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attendre la mort avec joie; 4° il fortifie le mourant contre les assauts de Satan qui ne sont jamais plus terribles qu'à l'approche de la mort, 5o enfin il rend la santé, si la guérison doit être utile à l'âme (ch. vi, 28). Bellarmin a senti ce qu'il y a de vague et d'insaisissable dans ces reliquiæ peccati, qui semblent n'avoir été inventés que pour les besoins de la cause. Il a cherché à en donner une idée plus nette et plus précise. Ce sont, d'après lui, les péchés véniels ou mortels dans lesquels le malade peut tomber après la confession et l'eucharistie, ou qui, malgré ces deux sacrements, n'ont pas été effacés,parce que ces sacrements auraient été reçus inconsciemment, ou d'une façon imparfaite qui en aurait empêché l'effet. Ce sont aussi l'angoisse et la tristesse qui sont les suites du péché, et qui rendent amère l'heure de la mort (loc. cit., ch. 8). Les dogmatistes catholiques récents ne se sont pas inquiétés de ce problème, et se sont bornés à reproduire les décisions du concile de Trente en cherchant à les appuyer par un grand luxe de citations. L'onction doit être faite par le prêtre, agissant au nom de Jésus-Christ et de la communauté. Les laïques ne peuvent pas administrer ce sacrement (Conc. Trid., sess. XIV, dec. 2; Cat. Trid., loc. cit., 26). Il est administré aux malades, selon l'ancienne tradition, mais surtout à ceux qui sont en danger de mort (... esse hanc unctionem infirmis, adhibendam, illis vero præsertim qui tam periculose decumbunt, ut in exitu vitæ constituti videantur.Conc. Trid.,ibid.,dec.3). Il ne peut être administré qu'à ceux qui sont atteints de maladies graves; ni ceux qui sont sur le point de courir de graves dangers, comme les marins, au moment de s'embarquer, ou les soldats la veille d'une bataille, ni les condamnés à mort, au moment de marcher au supplice, ne peuvent y être admis. Les enfants et ceux qui sont privés de leur bon sens en sont également exclus. Ceux-ci pourtant peuvent recevoir l'extrême-onction, s'ils ont des moments lucides, et s'ils sont animés de dispositions pieuses au moment où ils demandent le sacrement, ou s'ils ne sont tombés en démence qu'après l'avoir demandé en pleine connaissance. Il faut pourtant conseiller aux malades de ne pas attendre trop longtemps et de réclamer l'extrême-onction de manière à être encore en possession de leurs facultés ou moment où ils la recevront, le sacrement étant alors plus efficace (Ca'. Trid., ibid., 17-19). Thomas d'Aquin dit qu'il faut oindre les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, les mains, organes des sens, dans lesquels réside la vis cognoscitiva, les reins (vis appetitiva), les pieds (vis motiva); mais les onctions des organes des sens sont les seules nécessaires, la vis appetitiva et la vis motiva n'étant que les principes secondaires du péché. La catéchisme du concile de Trente cite également les organes des sens (in quibus potissimum sentiendi vis eminet), les reins (veluti voluptatis et libidinis sedes), et les pieds, organes du mouvement (ibid., 21). Dans la pratique on se borne habituellement aux organes des sens. En tout cas, l'onction des reins est toujours omise chez les femmes. Au douzième siècle, au moment où les idées sacramentelles l'emportaient, se présenta la question si l'extrême

onction peut être renouvelée. Godefroi, abbé de Vendôme, s'adressa, pour élucider cette question à l'évêque Ives de Chartres, qui se prononça contre le renouvellement. L'extrême-onction était à ses yeux un genus sacramenti, comme la pénitence publique, qui, d'après Augustin et Ambroise, ne peut pas plus être renouvelée que le baptême. (God. de Vend., Epist., lib. II, 19. 20; Ives de Chartres, Epist., 257). Godefroi adopta la même décision dans son traité : Quid sit sacramenti iteratio? Cette doctrine ne prévalut pas. Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, soutint le premier que le sacrement pouvait être renouvelé, parce que le retour du péché, contre lequel le sacrement a été institué, est inévitable (lib. V, p. 7). Hugues de Saint-Victor et Pierre Lombard sont du même avis. Bonaventure justifie cette opinion par le fait que l'extrême-onction n'imprime aucun caractère indélébile (loc. cit., art. 2, qu. 4) et Thomas d'Aquin par celui que ce sacrement ne produit aucun effet permanent (loc. cit., qu., 33, art. 1). La seule question agitée est celle de savoir quand ce renouvellement est licite. Albert le Grand voulait un intervalle d'un an au moins entre la première administration et le renouvellement (loc. cit., art. 20). Bonaventure est d'avis qu'un intervalle pareil n'a pas de raison d'être, et qu'il convient.de renouveler le sacrement toutes les fois que le malade est à l'extrémité. Cette doctrine a prévalu: Thomas d'Aquin (qu. 33 art. 2) et le concile de Trente l'ont adoptée. Le catéchisme du concile de Trente fait toutefois cette restriction que l'extrême-onction ne peut être administrée qu'une fois dans le cours d'une même maladie (ibid., 22).— Les usages et la doctrine de l'Eglise grecque ne diffèrent pas beaucoup de ceux de l'Eglise romaine. L'onction des malades est le septième sacrement institué par Jésus-Christ (Marc VI) et devenu coutume apostolique (Jacq. V). Elle est désignée non sous le nom d'extrême-onction (éoyátn χρίσις), mais sous celui de εὐχέλαιον (de ἔλαιον et εὐχὴ) et administrée, non à l'heure de la mort, mais lorsqu'il y a encore espoir de guérison. Ceux qui sont atteints de maladies graves sont administrés à domicile, ceux qui peuvent encore sortir se rendent à l'église ; le jeudi saint les malades y viennent en foule pour recevoir ce sacrement. Ils doivent s'y préparer par la pénitence et l'absolution. Le rite'est un peu plus compliqué que dans l'Eglise romaine. On place sur une table un vase contenant des grains de blé, emblème de la résurrection (Jean XII, 24; Cor. XV, 36-38) et sur ces grains un autre vase contenant de T'huile et du vin (Luc X, 34).D'après Mogilas,l'huile doit être pure. Une première prière chantée est destinée à préparer le malade au sacrement et à consacrer l'huile qui doit l'être pour chaque cas particulier). Puis vient le rite de l'onction. D'après Kritopoulos, on oint le front, la poitrine, les mains et les pieds en forme de croix. D'après l'Eucologium, sept onctions sont faites chacune par un prêtre. mais le sacrement peut être administré par moins de sept officiants, et, au besoin, par un seul. A chaque onction, on répète les paroles sacramentelles : « Père saint, souverain bien de l'âme et du corps, à la gloire de ton fils unique Jésus-Christ notre Seigneur, qui guérit

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toute infirmité et qui nous sauve de la mort, guéris aussi ton serviteur. » Le malade reçoit ensuite l'eucharistie, et le tout est terminé par une prière. L'effet du sacrement est le pardon des péchés, obtenu infailliblement chez ceux dont la pénitence est sincère, et quelquefois la guérison. L'onction de l'Eglise grecque est, comme on le voit, un peu moins éloignée des anciennes traditions, que l'extrême-onction de l'Eglise romaine (Kritopoulos, Conf. fidei, c. XIII; Mogilas, Conf. orthod., qu. 117-119; Boissard, L'Eglise de Russie, I, p. 409). La Réformation rejeta l'extrême-onction comme sacrement. L'Apologie de la Confession d'Augsbourg n'y voit qu'un rite reçu par nos pères, que l'Eglise n'a jamais considéré comme nécessaire au salut, et qui n'est pas d'institution divine. Il est donc nécessaire de le distinguer des sacrements expressément institués. par Jésus-Christ, et auxquels sont attachées les promesses de la grâce (art. VII, 6). Dans leurs écrits, les réformateurs s'expriment quelquefois plus explicitement.' Luther ne voyait aucun mal à ce qu'on oignît les malades, pourvu qu'on priât pour eux et qu'on les exhortat, mais il ne pouvait voir dans cet usage un sacrement (OEuvres, Erlang., XXX, 371). On connaît son jugement sur l'épître de Jacques, et on peut en inférer qu'il n'accordait pas une grande autorité au passage où la pratique de l'onction est recommandée. Calvin, plus radical, poursuivait l'extrême-onction de ses sarcasmes; il l'appelle fictitium sacramentum, histrionica kypocrisis (Instit., VI, 19, 18). De fait, ce sacrement disparut complètement des Eglises protestantes. Ni l'Ecriture, ni les usages apostoliques, ni la première tradition chrétienne ne peuvent légitimer l'extrême-onction. Les théologiens catholiques l'ont souvent compris eux-mêmes, et le cardinal Cajétan, au seizième siècle, avant le concile de Trente, il est vrai, déclarait encore expressément, dans son commentaire sur l'épitre de Jacques, que le passage V, 14. 15 ne pouvait pas être appliqué au sacrement de l'extrême-onction. D'un autre côté ce sacrement est une véritable superfétation, une inutilité, si bien qu'aucun théologien catholique n'est encore parvenu à en exprimer clairement la nature et les effets. L'Eglise y a tenu, malgré les difficultés de doctrine qu'elle y a rencontrées, parce qu'ayant un rite de consécration à l'entrée de la vie, elle a naturellement désiré en avoir un pour l'heure de la mort (Cat. Trid., II, VI, 2; cf. Bellarmin, op. cit., III, liv. I, chap. v). Le viaticum de l'ancienne Eglise suffisait à ce but; mais il n'était pas le sacrement spécial des mourants; l'Eglise a donc adopté le vieil usage de l'onction, et l'a développé de son mieux pour le but qu'elle se proposait. Elle a réussi à en faire une annexe de la pénitence et de l'eucharistie, et à amener à l'heure de la mort, une accumulation de rites et de sacrements qui ont tous, au fond, la même signification, et qui se nuisent réciproquement, chacun d'eux n'ayant sa raison d'être que dans l'insuffisance des autres. — Voyez Launoy, De sacramento unctionis ægrotorum, Paris, 1673; Daillé, De duobus Latinorum ex unctione sacramentis, Gen., 1659; Pfaff, De unctionibus christi et christianorum, Tub., 1727; Woldike, De unctione

fidelium, 1732; Augusti, Denkwürdigkeiten aus der christl. Archæologie, Leipz., 1817-31; Hase, Handbuch der protestantischen Polemik, Leipz., 1862, etc..

II. L'onction, en homilétique, est une qualité de la prédication qui est particulière à l'éloquence de la chaire. Il est plus facile d'en constater la présence ou l'absence que d'en donner une définition exacte et précise; aussi n'est-il pas étonnant que celles qu'en donnent les traités d'éloquence de la chaire soient passablement différentes l'une de l'autre. D'après l'Académie, l'onction est ce qui, dans un discours, touche le cœur et le porte à la dévotion et à l'attendrissement. C'est à peu près l'idée de Maury, pour qui elle n'est autre chose que le pathétique chrétien. Blair y voit un mélange de gravité et de chaleur. D'après Dutoit-Membrini, l'onction est pour le prédicateur ce que l'enthousiasme est pour le poète. C'est, dit-il, « cette chaleur moelleuse, douce, nourrissante et tout à la fois lumineuse, qui éclaire l'esprit, pénètre le cœur, l'intéresse, le transporte... >> Vinet la définit « une gravité accompagnée de tendresse, une sévérité trempée de douceur, la majesté unie à l'intimité. » Ath. Coquerel père y voit un « mélange d'élévation d'esprit, de gravité et de charité. » L'onction est le contraire de la sécheresse; elle est incompatible avec le ton dogmatique et tranchant; elle suppose la richesse. du sentiment, l'abondance, le coulant de la parole. Elle peut se rencontrer dans le style et dans le débit, mais en tout cas elle est l'expression des sentiments tendres et élevés que fait naître l'Evangile. Il faut qu'elle parte naturellement du cœur. Tous les efforts pour la produire artificiellement n'aboutissent le plus souvent qu'à l'emphase, à l'affectation et à une éloquence mielleuse et douceàtre, qui devient bien vite fade et ridicule. Voyez Maury, Essai sur l'éloquence de la chaire, ch. LXXII; Blair, Cours de rhétorique et de belleslettres, trad. Prévost, leçon XXIX; Vinet, Théologie pastorale, p. 259 ss.; Ath. Coquerel père, Observations pratiques sur la prédication, p. 313. EUG. PICARD.

ONDOIEMENT. Voyez Baptême.

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ONÉSIME, Ovos, esclave fugitif appartenant à Philémon de Colosse, que l'apôtre Paul renvoya à son maître, après l'avoir converti à l'Evangile, avec l'épitre qui porte le non de Philémon (voy. cet article). D'après les Canons apostoliques (73), Onésime aurait été mis en liberté et consacré par Paul, évêque de Bérée en Macédoine, puis il aurait subi le martyre à Rome. Dans l'épître d'Ignace aux Ephésiens (ch. 1), il est fait mention d'un Onésime, évêque de la communauté d'Ephèse. Le martyrologe romain dit qu'il succéda, dans cette charge, à Timothée, et place sa fête au 16 février. Les Grecs la célèbrent le 15 décembre.

ONÉSIPHORE, Oηpópos, chrétien d'Ephèse qui entoura l'apôtre saint Paul, à Ephèse comme à Rome, des marques de la plus vive sollicitude (2 Tim. I, 16; IV, 19). Les Grecs lui donnent tantôt le titre d'évêque de Corone, tantôt celui de Colophon, et même de Césarée. Ils célèbrent sa fête le 29 avril. Le martyrologe romain dit qu'il souf

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fit dans l'llellespont, où il était allé prècher la foi avec saint Porphyre, et place sa fète au 16 septembre.

ONIAS, Ovixe, grand-prêtre des Juifs, fils et successeur de Jeddoa ou Jadidus, gonverna la république des Hébreux du temps d'Alexandre le Grand Josèphe, Antiq., XI, 8-7,. Il eut deux fils, Simon le Juste

qui lui succeda et Eléazar.

Onias II, fils de Simon le Juste, succéda

a son grand oncle Manassé et faillit causer la ruine de sa patrie en refusant de payer à Ptolémée Evergète le tribut que les Hébreux devaient aux rois d'Egypte, et que les grands prêtres avaient coutume de payer de leurs propres deniers. Le peuple effrayé des menaces de Ptolemee, allait déposer son premier magistrat, lorsque Joseph, neven d'Onias, calma ce monarque en prenant à ferme, pour un prix eleve, les tributs que l'Egypte percevait en Syrie et en Palestine Jo

sophe, Antiq., XII, 4-4).

Onias III, fils du grand-prêtre Simon II,

, et grand-prêtre lui-même sous Séleucus Philopator. Il se rendit recommandable par sa piété et sa justice, et les rois ses voisins le prirent plusieurs fois pour arbitre dans leurs différends. Le second lilien l'histoire d'Héliodore. Onias ayant été calomnié auprès du roi vre des Machabées nous apprend que ce fut sous son pontificat qu'eut nes venait de succéder à Séleucus, et Jason, frère d'Onias, obtint du de Syrie, se rendit à Antioche pour se justifier. Antiochus EpiphaMach. IV, 7 ss.) Trois ans après Jason fut dépossédé par Ménélaüs, nouveau roi la sacrificature moyennant une forte somme d'argent (2 derohe une partie des trésors du temple; il partagea les produits de qui fut lui-même dépouillé par Lysimaque. Cependant Ménélaüs avait son larcin avec Andronicus, lieutenant d'Antiochus, et il le décida à faire périr Onias, qui était instruit de ce crime. Antiochus, du reste, fut assez juste pour faire périr le meurtrier dans l'endroit même où Onias avait été tué (2 Mach. IV, 33 ss.; cf. Josèphe, Antiq.,

XII, 3-1).

ONKELOS. Le Talmud Babli (babylonien) semble confondre Onkelos avec Aquila, car il en raconte exactement ce que le Talmud de Jerusalem rapporte sur Aquila, c'est-à-dire qu'il a été un prosélyte et neveu de l'empereur Tite. Ce qui est certain c'est qu'Onkelos, fut l'ami et le disciple de Gamaliel Ier, dont il honora la mémoire par de splendides funérailles; il vécut donc à peu près à l'époque de Jésus-Christ. Onkelos, et c'est là ce qui importe davantage, est l'auteur de la première paraphrase chaldaïque (Targum) sur le Pentalenque La version d'Onkelos est claire et exacte; on voit qu'il était possession d'une bonne tradition exégétique, car il n'omet aucun passage du texte original. Son interprétation des passages difficiles ou obscurs se base sur des raisons internes tirées du contexte, et à ce titre il aurait mérité un peu plus d'attention de la part des exégètes modernes. Sans doute l'influence dogmatique se montre aussi dans l'ouvrage d'Onkelos, mais abstraction faite des nombreuses interpolations qu'il ne serait pas difficile de constater, on voit que ses idées dogmatiques sont encore dépouillées de tout le formalisme des écoles juives postérieures. La langue du

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