Images de page
PDF
ePub
[blocks in formation]
[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

[ocr errors]

II. La vérité

I. Campagne du nord en 1870-1871, par le général Faidherbe, 1 vol. in-8°. sur les événemens de Rouen, rapport au conseil-général de la Seine-Inférieure, par M. Estancelin. III. Souvenirs de l'invasion prussienne en Normandie, par M. le baron Ernouf. - IV. La Guerre en province, par M. Ch. de Freycinet. V. Opérations des armées allemandes depuis la bataille de Sedan jusqu'à la fin de la guerre, par W. Blume, major au grand état-major prussien, traduction du capitaine Costa de Cerda. frontières du Rhin, 1870-1871, par le colonel Rüstow, traduction du colonel Savin de Larclause, 2 vol. — VII. La Campagne de 1870, par le correspondant du Times. VIII. Opérations de l'armée du sud pendant les mois de janvier et février 1871, par le comte de Wartensleben, colonel d'état-major. IX. Les Chemins de fer pendant la guerre de 1870-1871,

par M. Jacqmin, etc., etc.

[ocr errors]

VI. Guerre des

Lorsqu'à la fin de 1813 et au commencement de 1814 la fatalité de la guerre livrait la France à une invasion qui était alors la première et qui malheureusement ne devait pas être la dernière dans ce siècle, cette invasion était comme un reflux de l'Europe entière sur notre pays. L'armée de Napoléon battant en retraite depuis Moscou, épuisée de combats et de marches à travers l'Allemagne, se retrouvait après plus d'une année de lutte aux frontières de la vieille France, suivie pas à pas, serrée de près par ces armées des

(1) Voyez la Revue du 15 septembre, du 15 octobre et du 15 décembre 1872.

nations coalisées qu'elle venait de rencontrer à Leipzig dans un formidable choc, et qui maintenant s'avançaient de tous les côtés à la fois pour se rejoindre sur notre territoire. Par la Hollande et la Belgique au nord, par le Rhin central, par la Suisse et le Jura, sur tous les points entre la Mer du Nord et les Alpes débordait cette coalition européenne poussant ses légions à travers nos frontières démantelées. Tout était menacé en même temps, tout cédait d'un seul coup sous l'effort ennemi. L'invasion de 1870 ne pouvait s'accomplir et ne s'est point accomplie de la même manière. La neutralité suisse mieux garantie, sérieusement sauvegardée cette fois, protégeait au moins d'un côté jusqu'à Bâle la France de l'est. La neutralité belge, œuvre plus récente d'une politique de paix et de préservation, couvrait le nord jusqu'au Luxembourg. L'invasion allemande n'avait qu'une issue: elle s'est précipitée comme un torrent par les provinces du Rhin, par le palatinat, se frayant un passage entre Strasbourg et Metz, immobilisant ces deux places, mieux encore cernant une armée tout entière sous les murs de la citadelle lorraine, se repliant un instant pour aller achever la destruction d'une seconde armée à Sedan, puis courant droit sur Paris, même jusqu'à la Loire, sans s'inquiéter de ce qui se passait sur ses flancs. Ce n'est qu'avec le temps, lorsqu'elle était déjà campée au centre de la France, qu'elle a été conduite à se retourner vers l'est, vers le nord et le nord-ouest, qu'elle avait d'abord négligés.

-

Évidemment, si avant d'engager cette guerre néfaste on avait eu la prévoyance de laisser dans l'est et dans le nord, je ne dis pas des armées toutes faites, on ne pouvait en avoir partout, celles qu'on avait devant l'ennemi étaient déjà trop faibles, mais les premiers élémens nécessaires pour reconstituer promptement des armées nouvelles, pour créer deux centres énergiques, efficaces de défense et d'action, l'invasion n'aurait pas marché si hardiment, si présomptueusement sur Paris. Elle se serait sentie menacée, elle aurait été peut-être obligée de disséminer ses forces; en prenant du temps avant d'aller plus loin, elle en aurait donné, et si elle ne s'était pas arrêtée, elle aurait été exposée à se voir assaillie sur ses communications, à être prise entre deux feux. Ce que l'est aurait pu devenir pour la défense nationale dans ces conditions, je l'ai dit. Le nord pouvait avoir un rôle au moins aussi décisif par sa position et par ses ressources, appuyé d'une part à la Belgique neutre, touchant à la mer, donnant la main à la Normandie et à l'ouest, hérissé de forteresses sous la protection desquelles on pouvait tout organiser, tout préparer et tout tenter.

Sans doute on se trouvait jeté subitement dans une situation étrange, inattendue, les événemens avaient marché de façon à con

[ocr errors]

-

---

-

fondre toutes les prévisions, toutes les combinaisons de ceux qui, depuis des siècles, ont travaillé à constituer la puissance défensive de notre pays. Lorsque le génie de Vauban, après une étude profonde des conditions et des points vulnérables de la France, élevait ce qu'on a si souvent appelé la « frontière de fer, » de Dunkerque à Bâle, lorsque notamment dans ces régions du nord il créait toutes ces places fortes qui ont sauvé deux fois l'intégrité française, en 1794 comme en 1712, Condé, Valenciennes, Bouchain, Cambrai sur l'Escaut, — Maubeuge, Landrecies sur la Sambre, — Avesnes, Rocroi, entre la Sambre et la Meuse, Givet, Mézières, Sedan sur la Meuse; lorsque Vauban accomplissait toutes ces œuvres d'un art savant et prévoyant, il ne songeait qu'à opposer un front inexpugnable à une invasion venant par le nord. Tout était calculé dans ce sens : faire face à l'ennemi assaillant la frontière du nord, fermer les trouées au bout desquelles est Paris, en se ménageant en arrière comme une suprême ressource de défense toutes ces lignes stratégiques de la Marne, de l'Aisne, de l'Oise, de la Somme, fortifiées elles-mêmes de façon à pouvoir disputer le terrain et retarder la marche de l'envahisseur. C'est Landrecies qui sauvait la France au commencement du xviie siècle en laissant à Villars le temps de ressaisir la victoire à Denain. C'est Maubeuge qui arrêtait l'invasion au mois d'octobre 1794 en laissant à Jourdan le temps d'aller vaincre Cobourg à Wattignies. C'est sur la Marne, sur l'Aisne, sur l'Oise Napoléon, réduit à la dernière extrémité, prodiguait des miracles de génie qui faillirent faire reculer la coalition. C'est là en raccourci le rôle de ce vieux système défensif de la France.

que

Qu'est-il arrivé cependant en 1870? Par une combinaison de fatalités meurtrières qui ne s'est jamais rencontrée à ce degré, même aux heures les plus critiques, même en 1814, tout s'est trouvé soudainement interverti. L'invasion, libre de se porter en avant après ses premières et décisives victoires, s'est vue en un mois de guerre dans cette position où c'était elle désormais qui pouvait se servir contre nous de ces lignes de la Marne, de l'Aisne, de l'Oise, où elle pouvait prendre à revers les places du nord aussi bien que les Vosges. La destination de ces places du nord se trouvait par le fait annulée ou du moins transformée, et, chose nouvelle, la tête de défense contre l'ennemi de ce côté était maintenant non plus sur l'Escaut ou sur la Sambre, à Valenciennes ou à Maubeuge, mais sur un seul point de l'Oise, à La Fère, sur la Somme, à Péronne et à Amiens, ou à la petite citadelle de Ham. Voilà la situation.

Même dans ces conditions si étranges, si prodigieusement aggravées ou interverties, le nord pouvait être un puissant et efficace retranchement pour la défense, s'il y avait eu un noyau de force.

« PrécédentContinuer »