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doit travailler qu'où il est, et n'est nullement propre à rendre de grands services.

Les inspecteurs passeront neuf mois dans les ports et trois mois à la cour, pour y rendre compte. Sur l'ordre du ministre, ils seront susceptibles de missions dans les colonies, pour y faire telle vérification qu'il trouvera bon d'ordonner. Ils seront continués dans leurs fonctions tant que leurs services y seront agréables, et, selon qu'ils auront montré de zèle et d'aptitude, ou ils seront promus au grade d'intendant, ou ils rentreront dans la classe dont on les aura tirés.

On engage, sans doute, le Roi dans une dépense actuelle pour l'établissement des écoles; mais on ose assurer que, dans trois ans, les économies qui résulteraient du bon ordre passeraient sur toute la dépense des ports à plus de quatre cent mille livres.

N° 18.

ANNUAIRE des voyages et de la géographie pour l'année 1844; par une réunion de géographes et de voyageurs, sous la direction de M. Frédéric LACROIX'.

C'est une bonne idée que celle de l'Annuaire des voyages et de la géographie, pour le fond, pour la forme et pour la modicité du prix; trois choses qui concourent à répandre un ouvrage et les notions qu'il renferme.

Parmi les sciences fondées sur l'observation et l'exactitude des faits, la géographie est une de celles qui ont fait le plus de progrès dans le siècle présent. D'une part, des contrées à peu près inconnues ont été explorées, de nouvelles terres découvertes, des reconnaissances hydrographiques entamées ou complétées, une foule de points du globe déterminés astronomiquement; d'autre d'autre part,

1 année. In-18 de 360 pages; prix 1 fr. 50 cent.

les

sciences accessoires, telles que la géologie, la botanique, l'ethnographie, la physique et l'histoire naturelle, ont acquis un degré de perfection relative qui a puissamment influé sur la géographie. La somme des connaissances générales s'est accrue, et les notions de détail ont été élucidées avec cette rectitude que donnent la sûreté des méthodes actuelles et une longue expérience. On peut même dire que le progrès a été si grand et si rapide, que les traités généraux ou partiels de géographie, publiés il y a vingt ans, sont maintenant en arrière des résultats acquis au domaine scientifique. Quand l'esprit humain accélère ainsi sa marche, malheur à qui s'arrête à un point fixe du chemin qu'il parcourt! Le dernier venu est toujours le mieux accueilli; car il apporte avec lui, pour les offrir à ses contemporains, les produits des moissons d'autrefois et ceux de la récolte nouvelle.

:

Tandis que la géographie allait se perfectionnant et acquérant un caractère de plus en plus respectable, les voies de la publicité, par un phénomène contraire, se fermaient peu à peu devant elle. A mesure que les limites de l'une se reculaient, l'autre se restreignait et s'amoindrissait. La propagande marchait en sens inverse de la science plus celleci devenait exigeante, plus la première la fuyait et se refusait à ses sollicitations. Jamais, peut-être, pareil contraste ne s'était produit; et l'on peut mettre au nombre des bizarreries du commencement de ce siècle cette coïncidence entre le développement d'une branche importante des connaissances humaines et la diminution des moyens propres à populariser ce progrès.

Ce fut pour satisfaire à ce besoin de publicité en matière géographique que Malte-Brun fonda ses Annales des voyages. La même intention entra plus tard dans le plan des Annales maritimes et coloniales, sources inépuisables de documents géographiques, parce qu'elles s'alimentent sans cesse des produits de l'observation et du récit authentique des voyages

que font continuellement les marins les plus instruits de tous les pays. Quelques années après, on fonda la Société de géographie, dont les publications périodiques, les mémoires et les rapports annuels attestent le talent et le zèle de leurs auteurs. En commençant la publication d'un Annuaire des voyages et de la géographie, les personnes à la tête de cette entreprise n'ont pas, quant à présent, la prétention de rivaliser avec ces centres communs de la science, avec ces dépôts généraux de toutes les connaissances acquises par la pratique et présentées dans tous leurs développements par les voyageurs et les navigateurs qui emploient leur existence à parcourir le monde; ces personnes veulent, tous les ans, à la même époque, présenter au public un résumé des voyages et des travaux géographiques accomplis dans le courant de l'année. Un semblable tableau n'est pas sans utilité : il rapproche dans un petit espace les faits disséminés dans mille publications diverses, ou enfouis dans les portefeuilles des voyageurs; il met en lumière des observations et des résultats le plus souvent condamnés à une fàcheuse obscurité; il donne au lecteur la facilité d'embrasser d'un coup d'œil les travaux et les efforts des hommes voués aux études géographiques; enfin, un livre de cette espèce, qui, comme on le verra, n'exclut pas la critique, peut être considéré à la fois comme le sommaire annuel et la table analytique d'une grande publication qui aurait pour objet de tenir notre pays au courant de toutes les modifications et de tous les progrès de la science.

L'Allemagne a son Annuaire géographique; la France a un Annuaire historique et un Annuaire d'économie politique; l'auteur a pensé qu'un petit volume consacré aux voyages et à la géographie, et remplissant d'ailleurs les conditions de popularité et de bon marché, serait favorablement accueilli.

Il ne faut pas que le mot science effraye le lecteur. Pénétré des exigences du public en pareille matière, et ju

geant tout naturel ce penchant irrésistible qui fait préférer les récits attachants aux discussions purement scientifiques, l'auteur a composé l'Annuaire des voyages et de la géographie de façon qu'il fût accepté par tout le monde, par les indifférents comme par les initiés. La géographie ne plaît qu'à la condition de n'être point ennuyeuse; et, il faut le dire, la variété des éléments sur lesquels elle se fonde lui rendent cette tâche très-facile. Tant qu'elle est restée science pure, elle n'a captivé que quelques esprits sérieux. Danville, avec tout son savoir, n'avait guère réussi à la faire aimer, la géographie mathématique et critique, à laquelle il se livrait exclusivement, n'étant guère du goût des intelligences ordinaires. La manière de Malte-Brun, ses tableaux naimés et colorés, son style fleuri et plein de mouvement, apprirent à la foule ce que pouvait être la géographie entre les mains d'un écrivain habile; et c'est précisément cette popularisation d'une science jusque-là dédaignée qui constitue le plus beau titre de gloire de ce savant. Aujourd'hui l'étude de la géographie est très-répandue; mais on aime, avec raison,

y mêler cet élément d'intérêt qui est la source de la plupart des grands succès. On veut bien s'y livrer, mais à condition qu'on en déguisera les formes arides sous des dehors quelque peu attrayants. Séduire le lecteur par le charme des détails, faire accepter des enseignements utiles à la faveur de quelques concessions aux exigences de l'imagination, telle est la loi à laquelle doit se soumettre tout écrivain qui veut se faire accepter par un public nombreux. L'auteur n'a pas voulu se soustraire à cette obligation. On trouvera, parmi les articles qui suivent l'introduction de l'Annuaire en question, des récits de voyages, des détails de mœurs, des descriptions, des fragments de journaux pleins d'intérêt, quelques-uns même assaisonnés de cette humour tant prisée des Anglais, et dont le public français s'accommode aussi volontiers. M. Lacroix cherche la variété tout en évitant la futilité et en restant fidèle à l'objet de

son ouvrage.

No 19.

NOTES hydrographiques sur la côte S. E. d'Espagne; par le commander G. H. P. White, de la marine royale britannique.

N. B. Les cartes et les instructions nautiques donnent une heure ou deux de différence entre les instants de la haute mer, près du rocher de Gibraltar et dans le détroit; mais, après trois années d'expériences, nous avons trouvé que ces moments étaient les mêmes, et nous rappelons, en même temps, que les vents ont une influence considérable pour retarder ou accélérer le moment de la haute mer.

Les Instructions nautiques (Directory), dans l'article où il est question du louvoyage dans le détroit avec des vents d'E., ajoutent les remarques suivantes : «Il suit de là qu'avec des vents d'E. un navire peut louvoyer dans le détroit pour gagner la Méditerranée, en se tenant et en virant de bord entre les deux limites du courant central, ou courant portant à l'E. C'est une erreur complète, car un bâtiment peut louvoyer dans le courant central avec une forte brise de l'E., soufflant pendant un mois, sans gagner un pouce de l'avant. Mais, même avec les huniers au bas ris, en se tenant près de la côte d'Espagne, et en louvoyant avec le jusant, il pourra probablement, ainsi que je l'ai remarqué déjà, atteindre au besoin Gibraltar en quelques bordées.

Il est dit aussi, dans le même livre, qu'il y a toujours moins de vent sur la côte de Barbarie que sur celle d'Espagne; cela est tout à fait contraire à l'expérience; car il existe, chez les marins de ces parages, un vieux dicton ainsi conçu: «Quand il y a un demi-vent sur la côte d'Espagne, il y en a un tout entier sur celle de Barbarie. » Nous en avons nousmême fait l'expérience. Le courant central, portant dans la Méditerranée, se dirige quelquefois à l'O., après une longue suite de vents d'E.; mais c'est un phénomène qui se présente rarement. Il se produit aussi quelquefois des changements extraordinaires dans les instants de la haute mer. J'ai vu le flot durer jusqu'à cinq heures du soir le jour de la pleine lune, quand la pleine mer aurait dû avoir lieu à 2 heures du soir. Ces variations dépendent, sans aucun doute, du vent; mais leurs résultats sont tellement irréguliers, qu'il est presque impossible de faire une théorie exacte sur ces anomalies.

Louvoyant dans le détroit avec des vents d'O.

Toute espèce de bâtiments, y compris même les vaisseaux de ligne, peuvent louvoyer dans le détroit; cependant ceux-ci ne doivent jamais essayer de le faire qu'avec une bonne brise bien faite et à l'époque des grandes marées.

Comme l'établissement, à Gibraltar ainsi que dans le dé

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