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Quel serait le meilleur système de mâture et de voilure, et s'il ne conviendrait pas de se borner à deux mâts verticaux ?

La commission avait la faculté d'étendre cet examen à l'armement des corvettes de 320 chevaux, en supposant qne ces bâtiments portent toute leur artillerie sur le pont supérieur.

Les instructions ajoutaient que les conclusions de la commission donneraient lieu à des essais d'armement à bord de la corvette à vapeur le Pluton.

Parmi les questions proposées à son examen, la commission a distingué deux sujets principaux d'étude :

L'ARTILLERIE,

LES EMMÉNAGements.

Les autres questions, se rattachant à des détails spéciaux, ont trouvé naturellement leur place dans l'étude des questions principales, dont elles ne sont que des conséquences.

Telle est la division de travail que la commission a adoptée; elle s'est d'ailleurs attachée à ne pas sortir du cadre tracé par les instructions ministérielles. En présence de la commission centrale1 à laquelle sont déférées les questions générales d'installation et d'organisation, elle s'est abstenue de toucher à ces matières; sa mission, ramenée à son expression la plus simple, était celle-ci : Étant donné un vapeur de 220 chevaux, le Pluton, par exemple, aviser aux moyens de modifier son système d'armement et d'emménagement, en vue d'un service purement militaire.

La commission s'est renfermée soigneusement dans cette mission. Si parfois elle a discuté quelque question de principe, c'est que cette discussion lui a paru nécessaire pour justifier les conclusions qu'elle a adoptées.

Voir, page 1092 de la partie officielle des Annales maritimes de 1843, tome 80 de la collection, la composition de la commission supérieure centrale des bâtiments à vapeur, arrêtée par le ministre de la marine le 22 octobre de ladite année.

ARTILLERIE.

La vitalité du bâtiment à tout entière dans • réside son appareil moteur. Cet appareil étant placé au centre, il en résulte que le travers est le côté vulnérable. Les soutes à charbon, dont on a couvert une partie de l'appareil, n'offrent qu'une protection incomplète et temporaire, et si, d'un autre côté, il a été proposé de couvrir les flancs d'une armure de fer, beaucoup de bons esprits s'accordent à considérer ce moyen comme inapplicable dans la pratique. Jusqu'à présent, il est donc permis d'établir que, dans le bâtiment à vapeur, c'est le travers qui est le côté faible.

L'avant et l'arrière, par leur éloignement de l'appareil moteur, par la nature de leurs formes et par le peu de surface qu'offre leur section, comparée à la section longitudinale, sont assurément le côté le moins vulnérable. Il est donc logique d'en conclure que le vapeur doit présenter, pour combattre, l'avant ou l'arrière,

C'est de ce principe que la commission déduit le système d'armement que l'on va exposer.

On ne croit pas hasarder ici une théorie nouvelle; si ce principe semble avoir été longtemps méconnu, il est austaujourd'hui généralement admis, et, sans recourir à des démonstrations puisées dans les marines étrangères, on peut s'appuyer sur beaucoup d'opinions compétentes que l'on a invoquées ou qui se sont fait connaître.

On admet donc qu'en marine à vapeur le principe général de tactique est de combattre en pointe, c'est-à-dire en présentant l'avant ou l'arrière. De là, nécessité de concentrer à l'avant et à l'arrière les moyens les plus énergiques d'attaque et de défense.

Indépendamment de toute autre cause, le défaut d'espace ne permet pas de développer sur ces points, comme sur les flancs d'un navire à voiles, une nombreuse artillerie; une ou

deux pièces, au plus, pourront y trouver place. Il convient donc, quel que soit le système d'armement adopté, de compenser, autant que possible, la puissance du nombre par la puissance du calibre.

Cette conséquence indique l'emploi des obusiers de gros calibre pour l'armement des extrémités.

Sur quel affût convient-il d'établir ces pièces?

Est-ce sur l'affût ordinaire, dit à échantignolles?

Vaut-il mieux employer un système d'affût à châssis et à pivot?

L'affût à échantignolles est d'une installation gênante à l'avant, à cause des formes aiguës de cette partie du navire. D'un autre côté, quel que soit l'intérêt du vapeur de combattre en pointe et de se maintenir dans cette position, il ne peut manquer d'arriver qu'il présentera le travers, au moins momentanément. Or, le travers est faiblement armé; c'est non-seulement le côté vulnérable, c'est aussi le côté faible en artillerie; on n'a pu armer fortement les extrémités qu'aux dépens du travers. Il faudra donc, sous peine de rester désarmé dans cette circonstance presque inévitable, transporter les pièces qui arment les extrémités aux sabords de côté, et l'on sait tout ce qu'il y a de difficulté et de lenteur dans cette manoeuvre avec l'affût à échantignolles.

On a objecté contre l'affût à pivot la suppression des murailles pleines, qui en est la conséquence nécessaire; on a dit que cette suppression était dangereuse, en òtant tout abri

aux servants.

Sans rien préjuger sur la tactique nouvelle que doit inaugurer l'application de la vapeur à la guerre maritime, la commission considère que les murailles des gaillards, telles qu'elles existent à bord de nos vapeurs, n'offrent qu'un abri impuissant, incomplet et souvent nuisible: impuissant, parce qu'elles sont facilement traversées par la petite mitraille ; incomplet, parce qu'elles n'ont pas assez de hauteur; souvent nuisible, enfin, par les éclats qu'elles occasionnent.

Affût à pivot mobile.

Parmi plusieurs affûts à pivot que l'on a examinés, l'affût anglais, à pivot mobile et circulaire en fer, déjà connu sous le nom d'affût du Medea, se présentait avec la garantie de nombreuses applications poursuivies pendant plus de dix

années.

Affût à pivot-bitte.

Un autre affût, construit sur le même principe, mais différent du premier par les détails, est également en usage dans la marine anglaise, où il sert pour les pièces de côté. Get affût, qu'on peut désigner sous le nom d'affût à pivotbitte, a appelé d'abord l'attention de la commission, parce que, avec moins de longueur que l'affût à pivot mobile, il offre l'avantage de permettre le service simultané de deux obusiers de 80 à l'avant. Dans un système d'armement qui ne comporterait qu'un seul obusier à l'avant, on ne peut l'employer, à moins de supprimer le beaupré ou de créer un angle d'impunité.

On a donc recherché, en vue d'un armement composé de deux pièces à l'avant, quelle position il convenait de donner à cet affût, et l'on a reconnu que, en plaçant le pivot-bitte à 80 centimètres de la muraille de chaque bord, et à 2 mètres sur l'avant de la position actuelle du mât de misaine, on pouvait donner au pointage latéral toutes les directions nécessaires, sans déplacement de la pièce ni changement de pivot. Mais on a craint l'effet d'une surcharge aussi considérable à l'avant, tant pour la liaison que pour l'assiette et la marche du navire. On a dû craindre aussi, à cause du peu de longueur du châssis, 3m 20 environ, que le tir de deux grosses pièces ainsi bornées dans leur recul ne produisît un ébranlement considérable.

On a encore étudié l'affût à pivot-bitte dans une autre hypothèse. On a supposé qu'au lieu de donner à chacun

des deux pivots une position symétrique sur une ligne perpendiculaire à l'axe longitudinal du navire, on les avait placés sur une ligne oblique à cet axe. Cette combinaison, en suppléant au peu de largeur du gaillard, permet une révolution complète de la pièce autour de son pivot, en sorte qu'il devient possible, par un simple pivotement, de pointer les deux pièces du même bord dans la direction du

travers.

Tel était l'avantage de cette dernière combinaison, mais on ne l'a pas jugée admissible. On a pensé qu'il y avait inconvénient et même danger dans le service simultané de deux pièces, dont l'une était placée en arrière de l'autre. On ne peut se rendre compte exactement de l'effet que produirait sur les ponts et sur les objets environnants l'explosion de deux pièces tirant en dedans du bord, de celle surtout dont le feu traverserait le pont d'un bord à l'autre dans le tir par le travers. Le tir à longueur de brague a été employé avec succès pendant la guerre, mais dans ce tir la bouche de la pièce ne fait qu'effleurer la face intérieure de la muraille, tandis qu'avec la combinaison indiquée le feu d'une des deux pièces traverse presque toute la longueur du gaillard.

Ces considérations ont décidé le rejet de l'affût à pivotbitte en ce qui touche l'armement des extrémités. Si l'on a parlé des études auxquelles il a donné lieu, c'est que l'on tient à rendre un compte exact et complet des travaux de la commission. On a voulu aussi fournir la preuve qu'on n'était pas arrivé du premier coup, et comme de parti pris, à la combinaison définitive que l'on a adoptée et qu'on ne s'y est arrêté qu'après des études préliminaires.

Système d'armement.

Divers modes d'armement ont été présentés et discutés dans le sein de la commission. Après le rejet de l'affût à

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