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rôle militaire de la vapeur ne sont guère qu'à l'état de pressentiment, ce théorème, dans sa généralité, apparaît avec l'évidence d'un axiome. La commission l'admet sans discussion, et c'est à ce point de vue qu'elle a considéré la question des emménagements..

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Créer un emplacement aussi vaste que possible, destiné au logement des troupes expéditionnaires, tel est le but qu'elle s'est proposé.

Toute la partie du bâtiment à l'arrière des machines se trouve, dans le système actuel, uiquement destiné au logement du capitaine, des officiers et des passagers. De là un carré spacieux, et, sur l'avant de celui-ci, un autre emplacement désigné sous le nom d'avant-carré, avec des chambres latérales. On propose de réduire les chambres au nombre nécessaire pour l'état-major réglementaire, de supprimer l'avant-carré, et de réserver pour le logement des troupes expéditionnaires tout l'emplacement que l'on gagnerait ainsi jusqu'à la chambre des machines. On fermerait le carré par un poste dont la profondeur, égale à celle d'une chambre, serait prise sur le carré, et l'on réserverait, pour servir aux communications avec l'avant, des coursives latérales entre ce poste et les chambres. L'effectif du pied de guerre comportant un élève et un second chirurgien, ce poste serait affecté à leur logement; sur le pied de paix, on y logerait deux élèves ou volontaires..

Ici se termine l'examen dont on avait à s'occuper. Si la commission, usant de la faculté que lui laissaient les instructions ministérielles, s'est abstenue d'étendre cet examen à l'armement d'un vapeur de 320, c'est que, pour coordon, ner dans cette espèce de navire tous les détails d'installation au mode d'armement qu'elle propose, elle manquait de documents complets et d'éléments assez précis de discussion. Il aurait donc fallu se borner à des indications générales. Or, le mode d'armement proposé, s'il est justifié par

l'expérience, s'appliquera également bien à tous les rangs de la flotte à vapeur, sauf modification du calibre et du nombre de bouches à feu.

C'est pourquoi on a pensé qu'il était inutile d'étendre cette application avant que l'expérience eût prononcé.

V. TOUCHARD, ALLIX. BOUET, L. JANVIER, DURBEec, Prétôt,
Fr. D'ORLÉANS, président.

N° 2.

DU PROGRÈS des arts maritimes en Angleterre au XIX siècle'.
-3 article. (United Service Magazine.)

Le titre de cet article paraîtra sans doute un peu hétérodoxe, si l'on songe que la première moitié du xIx° siècle ne s'est pas encore écoulée; mais les innovations, les changements, les perfectionnements accomplis dans le service de la marine ont été assez rapides et assez étendus pour réclamer, en faveur de cet intervalle, le nom de siècle. Il est vrai que bon nombre de ceux qui vivent aujourd'hui pourront rire de notre présomption en l'an 1900, alors que la vapeur, cette toute-puissance de 1842, aura fait place à l'électricité, au galvanisme, au magnétisme, et peut-être à ces trois agents réunis. Mais il n'en est pas moins vrai qu'il s'est fait un immense progrès dans la science et dans l'art de la marine depuis l'an de grâce 1800.

Avant d'examiner les modifications remarquables qu'a subies le matériel et qui forment notre objet principal, disons quelques mots sur l'amélioration du personnel de la marine royale dans le court espace de quarante ans. Le marin est bien traité, bien nourri, bien vêtu; il a une paye fixe et convenable; lorsqu'il est malade, une médecine éclairée

1 Voir, à la partie Sciences et arts, de 1843, le 1 article, page 824 du tome I" et le 2 article, page 573 du tome II.

lui prodigue ses soins; après un certain temps de service il a une pension; et, lorsqu'il est vieux, le magnifique établissement de Greenwich lui ouvre ses portes. Ces circonstances, jointes à d'autres, sont causes que la peine du fouet, autrefois si inévitable, a été considérablement restreinte dans ces derniers temps, et n'est plus que rarement employée avec les équipages bien menés. Mais la diminution des châtiments corporels, conséquence de l'adoption d'un régime plus moral et plus intelligent, n'est pas tant due à une interprétation différente du système de la vie du bord, qu'à l'abolition de cette détestable coutume de souiller les vaisseaux, en mêlant à de braves marins la lie des prisons, des pénitentiaires, des cabarets et le rebut des manufactures. Plus d'un officier, rempli de cœur et d'huma nité, a haussé les épaules et gémi en voyant arriver le long du bord ces hideuses fournées d'hommes du lord-maire, ces repris de justice, ces coquins, ces vagabonds et tous ces mauvais garnements qui devaient être le cancer incurable de l'ordre et bouleverser toute l'harmonie du bâti ment. Les choses se passent mieux maintenant; et des hommes de cœur et de bonne conduite ne sont plus forcés de vivre en compagnie avec des gibiers de potence. Il aurait dù venir à l'esprit de l'administration qu'une pareille tache était tout à fait nuisible et nous perdait bon nombre d'hommes valant leur pesant d'or; car bien peu de vrais matelots souffrent volontiers un pareil compagnonnage. Le véritable marin n'est pas seulement un homme qui travaille à bord du navire; mais il doit connaître à fond sa structure, son mécanisme, la force qui le fait mouvoir; on ne le forme donc pas en un jour, et le noble art de la marine lui donne un juste orgueil. Il n'est pas douteux que le bien-être, l'éducation et les habitudes régulières qui ont été successivement données à cette classe inappréciable de sujets, depuis l'époque où la main qui écrit ces lignes manoeuvrait une barre de gouvernail, ont ennobli le caractère moral de nos

Tome 1.1844.

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marins. Et nous espérons que, dans l'accomplissement d'une œuvre si louable, les douces paroles, les sucreries et le thé de la nouvelle école ne viendront pas faire brèche à la discipline, et entamer cette patience et cette énergic avec laquelle nos vieux matelots s'habituaient à la vie du bord.

L'amirauté a été trop prompte à fulminer des instructions sur de petits détails qu'elle aurait dû laisser à la discrétion des capitaines; car c'est plutôt au pouvoir absolu de ces officiers, qu'à aucun système général, que notre marine a dû d'arriver à son apogée. Restreindre cette latitude et relâcher les liens de la discipline, sans aucune garantie pour conséquence, c'est jouer trop gros jeu pour ce pays essentiellement marin, où les soins et les améliorations de la flotte ne le cèdent en importance qu'à la culture du sol. C'est laisser tomber sa maîtresse ancre et filer son câble par le bout, sans garder d'ancre de rechange en cas de tempête. Mais nous espérons les futures administrations navales ne montreront pas, que comme cela est trop souvent arrivé, plus d'entêtement que de sagesse pour apprécier les conseils qu'on leur donnera. Combattre le zèle et les bonnes intentions des hommes du pouvoir, uniquement parce que leurs mesures paraissent contraires à une sage politique, serait à la fois peu généreux et injuste; mais, quand l'incapacité est évidente, c'est un devoir, pour ceux qui l'aperçoivent, de la signaler. Sur ce chapitre nous aurions bien des choses à demander; mais, pour le moment, nous nous contenterons de faire connaître la paye mensuelle des gens de mer, à cette époque où le prix moyen du blé est de 66 schellings (83 fr. 20 cent.) le quarter (2 hectolitres go litres).

Capitaine de la grande hune et de la bune de misaine. 47′ 90° à 51*65*

Tonnelier, armurier et aide-calfat...

Mousses mécaniciens..

Matelots ouvriers..

Matelots 1 classe..

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50 40 à 58 00

18 90 à 42 85

45 40

42 85

32 80

29 00

21 00

12 60

Nous avons déjà montré que nos vaisseaux de guerre sont mieux construits que les vaisseaux français, quoique nos plans ne soient pas si bons: c'est un aveu qu'on peut trouver au milieu des épithètes flétrissantes données par nos mateys à ces paquets de lattes, comme le Sans-Pareil et autres. Mais le commencement du siècle actuel nous a vus nous efforcer de combiner la science de l'architecture navale avec l'art de disposer les détails, et, par là, d'harmoniser l'habileté de la pratique avec les calculs de la théorie. Malgré certains obstacles, le but a été en partie atteint, et nous pouvons maintenant dire en toute sûreté : « Qui pourrait nous enlever la lumière?» Il s'est fait aussi un changement considérable dans la grandeur de nos murailles de bois. Au milieu du siècle dernier, le tonnage des vaisseaux de premier rang était d'environ 2,000 tonneaux; mais aujourd'hui nous donnons au moins un tiers de plus aux trois ponts, et nous pouvons montrer avec orgueil une frégate, la Vernon, dont le tonnage est plus considérable que celui des vaisseaux de premier rang, sous le règne de Georges II. Au sujet de cet accroissement de dimensions, notre prédilection est toute différente de celle de nos prédécesseurs; car bien que ce soit maintenant un précepte fondé sur l'expérience que, de plusieurs espèces de bâtiments construïts sur les mêmes principes, le plus grand est toujours le plus avantageux, les grands navires n'étaient pas en faveur chez les marins d'autrefois. Raleigh, qui les désapprouvait comme moins maniables que les plus petits, allègue le proverbe espagnol, grande navio, grande fatica; et, en 1753, Fielding voyant sur les chantiers, à Woolwich, le Royal Anne, de 1809 tonneaux, pense que c'est plutôt par ostentation que dans un but réel d'utilité que l'on a des vaisseaux si vastes

'Le digne et vieux Fuller, en citant que deux vaisseaux de ligne ont été construits d'après deux bâtiments de Dunkerque capturés, dit : Nous en faisons l'aveu, car des honnêtes gens peuvent légitimement apprendre quelque chose des voleurs, quand c'est pour se mieux défendre.

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