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Quoi qu'il en soit, il y aura toujours avantage à élargir, autant que possible, le passage. Dans ce but, on propose de remplacer l'écoutille polygonale en bois par une ellipse en tôle. On gagnera ainsi toute la différence d'épaisseur. Si cette différence ne donne pas un élargissement suffisant, on abaissera, à la hauteur du palier de l'arbre extérieur, la partie de la clairevoie qui se trouve au-dessus de ce palier. Toute cette partie de la clairevoie ne conservera plus alors qu'une saillie peu considérable au-dessus du pont, et il serait facile d'improviser, au besoin, un plan incliné, au moyen duquel la pièce franchirait le passage.

En ce qui dépend de l'affût, on pense que son aptitude au transport serait favorisée par un levier directeur à roulettes, qui remplacerait les roues de transport de l'arrière. Ce levier servirait, comme d'avant-train, pour diriger et traîner la pièce, avec l'aide de deux bouts de filin, espèce de bricole, sur lesquels s'attelleraient les servants.

Blindage.

On vient d'exposer le mode d'armement que l'on propose de substituer à l'armement existant. On en a expliqué les dispositions principales, aussi bien que les modifications qui en résultent dans la mâture et dans diverses installations du pont.

Le mode d'armement adopté découlait de ce principe admis par la commission, que la vraie destination du vapeur de guerre est de combattre en pointe. On a eu l'idée de poursuivre l'application de ce principe en abritant l'appareil moteur du côté où il reste exposé aux atteintes des projectiles ennemis.

Une cuirasse de fer, à l'avant et à l'arrière, soit continue, soit par bandes parallèles, n'offrirait, en admettant son efficacité, qu'une protection incomplète, puisqu'un boulet, frappant obliquement au point où la muraille cesse d'être

couverte, et, pour ainsi dire, au défaut de la cuirasse, pourrait, sous un angle donné, venir rencontrer l'appareil. Ce serait, d'ailleurs, un surcroît notable de charge aux extrémités.

Pour être efficace, il fallait que l'appareil protecteur fût placé le plus près possible de la machine. On a donc pensé qu'on atteindrait mieux et plus efficacement le but proposé en établissant immédiatement, à l'avant et à l'arrière de la chambre des machines, ce que nous appellerons un blindage.

Ce blindage ne serait autre chose qu'une soute à charbon.

On ne connaît pas les résultats des expériences faites à Gâvre sur la pénétration des projectiles dans le charbon de terre. D'après les expériences anglaises, on croit savoir qu'elle est de deux mètres pour la distance moyenne de combat, Mais on doit considérer que les projectiles, avant d'arriver au blindage, auront à traverser la muraille dans sa partie la plus forte et la plus résistante, sans compter les obstacles intermédiaires qui se présenteront. On doit considérer aussi que l'épaisseur de cette muraille, si l'on évalue à 45° son inclinaison moyenne sur le plan diamétrał longitudinal et qu'on la suppose frappée par un boulet venant droit de l'avant, sera accrue, dans le rapport du rayon,

au cosinus de 45°.

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C'est pourquoi l'on a pensé qu'il suffirait de donner au blindage une épaisseur de 1,50 de dehors en dehors, c'està-dire en comprenant l'épaisseur des cloisons.

A l'arrière, où la muraille est moins forte et présente un tableau carrépercé de fenêtres, il paraîtrait rationnel de donner au blindage l'épaisseur totale de 2 mètres; mais l'arrière, à cause de la position du gouvernail, est plus vulné rable et moins propre au combat. Le combat par l'arrière devra en être moins fréquent; on peut dire que ce sera l'exception et non la règle. Il y avait d'ailleurs à tenir

compte de la perte d'espace résultant de cet accroissement d'épaisseur.

Ces considérations ont décidé la commission à donner au blindage la même épaisseur à l'arrière qu'à l'avant. C'est plutôt en fortifiant l'arrière et en remplaçant les poupes carrées par les poupes rondes, aux dépens de l'espace déjà si restreint, qu'il conviendra de rechercher les mêmes conditions de résistance dans ces deux parties du bâtiment.

Le blindage que l'on propose est donc une tranche de 1,50, remplie de charbon de terre et comprise entre le pont supérieur et celui de l'entrepont. C'est une augmentation de 40 tonneaux environ, à savoir 20 devant et 20 derrière, correspondant à un déplacement de 48 mètres cubes et à une consommation de 2 jours environ. Voici comment on a compensé cette augmentation: les soutes à charbon de l'arrière s'élargissent vers la moitié de leur longueur en formant un ressaut qui diminue la capacité de la cale à eau. En supprimant ce ressaut et rétablissant la continuité de la cloison, on a obtenu une diminution d'à peu près 30 tonneaux; il restait donc 10 tonneaux à enlever. On les a pris dans les soutes avant, en retirant de la partie avant de celleci une tranche de 1 mètre.

Toutefois, cette diminution à l'avant n'était point suffisante pour remettre le navire en différence. On y est arrivé par quelques modifications dans l'arrimage de la cale, que nous allons indiquer. On a pris sur la soute à poudre, qui offrait une capacité plus que suffisante, l'emplacement de deux petites soutes à biscuit latérales. Cette disposition, qui isole la soute à poudre, est générale, non-seulement à bord des bâtiments à voiles, mais encore à bord de la plupart des vapeurs. Le biscuit qu'elles contiennent est pris dans deux caisses de deux kilolitres, placées au-dessous de la cambuse. Ces deux caisses sont supprimées, et leur emplacement, où se trouve la nouvelle emplanture du mât de misaine, devient une cale de distribution. On a de plus

transporté à l'arrière les soutes à sable, les puits à boulets, et réservé entre l'archipompe et la cale à eau un emplace ment pour une troisième chaîne, devenue aujourd'hui réglementaire.

On a calculé que, au moyen de ces divers mouvements, on rentrait approximativement dans la différence établie par le devis.

Mais il restera à faire l'épreuve de la stabilité dans ces nouvelles conditions. Tant qu'il y aura à bord le plein de charbon, d'eau et de vivres, les quarante tonneaux déplacés et transportés au-dessus de la flottaison n'auront pas d'effet sensible sur la stabilité; on a toute raison de le croire. Mais on cesse d'avoir la même certitude dès que la cale commence à se vider; car jusque-là les quarante tonneaux du blindage resteront intacts, puisque le rôle qu'on leur assigne indique naturellement qu'il convient de n'y puiser qu'après consommation du reste de l'approvisionnement. Si l'on vient à reconnaître un défaut de stabilité, il sera facile d'y remédier par une augmentation proportionnelle de lest. On estime qu'il faudrait au plus vingt tonneaux de lest pour équilibrer les quarante du blindage.

Or, la troisième chaîne que l'on embarque pèse environ huit tonneaux; les douze tonneaux restant, c'est à peu près en poids la consommation du charbon pour douze à quatorze heures. Ainsi, à douze heures près, le bâtiment retomberait dans les meilleures conditions de marche, quelles que soient d'ailleurs ces conditions.

Du reste, on est fondé à croire qu'il n'y aura pas lieu de recourir à ce moyen. Au dire de son capitaine, le Pluton a toujours cu une grande stabilité, et, s'il était nécessaire de chercher un exemple analogue dans un bâtiment de même espèce, on aurait à citer le Veloce, où l'on a supprimé impunément quarante tonneaux de lest, malgré le lourd fardage de son gréement en fer et de sa mâture.

Le blindage, au lieu de s'arrêter au faux

pont, descendra

jusqu'à la carlingue. L'augmentation de capacité que l'on obtient ainsi entre les deux soutes déjà existantes servira, tout en augmentant l'approvisionnement de charbon, à équilibrer d'autant le poids de la partie du blindage qui reste au-dessus de la flottaison.

Pour terminer ce qui concerne ce blindage, il reste à ajouter que, pour l'aérage de la chambre des machines, on ouvrira deux panneaux circulaires sur le pont. On pratiquera, en outre, une communication entre le faux pont et la machine par une tranchée ouverte à bâbord. Il suffirait de donner à cette tranchée une largeur de 60 centimètres environ, et, en cas de combat, on la comblerait avec du charbon. Enfin, on séparera le charbon du blindage de celui des soutes par un plancher établi à la hauteur et sur le prolongement du faux pont, assez solide pour supporter le poids de vingt tonneaux, quand le vide se fera au-dessous. Il sera percé d'ouvertures à coulisses en tòle, espèces de vannes, pour déverser le charbon du blindage dans les soutes.

Cette disposition paraît très-propre à atténuer les chances d'un défaut de stabilité résultant de l'épuisement des soutes.

Le plan joint au rapport fera voir dans leur ensemble les autres détails d'installation de la cale. Sauf les changements déjà indiqués, elle ne diffère de l'ancienne que par un magasin général situé devant, à la place qu'occupait la soute à voile. Quant à celle-ci, on l'a établie sur l'arrière du magasin général. La quantité d'eau embarquée demeure la même; on gagne en plus un emplacement pour loger les pièces d'armement.

EMMÉNAGEMENTS.

On a souvent répété qu'un des principaux rôles d'une marine à vapeur est de favoriser, dans un système de guerre maritime, les opérations de débarquement et la guerre d'invasion par mer. Alors que toutes les questions relatives au

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