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d'un engagement à grande distance, lorsque l'obusier devra tirer sous un trop grand angle pour qu'on puisse compter sur la précision de 'son feu, on portera les deux canons de 30 à l'avant; l'affût de l'obusier devenu inutile serait alors élongé au milieu dans le sens de l'axe pour ne pas gêner le service des canons.

S'il s'agissait d'un embossage par l'avant ou d'un engagement à petite distance, comme pour combattre des ouvrages de fortification, protéger un débarquement, dans toute circonstance enfin où il s'agirait de diriger sur un point la plus grande masse de feux possible, un des deux canons serait mis en batterie parallèlement à l'obusier. On s'est assuré que l'obusier étant pointé en chasse, c'est-àdire ayant son pivot avant en dehors de l'axe longitudinal du navire à tribord ou à bâbord de cet axe, il restait de l'autre bord une place suffisante puur le service d'un

canon.

C'est ici le lieu de dire, pour expliquer cette dernière disposition, que la circulaire de l'affût à pivot mobile est percée de plusieurs trous pour recevoir ce pivot dans les diverses positions que l'on donne à la pièce. Un de ces trous est sur l'axe longitudinal. C'est celui qui reçoit le pivot quand la pièce est au repos. Dans cette position de la pièce, le beaupré empêche de tirer droit de l'avant. Veut-on pointer en chasse, on met en place le pivot arrière du châssis au centre de la circulaire, et l'on fait décrire à l'avant du châssis un arc convenable à droite ou à gauche de l'axe jusqu'à la rencontre d'un second trou. La grandeur de cet arc est déterminée par la portion de muraille pleine que l'on a gardée de chaque côté du beaupré. Enfin, pour le tir par le travers, on place le pivot de l'avant au bout du rayon de la circulaire perpendiculaire à l'axe du navire. On peut ainsi faire décrire à l'axe de la pièce un angle de 130° de chaque côté de l'axe longitudinal.

Les combinaisons que l'on vient d'indiquer paraissent

satisfaire plus complétement qu'on ne pourrait le faire avec le mode d'armement existant aux diverses éventualités de guerre. Elles offrent, en outre, le moyen de parer efficacement aux chances d'avaries, puisque si l'obusier, qui conserve toujours le principal rôle, vient à être démonté et mis hors de service pendant le combat, on peut le remplacer par les deux canons de 30 et continuer le feu. y

Пl restait à examiner quel affût conviendrait le mieux à ces deux pièces auxiliaires. Devait-on faire usage de l'affût à échantignolles ou de l'affût anglais à pivot-bitte? Le rôle que l'on a attribué aux canons de 30 fait de leur aptitude à être transportés une condition essentielle; sous ce rapport l'affût à échantignolles a peut-être quelque avantage sur l'affût anglais, parce qu'il pèse moins que celui-ci et qu'il a moins de longueur; mais sous le rapport de la facilité du pointage et de l'étendue du champ de tir, qui rendra plus général le concours des canons de 30, la supério rité paraît être pour l'affût anglais. Celui-ci possède, en Men outre, l'avantage d'avoir son point d'attache indépendant de la muraille, car on sait qu'il le prend sur une allonge faisant saillie en dedans du plat-bord et servant en même temps de pivot, tandis qu'il faut à l'autre pour chaque bout de brague un point d'attache pris sur la muraille. De là nécesité d'un sabord dont la largeur, limitée par l'écart de la brague, diminue le champ de tir indépendam ment de la forme elle-même de l'affût. Il résulte aussi de la nécessité de deux points d'attache qu'il est difficile, sinon impossible, d'établir convenablement les deux pièces en chasse à cause de la suppression de la muraille dans la partie de l'avant. Où trouver, en effet, les points d'attache si l'on doit raser la muraille, à moins de placer les boucles de brague bien au-dessous de la position ordinaire? Ad

Il y aurait lieu, toutefois, de faire des essais comparatifs entre l'affût à échantignolles et l'affût à pivot-bitte; mais la commission propose l'adoption provisoire, et à titre d'essai,

Tome 1.-1844.

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de ce dernier, pour les deux canons de 30 qu'elle introduit dans l'armement du Pluton.

Armement de l'arrière.

L'armement de l'arrière présentera dans sa disposition générale une combinaison analogne à celle de l'avant; ainsi il y aura deux pivots-bittes pour la circonstance du tir en retraite à grande distance. On pourra également pour le tir en retraite, lorsque la distance permettra d'employer efficacement le canon-obusier, joindre au feu de celui-ci le concours d'un des canons de 30. Enfin, outre un pivot-bitte à F'arrière des tambours, il y en aurait un autre de chaque bord à l'avant des grands haubans. Au moyen de ce second pivot, on mettrait au besoin les deux canons en batterie du même bord.

Le tir en retraite de l'obusier n'exige point, comme le tir en chasse, ce déplacement latéral de la pièce dont on a parlé plus haut. Le champ de tir est ici compléternent libre. Aussi le pivot, placé sur l'axe longitudinal, serait-il suffisant, si l'on avait voulu, comme à l'avant, joindre le feu des canons de 30 à celui de l'obusier. Cette condition nécessite un déplacement latéral et un changement de pivot. Il sera bon, toutefois, d'essayer si ce déplacement est rigoureusement nécessaire; si, en laissant l'obusier au milieu, les deux canons ne pourraient pas trouver place aux pivots de retraite. Le combat par l'arrière ne sera pas toujours, pour le vapeur, un combat purement défensif; il peut arriver aussi que l'arrière devienne le côté assaillant. Il suffit de citer comme exemple l'attaque d'une côte, dans des circonstances où les localités, la direction et la force du vent, l'incertitude du succès indiqueraient la nécessité d'être prêt à prendre le large, sans s'exposer à présenter le travers en culant, ce qui est inévitable avec l'inefficacité du gouvernail dans les acculées.

Il est inutile d'insister sur l'avantage qu'il y aurait, dans

cette circonstance, à présenter trois pièces en batterie et à joindre au feu de l'obusier le concours des deux canons, soit en alternant leur feu, soit par toute autre combinaison, si le feu simultané avait quelque inconvénient.

La longueur du châssis est de 5,50 comme à l'avant, mais les deux pivots ont moins d'écartement que dans le châssis-avant, c'est-à-dire que le rayon de la circulaire est moindre. Cette différence était commandée par le rétrécissement des façons de l'arrière.

Il est à regretter, sans doute, que les formes du navire. n'aient pas admis une complète uniformité entre deux affûts destinés à des pièces de même calibre. Ce défaut, toutefois, ne saurait être justement invoqué contre l'installation dont on propose l'essai, puisqu'il dépend du navire et non de cette installation. C'est dans les constructions à venir qu'il faudra rechercher les conditions d'uniformité qui manquent ici. Au reste, les deux châssis ayant la même longueur, et différant seulement par l'écartement des entretoises où sont pratiqués les trous des pivots, on rétablirait facilement l'uniformité en ayant soin de pratiquer, dans les flasques, à distance convenable de l'entretoise-avant, les entailles nécessaires pour recevoir une autre entretoise, dont on serait pourvu. Il n'y aurait plus, au besoin, qu'à présenter et à boulonner celle-ci. Par ce moyen, on pourrait, le cas échéant, faire servir l'affût arrière à l'avant, et réciproque

ment.

Pour être rigoureusement conséquent avec le principe adopté, en joignant, dans le système d'armement mixte, le plus grand effet à la plus grande portée, on avait eu la pensée de substituer, au calibre de 22 centimètres, celui de 27 centimètres; mais on a été arrêté par la crainte de surcharger les extrémités. Il est, d'ailleurs, douteux que l'obus de 27 centimètres ait plus d'effet que celui de 22, puisque celui-ci, avec plus de portée, a presque deux fois autant d'éclats que le premier.

Pavois mobiles.

On s'est déjà expliqué sur la suppression de la muraille à l'avant et à l'arrière dans tout le champ de tir des obusiers. On n'a pas entendu, toutefois, contester l'utilité d'un abri efficace, tel que celui d'une muraille pleine, continue, assez forte pour être impénétrable à la petite mitraille; on a voulu seulement établir que les murailles existantes, découpées de larges tranchées, pour le service des canons, offrant, au prix d'un abri incomplet et inefficace, les chances et les dangers des éclats, ne paraissaient pas un système fort regrettable.

Le système de pivotement, pour la grosse artillerie qu'il convient de placer aux extrémités du vapeur, paraît offrir tant d'avantages qu'on n'hésiterait pas à y sacrifier ceux d'un abri plus sérieux.

On a annexé au rapport le plan d'un système de pavois mobiles en tôle dont la commission propose l'essai.

Pour favoriser le plus grand développement du pointage latéral, la partie mobile de la muraille du gaillard d'avant doit s'étendre jusqu'au sabord du canon de 3o. Il convient, dès lors, de comprendre ce sabord dans la partie mobile. Le maximum de pointage du canon de 30 vers l'avant ne sera donc limité que par la forme de l'affût; il serait même possible, sauf l'inconvénient d'un tir intérieur, de le pointer droit de l'avant, parallèlement à la quille. Il suffira, pour cela, de mettre, entre le pivot-bitte et la muraille, un écartement égal à la demi-largeur de l'affût. Pour la mer, cette disposition favorisera la mise en vache.

Vers l'arrière, la section de la muraille sera calculée de manière à obtenir également le maximum de pointage, autant que le permettra la position des haubans de misaine.

Les mêmes règles serviront pour fixer les limites des pavois mobiles du gaillard d'arrière.

On conservera au-dessus du pont une ceinture de mu

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