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gué de Rechz pour tourner, par la gauche, la position des 1797-an v. Autrichiens : ceux-ci devinèrent l'intention du général français, Allemagne. et continuèrent leur retraite. La division passa alors sur le pont

de Wetzlar, et s'avança sur la route de Francfort jusques au bois de Reckenbach.

Sur ces entrefaites, le général Hoche, toujours avec l'aile gauche, les hussards et la grosse cavalerie, poursuivait le général Werneck et le gros de l'armée autrichienne sur la haute Lahn. Le général Soult, qui commandait l'avant-garde d'infanterie, atteignit le général Elnitz, près de Steinberg. Cette arrière-garde se mettait en devoir de résister, lorsque les généraux Championnet et Klein, ayant passé la Lahn à gué avec deux brigades de dragons et une compagnie d'artillerie légère, débouchèrent sur la grande route. Elnitz, qui vit le danger imminent qu'il courait, se hâta d'ordonner la retraite sur Giessen. Le général Ney, témoin du mouvement de l'ennemi, se précipita avec ses hussards sur la colonne en retraite, et la poursuivit, la pointe aux reins, jusque sous les murs de Giessen. Le général autrichien continuait sa marche sur Münzenberg, lorsque les hussards, qui avaient tourné la ville, dans laquelle ils n'avaient pu pénétrer, tombèrent une seconde fois sur la queue de la colonne, la dispersèrent, lui prirent 400 hommes et deux pièces de canon.

Les fuyards portèrent au général Werneck la nouvelle de l'approche menaçante des Français; et il dut revenir sur ses pas autant pour rallier les débris de la brigade Elnitz que pour arrêter les progrès de ses adversaires. Il posta, à cet effet, une partie de son infanterie sur les hauteurs de Gruningen. Le général Ney se contenta alors d'escarmoucher, afin de donner à l'infanterie française le temps d'arriver. Cependant quelques canonniers à cheval, s'étant imprudemment avancés avec une de leurs pièces sur la ligne des tirailleurs, furent chargés vigoureusement par les hulans, qui enlevèrent le canon. Ce léger échec excita le courroux de Ney, qui chargea sur-le-champ avec un escadron pour reprendre cette pièce; mais le cheval du général s'abattit dans un ravin. Les hussards de Blankenstein, s'étant avancés pour soutenir les hulans et ayant pris l'escadron en flanc, tombèrent sur Ney et le firent prisonnier ainsi que

1797

-anv.

les hussards qui l'entouraient. La nuit mit fin à cet engagement; Allemagne et les Autrichiens, qui n'avaient voulu que ralentir la poursuite, se retirèrent, à la faveur de l'obscurité, derrière la Nidda. Le général disposa ainsi ses troupes : les hussards, entre Steinbach et Gottesheim; les dragons, à Steinbach, pour garder les routes de Lietz et de Münzenberg; les deux divisions d'infanterie autour de Giessen, et la grosse cavalerie en arrière de cette ville. Le 22 avril, les Autrichiens continuèrent leur retraite sur Ilbenstadt.

Cependant le général Simbschen était resté en position à Neuhof. Lefebvre ordonna au général Watrin, dont la division se trouvait momentanément sous ses ordres, de pousser ce corps autrichien dans Mayence; et, pour appuyer ce mouvement, il fit marcher la division Lemoine avec une brigade de chasseurs sur Hofheim et Weilbach: les chasseurs furent particulièrement chargés d'éclairer le Mayn depuis Cassel jusques à Höchst. Le reste de l'aile gauche et l'autre brigade de chasseurs se dirigèrent sur Francfort pour gagner la position de Bergen et y arrêter le corps de Werneck.

La réserve autrichienne se trouvait réunie entre Neuhof et Wisbaden, prête à recevoir l'attaque des Français; mais le 23° de chasseurs, qui éclairait la marche de ces derniers, chargea les premiers postes; et, soutenu bientôt par l'infanterie, il réussit à pousser les Autrichiens sur Erbenheim. Le général Simbschen perdit dans cet engagement trois pièces de canon et 800 prisonniers. La division Watrin s'établit en avant de Wisbaden. Le général Lemoine, parvenu sans obstacles à Weilbach et à Eddersheim, jeta son infanterie légère et les chasseurs sur la rive gauche du Mayn, qu'ils balayèrent depuis Höchst jusques à Florsheim.

Le général Lefebvre, arrivé près de Francfort, trouva tous les ponts sur le Mayn coupés, et la cavalerie ennemie disposée sur la rive gauche à en disputer le passage. On s'occupa de

Le général Hoche, très-affligé de la perte du général Ney, fit proposer à Werneck de rendre ce général sur parole, lui promettant de lui renvoyer de même le premier officier général autrichien que la chance des armes ferait tomber entre les mains des Français. Werneck refusa sèchement d'acquiescer à cette proposition.

-an v.

réparer quelques-uns des ponts, et les chasseurs traversèrent la 1797 Allemagne. rivière pour attaquer la ligne ennemie, formée de plusieurs escadrons de cuirassiers d'Albert et de Nassau, et des dragons de Cobourg. Cette ligne fut enfoncée à la seconde charge et perdit 150 cuirassiers. Le 1er régiment de chasseurs entra pèlemêle avec les fuyards dans Francfort.

Lefebvre allait faire son entrée dans la même ville, lorsque le colonel Milius, qui y commandait pour les Autrichiens, vint au-devant de lui, accompagné d'un courrier, porteur des préliminaires de paix signés à Leoben. Lefebvre fit prendre position à ses troupes à la hauteur du chemin de Friedberg, et se hâta de transmettre aux généraux en chef les dépêches qui leur étaient adressées.

Le général Werneck était alors arrivé sur les hauteurs de Bergen avec une grande partie de sa cavalerie, qu'il avait fait venir en toute hâte d'Ilbenstadt, lorsqu'il vit que les Français voulaient lui barrer le passage; la brigade des chasseurs, qui avait été dirigée sur ce point, tiraillait déjà avec les troupes légères autrichiennes, lorsque la réception de la dépêche transmise par Lefebvre engagea le général autrichien à faire cesser sur-le-champ les hostilités.

Sur ces entrefaites, le général Grenier avait pris position à Usingen et Homburg, et la division Olivier s'était arrêtée sur les hauteurs de Niederklee. Le général Hoche, ayant laissé le général Championnet avec la plus grande partie de son infanterie à Giessen, n'avait pris avec lui qu'une seule demi-brigade d'infanterie légère, les hussards, les dragons et la grosse cavalerie; et son intention était d'attaquer les Autrichiens dans la plaine de Lietz. Le courrier, qui l'atteignit près du village d'Arsenheim, détermina Hoche à donner sur-le-champ l'ordre à ses colonnes de s'arrêter en cet endroit.

Dans une conférence qui eut lieu le lendemain à Ilbenstadt, entre les deux généraux en chef, il fut convenu que la ligne de démarcation suivrait le cours de la Nidda.

Ce ne fut pas sans quelques regrets que Hoche se vit arrêté dans sa marche victorieuse. En effet, d'après les dernières dispositions qu'il venait de prendre, il avait lieu d'espérer la ruine presque certaine de l'armée ennemie Voici quelle était la posi

1797-any. tion de l'armée française: le général Lefebvre, avec ses deux Ailemagne, divisions, fortes ensemble de 16 à 18,000 hommes, arrivait à

46 mai.

Italie.

Rödelheim; le centre, dont les deux divisions présentaient un effectif réel de 15,000 hommes, appuyait, au besoin, le général Lefebvre, des postes d'Usingen, de Homburg et de Niederklee, où ces troupes se trouvaient placées; le général Hoche, à la tête de 5,000 chevaux, se trouvant près d'Assenheim, jetait un des bataillons de la demi-brigade qu'il avait avec lui dans Staten, et les deux autres dans Assenheim; enfin, 18,000 hommes environ, qui formaient l'aile gauche aux ordres de Championnet, pouvaient se porter rapidement sur la Nidda, et tourner les derrières de l'armée autrichienne. Il est bien difficile de croire que le général Werneck eût pu se tirer avec honneur d'une situation aussi critique, et, quels que fussent d'ailleurs le dévouement et l'amour de Hoche pour son pays, on doit supposer que, dans le premier moment, il ne vit pas échapper, sans éprouver un sentiment pénible, l'occasion d'un triomphe écla

tant.

-

Insurrection des États de Venise en terre ferme; fin de (25 floréal) cette république aristocratique. Les préliminaires de paix venaient d'être signés à Leoben, et la guerre se rallumait dans les provinces vénitiennes. La plus ancienne république de l'Europe allait être anéantie, alors que la France, constituée en république, se voyait affermie par le succès de ses armes, de ces mêmes armes avec lesquelles elle avait combattu les rois, et qu'elle tournait maintenant contre un gouvernement vainement retranché derrière une politique impuissante. Mais, avant de dire comment le sénat rendit le peuple vénitien victime de ses propres erreurs, il convient de rappeler ici les événements qui précédèrent cette catastrophe.

En parlant des moyens que Bonaparte avait cru devoir employer pour paralyser les intentions hostiles du gouvernement vénitien, au moment de l'ouverture de la campagne de 1797, nous avons dit que l'adjudant général Landrieu avait été chargé de correspondre avec les sociétés secrètes organisées dans les villes de terre ferme, de fomenter et d'entretenir l'esprit d'insurrection contre le gouvernement aristocratique, afin de faire une diversion puissante aux projets du sénat, déterminé à se

conder les efforts des Autrichiens dans cette nouvelle campagne. 1797
Un mouvement insurrectionnel devait éclater lorsque l'armée
française aurait franchi le Tagliamento. Le sénat fut informé
des trames ourdies contre lui, et s'empressa de diriger un corps
d'Esclavons sur le principal foyer de la révolte, Bergame. Ces
troupes étaient sur le point d'entrer dans la ville, lorsque, le
15 mars au matin, les conjurés et leurs nombreux partisans
s'arment, s'emparent des portes de la ville pour en défendre l'en-
trée aux Esclavons. La garnison française, sous le prétexte de
l'émeute, se rassemble sous les armes; les officiers encouragent
les mécontents et leur promettent un appui. Les Bergamasques
sortent de la ville avec résolution, attaquent les troupes du sé-
nat, les culbutent et les poursuivent sur la route de Brescia. Ce
premier succès enhardit les insurgés; ils proclament la liberté,
établissent un gouvernement municipal, et nomment sur-le-
champ des députés pour aller à Milan demander des secours
à la république cispadane. Celle-ci leur envoie des habits, des
armes, des munitions. En peu de jours plusieurs bataillons sont
organisés; des Italiens de différentes contrées, des Polonais,
quelques Français se réunissent à ces troupes et marchent sur
Brescia, où déjà les familles Lecchi et Gambara avaient préparé
l'insurrection. Cette armée improvisée arrive le 27 aux portes de
Brescia, qui lui sont ouvertes par les habitants. Ceux-ci se réu-
nissent aux Bergamasques, et vont attaquer la caserne, où se
trouvaient 500 Esclavons arrivés depuis peu de jours. Atta-
qués à l'improviste, ces soldats sont désarmés et faits prison-
niers. On s'assure de la personne du provéditeur Battaglia; et,
dans l'ivresse de leur enthousiasme, les habitants de Brescia
imitent ceux de Bergame, proclament leur liberté et établissent
une municipalité.

A la nouvelle de ces deux événements, le sénat de Venise, voyant que la force était insuffisante pour arrêter les progrès d'un incendie aussi bien calculé, eut recours au moyen des gouvernements sans énergie: il envoya de nombreux émissaires en terre ferme, chargés de prodiguer l'or pour faire changer la disposition des esprits et opérer une contre-révolution. Des prètres et des moines, auxiliaires puissants en pareil cas, se répandent dans les montagnes, cherchent à fanatiser le crédule habi

an v. Italie.

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