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troit, est à 2 heures du soir, tout navire qui veut louvoyer doit s'efforcer, s'il est possible, de se trouver devant la pointe Cabrita au dernier quart de flot; et, si c'est un petit bâtiment, il doit passer en dedans de la roche la Perle, afin de se trouver en mesure d'être par le travers de l'île Pigeon, immédiatement après le commencement du flot. Si la brise est forte et bien faite, et si le flot est bon, il doit s'élever jusqu'à Tarifa dans une marée, et y rester jusqu'à la suivante, pour se rendre à la baie de Tanger, à moins que sa route ne s'écarte bien du N. S'il reste à Tarifa, il doit appareiller au dernier quart de jusant, et faire route vers Tanger, et il trouvera, sur la côte d'Afrique, la marée qui lui fera doubler le cap Spartel; car la marée est la même sur cette côte que sur celle d'Espagne, et la première est exempte de dangers une fois qu'on est à l'O. de Tanger.

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Si un navire n'atteint pas Tarifa dans le premier flot, il peut toujours mouiller sur la côte d'Espagne. L'un des points les plus favorables est devant la tour de Gualmesi, à environ 4 milles de Tarifa; le fond y est de bonne qualité; la terre voisine est élevée et à pente rapide, et la tour en question se trouve à son sommet. Sur son côté oriental est une petite crique et une vallée profonde couverte de vergers et de jardins.

Le mouillage de la baie de Tanger, quoiqu'il soit trèsexposé aux vents d'E. et de N. E., et que la mer y soit quelquefois très-forte, est pourtant parfaitement sûr, principalement pour un navire mouillé bien dans l'E., de manière à être abrité par la pointe Malabat. La meilleure position est le cap Malabat restant à l'E. N. E. E., la douane à l'O. Les bâtiments doivent toujours affourcher dans cette baie durant les mois d'hiver.

Louvoyant de Tanger à Gibraltar avec une forte brise d'E.

Pour faire cette traversée, il faut appareiller au dernier

quart de flot, et faire route, à travers le détroit, vers Tarifa, ou aussi N. que le vent le permet; pendant le temps qu'on mettra pour arriver devant Tarifa, on sera atteint par le jusant, qui, s'il est fort, vous portera très-probablement à Gibraltar en trois ou quatre bordées. Souvenez-vous surtout, quand vous louvoyez à l'O., de ne courir que de très-petits bords, et de venir très-près de la côte à la bordée de terre.

Si vous avez l'intention de mouiller devant le môle neuf, avec le vent à l'E., rangez de près la pointe d'Europe, et tenez-vous sous une petite voilure, qui vous fasse cependant aller de l'avant, parce qu'il sera nécessaire d'être paré à brasser instantanément, et faites attention surtout à passer aussi près que possible du rocher; car, si vous ne prenez cette précaution, il est plus que probable que vous serez obligé de louvoyer encore pendant quelques heures pour gagner le rivage. Les huniers, le foc, la brigantine sont les voiles les plus convenables à conserver; mais le succès dépendra en grande partie de la marée, car le flot porte de la pointe d'Europe vers Cabrita, en suivant tout à fait les côtes de la baie. Si donc, avec le flot, il est possible de mettre le cap sur le môle avec les voiles de l'avant et de l'arrière, surtout sur un grand bâtiment, il faudra le faire, parce que le navire sera entraîné à son mouillage, sans la désagréable nécessité de brasser à toute minute pour les rafales et les risées qui sont extrêmement violentes avec un fort vent d'E. S'il y a jusant quand vous approchez de la pointe d'Europe, et si le vent est tout à fait au nord de l'E., faites toute la voile convenable pour louvoyer sur le côté O. de la baie, ou celui où se trouve Algésiras, et où les navires marchands mouillent ordinairement; puis diminuez de voiles et courez sous les huniers jusqu'au môle neuf.

Baie de Tétuan.

Un navire ne doit jamais mouiller dans cette baie que lorsque le vent est à l'O.; et, dès que celui-ci a tendance à

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tourner vers l'E., il doit appareiller immédiatement; car, avec les vents de cette partie, il entre une très-forte mer dans la baie, et il est rare que le vent d'E. soit faible; il devient dès lors très-difficile de s'éloigner de la côte en louvoyant. Le fond est très-mauvais et est principalement de sable mouvant, qu'un fort coup de vent d'E. fait changer. C'est une relâche excellente pour se procurer des provisions à bon compte; on peut aussi y trouver de bonne eau, si l'on en a besoin.

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De Gibraltar à Malaga avec le vent à l'O.

Appareillez, s'il est possible, à mi-flot, afin d'avoir tout le jusant qui porte à l'E. avec une vitesse de 2 à 3 milles à l'heure. Gouvernez directement vers la pointe Frangerola1, sans vous inquiéter de la route que la carte peut vous indiquer comme la plus directe, parce que, sur la côte S. E. l'Espagne, le courant porte toujours plus ou moins au large de terre. Avec un vent d'O., vous ne pouvez ranger de trop près les pointes Frangerola et Molinos (la pointe des Moulins). Vous pouvez en toute sûreté tourner cette dernière à moins d'un mille et demi, quand vous verrez distinctement le feu de Malaga. A partir de cette pointe, sondez constamment, parce que, dans les mois d'hiver, les bancs de sable de l'embouchure de la rivière Gordo augmentent et s'étendent à une distance considérable à l'E. Si vous avez l'intention de mouiller en dehors du môle, laissez tomber l'ancre bien à l'E. du feu, s'il fait nuit; vous serez toujours de cette façon dans une position sûre. S'il fait jour, mouillez dans l'alignement du phare par la cathédrale; car, si vous jetez l'ancre à l'O. du phare, non-seulement vous

1 Avec les vents d'O. vous trouverez toujours du calme, ou à peu près, devant le château de Frangerola; n'y faites pas attention, mais serrez le vent. Quand vous êtes presque par le travers de la pointe Molinos, diminuez de voile, mettez-vous sous une voilure facile à manœuvrer, parce que vous êtes sûr de trouver, devant cette pointe, une forte brisc de N. Ô.

trouverez un fond de mauvaise qualité, mais encore vous aurez à peine assez de place pour appareiller. Si le vent ve nait à souffler de l'E., il faudrait appareiller immédiatement, s'il était possible, quoiqu'un bâtiment de guerre, dans tous les cas ordinaires, puisse tenir parfaitement à l'E. du phare, dans la position que je viens d'indiquer, parce que le fond y est de bonne qualité et formé de vase dure mêlée de sable. Si vous connaissez le port, et surtout s'il y a clair de lune, portez vers le môle en traversant la barre par 3 brasses et 4 brasses (6,4 et 7,3), et prenez bien soin de ranger de près la tête du môle, parce que le fond diminue brusquement du côté de la ville.

La meilleure manière d'affourcher en dedans du môle est de laisser tomber l'ancre d'affourche ou la deuxième ancre suivant la force du vent, de courir encore presque la longueur de la grande touée, et de mouiller alors l'autre ancre de bossoir et d'en prendre le câble en croupière, en ayant soin de laisser tomber les ancres autant que possible parallèlement au môle, parce que les navires sont obligés d'affourcher en rang. Vous aurez alors une ancre devant et une derrière, et toutes deux elles vous offriront une sécurité suffisante pour les mois d'été; mais, pendant l'hiver, prenez soin, quel que puisse être le temps, d'envoyer le maître câble à terre pour l'amarrer à l'un des organeaux du môle; ou bien mouillez l'ancre de touée par la hanche de tribord, afin de vous protéger contre les vents d'O. Les vents d'E. soufflent dans ce port avec beaucoup de force, et vous ne sauriez prendre trop de précautions pour assurer votre bâti ment contre leur violence.

Le port de Malaga est formé par un môle artificiel d'environ un demi-mille de longueur, et portant, presqu'à son extrémité, un phare en bon état, éclairé par un feu tournant, et une batterie de 8 pièces de bronze. On s'occupe de prolonger ce môle.

Tous les petits bâtiments stationnant sur la côte S. E.

d'Espagne doivent avoir de solides taquets fixés sur l'arrière pour pouvoir y prendre les câbles en haussières.

On peut sans peine se procurer de l'eau à Malaga, en s'adressant au capitaine de port.

Personne ne doit débarquer dans un port d'Espagne avant que le bâtiment n'ait été visité par le canot de la santé.

De Malaga à Gibraltar avec un vent d'O.

Pour faire cette traversée aussi promptement que possible, appareillez un peu avant le coucher du soleil, quand la brise de terre commence à se faire sentir, et faites peu de voile, parce que le vent souffle généralement avec force du N. O. devant la pointe Molinos. Il est plus que probable que la brise de terre vous fera doubler Frangerola 1; et, quand vous aurez dépassé cette pointe, ayez soin de vous tenir tout prêt de la côte, vers Marbella, parce que dans la nuit, et généralement le matin de bonne heure, la brise souffle de terre. Par cette manoeuvre, vous vous mettrez aussi dans le cas de ressentir l'influence des marées. S'il y a jusant, quand vous aurez atteint la pointe d'Europe, il ne faut pas espérer de pouvoir la doubler en louvoyant, à moins que la brise ne soit bien faite; mais cela est très-rare lorsque le vent souffle avec force de l'O., car, alors, le côté E. du rocher, comme le côté O., pendant les vents d'E., est sujet à de violentes rafales et à des risées, qui rendent vaines toutes les tentatives faites pour doubler la pointe. Dans ce cas diminuez de voile, et mettez en panne alternativement sur les deux bords, jusqu'à ce que le flot se fasse; vous pourrez alors doubler facilement, et vous atteindrez promptement le môle neuf.

Tout grand bâtiment, et surtout un vaisseau de ligne,

Il y a bon mouillage dans la baie Frangerola avec les vents d'O; la pointe Frangerola restant à l'O. S.O. et paraissant un peu àu N. du château.

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