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tures par toute espèce de rémunération nationale. Et il ne faut pas s'en tenir là: la culture des bois de charpente dans nos colonies mérite toute l'attention du Gouvernement.

Quoique le fer ait été substitué, sur une grande échelle et avec profit, au bois dans les constructions navales, celuici ne laisse pas que d'être toujours un objet de première nécessité dans nos chantiers et nos arsenaux. Faisons donc, à cette époque d'engouement pour le fer, un marché avec la nature, pour qu'elle nous fournisse, à des intervalles de temps déterminés, un certain nombre d'arbres bien venus et de la plus belle espèce. La nature, cependant, ne fera rien précipitamment, et ne doit pas nous encourager à détruire de bons matériaux; nous devons donc non-seulement faire nos demandes à longues dates, mais il faut nous arranger de manière à ne pas dépasser notre crédit.

Le moyen de remédier à un pareil embarras, ou plutôt de le prévenir, est de faire usage, autant que possible, de tous les blocs de bois.

Il s'est fait de nombreux perfectionnements dans la préparation et l'application de tous les modes d'adhésion mécanique, sans qu'il y ait de changement matériel dans leur principe. Mais nous avons à traiter d'une substance dont les prétentions sont bien autrement fondées que celles qui l'ont précédée; c'est la composition récemment mise au jour sous le nom de glu-marine de Jeffery, et dont l'importance nationale est bien justifiée par les services qu'en peuvent tirer notre marine royale et notre marine marchande.

Ici l'auteur entre dans des détails qui ne sont que la reproduction de ceux qui ont été déjà donnés dans les Annales maritimes 1, et il termine en ces termes :

Voir, Annales maritimes de 1843, 2° partie, tome II, page 166, la notice sur la colle-marine de Jeffery, traduite du Nautical magazine, et, dans ce

Les éléments de cette mixture utile sont la laque plate et le caoutchouc, en dissolution dans le naphte. Ces trois ingrédients sont bien connus; mais l'exacte proportion dans laquelle ils doivent se trouver et la manipulation qui convient ne sont pas si faciles à trouver : nous avons entendu un homme intelligent et expérimenté se plaindre de n'avoir pu réussir à former le mélange, parce que longtemps avant d'avoir amené le naphte à la température convenable, le tout, au lieu de la moitié, s'était évaporé pendant l'opération. Mais, quelque compliquée qu'elle soit, nous avons des preuves irrécusables que c'est une précieuse découverte, et il ne reste plus qu'à voir le temps démontrer le problème. Le plus long intervalle pendant lequel on ait éprouvé jusqu'à présent la solidité de cette soudure sera bientôt de trois ans; toutefois son utilité complète ne pourra être convenablement appréciée et proclamée que lorsque des vaisseaux dans la construction desquels elle aura été tout à fait employée auront été exposés à des désastres, et seront restés intacts, tandis que les autres dans lesquels elle n'entrera pas auront fait des avaries.

En même temps, l'impulsion donnée à l'emploi du fer en grand a fait porter une nouvelle attention sur l'art du forgeron, et la chimie, en prêtant à ce métal sa puissante assistance, l'a rendu applicable en tout aux besoins de la marine. Et même aujourd'hui, au moment où nous écrivons ces lignes, on nous apprend qu'il se forme une compagnie dont le but est de galvaniser le fer pour le substituer au cuivre.

Mais nous ne devons pas omettre une nouvelle application du fer aux travaux maritimes, application qui promet d'être féconde, et qui est, en ce moment même, en voie d'exécution. L'affreuse catastrophe arrivée récemment à bord du Camperdown a éveillé l'attention sur le manque de

volume, page 79, les remarques de M. de Chabannes sur l'emploi de cette substance pour la conservation du matériel naval.

protection des magasins à poudre; car l'effet d'une panique, quand une explosion est attendue comme imminente, a souvent donné lieu à de bien tristes sacrifices d'hommes et à la perte d'un matériel considérable. Ce n'est donc pas avec une petite satisfaction que nous trouvons qu'un brevet a été accordé pour un magasin à poudre, à l'épreuve du feu, au colonel Holdsworth, de Dartmouth, auquel on doit aussi un gouvernail à révolution et plusieurs autres inventions ingénieuses.

Ce système a été dernièrement éprouvé à Westminster, en présence de l'amiral sir J. A. Gordon, des capitaines A. Court, Wormeley, W. H. Smith, Meinell, lord Ingestrie et W. H. Henderson, de la marine royale; du colonel Brown et du capitaine Pringle, des ingénieurs; du trèshonorable H. L. Corry, l'un des lords de l'amirauté, du docteur Hunt, de M. Maudesley et autres. On plaça sur le quai un modèle d'environ 9 pieds de base, formé d'une double rangée de plaques de fer rivées ensemble à une distance d'environ 2 pouces 1/2 ; l'intervalle compris entre ces deux plaques était rempli d'eau fournie par un réservoir placé quelque part au-dessus du niveau du magasin à poudre, et qui s'y introduisait au moyen du tube aboutissant à la partie inférieure du modèle. Une libre communication existait entre les côtés ainsi qu'avec le fond et avec le sommet; et de la surface supérieure partait un second tube ramenant l'eau dans le réservoir qui l'avait fourni, uniquement d'après ce principe que, la pesanteur spécifique de l'eau introduite par le tube inférieur s'altérant par la chaleur, les particules liquides les plus légères s'échapperont par le tube supérieur. La porte du magasin était ingénieusement supportée par des charnières creuses et préservées de la fuite par des boîtes à étoupes, de sorte que l'cau entrait dans la porte par une des charnières et en sortait par l'autre. Un tel appareil est évidemment inaccessible au feu, car, avec quelque violence que l'élément

Tome 1.-1844.

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destructeur vienne frapper ses côtés, cette circonstance ne sert qu'à augmenter la rapidité avec laquelle l'eau circule dans l'intervalle compris entre les parois: mais elle ne peut s'échapper si promptement par le tube supérieur, en vertu de l'action du feu, qu'elle ne soit immédiatement remplacée au moyen du tube inférieur, si l'alimentation du réservoir est réglée convenablement. Tant que l'intervalle contient de l'eau, les plaques de fer ne peuvent devenir trop chaudes. On plaça dans l'intérieur du modèle une certaine quantité de matière combustible sur laquelle on mit une feuille de papier couverte de poudre. Un thermomètre à index ayant été suspendu entre les parois, on ferma la porte du magasin et l'on mit le feu à une grande quantité de bois sec empilé autour de celui-ci, et qui brûla avec violence pendant près d'une heure. Pendant cette épreuve rigoureuse, l'eau, portée presque à la température de l'ébullition, formait un courant continuel qui se rendait par le tube supérieur dans le réservoir d'eau froide. On éteignit alors le feu, et en ouvrant la porte du magasin, on y trouva les matières combustibles et la poudre dans leur état primitif, et sans avoir subi la moindre altération; et le point le plus élevé auquel fût monté le mercure du thermomètre était 99° Fahrenheit (37°,2 centig.). Cette expérience est une des plus satisfaisantes et des plus concluantes qu'on ait jamais faites. Le même principe peut aussi être appliqué aux bâtiments à vapeur; car en formant les cloisons de la chambre des chauffeurs de deux plaques de fer, au lieu d'une seule revêtue de bois, et en ayant soin de faire passer constamment un courant d'eau froide entre ces parois, on maintiendra une température fraîche dans la chambre de la machine. Cet avantage sera justement apprécié par ceux qui ont été dans le trou des chauffeurs de quelqu'un de nos grands vapeurs, véritable fournaise que Jack appelle avec tant de justesse un enfer flottant. On peut aussi établir une semblable disposition entre les

chaudières et la partie habitable du bâtiment, pour le bienêtre des officiers et de l'équipage, surtout dans les climats chauds.

Nous avons enfin parcouru le cercle des inventions nau tiques, nous avouant coupables de plusieurs légères omissions; mais nous espérons avoir démontré les énormes avantages que le zèle, le talent et la persévérance des hommes inventifs ont répandus sur la communauté maritime, non-seulement d'Angleterre, mais encore du monde entier. Tout respirera désormais la santé, le bien-être et la sécurité; et les marins, s'ils n'ont que des officiers expérimentés, peuvent impunément braver les éléments.

Toutefois la science de l'hydraulique a encore de grands progrès à faire avant que les bâtiments de mer et leurs équipages soient tout à fait hors de danger. Les pompes à pistons se manœuvrent avec tant de peine, qu'elles détruisent plus de la moitié de la force motrice; et, d'ailleurs, elles sont toujours sujettes à s'engorger.

Les pompes à chapelet, tant vantées, et si puissantes à quelques égards, avec leurs séries de pistons plats circulaires, sont si compliquées et formées de parties si lourdes, que, chez elles, la résistance d'inertie est dix fois plus grande que dans les premières; et, quand le moindre accident leur arrive, ce n'est qu'à grand'peine qu'on parvient à les remettre en état. Il faudrait éviter ces inconvénients, et cela ne me paraît pas au delà de la portée des hommes du siècle, d'autant mieux qu'on a déjà trouvé, en mécanique, le moyen de réduire le frottement au simple contact d'un corps en mouvement. Ainsi donc, dans l'espoir qu'un moyen de se délivrer de l'eau qui est à bord ne se fera plus désirer longtemps, nous prenons enfin congé de nos lecteurs.

Un moment pourtant! Avant de terminer, il est encore une question sur laquelle nous devons porter notre attention, quoique son apparition ait été entourée d'une espèce de mystère qui la rend à peine digne de trouver place dans

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