Ils seront emportés à Babylone, et ils y demeureront jusqu'au jour que je les visiterai, dit l'Eternel. R. Abba se disait donc j'irai et j'entendrai quelque chose de lui (en me tenant hors de l'école, et puis je partirai. Il est allé et a trouvé un Tanne qui enseignait ce qui suit en présence de Rav Jéhuda: si quelqu'un était en prière et qu'il lui arrivât d'éternuer (d'en bas) il devrait attendre jusqu'à ce que le vent fût passé, et puis continuer à prier, et d'autres disent: celui qui est en prière et a envie d'éternuer (d'en bas) doit s'éloigner (de sa place) en reculant de quatre coudées, puis il éternue, puis il attend que le vent ait cessé, puis il revient (à sa place), puis il reprend sa prière, puis il dit: Seigneur du monde, tu nous a formé des trous sur trous, et des vides sur vides: il est révélé et connu devant toi notre opprobre; dans notre vie ainsi que dans notre dernière heure nous ne sommes qu'insectes et vermisseaux: puis il recommence dans l'endroit où il s'était interrompu. Sur quoi R. Abba dit: si je n'étais venu que pour entendre cette chose, ce serait assez.

Les rabbins ont appris: si quelqu'un dormait (nu) dans son Talleth, et ne pouvait en faire sortir sa tête à cause du froid, il devrait faire avec le même Talleth une sépa

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ration sur son cou 15), et fait la lecture du Chema, et d'autres disent (qu'il doit faire cette séparation) sur son coeur. Or, comment le premier Tanne peut-il dire (sur son cou) puisqu'alors son coeur verrait la nudité? Rép. Il est d'avis qu'il est permis que son coeur voie la nudité. Rav Hunna dit avoir entendu dire à R. Johanan: celui qui marche où se trouvent ramassées des immondices, place sa main sur sa bouche, et fait la lecture du Chema. Sur quoi Rav Hasda lui dit: par Dieu si R. Johanan ne 'm'avait dit cela de sa propre bouche, je ne l'aurais pas suivi. Selon d'autres cette sentence a été rapportée par Rabba, fils du fils de Hunna, sur l'autorité de R. Jehochua, fils de Lévi. Mais comment Rav Hunna a-t-il pu dire ceci, lui qui dit autre part: il est défendu à un disciple des savans de rester debout dans un lieu où il y a des immondices; car il lui est impossible de rester un seul instant debout sans méditer sur la loi? Cela ne constitue pas une difficulté, car une sentence est applicable à celui qui s'arrête, et l'autre à celui qui marche 16). Mais comment R. Johanan a-t-il pu dire ceci, lorsque (nous voyons) que Rabba, fils du fils de Hunna, disait avoir entendu dire au même R. Johanan: dans tout lieu il est permis de méditer sur les paroles de la loi, excepté dans la maison du bain et dans la maison de la chaise? Et si tu voulais dire qu'ici aussi il faut faire une distinction entre s'arrêter et aller (je te réponds) que ce n'est pas ainsi; vu que lorsque R. Avhu était allé après R. Johanan, et qu'il faisait la lecture du Chema, à peine arriva-t-il où étaient ramassées des immondices qu'il se tut et dit à R. Johanap: où dois-je recommencer? Il lui répondit: si tu t'es arrêté autant qu'il fallait pour finir tout (le Chema) tu dois le reprendre du commencement. Rép.: C'est ainsi que R. Johanan a voulu lui dire: selon mon opinion il n'est pas nécessaire (de s'interrompre), mais comme tu crois qu'il est nécessaire, si tu t'es arrêté autant

15) Raschi: il devrait l'arranger sur son cou de manière à ne point voir sa nudité.

16) Où il est seulement défendu de s'arrêter au milieu des immondices,

qu'il faudrait pour finir le tout, reprends-le du commencement. Il y a une Baraïtha qui est conforme à l'avis de Rav Hunna, et une autre Baraïtha qui est conforme à l'avis de Rav Hasda. La première porte: celui qui marche dans des lieux où sont ramassées des immondices, met sa main sur sa bouche et fait la lecture du Chema. Et la seconde porte à son tour: celui qui marche dans de tels endroits, ne doit pas faire la lecture du Chema. Et non seulement cela, mais s'il la fait déjà lorsqu'il entre, il doit s'interrompre. Mais comment se régler lorsqu'il ne s'interrompt pas? R. Majacha, fils du fils de R. Jehochua, fils de Lévi, dit qu'il faut lui appliquer le verset qui dit (Ezéch. XX, 25.): moi aussi je leur ai donné des statuts qui ne 'sont pas bons, et des ordonnances par lesquelles ils ne vivront point. R. Ase lui applique cet autre passage (Esa. V, 18.): malheur à ceux qui tirent l'iniquité avec des cables de vanité (Talm.: ils attirent sur eux des châtimens même en prononçant un seul mot dans un semblable endroit). Rav Ada, fils d'Ahava, dit que c'est d'ici (qu'il faut tirer une application propre à ce sujet) (Nomb. XV, 31.): Parce qu'il a méprisé la parole de l'Eternel. Mais s'il s'est interrompu quelle en sera la récompense? R. Avhu dit qu'alors il lui est applicable le verset qui dit (Deut. XXXII, 47.): Et par cette parole (Talm.: que vous n'aurez pas prononcée dans cet endroit) vous prolongerez vos jours.

Rav Hunna dit: s'il a fait de son Talleth une ceinture sur ses reins, il lui est permis de faire la lecture du Chema. La Baraïtha aussi dit: si son Talleth, ou son habit, ou une peau, ou un sac lui sert de ceinture sur ses reins, il lui F. 25. a. est permis de faire la lecture du Chema 17). Mais il ne peut

pas faire sa prière jusqu'à ce qu'il ait couvert son coeur 18). Rav Hunna disait aussi: si quelqu'un s'est oublié et est entré avec les Tephillin dans la maison de la chaise il y tient sa main dessus jusqu'à ce qu'il ait fini. Mais com

17) Raschi: quand même il serait tout nu au-dessus de ses reins. 18) Raschi: car il doit se croire en présence d'un roi.

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