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Suisse.

1798— an vi. blique française veut que le peuple vaudois, qui a secoué le joug de ses oppresseurs, soit libre; le Directoire m'a ordonné de le protéger et de le défendre. Vous entrez donc chez un peuple d'amis, de frères : vous respecterez leurs personnes et leurs propriétés; leurs moeurs, leur religion, leurs usages vous seront sacrés..... »

Le général entre ensuite dans quelques détails sur l'attentat commis envers son aide de camp Autier, et finit par recommander aux officiers de tenir la main à ce que la discipline ne souffre aucune atteinte.

Au peuple vaudois.

« L'armée française ne s'était approchée de vos frontières que pour empêcher, par le seul effet de sa présence, les ennemis de la liberté de comprimer le noble élan qui vous élevait vers elle. Telle était la volonté suprême du Directoire exécutif..... Mais un attentat inouï vient d'être commis envers l'armée française..... Dans le sein même de la paix, les satellites de l'oligarchie n'ont pas su respecter les lois de la guerre........ La grande nation ne transige jamais avec le crime; ses auteurs ne peuvent donc échapper à notre juste vengeance.

<< Peuple vaudois, vous avez ressenti notre injure : votre pays est entre nous et les coupables; je viens attendre parmi vous les ordres du Directoire exécutif, pour les poursuivre et les punir. Vos vœux nous appelaient à protéger vos droits, receveznous comme vos libérateurs. ..... Soyons mutuellement pleins de confiance dans les sentiments qui nous unissent. Votre haine pour la tyrannie est à nos yeux le plus sûr garant de votre loyauté; le gage de la nôtre est dans la liberté de l'Italie. »

Nous avons omis de dire que déjà tout le pays de Vaud avait déclaré son indépendance, à l'approche des troupes françaises vers la frontière suisse; que la cocarde verte (celle de Guillaume Tell) avait remplacé la cocarde bernoise; que des arbres de la liberté avaient été plantés dans les villes, bourgs et villages, et que le peuple entier s'était constitué en république lémanique'.

1 Léman est le nom du lac plus communément connu sous le nom de lac de Genève, et sur lequel est située une partie du pays de Vaud.

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Suisse.

Toutefois, le général Menard, après être entré sur le territoire 1798 — anvi. vaudois, ne voulut point pousser l'avantage qu'il avait sur les troupes des cantons de Berne et de Fribourg, retirées précipitamment à son arrivée ; et, craignant de commencer une guerre déplorable, il ne dépassa point les limites de la nouvelle république.

Avant de continuer le récit de cette invasion de la Suisse par les troupes françaises, nous allons parler des événements survenus en Italie vers la même époque, événements qui placèrent le Directoire dans la nécessité de châtier un gouvernement que sa faiblesse entraînait toujours à la violation des traités consentis et de la foi jurée.

(vent.-germ.) Italie.

Troubles à Rome; assassinat du général Duphot; l'ambassa- Fév.-mars. deur Joseph Bonaparte quitte cette ville. Insurrection du peuple romain contre le pape. Le général Berthier entre dans Rome. Abolition du gouvernement pontifical, et création d'une nouvelle république romaine, etc. Nous avons fait remarquer, dans les volumes précédents, que la conduite modérée du général en chef de l'armée d'Italie envers le souverain de Rome avait été d'abord en opposition avec les intentions secrètes du Directoire français; mais, revenu à des principes de politique plus sains, et mieux instruit de ses véritables intérêts en Italie, ce gouvernement avait fini par donner son assentiment à la conduite que Bonaparte crut devoir tenir avec le pape. Il avait sanctionné le traité conclu à Tolentino, et, pour prouver à l'Europe que son désir était d'en observer fidèlement les clauses, il avait nommé à l'ambassade de Rome le frère du général négociateur, Joseph Bonaparte, dont le caractère modéré semblait convenir à cette mission.

L'harmonie la plus parfaite parut, dans les premiers moments, régner entre l'envoyé de la république et le souverain pontife. Cependant, parmi les membres du sacré collége auxquels Pie VI accordait une confiance plus particulière, il se trouvait quelques cardinaux dont la haine pour la France s'était déjà signalée. Ceux-ci renouvelèrent bientôt leurs intrigues. Il ne leur fut pas difficile de persuader au pape que son caractère de chef du monde chrétien était compromis, et que la reine de Naples, soutenue par les Anglais, pourrait aider le

IV.

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1798-an VI. Italie.

saint-siége à secouer le joug odieux imposé par un général que le Directoire appelait à combattre sur un autre point avec des chances hasardeuses.

En effet, Acton commençait à lever le masque. Moins pusillanime depuis que Bonaparte avait quitté son armée victorieuse, et qu'une partie de cette dernière était déjà rentrée sur le territoire français, cet étranger, ministre du royaume de Naples, cherchait à éluder les conditions du traité de paix que le roi son maître avait été forcé de conclure avec la république. Déjà, au mépris de l'un des articles de ce même traité, Naples recevait dans ses ports les vaisseaux de la Grande-Bretagne, et rendait ainsi aux Anglais leur prépondérance dans la navigation de la Méditerranée. Indépendamment de cette infraction, le gouvernement napolitain faisait encore sourdement des préparatifs de guerre, et avait donné une communication confidentielle de ses projets aux ministres de S. S., en faisant les promesses les plus magnifiques si le souverain pontife consentait lui-même à fouler aux pieds le traité de Tolentino.

Les insinuations des perfides conseillers de Pie VI parurent ranimer dans l'esprit affaibli de ce souverain le premier éloignement qu'il avait montré pour vivre en paix avec la France, depuis le commencement de la révolution de ce pays. Il cessa tout à coup de donner à Joseph Bonaparte les témoignages de confiance dont il l'avait honoré jusqu'alors. Ce changement de conduite de la part du saint-père se manifesta par son hésitation à reconnaître la république cisalpine, dernièrement constituée. Bientôt, et à mesure que les nouvelles qu'il recevait de Naples semblaient l'affermir dans sa résolution, on vit plus à découvert les dispositions intérieures de son âme, et l'intention de rompre avec le gouvernement français. La nomination du général autrichien Provera au commandement en chef des troupes papales ne laissa plus de doute sur les projets de la cour de Rome, indépendamment de plusieurs autres actes qui confirmaient les soupçons à cet égard, sans paraitre créer, au surplus, les moyens d'exécution.

Joseph Bonaparte s'était bien aperçu de toutes ces menées; mais, fidèle à son caractère de conciliateur, il avait feint, jus

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