mouillant devant le môle neuf, doit avoir l'attention de laisser tomber l'ancre, autant que possible, par le travers de l'arsenal, c'est-à-dire au N. E. du nouveau môle. Dans cette position, un navire doit toujours être affourché, et sa plus forte ancre doit être mouillée bien au Nord; car, si le vent saute à l'E., par une rafale soudaine, ainsi que cela commence généralement, il peut fort bien chasser avant d'avoir le temps de laisser tomber une seconde ancre. Un ou deux vaisseaux de ligne et d'autres bâtiments ont manqué se perdre pour n'avoir pas eu cette précaution. Lorsque vous êtes sur la côte, attendant la brise de terre que vous êtes certain d'avoir, ayez bien soin, particulièrement en hiver, de ne pas faire beaucoup de voile et de ne pas mettre les bonnettes, parce que, quelquefois, ce vent souffle avec tant de force et si soudainement, qu'il devient souvent nécessaire de prendre le bas ris aux huniers; sans cette précaution, on risquera fort de perdre au moins ses mâts de hune. Sur cette côte, les brises de terre et de mer sont parfaitement régulières durant les mois d'été; mais, pendant l'hiver, la brise de terre est rarement forte, excepté après un beau jour. De Malaga à Almeria. Si vous appareillez avec une belle brise bien établie, faites route parallèlement à la côte, vous en tenant à 5 ou 6 milles, ou moins pendant le jour, parce que celleci est tout à fait saine et accore, jusqu'à ce que vous arriviez devant Los Llenos, ou la plaine d'Almeria, qui, par un temps brumeux, est dangereuse, parce qu'elle est extrêmement basse. A son extrémité S. O. est la pointe Morro, sur laquelle se trouve le château de Las Guardas Viejas. C'est à partir de cette pointe qu'on peut dire que commence la plaine. La pointe Elena, qui est son extrémité E., est basse et dangereuse, et elle projette un récif à l'E. On ne doit pas en passer plus près qu'un mille et demi, et il faut avoir soin de sonder constamment, parce qu'il y a peu d'eau sur toute la côte, de cette pointe à Almeria. La baie d'Almeria est bien protégée des vents d'O. par la haute pointe presque à pic de Torrejon, sur laquelle est un petit fort surmonté d'un mât de pavillon. Le meilleur mouillage est par 9 ou 10 brasses (16 à 18 mètres) tout près et sous l'abri de Torrejon, et l'on y est parfaitement tranquille. Le vent d'E. y jette une forte houle, mais un navire n'a rien à craindre, s'il a de bonnes ancres et de bons câbles. On peut s'y procurer de l'eau, mais avec beaucoup de difficulté, parce qu'il y a généralement du ressac sur la plage. Almeria était autrefois un port renommé, mais il n'en reste qu'un château ruiné, pour témoigner de sa grandeur passée sous la domination des Maures1. D'Almeria à Carthagène, avec des vents d'E., louvoyez toujours tout près du cap « de Gate, » parce que le seul danger est une roche sous l'eau, située à environ un mille de distance et dans le S. de ce promontoire 2. Carthagène. Ce port est si bien connu d'après les excellents travaux des Espagnols, que je n'ai que peu de choses à en dire et qu'une ou deux remarques suffiront. Pendant la nuit et jusqu'à 8 heures ou neuf heures du matin, la brise vient toujours de terre et souffle toujours hors du port, aussi un grand bâtiment ne devra-t-il jamais essayer d'y entrer avant le milieu du jour, parce que alors la brise du large peut l'y conduire. Quant aux petits navires, le port leur est accessible en tout temps, parce qu'ils peuvent atteindre le mouillage en louvoyant; ils peuvent aussi, quand ils viennent de Le meilleur moment pour entrer dans Almeria est de 10 heures à 3 heures de l'après-midi, parce que, pendant la chaleur de la journée, le vent hale généralement le S. 2 En manœuvrant ainsi, vous serez généralement favorisé, pendant la nuit, par la brise de terre. l'E. et avec la brise du large, faire route dans la passe de l'E., entre l'île d'Escombrera et le continent. Les bâtiments de guerre peuvent se procurer de l'eau en s'adressant à l'arsenal, mais elle est de mauvaise qualité et légèrement saumâtre. Valence. La råde de Valence est signalée comme très-dangereuse, dans le Mediterranean Directory. Il y est dit, en effet, «que le fond est de roche et mauvais, et qu'il est excessivement dangereux d'y rester mouillé avec un vent d'E. » Contrairement à ces assertions, la plus grande partie du mouillage est saine et d'excellente tenue, le fond étant d'argile dure; du moins, ce n'est pas sans peine que nous avons levé notre ancre, après y être resté seulement 2 ou 3 jours. Il peut y avoir des roches en quelques places, mais clles ne sont pas en assez grande quantité pour empêcher un bâtiment de bien mouiller. Pendant l'hiver, la rade de Valence offre, sans aucun doute, un mouillage peu agréable, parce qu'elle est exposée en plein aux vents de N. E., mais je pense qu'excepté durant un fort coup de vent d'E., un bâtiment de guerre peut y mouiller en toute sécurité. Alicante. La baie d'Alicante, qui est d'une étendue considérable . est formée par le cap Santa-Pola et le cap la Huerta. Lc premier est reconnaissable par la tour d'Alcora; il projett un récif jusqu'à la distance d'un demi-mille dans l'E. ; le second est plat et bas jusqu'à peu de distance du bord de la mer, mais ensuite le terrain s'élève brusquement en une fa laise de roche ou de pierre blanchâtre sur laquelle est une tour. Le mouillage, quoique fort exposé aux vents d'E. et de S. E., est néanmoins très-sûr, même en hiver, pour des bâtiments de toute grandeur, pourvu que leurs câbles soient bons. Le fond est d'herbe et de sable. Les grands bâtiments doivent affourcher N. E. et S. O. avec l'ancre d'affourche au 1 S. O., à environ un mille de la terre, par 12 à 6 brasses d'eau (22 à 11 mètres). Le môle est très-petit et ne peut abriter que des felouques ou d'autres bateaux de cabotage; mais on s'occupe de le prolonger, et, si l'on persévère, il deviendra un très-bel ouvrage. Une des meilleures marques pour reconnaître la baie d'Alicante à une grande distance est la montagne remarquable appelée Archillada-de-Roldan, qui s'élève dans le N. E. d'Alicante. Cette montagne est facilement reconnaissable à la ressemblance qu'elle offre avec une tour, et à une coupée extraordinaire qu'elle porte à son sommet et qui, à une grande distance, a l'aspect d'une embrasure. L'eau est rare à Alicante. Nos bâtiments de guerre s'en procurent ordinairement à la petite rivière Altéa, située près de la ville du même nom, et à environ 30 milles au N. E. de la baie d'Alicante. En été et même en hiver, si le temps est beau, la brise souffle généralement de terre, dès le coucher du soleil; et, vers 9 ou 10 heures du matin, la brise du large commence ordinairement 1. En faisant route du cap Palos à Alicante, conservez toujours bien le cap au N., parce que le courant porte généralement avec beaucoup de force dans l'E., de telle sorte que, si vous donnez la route de manière à passer à une bonne distance de l'île Plana, vous vous trouverez, au jour, à une grande distance sous le vent du port, et vous aurez à louvoyer longtemps. Cap San-Antonio (côte de Valence). Devant ce cap, les navires faisant route avec des vents d'O., ou de S. Ö., masquent souvent par des vents de N. ou de N. E. Le vent de N. y souffle fréquemment avec une grande violence; il faudra donc être sur ses gardes et di 1 Le meilleur mouillage, dans ce port, est généralement un peu à l'O. de la tête du môle par 8 ou 10 brasses d'eau (15 à 18 mètres environ). minuer de voile à temps; autrement on risquerait de faire des avaries dans sa mâture. Barcelone. C'est seulement depuis peu de temps que des navires, calant plus de 12 ou 15 pieds d'eau (3,6 à 4,5) peuvent mouiller en dedans du môle, parce qu'on a donné plus de profondeur à la passe, en enlevant grande quantité de vase; deux navires sont encore employés à cette opération, de sorte qu'il est probable que, dans quelques années, les bâtiments de toute grandeur pourront entrer dans le port. Cependant le passage est encore tellement étroit, qu'on ne doit pas essayer d'entrer sans pilote. N° 20. Renseignements sur le district de Loango, côte d'Afrique. Extrait du journal du capitaine Rodney-Maudy, commandant la frégate anglaise l'Iris. La baie de Loango elle-même est exactement décrite dans le General Directory, pour l'océan Atlantique méridional, et est formée par un promontoire avancé appelé Pointe-Indienne. Les factoreries anglaises et américaines, qui sont sur la hauteur, à environ un mille de la plage, ne peuvent être aperçues que lorsqu'on est près de la côte, où les pavillons de ces deux nations sont généralement hissés. Les naturels sont fins et rusés dans leurs marchés, et, quand l'occasion s'en présente, ils ne dédaignent pas de voler : ils sont, du reste, inoffensifs. Les villages étant à quelque distance dans les terres, on ne peut se procurer une certaine quantité de provisions, à moins que le navire ne fasse un séjour de 24 heures : alors les habitants arrivent avec des poules, des cochons, des chèvres et des légumes, des bananes et des courges; |