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N° 79.

LA CÔTE O. d'Afrique au S. de l'équateur, par le commodore H. J. MATSON, Commandant le bâtiment de Sa Majesté Britannique le Waterwitch, de 1839 à 1843. (Extrait du Nautical Magazine de mars et avril 1844.)

Baie de l'éléphant. Cette baie offre un des meilleurs mouillages de cette partie de la côte; elle est parfaitement sûre et abritée des seuls vents qui y soufflent, ceux de S. et de S. O. On la reconnaît, à une grande distance, à un plateau très-élevé situé près du fond de la baie, et sous lequel se trouve le meilleur ancrage; près de la côte orientale, le fond est de roches en quelques endroits. La barre ou Caléma, qui règne quelquefois tout le long de la côte, ne se fait pas sentir dans cette baie. On peut s'y procurer du poisson en abondance au moyen de la seine, et les montagnes abondent en gibier et en animaux de toute espèce, que l'absence d'habitants dans le pays rend extraordinairement doux. Cet endroit est de beaucoup la meilleure relâche de la côte pour y venir reposer et rafraîchir un équipage après une croisière. J'y ai fréquemment mouillé pour quelques heures, uniquement dans le but de donner aux hommes l'occasion d'aller faire une course à terre, pour laver leur linge, se baigner et traîner la seine; c'est le seul endroit où l'on puisse le faire impunément. Le climat est très-salubre, comme sur toute la côte au sud de Salinas. Avant de mouiller dans cette baie pour prendre du repos, il est bien de se procurer un ou deux bœufs et quelques légumes à la baie Little-Fish, située par 15° 13' de latitude S., où l'on peut les acheter à très-bon compte.

On ne peut se procurer d'eau dans la baie de l'Éléphant, si ce n'est pendant une saison pluvieuse, circonstance qui ne se présente quelquefois pas une seule fois en cinq ans. Il n'est pas tombé une goutte de pluie pendant les années 1840.

1841 et 1842; mais on m'a dit que lorsque la pluie s'établit elle tombe sans discontinuer pendant des semaines entières, et le pays est alors presque entièrement inondé. L'existence de plusieurs grands canaux à sec semble confirmer cette opinion. On peut recueillir d'excellentes huîtres sur les roches, d'un côté ou de l'autre de la baie.

Les rochers Friars sont par 13° 14′ de latitude S. et 12° 44′ à l'E. de Greenwich (10° 24' à l'E. de Paris) et sont élevés de 12 à 14 pieds anglais (3,6 à 4TM,2).

Luash, situé par 13° de latitude S. et 12° 57' de longitude E. de Greenwich (10° 37' à l'E. de Paris), est un port trèsétroit, ne convenant qu'à de petits navires, et complétement abrité de tous les vents. C'est là que les négriers appartenant à Benguela embarquent généralement leurs esclaves.

Pointe Salinas. C'est une langue de terre basse, plate et sablonneuse, s'étendant à cinq ou six milles en avant des hautes terres, et à l'extrémité de laquelle se trouve un arbre remarquable. Il y a un récif au S. de cette pointe, et entre elle et Luash il y a peu d'eau: mais au nord de la pointe la côte devient très-accore, car l'on trouve 10 brasses (18 mèt.) à moins d'une encablure de terre. Il est néanmoins dangereux de s'en approcher pendant la nuit, car la plage étant de sable blanc, et s'avançant à une grande distance des hautes terres qui sont derrière elle, on la voit difficilement, à moins qu'on n'en soit très-près. Plusieurs navires ont échoué sur cette plage par une belle nuit claire.

La côte entre Salinas et Saint-Phillips-Bonnet ne paraît pas avoir été reconnue par le capitaine Owen, ou bien elle l'a été si imparfaitement que les marins étrangers aux localités peuvent être induits en erreur. Les instructions disent que la route à faire de Salinas à Saint-Phillips-Bonnet est le N. 70° 20′ E.: mais il n'est pas possible de faire une route directe entre ces deux points, car les terres qui les séparent forment un segment de cercle. La goëlette anglaise Harrington se perdit complétement sur cette plage, en mars 1843; elle avait pris

les relèvements de Saint-Phillips-Bonnet à 6 heures 1/2 du soir, et à 7 heures 1/2 elle était échouée. Un navigateur étranger, après avoir reconnu la haute terre de Saint-Philipps-Bonnet avant la nuit, et la relevant à l'E. 5° 37' S. où à l'E. 8° 25' S. à 5 ou 6 lieues de distance, ne verra pas la terre basse qui l'en sépare, et il cherchera peut-être, guidé par les cartes et par les instructions, à faire route directe sur le Bonnet; ou bien il pensera peut-être que la route à l'E. est sûre, mais cette route conduira encore son navire sur la plage devant laquelle il n'y a pas de mouillage.

Quand Saint-Phillips-Bonnet reste à l'E. S. E., on peut gouverner directement sur lui, et, quand on l'a dépassé à une distance convenable, faire route pour la rade de Benguela, dont la carte levée par le capitaine Owen est trèsexacte. Un peu à l'ouest du Bonnet sont plusieurs petites criques étroites dans lesquelles des embarcations ou de petits navires peuvent mouiller sans être vus. Un canot appartenant au Waterwitch resta caché neuf jours dans une de ces criques pour veiller un négrier mouillé dans la rade de Benguela, qu'il captura au moment où celui-ci quittait le mouillage avec 300 esclaves à bord.

Bahia-Torta. C'est une grande et belle baie dans laquelle le mouillage est bon et sûr. J'en ai fait le tour avec le Waterwitch, mais je n'eus pas le temps de l'explorer compléte-.

ment.

Benguela est dans un triste état de dépérissement et de décadence; les maisons, originairement construites en terre, tombent actuellement en ruines. Il n'y a guère d'autre commerce que celui des esclaves; encore a-t-il été presque entièrement détruit par les croiseurs anglais. Le sol est parfaitement nu, sans la moindre apparence de végétation, excepté près de la rivière Catumbela. En quittant le mouillage, un navire ne doit pas amener la ville à rester à l'O. du S. avant d'être à quatre ou cinq milles de distance, parce qu'il aura alors paré le banc au Ñ..

Lobito, situé par 12° 20' de latitude S. et 13° 31' de longitude à l'E. de Greenwich (11° 21' à l'E. de Paris), est un port excellent et très-sur, le meilleur d'aucune partie de la côte, mais il n'est indiqué sur aucune carte ni dans les livres d'instructions. Il paraît être resté inconnu, excepté des négriers, jusqu'à la découverte qu'en fit le Waterwitch en 1840. Les bâtiments de guerre portugais et les autorités militaires ignoraient même complétement son existence. On a eu dernièrement le dessein de transporter les établissements du gouvernement de Benguela à Lobito, et la construction d'un fort et d'une douane est déjà en voie d'exécution. On ne peut s'y procurer d'eau que dans la saison des pluies; aux autres époques on doit l'apporter d'Anha ou de Catumbela. On peut prendre du poisson à la seine en abondance. J'ai fait, en décembre 1840, un plan exact de ce port, dont j'ai donné une copie aux croiseurs anglais de la station. Dans la partie N. E. de la baie, le rivage est presque vertical car il y a en plusieurs endroits 10 brasses anglaises (18 mètres) à moins de 30 pieds de la marque de basse mer. Ce port n'est pas facilement reconnaissable pour un étranger, et un navire peut en passer à moins de 4 ou 5 milles sans en apercevoir l'entrée. On peut le reconnaître de loin à une rangée de marques blanches sur la montagne qui est au N., mais sa latitude 12° 20' S. ou son gisement (TE. N. E.) par rapport à Saint-Phillips-Bonnet, dont il est éloigné de 23 milles, sont les seuls guides certains.

Anha est une petite rivière à 9 milles dans le N. 70° 18' E. de la pointe Lobito; elle vient déboucher dans une baie de peu d'étendue, qu'on reconnaît facilement à des arbres qui se trouvent tout près du bord de la mer. Il y a en cet endroit plusieurs résidents portugais qui se livrent au commerce des esclaves et de l'orseille. On peut mouiller par 7 brasses (12,8), la rivière restant au S. E. S. à 2 milles.

La rivière Logito, par 11° 58' 30" de latitude S. et 13°

45′ 15′′ de longitude à l'E. de Greenwich (11° 24′ 51′′ à l'E. de Paris), est à 25 milles dans le N. E. E. de la pointe Lobito. C'est une excellente aiguade quand la mer est belle, car l'eau venant des montagnes est parfaitement saine et meilleure que celle de tout autre point de la côte. La manière la plus expéditive de la faire, est de rouler les pièces jusqu'à un canot mouillé en dehors du ressac, puis de les remorquer en train jusqu'au bâtiment, qui ne peut approcher de plus d'un mille 1/4 de la côte. Il s'y trouve un comptoir portugais pour les esclaves et l'orseille. On peut reconnaître Logito au morne élevé qui forme la pointe S. de la baie.

A partir de Logito, la côte court au N. 25° 18' E., pendant 33 milles, jusqu'à la baie Quicombo. Elle est trèsaccore, formée de hautes falaises verticales de calcaire visibles à une grande distance quand le soleil brille à l'O. du méridien. J'ai remonté la côte de Lobito à Quicombo, à moins d'un mille du rivage, sans trouver fond avec le plomb à main.

Whales-Head (Pointe de la baleine), par 11° 35' de latitude S., est une pointe de couleur sombre, s'avançant à un mille dans la mer, A environ 2 milles au nord est un plateau remarquable, situé près du rivage.

Quicinga, par 11° 29′ de latitude S., est un groupe de huttes des naturels; on n'y peut débarquer que rarement, excepté avec les embarcations de ressac.

Quicombo. La pointe S. de cette baie est par 11° 20′ de latitude S. et 13° 48′ de longitude E. de Greenwich (119 28' E. de Paris). Devant elle est un banc de roches sur lequel la mer brise quelquefois, et qui s'étend à environ un mille au large. Il y a bon mouillage dans la baie, excepté pendant la durée des rollers ou calemas, et il est alors nécessaire de mouiller en dehors de la pointe. Pour entrer dans la baie, il faut tenir le village au S. ou au S. S. O., puis mouiller à la distance qui conviendra. Les marques du mouil

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