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1796-an v. utile pour

la réussite de l'attaque. Mais, au surplus, Moreau Allemagne. n'avait pas besoin, en raison de la faiblesse de l'ennemi, du concours positif de toutes ces forces; et c'est ce qui peut faire excuser le calcul erroné de leur emploi.

Le centre de l'armée française fut divisé en trois colonnes : la brigade du général Girard, dit Vieux, se porta sur le village d'Ogelshausen. Le général Saint-Cyr fit marcher la brigade du général Lecourbe et la réserve par la route qui conduit de Reichenbach à Biberach. Le général Duhesme, avec une partie de sa division, fut dirigé sur les bois entre Schussenried et Holzreute, pour attaquer le général Mercantin; pendant que l'autre partie de cette même division, aux ordres du général Laboissière, était chargée de contenir l'ennemi sur la droite de Schussenried.

A sept heures et demie du matin, l'attaque commença; les 100 et 106 demi-brigades forcèrent l'infanterie du général Baillet dans les bois de Steinhausen, et s'avancèrent malgré le feu des batteries établies sur les hauteurs en avant du village. La cavalerie autrichienne, s'étant ébranlée pour soutenir les bataillons, fit une charge vigoureuse dans Steinhausen; mais les grenadiers de la 106°, soutenus par le 9o régiment de hussards, recurent avec fermeté les escadrons ennemis et les repoussèrent. Après s'être défendues encore quelque temps avec assez de résolution, ces troupes du centre autrichien se retirèrent sur les hauteurs de Groth, où se trouvait le général Latour avec sa petite réserve. Le général Mercantin et le prince de Condé suivirent ce mouvement rétrograde du centre sur Winterstetten. Le général Saint-Cyr, profitant de son avantage, aurait pu pousser l'ennemi sur la vallée du Rissbach; mais il se déploya entre Muthensweiler et Wattenweiler, parce qu'il crut qu'une colonne ennemie débouchant par Michelwand allait inquiéter sa droite; mais aucune troupe autrichienne ne parut dans cette direction. Par ce mouvement des Français, le général Latour eut le loisir de faire filer son parc d'artillerie et de le mettre en sûreté; il en fut quitte pour une canonnade qui dura jusqu'à cinq heures du soir, dans sa position de Groth.

Cependant le général Desaix s'était avancé par la route de Riedlingen, au travers de la forêt, pour arriver sur le flanc

Allemagne.

droit de l'ennemi pendant l'attaque du général Saint-Cyr. Il 1796-an v. avait repoussé en avant de Seekirch et d'Aalen quelques troupes autrichiennes, et les avait poursuivies dans la direction de Guthartshofen et de Burgenhof. Entraîné par le mouvement de ses troupes, et se voyant menacé par des forces supérieures, le général Kospoth quitta sa position de Schaflangen et se retira sur celle du Galgenberg, bien plus avantageuse. Desaix engagea bientôt le combat avec cette aile droite des Autrichiens. Les 10 demi-brigade légère, 10° et 103° de ligne, attaquèrent de front, pendant que Desaix, mettant à profit sa supériorité numérique, faisait tourner la position. La gauche des troupes de ce général se porta par Birkenhart sur le mont Lindeberg, près de Biberach, et ce point fut presque aussitôt emporté qu'attaqué. La colonne de droite se dirigea par Oberndorf, dans la petite vallée de Mittel-Biberach. L'attaque de front culbuta les troupes de Kospoth dans le ravin; elles furent obligées de défiler en colonne entre les attaques de droite et de gauche. La tête de l'infanterie et le gros de la cavalerie parvinrent à s'ouvrir un passage; mais cinq bataillons, après avoir fait d'inutiles efforts pour suivre le mouvement de la tête de colonne, furent forcés de mettre bas les armes.

Déjà avant cet échec, le général Latour s'était aperçu de sa fausse position, et, comme nous l'avons rapporté, il avait fait filer ses parcs sur Umendorf et Fischbach, sous la protection de sa réserve d'infanterie. En même temps qu'il ordonna à Mercantin et au prince de Condé de se retirer le premier à Eberhardszell et le second à Schweinhausen, les généraux Baillet et Kospoth recurent l'ordre de se retirer par Biberach derrière le Rissbach; mais cette dernière mesure était trop tardive.

Le général Saint-Cyr, s'étant convaincu qu'il n'avait rien à craindre sur son flanc droit, informé peut-être du succès obtenu par le général Desaix, fit attaquer Groth par les 84° et 106° de ligne soutenus par le 9o de hussards et le 9o de cavalerie, tandis que la brigade de Girard, dit Vieux, marchait pour tourner cette position par Reuth. Le général Baillet se retira en combattant par les bois de Rindemoos. Il voulut essayer de tenir quelques instants vers Gretschweiler; mais, suivi en queue par le général

1796-an v. Allemagne.

Saint-Cyr, et trouvant l'aile gauche en possession de Biberach, il ne resta plus aux troupes autrichiennes d'autre parti à prendre que de chercher à percer à travers les masses de Desaix. Latour en donna l'ordre; et une partie de la colonne de Baillet réussit effectivement à passer; mais le reste fut pris ou dispersé dans les bois. A la gauche, Mercantin gagna Eberhardszell sans être inquiété. Le prince de Condé fut moins heureux : poursuivi et harcelé par les 17° et 100° demi-brigades, il n'arriva point sans perte jusqu'à Appendorf, près de Schweinhausen. Les émigrés passèrent le Rissbach à la faveur d'une batterie placée sur une hauteur, et les Français ne poussèrent pas plus loin.

Pendant la nuit du 2 au 3, le général Latour rassembla ses troupes derrière Ringschneid, et fit avancer le général Baillet jusqu'à Laufheim, afin de garder ses communications avec le Danube. L'armée française bivouaqua sur les bords du Rissbach.

Les Autrichiens perdirent à cette bataille 4,000 prisonniers, dix-huit pièces de canon, deux drapeaux, et un certain nombre de morts, mais qui parait avoir été peu considérable de part et d'autre. Les bonnes dispositions du général Moreau, bien mises à exécution par ses deux lieutenants, Desaix et SaintCyr, contribuèrent autant que la supériorité du nombre à la victoire que les Français venaient de remporter. Si l'officier chargé de porter au général Férino l'ordre du mouvement ne se fût point égaré en route, il y a tout lieu de croire que le général Mercantin se fùt trouvé dans la même situation que les généraux Kospoth et Baillet, et ce fut à cet accident que le général Latour dut le salut de son armée.

La victoire de Biberach, bien que décisive sur le point où elle avait été obtenue, ne suffisait point pour tirer l'armée de Rhin-et-Moselle d'embarras. Tandis que Moreau battait ainsi le général Latour, Nauendorf avait continué sa marche de Tübingen sur Hechingen, et s'était réuni, à Rottweil, au corps du général Petrasch. Ces troupes formaient un total d'environ 20,000 hommes, occupant Rottweil, Villingen, Donaueschingen et Neustadt. En combinant leurs efforts, les deux généraux autrichiens pouvaient au moins inquiéter l'armée française dans sa retraite et la retarder jusqu'à l'arrivée du prince

Charles sur la Rench. L'archiduc s'avançait effectivement 1796 —an v. Allemagne. avec une partie des forces de l'armée du bas Rhin, pour se joindre aux troupes de Latour, et peut-être même serait-il parvenu sur le Danube assez à temps pour couper la retraite à Moreau, s'il n'eût pas perdu un temps précieux à recevoir des fêtes à Francfort et à Mannheim : c'est surtout à la guerre que le temps perdu se recouvre bien difficilement. D'un autre côté, il avait fait passer le corps de Hotze sur la rive gauche du Rhin, dans l'intention de jeter l'alarme dans le département du Bas-Rhin, et peut-être même dans l'espoir de surprendre la place de Landau. Quel que fût son dessein, le prince échoua dans cette tentative. Le général Marescot, qui se trouvait alors sur ce point, se mit à la tête de quelques bataillons, repoussa le général Hotze, et le força à repasser le Rhin. Cette incursion mal combinée était d'autant plus intempestive, que le général Hotze eût été beaucoup mieux employé à marcher avec ses troupes sur les communications de l'armée de Moreau.

Enfin le prince se mit en mouvement. Ses troupes légères s'étaient déjà montrées du côté de Freyburg et du Vieux-Brisach, et avaient fait prisonniers, dans cette dernière ville, le général Tomé et quelques détachements qui y tenaient garnison.

A la nouvelle de l'approche de l'archiduc, Moreau renonça au dessein de se retirer sur Strasbourg par la vallée de la Kintzig, déjà occupée par l'ennemi, et d'ailleurs trop voisine du corps d'armée qui venait du Mayn. Il fit donc prendre à l'armée la route directe du Val-d'Enfer, dans l'espoir de gagner Freyburg avant l'arrivée de l'archiduc sur l'Elz; et, ne laissant devant Latour qu'une forte arrière-garde, il marcha sur Friedlingen et Stockach, après avoir passé le Danube vers Riedlingen. Le 6 octobre, l'avant-garde française chassa de Rottweil et de Villingen les détachements de Nauendorf et de Petrasch qui occupaient ces deux points; les parcs et les équipages de l'armée filèrent sur Huningue, sous l'escorte d'une demi-brigade, en passant par Thengen et Stuhlingen. Le général SaintCyr fut chargé de forcer le passage du Val-d'Enfer; la droite dut tenir tête au général Latour à Tuttlingen, et la gauche fut opposée aux troupes de Nauendorf. Ces mesures eurent tout le succès que Moreau s'en était promis les détachements dont

1796-an v. l'ennemi avait voulu comme entourer l'armée française furent Allemagne culbutés sur tous les points. La brigade du général Girard,

formant l'avant-garde de Saint-Cyr, attaqua avec vigueur la colonne autrichienne du baron d'Aspres, qui gardait la petite vallée de Neustadt avec trois bataillons et quelque cavalerie légère, et le rejeta sur Emmendingen, avec perte de 2 à 300 hommes. Le 12 octobre, le général Saint-Cyr entra à Freyburg, sans avoir éprouvé d'autre résistance. L'ennemi avait évacué cette ville à l'approche des Français. Les jours suivants, l'armée entière passa la gorge. Les généraux Tharraud et Paillard, qui couvraient avec leurs brigades la marche de la colonne des équipages, eurent à soutenir plusieurs petits combats avec les troupes du général Frölich. La leçon reçue à Biberach avait encore rendu le général Latour plus circonspect. Il ne tenta point de suivre Moreau avec plus de chaleur, et se porta par sa droite au-devant de l'archiduc vers Hornberg, ayant reconnu qu'il ne lui était plus possible d'empêcher le passage des défilés.

Avant de rendre compte des opérations ultérieures du général Moreau, nous devons parler de ce qui se passait, vers l'époque de la bataille de Biberach, sous les murs et autour de Mantoue, où nous avons laissé le maréchal Wurmser.

15 octobre. Combats de Due-Castelli, de Saint-Georges. Wurmser ren(24 vend.) Italie. fermé de nouveau dans Mantoue. Affaires intérieures de l'Italie. Formation des républiques Cispadane et Transpadane. Wurmser était entré dans Mantoue avec à peu près 10,000 hommes, dont le tiers au moins de cavalerie. Ce renfort permettait à la garnison de tenir la campagne en dehors de la place, pour y faire entrer des subsistances, et notamment des fourrages, qui manquaient absolument. Il devenait done urgent de contraindre les Autrichiens à se renfermer dans la place, autant par la considération que nous venons d'exposer que par celle d'empêcher un corps aussi nombreux, bien que restant sur la défensive, de conserver ses communications libres, dans la vue de seconder les efforts qui seraient tentés, sans doute, pour le délivrer. Cette position des Autrichiens hors des murs de la forteresse gênait trop les opérations ultérieures de l'armée française pour que Bonaparte ne se mit pas promptement en

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