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posent et s'accumulent dans la chaudière, tandis
tion d'eau introduite s'en échappe sous forme de vapeur.

Les progrès de l'accumulation des matières salines dans les chaudières marines sont loin d'être lents. L'eau qui forme le contenu habituel d'une chaudière marine s'évapore en trois ou quatre heures, en laissant au fond de celle-ci les substances solides, et elle est remplacée par de l'eau salée contenant une égale quantité de dépôt salin qui s'accumule aussi rapidement que la première; et, comme on sait que la proportion de matières salines s'élève jusqu'au quarantième de tout le volume d'eau, il s'ensuit que, si l'ébullition se prolongeait pendant cent cinquante heures, il y aurait dans la chaudière un dépôt salin d'un poids égal au nombre de tonneaux d'eau contenus dans la chaudière.

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Néanmoins, longtemps avant que les matières renfermées dans l'eau n'arrivent à ce degré de solidification, différents inconvénients tendent à affaiblir et à arrêter les fonctions de la chaudière. Les parties solides constituantes de l'eau de mer, déposées par celle-ci, ne se répandent pas uniformément dans toute la masse liquide de manière à former une solution homogène; au contraire, les nouvelles injections d'eau, à mesure qu'elles sont introduites dans la chaudière, restent séparées du premier liquide plus saturé, et, s'élevant en vertu de leur moindre pesanteur spécifique, forment une couche supérieure, tandis que le liquide plus dense en forme une autre dans la partie inférieure de la chaudière, et entoure le fourneau et les courants de flamme occupant les bouilleurs et les tubulures, qui sont ordinairement à une température élevée, et qui, dans les chaudières à deux rangs, sont généralement chauffés avec le plus d'intensité. La haute température du métal expulse l'eau du liquide salin en contact avec elle, avec la plus grande rapidité dans les places les plus chaudes, et le sel se dépose sur les parties les plus chauffées des fourneaux et des courants de flamme, en s'étendant rapidement à celles qui le sont.

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moins, et non-seulement il diminue la puissance évaporatrice de la chaudière, mais encore il détériore sa substance et met son existence en danger.

On ne tarda pas à trouver les moyens de remédier à ces inconvénients. Mais il m'a été impossible de découvrir l'inventeur du procédé de nettoyage appelé extraction (blowing down, ou blowing off).

Il est presque universel et s'exécute de la manière suivante on fait entrer dans la chaudière, à chaque coup de pompe, plus d'eau qu'il n'en est nécessaire pour la production de la vapeur, de façon que la chaudière devient trop pleine. On ouvre promptement des issues pratiquées au fond de la chaudière, et le liquide salin qui est dans cette partie, étant violemment expulsé, entraîne avec lui toutes les substances solides qui peuvent s'être accumulées près du fond. La chaudière est ainsi nettoyée, et, avant que le niveau ne s'abaisse trop, les issues sont fermées de nouveau, et l'on continue à alimenter la chaudière comme aupara

vant.

Un autre procédé assez généralement adopté est la pompe d'extraction, au moyen de laquelle, pour chaque quantité d'eau fournie à la chaudière, environ un quart de cette quantité de dissolution saline en est retiré. Ce procédé n'enlève pas aussi complétement les impuretés que le précédent, mais il produit une économie de combustible par l'emploi d'une disposition particulière qui donne à l'eau d'alimentation qu'on introduit dans la chaudière une portion de la chaleur de la dissolution saline extraite. L'application récente de ce procédé est due à MM. Maudslay et Field de Londres.

Quel que soit le moyen qu'on emploie pour extraire l'eau saturée de matières solides, il est essentiel, pour remplir ce but, d'avoir un appareil simple, qui fasse voir quand l'extraction est devenue nécessaire, et si elle a été convenablement faite; sans cette précaution, on peut avoir à re

douter les conséquences fâcheuses d'une opération exécutée d'après des données fautives.

Il a été pris un brevet pour une invention qui paraissait promettre le succès, mais que l'expérience a trouvée sujette à se déranger, au moment où l'on en avait le plus besoin. Une sphère d'une pesanteur spécifique plus grande que celle de l'eau de mer était en communication avec un index extérieur qui faisait voir le moment où la dissolution saline était assez saturée pour que la sphère pût y flotter.

Un autre système consistait à placer, dans le tube indicateur du niveau de l'eau dans la chaudière, un hydromètre en verre qui flottait quand la dissolution saline arrivait à un certain degré de saturation, et qui tombait au fond dans l'état ordinaire de la chaudière. Mais, quoique ce procédé soit très-élégant, il manque tout à fait d'exactitude; car la dissolution dont nous voulons reconnaître la densité est dans les couches inférieures et non pas dans les supérieures, et des malheurs irréparables pourraient avoir lieu avant que l'indicateur annonçât aucun changement.

J'ai employé dernièrement sur quelques grands navires, destinés à des voyages transatlantiques, une espèce d'indicateur de saturation auquel on a reconnu tous les avantages désirables. Le principe sur lequel il repose est cette loi de physique bien connue, que les hauteurs de colonnes de liquides du même poids, varient dans le rapport inverse des densités de ces liquides.

Si l'on prend un tube de verre ouvert aux deux bouts et courbé suivant la forme de la lettre U, et si l'on verse un liquide dans l'une des branches et un autre liquide dans la seconde branche, en ayant soin de verser le liquide le plus pesant le premier; si l'un des deux liquides est du mercure et l'autre de l'eau, ils occuperont respectivement des hauteurs de i et de 13 pouces; si l'on se sert d'alcool et d'eau, les hauteurs respectives des colonnes seront de 10 et de 8 pouces ; la colonne de l'un des liquides étant toujours plus grande

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que celle de l'autre, dans le rapport inverse de leurs densités. De même de l'eau douce et de l'eau de mer occuperont des hauteurs de 40 et de 41 pouces, ce qui fait 1 pouce de différence entre les deux colonnes.

Voici comment je fais l'application de ce principe: je considère comme le meilleur état de salure de l'eau d'une chaudière l'eau de mer ordinaire que je prends pour unité : cette eau contient 1/40 de matières salines. Quand elle a été évaporée de manière à ne conserver que la moitié de cette quantité d'eau distillée pour la même quantité de matière saline, j'appelle l'état dans lequel elle se trouve le deuxième degré de salure; c'est une dissolution dont la force est représentéc par 2 dans le tube dont nous avons parlé tout à l'heure; les colonnes de ce liquide et d'eau distillée occuperaient respectivement des hauteurs de 40 et de 42 pouces, ce qui ferait une différence de 2 pouces entre les deux colonnes. Une saturation plus forte serait annoncée par des différences de 3, 4, 5 et 6 pouces entre les colonnes, et indiquerait ainsi 3, 4, 5 et 6o de salure; une pareille échelle peut indiquer les différences de densité les plus minimes, au moyen des subdivisions du pouce. Cet appareil me paraît ce qu'il y a de plus simple à appliquer pour le but qu'on se propose, et je l'ai adopté pour les chaudières marines.

Le mécanisme que j'ai employé pour donner cette indication est parfaitement simple et a l'avantage d'être de ceux que les mécaniciens comprennent déjà parfaitement. J'adapte à la chaudière marine, deux tubes indicateurs en verre, au lieu d'un seul employé ordinairement: tous deux remplissent l'office des tubes indicateurs actuels, et, lors même qu'ils n'auraient d'autre destination, ils offrent cet avantage, que lorsqu'il y en a un de brisé, accident assez fréquent, on peut toujours recourir au second. A ces tubes j'attache simplement de petits conduits en cuivre de telle façon, que l'un d'eux peut être mis en communication, seulement avec la dissolution saline de la partie inférieure de la chaudière, et

pas

Tome 1. - 1814.

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l'autre avec l'eau d'alimentation qui entre dans celle-ci; l'un d'eux contient donc une colonne de dissolution saline et l'autre une colonne d'eau de mer pure, et chaque pouce de différence montre le degré de saturation

Sans qu'il soit nécessaire d'adapter une échelle aux tubes, le mécanicien parvient, avec un peu d'habitude, à savoir quelle différence en pouces on peut admettre sans danger pour son bâtiment, et à quelle différence de hauteur il est nécessaire de faire une extraction. Néanmoins il vaut mieux avoir une échelle.

Il est utile de constater que, dans la pratique, l'indication de l'échelle, pour une chaudière ordinaire, et dans les circonstances ordinaires, est de 6 à 10 pouces anglais (152 à 254 millimètres), quantité suffisamment grande pour être facilement observée.

La règle ordinaire de conduite sera donc à peu près celle-ci : continuer l'opération de l'extraction, s'il est possible, jusqu'à ce que la différence des deux colonnes soit moindre que 2 pouces; ensuite il ne sera plus nécessaire de faire de nouvelle extraction avant que la différence soit d'au moins 6 pouces anglais.

Comme règle pratique, je trouve qu'il est nécessaire de faire une extraction quand la solution saline, qui est au fond de la chaudière, marque 3° de salure. Cependant cela variera beaucoup, suivant la construction des chaudières. Quand la chaleur est la plus grande dans les parties inférieures de la chaudière, et que les courants de flamme reviennent au-dessus, celle-ci est plus sujette aux incrustations et exige des extractions plus fréquentes.

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