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vation de ce liquide, par l'adoption des caisses en fer, et la manière de la retirer de la cale au moyen de la pompe foulante du capitaine Truscott, sans déranger l'arrimage ni en.. combrer les ponts de la provision journalière, ainsi que c'était l'usage conformément aux règlements du service. Mais, en signalant ce changement, dont les marins de la dernière guerre pourront seuls apprécier l'avantage, nous souhaiterions qu'on mît plus d'attention qu'on ne le fait généralement à n'introduire dans ces caisses qu'une eau pure et salubre. Plus d'une fois nous avons été témoins de la négli gence la plus coupable à ce sujet, dans les régions tropicales, et, tandis qu'on apportait à bord de mauvaise eau, les hommes qui étaient restés dans un marais ou dans un étang, pour la puiser avec des sceaux, y puisaient aussi les germes d'une mort prématurée.

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La manière de s'approvisionner d'eau est aussi variable que les situations géographiques des points où l'on doit le faire aussi ne peut-on poser de règles à ce sujet, quoique cette opération soit une chose de première nécessité, qui se reproduit constamment et qui est fréquemment accompagnée de beaucoup de fatigue et d'obstacles, sans compter les inconvénients qui peuvent résulter, pour la discipline, du débarquement du grand nombre d'hommes qu'elle exige. C'est donc avec une grande satisfaction que nous avons examiné l'appareil portatif de notre ami le capitaine William Fisher, pour conduire l'eau à une distance considérable, et nous pensons qu'il offre les plus grands avantages à l'État et à l'humanité. Il est composé de tubes métalliques d'un petit diamètre, s'adaptant, au moyen de joints flexibles, à toutes les inégalités du terrain, et réunis à une pompe foulante susceptible d'élever l'eau d'une profondeur d'environ 10 mètres, et de la chasser à une grande distance en surmontant des obstacles d'une hauteur considérable. Ces tubes sont très-portatifs et d'une construction très-simple. Pour éviter la trop grande résistance occasionnée par le dé

placement de l'air et l'introduction de l'eau, on a placé, de distance en distance, des robinets à air qu'on tient ouverts; on ferme le plus voisin de la source, dès que l'eau en coule librement, et l'on en fait autant à tous les autres jusqu'à ce que les tubes soient tout à fait chargés. Un officier expérimenté appréciera immédiatement l'avantage qu'offre cet appareil, car il arrive quelquefois qu'on trouve, dans le voisinage de la côte, des sources de bonne eau, mais que des bandes de rochers ou des fondrières empêchent d'arriver; et, dans ce cas, on est souvent forcé de se contenter de l'eau presque stagnante qu'on trouve sur le bord de la grève. A propos de régions tropicales, nous sommes arrivés à une invention très-ingénieuse et fort utile du capitaine Henri Downes, pour vider l'eau des ponts inondés et remédier ainsi à l'inconvénient sérieux qui avait échappé longtemps à l'attention des constructeurs, dont les dalots étaient tout à fait insuffisants. On se rappelle qu'en 1834 cet officier a proposé une nouvelle méthode de disposer le gréement inférieur, de façon qu'un hauban puisse être très-promptement changé sans lever les yeux. Ayant eu le pont de la Sybille fréquemment inondé pendant les fortes pluies de la côte d'Afrique, il chercha à remédier à cet inconvénient au moyen du dalot circulaire. Durant le mauvais temps, on avait l'habitude, à bord de cette frégate, de laisser tomber la grande tente et de l'amarrer sur les taquets des passavants, de sorte que cela ressemblait à un toit. Cette disposition remplissait le but que l'on se proposait, tant que le bâtiment était fixe; mais, dès qu'il y avait du roulis, l'eau passait par torrents au-dessus des chambranles d'écoutilles, les étroits dalots des règlements étant tout à fait insuffisants pendant des pluies aussi abondantes. Le système du capitaine Downes consiste à fixer un large anneau de cuivre sur la maugère à clapet du dalot, et à y introduire un anneau concentrique mobile, au moyen duquel l'ouverture du dalot peut être portée de 50 millimètres de diamètre à 88 mil

limètres, ce qui est une différence bien sensible pour donner passage à l'eau. Un modèle du dalot annulaire fut présenté à l'amirauté en 1837, et, d'après les épreuves auxquelles il fut soumis, on jugea qu'il remplissait parfaitement sa destination. Mais il fut adopté d'une manière assez peu bienveillante, pour rappeler la conduite des amis affectionnés de Somerset-House en pareille circonstance; car l'auteur ne fut jamais remercié de son invention, ni même informé de son adoption; et ce n'est que lorsqu'un de ses amis fut appelé au commandement de la Pique, qu'il apprit par hasard que ses dalots annulaires avaient, depuis quelques années, été appliqués à cette belle frégate.

L'esprit d'invention s'est bien exercé sur le loch et sa ligne, qui constitue l'appareil au moyen duquel on mesure la vitesse d'un navire à travers les eaux, mais la détermination exacte de cet élément de la navigation est encore un problème à résoudre. Parmi les nombreux appareils proposés pour y arriver, quelques-uns sont dignes d'attention; mais, autant qu'il est à notre connaissance, on s'en tient invariablement au vieux loch. L'inventeur de cet utile instrument est inconnu, et il n'est pas question de celui-ci avant l'année 1570. Purchas signale les services qu'il rendit en 1607, durant un voyage aux Indes orientales; mais, depuis cette époque, sa réputation augmenta, et il en est fait mention dans Gunter, Snellius, Oughtred, Norwood et tous les autres auteurs qui ont écrit sur la navigation. Le perfectionnement le plus remarquable qu'il ait reçu dans le siècle actuel paraît être celui du capitaine Graves, à qui nous devons le bateau de loch conique.

Quoique les tentatives qui ont été faites pour remplacer le loch ordinaire semblent avoir été vaines, on a proposé plusieurs lochs perpétuels et d'une construction plus compliquée: tels sont ceux de Saumarez, de Russel, de Foxon, de Gower, d'Hookey et celui dont la description a été trouvée dans les papiers du capitaine Philip Beaver, après

la mort de cet officier. Mais comme ces appareils, avec leurs spirales, leurs fuseaux, leurs rouages, reposent essentiellement sur le principe qui est si ingénieusement modifiés dans la construction du loch breveté de M. Massey, nous entrerons en plein dans le siècle actuel. Les parties constituantes de la machine de M. Massey sont des rouages qui agissent sur un cadran sur lequel des aiguilles marquent les unités, les dizaines et les centaines; tout ce système de roues est mis en mouvement par un cylindre creux hermétiquement fermé, appelé le volant, et sur lequel sont fixées quatre vannes obliques. Quand on le met en expérience, toutes les aiguilles sont placées sur zéro, et l'appareil est mis à la mer avec une quantité de ligne suffisante pour qu'il se trouve au delà du remous du bâtiment là, il se tient près de la surface de l'eau et donne la distance parcourue, quelles que soient les circonstances, depuis le plus faible sillage, avec lequel le navire peut gouverner, jusqu'à la plus grande vitesse qu'il est susceptible de prendre, et quelles que soient les variations que subissent, dans leur force, le vent et la lame.

Malgré ses avantages, le loch de Massey doit céder la palme, sous le rapport de l'utilité, à l'admirable machine à sonder du même artiste. Cet appareil, pour lequel il a pris un brevet en mars 1802, se compose d'un poids de sonde de 56 centimètres de long et d'un compteur portant deux cadrans. Les aiguilles sont mises en mouvement par un appareil rotatoire formé d'un tube métallique hermétiquement fermé, sur lequel sont fixées quatre vannes spirales métalliques. Au moyen de cet instrument, on peut sonder à la mer avec plus de certitude et de précision qu'on ne l'avait fait jusqu'alors. Dans les fonds moyens, on peut avoir le brassiage sans qu'il soit nécessaire de mettre en panne, parce que c'est le nombre de tours du volant qui mesure la descente du plomb, et qu'il ne faut, en nulle circonstance, avoir égard à la quantité de ligne filée. Quand le fond est

grand, il faut réduire de cinq à six noeuds la vitesse du navire. Dans la pratique ordinaire, cette machine à sonder donne la véritable profondeur dans des circonstances où, avec le plomb de sonde habituel, on ne pourrait espérer avoir une approximation suffisante; on est en outre délivré de la triste nécessité d'exposer des hommes dans le mauvais temps. Il nous est arrivé fréquemment de sonder avec beaucoup de facilité par des fonds de 40 et 50 brasses (73 à 91 mètres), avec un sillage de 7 nœuds et au delà; mais la pratique avait rendu nos hommes très-experts, et les machines étaient toujours parfaitement parées. On prétend qu'il serait possible qu'à une profondeur de 60 ou 70 brasses (110 à 128 mètres), le cylindre fût comprimé malgré les disques de bronze dont il est armé intérieurement; quant à nous, nous pouvons assurer à nos lecteurs que cet excellent appareil est susceptible de résister à la pression de l'eau à une profondeur de 150 brasses (274 mètres); et, dans les deux occasions où nous avons été témoins d'une rupture dans l'appareil, il avait été soumis à une pression de 300 brasses (549 mètres).

A propos de grands fonds, nous devons mentionner ici un appareil très-ingénieux, au moyen duquel le docteur Marcet nous a mis à même d'apporter de l'eau des plus grandes profondeurs de la mer. Tout le monde sait quelle difficulté on a pour conduire cette opération avec précision; il est une expérience bien connue et qui démontre les effets de la pression: elle consiste à descendre à une profondeur de plus de 100 brasses des bouteilles bien bouchées, et remplie d'eau douce ou de tout autre liquide; on les retire toujours pleines d'eau salée, et le bouchon est entré de force dans la bouteille ou retourné. Ayant été appelé à concourir à certaines recherches de physique, pour lesquelles. une grande précision était nécessaire, nous réfléchîmes avec M. T. Jones de Charing Cross aux moyens les plus sûrs d'obtenir cette précision, et nous arrivâmes à cette conclu

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