Ce qui mérite principalement de fixer l'attention dans les résultats ci-dessus est l'extrême régularité de marche que la montre no 98 a conservée, avec des huiles âgées de six ans. C'est là une exception, sans doute, mais elle ne montre pas moins quel est le degré d'exactitude qu'on peut espérer d'un instrument bien composé, bien exécuté, bien réglé, et où l'on a mis de bonnes huiles. Ces dernières paraissent encore si pures, après ce long service, que l'on ne peut apercevoir aucune trace de l'influence que nous avons attribuée à leur changement d'état, dans les années précédentes, pour faire varier le coefficient de température. En 1841, nous l'avions trouvé de oo,23 pour cette même montre; il n'est plus que de 0,095 en 1842, c'est-à-dire qu'il a repris sa valeur de 1839, et, en 1843, il est de o", 18. La variation du coefficient de température du n° 98, de 1841 à 1842, dans un sens contraire à celui qui paraît résulter d'une loi générale, indiquerait-elle que les huiles étaient complétement desséchées et devenues insensibles aux changements de tempé rature, et un chronomètre pourrait-il marcher régulièrement dans cet état? La valeur trouvée pour 1843 ne permet guère d'adopter cette idée; mais il faut que les huiles aient éprouvé une modification sensible en 1842, après quatre à cinq ans d'âge.

Maintenant, nous ferons l'application du système de correction que nous avons déjà exposé dans les Annales maritimes (II partie, tomè 48, page 587)eaux deux chronomètres n° 3201 et 3911 de Bréguet, arrivés à Lorient avec des huiles fraîches, le 26 janvier 1843, et qui furent renvoyés au dépôt, le 11 avril suivant, à cause de l'irrégularité de leurs marches. L'exemple fictif que nous avions choisi dans l'article ci-dessus mentionné était bien propre à éclaircir la marche à suivre dans le calcul; mais des applications faites à des données fournies par l'obervation peuvent seules con

firmer une théorie qui s'appuie, en grande partie, sur des faits déduits de l'expérience; c'est pourquoi nous revenons encore une fois sur ce sujet, pour en compléter l'exposition, en même temps que nous y trouverons une justification de la méthode que nous avons proposée, en 1831 et 1832, pour corriger les longitudes.

Afin que l'on puisse prendre une idée exacte des variations des deux chronomètres n° 3,201 et 3,911, nous avons donné pour chaque jour leurs marches diurnes, avec les températures correspondantes, dans le tableau suivant. A la première inspection, on reconnaît que les compensateurs de ces instruments pèchent tous les deux dans le même sens, et que le défaut de compensation est la cause principale de leurs variations; mais on rencontre aussi de fréquentes exceptions à la règle générale : elles proviennent des erreurs de comparaison et des variations insolites de la montre. Ces anomalies disparaissent quand on prend les moyennes de plusieurs jours consécutifs, comme nous l'avons toujours fait.

Nous nous proposons de déterminer, à l'aide des formules que nous avons données en 1832, le coefficient de température, y, propre à chacune de ces montres, ainsi que leurs accélérations partielles, x', x", et x"", pendant les trois intervalles qui séparent les époques des 4 février, 2 et 17 mars et 9 avril, où des observations ont été faites pour déterminer directement leur état absolu. Dans cette recherche, nous prendrons comme données les marches diurnes observées à ces quatre époques, ainsi que les états absolus aux deux époques extrêmes, et nous emploierons les coefficients de température et les accélérations à déterminer l'état absolu de chacune de ces montres aux deux époques intermédiaires. L'accord entre les résultats fournis par le calcul et ceux qui sont donnés par l'observation permettra de juger si cette méthode représente avec fidélité les variations que ces deux montres ont éprouvées.