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montées, à une certaine distance, par les embarcations moyennes des bâtiments. De ce nombre sont les rivières des Allemands et du Grand-Carénage. Une barre, franchissable à mi-marée au plus tôt, est le seul obstacle à l'entrée des

canots.

En général, le courant de ces rivières est rapide; leur eau est fraîche, de bon goût, à moins qu'on ne la recueille immédiatement après un orage. Alors elle peut contenir des principes nuisibles fournis, tant par les détritus organisés, que par les dilutions des particules inorganiques composant les couches diverses des terrains parcourus. Plusieurs individus, après en avoir usé dans ces circonstances, ont éprouvé des indispositions.

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Dans la baie d'Arakoa, les couches du sol sont dues, en général, à la juxta position oblique, plutôt qu'à la sition d'agrégations argileuses plus ou moins compactes. Cette dernière disposition se remarque cependant dans les couches inférieures qui sont à l'état de schistes ferrugineux et alumineux, ou siliceux. Le rivage est couvert de débris de ces roches arrondies par le mouvement de la mer. Beaucoup sont très-poreux et ont l'aspect de laves refroidies. Les crêtes des montagnes ont la même apparence. Une assez grande quantité de blocs, d'un fort volume, se trouvent parsemés et isolés à des hauteurs considérables. Ces fragments paraissent aussi d'origine volcanique. L'on remarque également des veines de quartz et de calcaires dans les parties où la côte est taillée à pic.

Dans les couches intermédiaires et obliques, les fragments se détachent par lames parallèles, grisâtres, peu adhérentes entre elles, ainsi que cela s'observe pour tous les schistes, les argileux surtout.

Quant à la croûte végétale proprement dite, elle s'étend peu profondément, et n'est bien manifeste qu'au voisinage des bois, dont les détritus la constituent en grande partie.

Des arbres énormes et des sous-bois fourrés, des lianes

rendent impénétrables, ou du moins très-pénibles à parcou rir, les forêts qui couvrent la pente des montagnes et la plupart des vallons. Les portions découvertes du sol paraissent les moins productives; le terrain y est épuisé par d'épaisses fougères qui ne peuvent servir d'engrais que brûlées, et dont il est bien difficile de le purger totalement. Une herbe plus ou moins tendre, le coriaria sarmentosa, etc., poussent assez abondamment dans d'autres parties non boisées. Le phormium ne se rencontre que dans les lieux marécageux ou très-arrosés.

Tous les légumes poussent avec une grande facilité à Akaroa, et, parmi eux, la pomme de terre. Les baleiniers viennent prendre ce tubercule en échange des esprits et des objets manufacturés de l'Europe. La pomme de terre se trouve fort bien dans les terrains légers et souvent arrosés ; mais l'engrais est indispensable, afin qu'elle atteigne le degré de développement et de bonté nécessaire à sa conservation et à ses propriétés alimentaires. C'est pourquoi les pommes de terre, cultivées avec intelligence aux environs. des Ficheries (Port-Coopen, Pigeon's-bais), sont préférables à celles que les Maouris recueillent dans quelques points isolés du littoral, sans culture préalable. Il en est de même de celles, violettes à l'intérieur, que les Anglais retirent de l'île de Chatam pour les vendre à la Baie-des-Iles, lorsque la récolte de l'année est épuisée. Elles se conservent peu longtemps.

Sur le versant équatorial, les céréales et les vignes me semblent devoir arriver, un jour, à une parfaite maturité ; mais il reste encore à savoir si le froment peut y être facilement récolté, à cause de l'état d'humidité presque constante de l'atmosphère; car la saison sans pluie est de courte durée. Je crois que ce qui s'oppose actuellement à ce résultat est l'existence et le voisinage des forêts qui entretiennent cette humidité, en attirant et fixant les nuages; et la tiédeur de l'air qui pousse à une végétation trop active et

prématurée. Pendant les mois de novembre, décembre et janvier, le thermomètre n'est jamais descendu au-dessous de 14 degrés centigrades, même pendant la nuit. Dans le jour, la moyenne de la température a été de 18 degrés pour le mois de novembre, 20 degrés pour décembre et 23 degrés pour janvier. Ces observations sont celles du bord. Il y a une augmentation de 3 degrés à faire pour la

térre.

Quoi qu'il en soit, à l'île Stewart, le froment a réussi au delà de toutes les espérances; et, pourtant, la situation nous paraîtra moins propre à ce genre de spéculation, si nous nous en rapportons seulement à sa position géograqhique. A l'île du nord et à celle du milieu, le problème est également résolu affirmativement.

D'ailleurs une parfaite connaissance des effets des saisons sur la localité, et l'exploitation d'une grande partie des forêts, placeront Akaroa dans les meilleures dispositions possibles, quant aux cultures de la zone moyenne de la France.

Pendant notre séjour, le manque des moyens nécessaires rendaient presque nulles les ressources agricoles de la colo

nie nouvelle.

Le bel état de conservation et même d'amélioration que j'ai observé dans le bétail, à Akaroa, témoigne de la bonne qualité de son pacage. Le lait des vaches était excellent au goût et riche en crème. La culture ne peut être que profitable à la race bovine.

Les porcs y pullullent à l'état de domesticité. J'ignore s'il en existe de sauvages sur le littoral de la baie. Je n'en ai point aperçu. Du reste, les fréquentes visites des baleiniers de toutes les nations peuvent avoir contribué à les détruire.

Les colombes zélandaises, quelques tourterelles, perroquets et autres oiseaux plus petits, sont les seuls animaux indigènes que présentent les bois, dans un pays où il n'y a aucun quadrupède, si ce ne sont les rats nombreux qui font

Tome 1.

1844.

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de grands dégâts. Quelques canards fréquentent parfois les embouchures des rivières.

Sur le rivage, les patelles, les haliotides, de petites huîtres de roche, des trochea, des moules et une autre espèce de bivalve-telline (ko des Maouris), offrent des aliments assez variés, excepté à l'époque de la reproduction, pendant laquelle ces mollusques sont nuisibles. La mer est riche en excellents poissons; mais, dans une certaine saison, ils quittent les baies, et les gros crustacés gagnent les grands fonds. Depuis la mi-novembre 1841 jusqu'à la fin de janvier 1842, nous avons été privés de poissons et de langoustes. Avant cette époque, la pêche de ces dernières avait été assez productive. Les Maouris, cependant, allaient pêcher à la ligne flottante à l'ouvert de la baie, et rapportaient de gros poissons qu'ils faisaient sécher au soleil et conservaient. Il est donc possible de s'en procurer par leur moyen et à peu de frais.

J'ai dit plus haut que la baie d'Akaroa était très-encaissée et dominée par de hautes terres qui l'abritaient contre les vents; que la température y était généralement douce et peu variable; j'ajouterai que des journées claires ont été rares; que, le plus souvent, le ciel a été nuageux pendant notre séjour, si ce n'est au commencement de janvier; que nous avons eu souvent de la pluie; que le sol était imprégné d'une grande humidité due à sa nature argileuse, qui se prête peu à une infiltration prompte.

Les vents de la mer y sont, comme toujours, les plus humides et les plus doux; ceux du N. E., qui poussaient sur les montagnes neigeuses de la Grande-Terre (île du milieu), étaient plus secs et plus froids.

J'ai observé d'assez fréquents orages, dont quelques-uns avec de gros grêlons, qui s'arrêtaient sur les points culminants des montagnes, surtout ceux de la Couronne.

Ces dispositions topographiques et climatériques sont-elles suffisantes pour rendre compte de la marche lente vers la

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guérison de nos affections scorbutiques? Je ne le crois pas, quoique je les signalasse, mais en quatrième lieu, dans mon rapport au commandant (25 décembre 1841); ou bien si je les admettais comme une des causes, il me faudrait toujours placer en première ligne l'insuffisance des ressources alimentaires, tant animales que végétales, mises à notre disposition. Car, pour la thérapeutique, j'ai employé tous les moyens usités exercice, toniques, frictions, insolation, fumigations aromatiques, etc. D'un autre côté, je dois signaler que l'assiette du magasin de la compagnie, dans une des ailes duquei se trouvaient nos douze plus malades, aurait pu être mieux choisie; car le terrain sur lequel l'on avait construit cet édifice était dominé, en grande partie et à petite distance, par une colline élevée, de hauts arbres, et se continuait au N. avec un sol marécageux que l'on était obligé de contourner au pied du Morne-des-Prêtres, pour éviter de s'embourber en le traversant directement. Mais je suis loin de douter que des travaux judicieusement exécutés ne parviennent à remédier à ces inconvénients, et à doter cet emplacement d'un degré de salubrité incontestable.

En raison de son rapprochement de l'équateur, la température de la Baie-des-Iles est plus élevée. Le ciel est moins nuageux et l'atmosphère plus sèche. Le sol, quoique fort accidenté, y est moins montagneux qu'à la presqu'île de Banks; les plaines y sont plus nombreuses, plus étendues, surtout à l'E. de la baie. Les boeufs, les moutons que nous avons pris étaient magnifiques et d'un goût exquis. Les baleiniers fréquentent cette baie de préférence; son beau climat remet facilement leurs équipages. La pêche y est trèsabondante, et plus facile qu'à la presqu'île de Banks.

Le séjour que j'ai fait à la Nouvelle-Zélande ne m'a rien appris sur les maladies propres au pays; car je me garderai bien d'attribuer au climat de ces grandes îles les traces de scrofules chez les enfants, et les affections de poitrine que

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