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sables de la direction des affaires maritimes, devinrent en réalité, ce qu'ils n'avaient été jusqu'alors qu'hypothétiquement, l'autorité chargée du contrôle de notre marine.

Revenons aux innovations et aux améliorations récemment introduites dans les arts maritimes. Malgré notre désir d'énumérer les plus importantes, les perfectionnements ont été si nombreux que bien des idées remarquables échapperont à notre analyse. Avant tout, rappelons aux novices que le mot brevet (patent) est plutôt un certificat de propriété assurant certains priviléges sous des conditions spécifiées, qu'un brevet de mérite pour une invention; de sorte que par lui-même il ne mérite pas toute la déférence qui lui est accordée. Plusieurs perfectionnements essentiels ont été introduits par des officiers de marine non brevetés, et cela en dépit de la désapprobation expresse des amis affectionnés, qui accueillaient la plupart des propositions par un refus des moins gracieux, quoiqu'on vît parfois les mêmes idées reproduites plus tard par les myrmidons de ce conseil éclairé, comme des émanations de son propre génie. <«<Combien de fois pendant la guerre, dit spirituellement l'intelligent auteur du Naval sketch-book, combien de fois des officiers de marine ont-ils proposé des perfectionnements qui ont eu pour tout accueil un refus officiel, sans qu'il fût donné d'autres raisons que celle-ci. «leur adoption serait << contraire aux règlements du service, » c'est-à-dire contraire aux idées rétrogrades de MM. Benbow et compagnie. »

L'un des changements les plus remarquables et les plus utiles du siècle actuel est la substitution des câbles de fer à ceux de chanvre, qu'on sait être sujets à s'altérer en s'échauffant, et être toujours détériorés quand ils sont exposés successivement à l'air et à l'eau. Nos bons amis de l'autre côté du détroit veulent s'arroger l'honneur de cette invention, et disent qu'on la doit à Bougainville qui, frappé des inconvénients sans nombre des câbles de chanvre, eut l'heu

reuse idée de les remplacer par des chaînes de fer: c'était en 1771, trente-sept ans juste avant l'époque où M. Slater, chirurgien de la marine royale, prit un brevet pour le même objet, en 1808. Mais, avec toute la déférence due à l'exactitude de ceux qui ont donné ces fausses dates, qu'ont adoptées les compilateurs de la Nouvelle Encyclopédie, Penny Cyclopædia, pour dire la vérité, elles s'appliquent plutôt à une réintroduction qu'à une invention. Des chaînes de fer étaient employées comme câbles par les Venètes et les Bretons dans leurs combats sur les côtes de l'Armorique, et cela au temps de César; et, d'après ce que nous avons remarqué nous-mêmes sur les lacs d'Italie, il est probable que leur usage s'est continué jusqu'à un certain point. A Desegnagno, sur le Lago di Garda, nous avons vu plus de cinquante bateaux munis de pareilles chaînes, avant que leur emploi ait été généralement adopté dans notre marine. Les chaînes de fer pour corps morts ont toujours été en crédit, et Smeaton en employa d'une grandeur extraordinaire pour tenir le Neptune au mouillage dans une mer très-agitée, pendant qu'il construisait le phare d'Eddystone, en 1756.

Mais dans le cas actuel il ne s'agit pas d'une simple chaîne, le point de la discussion se rapporte à l'introduction des câbles-chaînes, tels qu'ils sont fabriqués aujourd'hui. Le mérite, nous pouvons l'affirmer en toute sûreté, en appartient incontestablement au capitaine C. Brown, qui était troisième lieutenant du Phenix, lors de son affaire avec la Didon, et qui, après deux ou trois années d'efforts, parvint à les introduire dans notre marine en 1811. Dans les câbles dont il s'agit, le capitaine Brown imagina de joindre les maillons sur le côté, au moyen d'un long assemblage qui rendait la soudure plus solide. La forme qu'il donna à ses maillons était le résultat d'un grand nombre d'expériences, et, pour essayer leur force, il inventa une machine d'épreuve, mise en jeu par une presse hydraulique. Les faits ainsi posés, il ne nous semble pas que les droits du capi

taine Brown reçoivent aucune atteinte de l'idée qu'a eue Bougainville en 1771, et du brevet obtenu en 1813 par M. Brunton, pour l'addition importante d'une pièce intérieure allant d'un côté d'un maillon à l'autre et lui servant de support. Cette disposition et l'admirable stoppeur imaginé par l'excellent marin sir Thomas Hardy, et dont les serres puissantes arrêtent la chaîne dans sa plus grande vitesse, rendent le cable-chaîne aussi avantageux qu'on peut le souhaiter.

Dans les mains de son ingénieux inventeur, le câblechaîne a subi de nombreux perfectionnements, et sa manœuvre a été rendue si facile que l'usage en est devenu presque universel. Ces câbles sont munis de boulons placés à des distances d'une à 2 brasses l'un de l'autre, ce qui permet de les filer avec la plus grande facilité. On a aussi trouvé un procédé par lequel on empêche l'ancre et le câble d'acquérir une trop grande vitesse en descendant. Enfin le stoppeur Hardy en est littéralement le régulateur général. Avant d'être délivrés aux bâtiments, leur force est éprouvée au moyen du système de Brown; car le moyen d'estimer la force respective des câbles - chaînes à ceux de chanvre, en fixant un câble de chanvre neuf à un câble-chaîne neuf aussi, et en forçant sur eux jusqu'à ce que l'un des deux vînt à se rompre, était évidemment défectueux dans ses résultats, puisque la force de l'un s'altère constamment, tandis que l'autre est durable. Nous allons néanmoins montrer les résultats généraux auxquels on est arrivé, et faire connaître le diamètre des maillons des chaînes-câbles comparés à ceux des câbles de chanvre d'une force équivalente.

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Si les câbles ont reçu de grands perfectionnements, on ne s'est pas moins occupé d'améliorer les ancres, qui en sont le complément essentiel et dont la fabrication coûte à l'État des sommes si considérables. Aujourd'hui encore, malgré les merveilles introduites par la vapeur dans les procédés de fabrication, il est un des inconvénients de l'art du forgeur auquel il n'a pas encore été remédié, c'est cette énorme quantité, de près de 40 p. o/o de métal, qui se trouve perdue dans l'opération de la forge. On a proposé, dans la forme de l'ancre, diverses modifications, au nombre desquelles on peut citer celles de Rodger et de Parck; mais de

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toutes les ancres que nous avons examinées, c'est sur celle de Porter1 que se porte plus volontiers notre préférence, parce qu'elle réunit au suprême degré la simplicité, la force et la solidité, les trois qualités les plus désirables pour une ancre. Cet admirable instrument est construit de manière à éviter la soudure du bras sur la tige, opération qui affaiblit toutes les autres ancres au collet, par conséquent au point où la solidité est le plus nécessaire de plus, par l'action du bras qui mord le fond, l'oreille supérieure se trouve amenée sur la tige, ce qui empêche toute espèce d'altération. On a souvent reproché à l'ancienne ancre d'avoir, lorsqu'elle est au fond de l'eau, un de ses bras qui est nonseulement inutile, mais qui peut encore être fréquemment nuisible, et la seule raison qu'on ait pour la continuer à construire ainsi, est d'assurer sa prise sur le fond, de quelque côté qu'elle tombe. Les commandants, exposés à chasser sur leurs ancres, devront regretter le pivot de l'ancre de Porter.

Avec les moyens que nous venons de décrire, le marin n'a plus à redouter la côte sous le vent et les heures de péril, surtout si son navire est muni du puissant cabestam du capitaine C. Phillips de la marine royale. Avec une ancre qui mord bien et une longue touée de chaîne, un bâtiment est aujourd'hui dix fois plus en sûrcté qu'il ne l'était au commencement de ce siècle, et l'adage de Raleigh est plus applicable actuellement qu'à l'époque où il écrivait ces mots : «La vérité est que la longueur du câble est la vie du navire à toute extrémité; et la raison en est qu'il a tant de courbure et de sinuosités, que le navire, amarré à l'extrémité de cette longueur, n'est pas capable de le roidir; et rien ne se rompt qui ne soit roidi. >>

L'emploi général des câbles de fer a conduit à substituer les chaînes aux cordes pour fermer les gambes de revers

1 Voyez dans les Annales de 1843, 2o partie, tome 1, page 435, la description de l'ancre de Porter.

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