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cependant devait être enterré avant la nuit, pour ne pas souiller la terre de Jéhovah (Deut. XXI, 22 ss.). D'autres fois on insultait à sa mémoire, en amoncelant un monceau de pierres sur son cadavre. Outre ces peines capitales ordonnées par la loi, la Bible en mentionne d'autres encore et qui sont d'importation étrangère la combustion du corps dans un four ou son exposition au feu (2 Sam. XII, 31 ; Jér. XXIX, 22), la descente dans la fosse aux lions (Dan. VI), peines d'origine babylonienne; les prisonniers étaient sciés ou coupés en morceaux (2 Sam. XII, 31;1 Sam. XV, 33), comme chez les Perses. Autre part, nous voyons qu'on pendait les condamnés ou qu'on les précipitait du haut d'une roche, comme chez les Romains; on noyait les parricides (Matth. XIV, 6); les enfants étaient fracassés contre les rochers, lors de la prise d'une ville ennemie (Es. XIII, 16), et enfin on crucifiait (voyez Crucifixion). 20 Peines corporelles. D'après la loi, toute blessure faite à un Israélite libre devait, punie par l'autorité, entraîner pour le coupable une blessure analogue, infligée par l'autorité (Exod. XXI, 23; Lévit. XXIV, 19). Nous trouvons des traces analogues de cette peine du talion chez les Indous, les Egyptiens, les Grecs et les Romains. Il est probable toutefois que des délits pareils pouvaient être rachetés par un payement en nature, comme cela se pratique aujourd'hui encore en Orient, dans tous les cas où la loi n'interdisait pas cette réparation pécuniaire, comme pour le meurtre. Par contre, la Bible mentionne fréquemment comme peine corporelle, les coups de bâton (Lévit. XIX, 20; Deutér. XXII. 48). Le délinquant, couché dans la position horizontale, recevait les coups eu présence du juge, qui ne pouvait lui en faire administrer plus de quarante, ce nombre étant regardé comme la limite suprême de ce que pouvait endurer un homme; on se servait pour l'exécution soit d'un bâton, soit d'un fouet (1 Rois XII, 11. 14). Dans la pratique rabbinique et de peur d'enfreindre la loi, on ne donnait que trente-neuf coups, appliqués,avec des courroies tressées, sur le dos du patient penché en avant. Les instruments de supplice, désignés sous le nom de çakhra bîm (1 Rois XII, 11; 2 Chroniq. X, 11. 14) et que Luther traduit par « scorpions,» désignent sans doute des bâtons garnis d'épines ou des fouets garnis de pointes, mais ne semblent avoir été employés qu'exceptionnellement et dans les cas où la loi prescrivait la peine de mort. Nous savons par le Nouveau Testament que le Sanhedrin pouvait appliquer dans les synagogues la flagellation (Matth. X, 17; XXIII, 34); chez les Romains elle était une véritable torture, mais on ne l'appliquait qu'aux gens non revêtus du titre de citoyens (Act. XXII. 25); elle fut infligée à Jésus-Christ (Matth. XXVII, 15, etc.). Les citoyens romains ne pouvaient être battus que de verges. Dans les temps d'émeute, on mutilait parfois le corps des victimes, en leur coupant le nez, les oreilles, la main ou le pouce, mais ce n'étaient pas là des peines légales (Juges I, 6. 7). L'impudicité de la femme, par contre, était punie de l'abscission de la main (Deutér. XXV,11 ss.). Les ceps, dans lesquels on enfermait les pieds, étaient employés par les Romains contre les prisonniers (Actes XVI, 24); on les trouve

cependant déjà mentionnés dans le livre de Job (XIII, 27) et dans Jérémie (XX, 2; XXIX, 26).—3o Amendes. Les amendes étaient en usage chez les Hébreux, surtout dans le cas où l'exercice de la loi du talion était remplacé par une peine pécuniaire, qui devait être payée à l'individu lésé (Deutér. XXII, 19) et dont le montant était fixé, soit par l'estimation du juge (Ex. XXI, 29), soit par la loi elle-même (Deut. XXII, 19. 29). Une blessure faite, même involontairement, à un homme libre, et ayant entraîné l'incapacité de travail, se réparait par les frais de maladie et le remboursement du salaire manqué. Celui qui calomniait la jeune fille qu'il avait épousée, subissait une peine corporelle et payait 100 sicles d'argent au père de sa femme. Celui qui par un coup imprudent blessait une femme enceinte, devait s'entendre pour l'amende avec son mari (Ex. XXI, 22). Celui qui violait une vierge, était tenu de l'épouser et devait payer 50 sicles à son père (Deut. XXII, 28 ss.). Une blessure faite par un maître à son esclave entraînait pour ce dernier sa liberté. Les amendes étaient même appliquées à celui qui tuait le bétail d'autrui; il devait ou bien le remplacer en nature ou en payer le prix en argent. Il faut enfin ranger dans cette catégorie les amendes payées par les voleurs qui devaient rembourser le montant du vol, au moins doublé (Ex. XXII,2), par les dépositaires infidèles (Ex. XXII, 6-10; Lévit. V, 21) et par celui qui s'appropriait un objet trouvé (Lévit. V, 22). Sources: Michaelis, Mosaïsches Recht. E. SCHERDLIN. PEINTURE ET ICONOGRAPHIE CHRÉTIENNES. I. L'art chrétien est presque aussi vieux que le christianisme lui-même. Dès la fin du premier siècle, et les recherches de M. de Rossi (voyez Roma cristiana sotterranen, Rome, 1864-1877; Allard, Rome souterraine, 3o éd. Paris, 1874; Kraus, Roma soterranea, Fribourg en Brisgau, 1872-1873; Kraus, Die christliche Kunst in ihren frühesten Anfängen, Leipzig, 1873; L. Lefort, Chronologie des peintures des Catacombes romaines, Paris, 1881, etc., etc.) ne laissent subsister aucun doute à cet égard, les catacombes de Rome furent ornées de peintures destinées à traduire les croyances et les aspirations de la communauté chrétienne. Il ne pouvait guère en être autrement: la nouvelle religion avait bien réussi à changer les dogmes, mais changer les mœurs est moins facile, et, dans la société gréco-romaine, l'art avait jeté des racines trop profondes pour que la simplicité prêchée par l'Evangile triomphat si promptement. Aussi voyons-nous percer partout, dans les chambres sépulcrales de Rome, dans celles de Naples, un peu plus tard dans celles de la Cyrénaïque, enfin dans celles d'Alexandrie (voyez Bayet, Recherches pour servir à l'histoire de la peinture et de la sculpture chrẻtiennes en Orient avant la querelle les Iconoclastes. Paris, 1879, p. 17-20), le besoin de compléter la littérature par la peinture et d'exprimer par des images les enseignements contenus dans les Evangiles. -Les sources auxquelles ont puisé les peintres de la primitive Eglise sont tout d'abord les textes sacrés. Ils empruntèrent à l'Ancien et au Nouveau Testament un grand nombre de représentations, parmi lesquelles nous citerons les suivantes : Sujets de l'Ancien Testament:

Adam et Eve; Caïn et Abel; l'Arche de Noé; le Sacrifice d'Abraham; Moïse déliant ses sandales; le Passage de la mer Rouge; Moïse frappant le rocher; David tuant Goliath ; Elie transporté au ciel; la Vision d'Ezéchiel; Daniel dans la fosse aux lions; la Chaste Suzanne; les Trois Hébreux dans la fournaise ardente; l'Histoire de Jonas (on en connaît au moins une centaine de représentations); l'Histoire de Job. Sujets du Nouveau Testament: le Bon Pasteur; l'Adoration des mages; la Guérison de l'aveugle-né; la Guérison du paralytique ; la Résurrection de Lazare; la Multiplication des pains; l'Entrée de Jésus-Christ à Jérusalem; la Cène; le Christ siégeant au milieu des apôtres ; le Christ remettant à S. Pierre et à S. Paul les insignes de leur mission. Les écrits des Pères ont également fourni un certain nombre de motifs. C'est ainsi qu'un des peintres des catacombes de Saint-Janvier, à Naples, a emprunté au Pasteur d'Hermas la gracieuse allégorie des jeunes filles bàtissant une tour. L'identité des deux scènes à été à la vérité contestée par M. Schultze (Die Katakomben von San Gennaro dei Poveri in Neapel, Iéna, 1877); mais cette opinion paradoxale ne soutient pas l'examen (cf. la Revue critique du 1er décembre 1877, p. 331). La mythologie païenne a, elle aussi, été mise à contribution. Mais les allusions sont si transparentes qu'il n'est pas possible d'hésiter sur leur signification. Tels sont : Orphée charmant les animaux; Ulysse et les Sirènes; Psyché (considérée comme le symbole de l'âme) et Eros; les Enfants vendangeurs (allusion à la parabole de la vigne). Citons enfin les représentations empruntées au cycle cosmique et personnifiant les forces de la nature les saisons, l'océan, le firmament. Cette classe de motifs, en quelque sorte neutres, continua d'être en honneur pendant de longs siècles. Elle fut complétée dans la suite par la personnification des fleurs, par les signes du zodiaque, etc., etc. Prise dans son ensemble, la décoration des catacombes, ou, en d'autres termes, la peinture chrétienne primitive, exprime surtout les idées de résignation, la foi dans la miséricorde divine, l'espoir de la résurrection. Au milieu des persécutions les plus cruelles nulle plainte, nulle trace de colère. Une couronne, une palme, une colombe avec le rameau d'olivier tracées sur le tombeau du martyr, voilà les images par lesquelles les survivants éternisent le souvenir des luttes et des souffrances de celui dont ils ne devaient pas tarder, bien souvent, à partager le sort. Cette grâce, cette sérénité règnent jusque dans les moindres parties de l'ornementation; elles forment certainement un des contrastes les plus saisissants que l'on puisse concevoir entre la situation matérielle d'une société et ses aspirations morales. Et cependant les dernières recherches tendent à prouver que ce sont les idées funéraires qui dominent dans les peintures des catacombes. Hâtons-nous d'ajouter que ces idées ont été transfigurées sous l'influence du génie antique, et que la mort ne se présente à nous que sous les formes les plus riantes. En rapprochant les sculptures des sarcophages, sculptures dont les plus anciennes remontent à peine au troisième siècle, de la Commendatio animæ quando infirmus est in extremis, M. Le Blant a en effet démontré que les sculpteurs n'avaient

fait bien souvent que traduire les formules contenues dans cette litanie. C'est ainsi que l'auteur de la Commendatio supplie l'Eternel de délivrer l'âme du moribond de même qu'il a épargné la mort à Enoch et Elie; de même qu'il a sauvé Noé du déluge, arraché Job à ses passions, Isaac au glaive de son père, Moïse aux poursuites de Pharaon, Daniel aux lions, les trois jeunes gens à la fournaise ardente, Suzanne aux accusations mensongères, etc. Or, l'Enlèvement d'Elie, l'Arche de Noé, Job sur son fumier, le Sacrifice d'Isaac, le passage de la mer Rouge, Daniel dans la fosse aux lions, les trois Hébreux dans la fournaise, le Jugement de Suzanne, forment précisément les sujets traités de préférence dans les sarcophages. Dans cette luminense démonstration, M. Le Blant ne s'est, il est vrai, attaché qu'aux monuments de la sculpture. Mais nul doute que la corrélation établie entre la Commendatio et les sarcophages n'existe également entre ce texte et entre les peintures des catacombes, prototypes des sarcophages. -Malgré ces emprunts, il faut bien se garder de croire que l'Eglise ait exercé dès les premiers temps sur les œuvres des artistes un contrôle sévère. A cet égard la thèse soutenue par le père Garrucci (Storia dell'arte cristiana, I, p. 5-6) est, sinon entièrement fausse, du moins singulièrement exagérée. Dans sa magistrale Etude sur les sarcophages chrétiens antiques de la ville d'Arles (Paris, 1878), M. Le Blant a montré que dans les premiers siècles les artistes ont joui de la plus entière indépendance: le mysticisme raffiné qu'on a cru découvrir dans leurs ouvrages n'a le plus souvent existé que dans l'imagination des archéologues modernes. Pendant longtemps, en se fondant sur les écrits des Pères, on a cru que l'Eglise était hostile aux arts, lorsqu'elle ne s'élevait en réalité que contre l'idolâtrie, ou bien que, mue par un sentiment de prudence, elle engageait les fidèles à ne pas multiplier dans les endroits trop en vue des images propres à appeler sur eux la colère des persécuteurs (voyez Kraus, Die christliche Kunst in ihren frühesten Anfängen, p. 85 ss.). Aujourd'hui, tombant dans l'excès opposé, on a voulu établir entre ces récits d'un côté, et de l'autre entre les peintures des catacombes et les sculptures des sarcophages, une corrélation trop étroite. Les Pères, on ne saurait le nier, ont encouragé dès le début la tendance au mysticisme. Ainsi que nous avons eu l'occasion de le démontrer dans notre compterendu de l'ouvrage de M. Le Blant (Revue critique du 29 mars 1879), Hermas déjà, dans son Pasteur écrit vers l'an 92, dépeint l'Eglise comme une tour, dont les différentes espèces de pierres représentent les différentes catégories de fidèles; les sept femmes occupées à la construction représentent la Foi et d'autres vertus; les six hommes les anges, etc. Les docteurs des siècles suivants ont encore renchéri sur ces subtilités. Chaque scène, on pourrait presque dire chaque personnage de l'Ancien et du Nouveau Testament, est devenu à leurs yeux un symbole, un emblème, et plus les interprétations étaient cherchées, plus elles les séduisaient.Malheureusement les motifs sur le sens desquels l'accord a pu s'établir sont bien peu nombreux. Ainsi que l'a fait remarquer M. Le Blant, les Pères ont tour à tour vu, dans les trois

Hébreux enfermés dans la fournaise ardente, l'image de la résurrection, celle de l'Eglise militante, celle du martyre, ou bien encore celle de la tyrannie qu'exercera l'Antechrist, tandis qu'en réalité ce tableau. personnifiait tout simplement la foi dans la puissance divine. Même divergence pour Daniel exposé dans la fosse aux lions, pour Moïse frappant le rocher, pour la vigne, etc., etc. En face de cette débauche d'imagination, les artistes des premiers siècles défendent les droits du bon sens, comme aussi l'attachement aux règles professionnelles. Les symboles de la Résurrection sont ceux qu'ils représentent de préférence, parce qu'ils sont les plus clairs, partant les plus populaires. D'autre part nous les voyons plus d'une fois préoccupés des exigences de la décoration. Que de figures, auxquelles on a attribué jusqu'ici un sens mystérieux, ne sont uniquement destinées qu'à composer sur le plafond de quelque cubiculum un ensemble harmonieux et pittoresque, à remplir les lacunes laissées entre les sujets principaux ! Partant de ce principe qu'un fait souvent répété ne saurait être sans signification (non vacat mysterio quod iteratur in facio), toute une école s'est ingéniée de nos jours à découvrir le sens caché d'une foule de figures purement ornementales, tritons, hippocampes, fleurs, oiseaux, chevaux, télamons, mascarons, lièvres, etc. Les coquillages mêmes sont devenus à ses yeux le symbole de mystères augustes. Ils contiennent pour l'abbé Martigny (Dictionnaire des antiquités chrétiennes, sub verbo) une allusion à la Résurrection. Il suffit de rapprocher les fresques de la calacombe de Saint-Janvier de Naples des fresques païennes correspondantes, pour s'apercevoir que la plupart des motifs qui y sont représentés (vases de fleurs, hippocampes, béliers, panthères, oiseaux, griffons, masques, etc.) n'ont aucun sens symbolique, et qu'ils sont uniquement destinés à flatter la vue. Mais, alors même que les peintres des catacombes consacraient leur pinceau à l'illustration des Ecritures, ils entendaient conserver une entière indépendance. Les exemples réunis par M. Le Blant sont à cet égard aussi probants que possible. Les urnes de Cana sont tantôt en nombre supérieur, tantôt en nombre inférieur au chiffre indiqué par saint Jean. David et Goliath ont la même taille, etc., etc. Ailleurs, s'inspirant des principes de la symétrie, les peintres des catacombes ont représenté aux côtés de la Vierge, tantôt deux, tantôt quatre mages, au lieu de trois, chiffre traditionnel. Cette indifférence en matière d'histoire peut d'ailleurs passer pour logique, étant données les aspirations de l'art chrétien primitif. Les faits historiques n'étant pour lui que des symboles, il était tout naturel qu'il ne tînt pas compte de la chronologie, de la couleur locale, ni même de la ressemblance physique. Partout des formules toutes faites, en comparaison desquelles celles du moyen âge auraient pu passer pour une manifestation du réalisme. C'est ainsi que les scènes tirées de l'Ancien Testament sont mêlées à celles du Nouveau Testament, sans égard à leurs dates respectives. Au lieu de les disposer dans l'ordre des temps, l'artiste les groupe selon ses préférences personnelles, ou selon les besoins de la décoration. Il y a des archéologues

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