Mr JOURDAIN. & Bafte, je ne puis pas m'expliquer, Il fuffit que fi je luy ay prefté de l'argent, il me le rendrabien, avant qu'il foit peu. Me JOURDAIN. Ouy. Attendez-vous à cela. Mr JOURDAIN. Affurément. Ne me l'a-t-il pas dit? Me JOURDAIN. Ouy, ouy, il ne manquera pas d'y faillir. Il m'a juré fa foy de Gentilhomme. Chanfons. Me JOURDAIN. Mr JOURDAIN. Ouais, vous eftes bien obftinée, ma femme je vous dis qu'il me tiendra fa parole, j'en fuis feur. Me JOURDAIN. Et moy, je fuis feure que non, & que toutes les careffes qu'il vous fait ne font que pour vous en o'er Mr JOURDAIN. Taifez-vous. Le voicy. Me JOURDAIN. Il ne nous faut plus que cela. Il vient peut-eftre encore vous faire quelque emprunt; & il me femble que j'ay difné, quand je le voy. Mr JOURDAIN. Taifez-vous, vous dis-je, 4:9989:&&&&& SCENE I V. DORANTE, MONSIEUR, JOURDAIN, MADAME, JOURDAIN, NICOLE. M DORANTE. On cher amy, Monfieur Jourdain, comment vous portez-vous ? Mr JOURDAIN. Fort bien, Monfieur, pour vous rendre mes petits fervices. DORANTE. Et Madame Jourdain que voila, comment fe porte-t-elle ? Me JOURDAIN. Madame Jourdain fe porte comme elle peut. DORANTE. Comment, Monfieur Jourdain, vous voila le plus propre du monde ! Vous voyez. Mr JOURDAIN. DORANTE. Vous avez tout-à-fait bon air avec cet habit, & nous n'avons point de jeunes gens à la Cour qui foient mieux faits Hay, hay. que vous. Mr JOURDAIN. Me JOURDAIN. Il le grate par où il fe démange. DORANTE. Tournez-vous. Cela est tout-à-fait galant. Me JOURDAIN. Ouy, auffi fot par derriere que par devant. Ma foy, Monfieur Jourdain, j'avois une impatience étrange de vous voir. Vous eftes l'homme du monde que j'eftime le plus, & je parlois de vous en core ce matin dans la chambre du Roy. Mr JOURDAIN. Vous me faites beaucoup d'honneur Monfieur A Madame Jourdain. Dans la chambre du Roy? DORANT E. Allons, mettez .... Mr JOURDAIN. Monfieur, je fçay le refpect que je vous doy. Mon Dieu, mettez; point de ceremonie entre nous, je vous prie. Monfieur Mr JOURDAIN, DORAN TE. Mettez, vous dis-je, Monfieur Jourdain, vous eftes mon amy. Mr JOURDAIN. Monfieur, je fuis voftre ferviteur. DORANTE. Je ne me couvriray point; fi vous ne vous cou Mr JOURDAIN. J'aime mieux eftre incivil, qu'importun. DORANTE. Je fuis voftre débiteur, comme vous le fçavez. Me JOURDAIN. Ouy, nous ne le fçavons que trop. DORANTE. yous m'avez genereufement prefté de l'argent En plufieurs occafions, & m'avez obligé de la meilleure grace du monde, affurément. Mr JOURDAIN, Monfieur vous vous mocquez. DORANT E. Mais je fçai rendre ce qu'on me prefte, & recons noiftre les plaifirs qu'on me fait. Mr JOURDAIN. Je nen doute point, Monfieur. DORANT E. Je veux fortir d'affaire avec vous; & je viens icy pour faire nos comptes ensemble. Mr JOURDAIN. Hé bien, vous voyez voftre impertinence, ma femme, DORAN TE. Je fuis homme qui aime à m'acquiter le plûtoft que je puis. Mr JOURDAIN. Je vous le difois bien. DORANTE. Voyons un peu ce que je vous doy. Vous voila, avec vos foupçons ridicules. DORANTE. Vous fouvenez vous bien de tout l'argent que vous m'avez prefté ? Mr JOURDAIN. Je croy que ouy. J'en ay fait un petit memoire. Le voicy. Donné à vous une fois, deux cens Louis. Cela eft vray. DORANTE. Mr JOUR DAIN. Une autre fois, fix-vingt. Quy. DORANTE, Mr JOURDAIN. Et une autrefois, cent quarante. DORANTE. Vous avez raison. Mr JOURDAIN. Ces trois articles font quatre cens foixante Louïs, qui valent cinq mille foixante livres. DORANT E. Le compte eft fort bon. Cinq mille foixante li vres. Mr JOURDAIN. Mille huit cens trente-deux livres à voftre Plumaffier. Juftement. DORANT E. Mr JOURDAIN. Deux mille fept cens quatre-vingt livres à votre Tailleur. Il est vray. DORANTE. Mr JOURDAIN, Quatre mille trois cens feptante neuf livres douze fols huit deniers à vostre Marchand. DORANTE. Fort-bien. Douze fols huit deniers; Le compte eft jufte. Mr JOURDAIN. Et mille fept cens quarante-huit livres fept fols quatre deniers, à vostre Sellier. DORANTE. Tout cela eft veritable, Qu'est-ce que cela fait. Somme totale, quinze mille huit cens livres. |