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N° 32.

AMÉLIORATION des ports de commerce.

En 1839, page 676 et suivantes du tome Ier de la 2o partie des Annales maritimes, nous avons publié, dans toute son étendue, l'exposé des motifs et le projet de loi présenté par M. Dufaure, ministre des travaux publics, à l'effet d'obtenir de nombreux crédits pour l'amélioration des ports de commerce. La publication si intéressante que vient de faire le même ministère, occupé aujourd'hui par M. Dumont, et que nous reproduisons ici, est la conséquence du premier travail.

Un crédit de 22,440,000 francs a été alloué sur le fonds extraordinaire des travaux publics, par trois lois datées du 19 juillet 1837, pour l'amélioration de vingt-deux ports maritimes de commerce 2.

La loi du 21 juin 1838, a ouvert, en outre, un crédit de 2,860,000 francs pour l'amélioration des six autres ports.

Plus tard, une loi du 9 août 1839 a affecté un crédit de 40,660,000 francs aux travaux d'amélioration de dix-sept ports, parmi lesquels il en est trois qui figuraient déjà dans les lois du 19 juillet 1837.

Une loi du 6 juillet 1840 a ouvert un crédit supplémen taire de 240,000 francs pour le port de Cannes, et de 160,000 francs pour celui du Tréport.

Une autre loi, du 11 juin 1841, a ouvert un crédit

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1Ce grand et bel exposé, administratif et parlementaire, a plus de 300 pages. 2 Voir, page 1333 du tome II de la 2° partie des Annales maritimes de 1837, les documents qui ont servi à préparer cette loi.

Tome 1.

1844.

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plémentaire de 2 millions pour le port de Saint-Malo, et de 570,000 francs pour celui de Lorient.

Enfin la loi du 25 mai 1842 a alloué deux nouveaux crédits supplémentaires le premier de 300,000 francs, pour le port de Dunkerque, et le second de 340,000 francs, pour l'achèvement des travaux entrepris au port de Dieppe, en vertu de la loi du 19 juillet 1837.

Ainsi, en résumé, une somme totale de 69,680,000 fr. est affectée à l'amélioration de quarante-deux ports répartis sur toute l'étendue de nos côtes, et rangés ainsi qu'il suit dans l'ordre géographique.

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Sur le crédit total de 69,680,000 francs, une allocation

de 47,206,092 francs a été rendue disponible pour les six exercices 1837, 1838, 1839, 1840, 1841 et 1842.

Les travaux sont en activité sur tous les points, et dans plusieurs ports ils sont entièrement terminés. C'est ainsi qu'aux ports de Saint-Valery-sur-Somme, du Crotoy, du Hourdel, du Tréport, de Fécamp, de Granville, de Landerneau, de Saint Gilles, de la Perrotine, de la Ciotat et de Cannes, les ouvrages autorisés par les lois des 19 juillet 1837 et 21 juin 1838 ont reçu une exécution complète; à Calais, le bassin à flot, entrepris en vertu de la loi du 19 juillet 1837, est livré à la navigation; à Bayonne, on a réalisé l'amélioration la plus vivement attendue par le commerce, c'est-à-dire l'installation du bateau à vapeur remorqueur de l'Adour. Dans plusieurs autres ports, tels que Boulogne, Rouen, Cherbourg, Rochefort, Riberou, PortVendres, les travaux approchent du terme de leur achève

ment.

:

Enfin, parmi les ouvrages entrepris plus récemment, en vertu de la loi du 9 août 1839, des résultats importants sont déjà obtenus à Nantes, plusieurs portions de quais, de vastes cales sont livrées au commerce; au Havre, une première partie du bassin Vauban a été ouverte dès 1841; cette partie offre un développement de 600 mètres de murs de quais, et peut contenir 50 navires de 300 à 500 tonneaux; une seconde partie du bassin, présentant 500 mètres de murs de quai, sera ouverte en 1843; au Croisic, une première portion de la jetée en construction est achevée, sur 467 mètres de longueur. A Marseille, l'élargissement des quais de Vieille-Ville est dès à présent réalisé.

Les dépenses faites, au 31 décembre 1842, se sont élevées en totalité à 45,811,296 francs.

No 33.

MORT de M. LEROY, ancien commissaire de la marine, à l'âge de 105 ans révolus.

Le vieillard aimable, le littérateur distingué du dix-huitième siècle, dont on confondit une fois les productions avec celles de Voltaire, l'administrateur de la marine qui assista à plusieurs combats sur les bâtiments de l'État pendant la guerre de 1778, et dont nous avons raconté la vie et les œuvres dans les Annales maritimes de 1841, M. AdrienJean-Baptiste Leroy vient de s'éteindre à l'âge de 105 ans et 2 mois. Voici la lettre que nous a fait l'honneur de nous écrire à ce sujet M. le comte de Nugent, neveu de M. Leroy.

Château des Ménuls, le 24 février 1844.

Monsieur, j'accomplis ma triste promesse : M. Leroy est dé cédé cette nuit. Il était entré, le 2 1 décembre dernier, dans sa cent-sixième année. Les symptômes de décroissance graduée n'avaient commencé à se manifester que depuis bientôt un an qu'il s'était volontairement alité; encore avons-nous fait quelques lectures de son auteur favori, Horace, peu de mois avant sa mort, et son jugement était aussi plein, aussi net qu'il y a vingt ans. Il a conservé sa connaissance et sa tendre bienveillance jusqu'aux derniers instants.

« Te teneam moriens deficiente manu, » me disait-il, il y a peu de jours 1. Je perds un ami de quarante-cinq ans, et quel homme distingué! Jugez de mon affliction.

Adieu, monsieur, veuillez agréer l'assurance de mes sentiments de très-parfaite considération.

1

Comte DE NUGENT.

«Ami, me disait-il, que ma main défaillante
<Tienne en mourant ta main, et mon âme contente
Te fera ses tendres adieux. »

En retenant mes pleurs, j'écoutai sa prière;
C'était le chant du cygne à son heure dernière:
Il prenait son vol vers les cieux.

N° 34.

RAPPORT de M. le capitaine de vaisseau CÉCILLE, commandant la fré-
Traversée de Manille à Macao. - Ty-foong.

gate l'Erigone.
Perte du gouvernail et autres avaries.

A bord de l'Érigone, rade de Macao, le 21 octobre 1843.

er

Monsieur le ministre, lorsque, le 1 octobre dernier je rendais compte à Votre Excellence de la situation de la frégate l'Erigone, c'était avec une sorte de satisfaction intérieure que je le faisais; et, en effet, après 30 mois d'absence et une navigation active de plus de 2 ans dans la mer de Chine, si fertile en événements de mer, j'avais été assez heureux pour n'avoir pas à regretter une seule avarie. La frégate était au matériel dans le meilleur état possible et capable d'opérer son retour en France par le cap Horn, ou de prolonger, pendant une année encore, s'il était nécessaire, la station dans la mer orientale, sans nécessiter de dépenses importantes. Vingt-quatre heures ont suffi pour changer un état de choses si satisfaisant, et faire courir à l'Erigone des dangers sérieux de plus d'un genre, qui auraient pu amener un sinistre. La fortune, qui, dans cette campagne, nous a été si souvent propice, ne nous a pas tout à fait abandonnés cependant; si elle nous a soumis à de cruelles épreuves, elle nous a permis du moins de ramener la frégate au port, et je me trouve heureux, après beaucoup d'inquiétudes et de fatigues, de n'avoir que des pertes réparables à faire connaître à Votre Excellence. Tel est le sujet de ce rapport, si différent de celui qui l'a précédé.

Je vous avais annoncé le départ des deux frégates pour Macao, le 3 octobre. Nous avons mis à la voile le 4. Les premiers jours de notre navigation n'ont eu rien de remarquable. Le 9, nous avions franchi une partie du canal; nous éprouvions le temps que l'on trouve habituellement

Tome 1.-1844.

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