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et le taureau, signe équinoxial de printemps, divinité universelle de tous les peuples, ont échappé à l'ignorance de ces nations. Si ces étoiles ressemblaient à un boeuf ou à une ourse, peut-être pourrait-on supposer que cette ressemblance aurait pu conduire les peuples, des deux hémisphères, sans aucune, communication, à désigner par le même. nom les mêmes étoiles. Mais je soutiens qu'un homme qui ne connaîtrait aucune étoile, et à qui: l'on dirait de chercher dans le ciel le taureau et l'ourse, ne choisirait pas les étoiles qui portent ces noms. Ainsi, l'accord des peuples qui habitent les deux hémisphères sur le nom de ces astérismes, accord qui ne peut être l'effet du hasard, annonce une ancienne communication.

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Il paraît donc,

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donc, par ce Mémoire, que l'astronomie part d'une source unique; qu'elle est née sur les bords du Nil, sous le tropique même; qu'elle s'est ensuite propagée chez les différens peuples du monde, à diverses époques; et que l'état du ciel, au temps de la distribution des signes, qui est venue jusqu'à nous, était tel, que le solstice d'été devait répondre au capricorne, et que l'équinoxe de printemps, celui qui chez tous les peuples, a été le plus observé, était alors marqué par le signe hieroglyphique de la balance.

L'époque de cette invention, remonte bien audelà du terme fixé par nos chronologistes pour la création du monde, à laquelle nous sommes bien éloignés de croire, car il nous semble éternel.

Quelle que soit à cet égard l'opinion de nos lec

teurs, il nous suffit d'avoir trouvé un rapport marqué de notre zodiaque avec le climat de l'Egypte, à une certaine position des équinoxes, accord qui a lieu pour ce pays exclusivement à tout autre. C'est une espèce de démonstration, à moins qu'on ne s'obstine à regarder les symboles tracés dans le zodiaque comme des figures bizarres établies sans aucun dessein. Mais comment se peut-il faire que des figures jetées au hasard et sans objet, les fruits, bizarres d'une imagination qui ne se serait proposé aucun but, aient un sens très-naturel et un rapport si marqué avec les époques les plus importantes du calendrier astronomique et rural dans un tel pays et à une telle époque? qu'elles donnent un tableau sensible de l'harmonie de la terre et des cieux? C'est une difficulté que nous laissons à résoudre à ceux qui n'admettent pas notre hypothèse, que nous sommes prêts de sacrifier à une meilleure.

Nous ne dissimulons pas que quelques écrivains, tels que Le Gentil, ont voulu profiter de nos idées pour attribuer aux Indiens une invention que nous croyons devoir appartenir aux Egyptiens. Mais leur tentative ne nous a pas paru assez heureuse pour nous faire abandonner notre hypothèse. L'astronomie, sans doute, remonte à une très-haute antiquité chez les Indiens, chez les Chinois, comme elle y remontait aussi chez les Chaldéens et chez les Egyptiens. Car quoi de plus ancien que l'idée de chercher dans les cieux des mesures du temps, et de comparer ces diverses mesures entre elles et avec les mouvemens célestes qui nous les donnent ? Mais

il ne s'agit pas ici de déterminer l'antiquité de l'astronomie en général et celle de ses calculs, qui, dans un Univers éternel, doit se perdre dans l'immensité des siècles qui nous ont précédés. Les hommes ont pu avoir des tables du ciel et de ses divisions, sans y appliquer des figures hiéroglyphiques, et sans y tracer autre chose que des lignes qui fixassent la position respective des étoiles, et des cercles qui marquassent leurs routes apparentes et les routes réelles des planètes.

Ce n'est point de cela qu'il est ici question. Il s'agit de savoir qui a tracé aux cieux les figures symboliques que nous avons, lesquelles marquent et remplissent les douze divisions de la route annuelle du soleil, et groupent les divers assemblages d'étoiles connues sous le nom de constellations. Il s'agit aussi de savoir à quelle époque du temps, dans les siècles qui ont précédé les âges qui nous sont connus, ces figures hiéroglyphiques, dont l'origine nous est inconnue, et que nous trouvons employées plus de deux mille cinq cents ans avant l'ère chrétienne, ont été dessinées dans la sphère. Nous ne parlons pas même de toutes les figures que différens peuples dans l'éternité ont pu y peindre. Nous ne parlons que des figures du zodiaque et des constellations que les astronomes grecs, qui avaient étudié en Egypte, nous ont transmises, et qui se trouvent gravées sur les plus anciens monumens de l'Egypte et de la Per Voilà à quoi se réduit toute tion. Or, disons que les auteurs anci

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s'accordent à faire honneur de cette invention aux Egyptiens; que quelquefois cependant ils en font partager la gloire aux Chaldéens, célèbres dans l'antiquité par leurs connaissances astronomiques. Nous ne voyons pas qu'ils aient attribué cette invention aux Indiens, quoique les Indiens ne fussent pas inconnus aux Grecs, surtout depuis l'expédition d'Alexandre dans l'Inde. Les auteurs qui nous ont parlé des brachmanes ou des philosophes indiens ne dissimulent pas qu'ils étaient versés dans l'astronomie; mais ils ne les font pas les inventeurs de cette science; honneur qu'ils attribuent soit aux Egyptiens, soit aux Chaldéens. Ils ont parlé des connaissances astronomiques des Indiens, comme d'autres auteurs ont parlé de celles des Druides qui habitaient notre pays, et qui cependant ne nous en ont laissé aucune trace. Qu'on ne dise pas que les tables astronomiques des Indiens, et leurs calculs sous certains aspects, présentent l'état de cette science beaucoup plus parfait qu'il ne fut jamais dans l'Egypte. Je réponds à cela que, n'ayant point les tables des Egyptiens, nous ne pouvons pas établir de comparaison fondée. Nous ne connaissons de leur science que ce que les Grecs nous en ont dit, et nous savons que leurs prêtres étaient très-mystérieux, et ne découvraient point aux étrangers les élémens de leur théorie. Il est natupeuple qui avait autant de

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peuples, pour l'inventeur même de la science. Le climat de l'Egypte était très-favorable à ces observations, et les besoins du culte, encore plus que ceux de l'agriculture, les rendaient nécessaires. Je dis, de plus, que rien ne nous prouve que les tables dont se servent les Indiens soient l'ouvrage des anciens brachmanes et le résultat de leurs observations. En effet, il est très-possible que les savans de l'Inde aient reçu cette science, soit des Chaldéens, soit des Egyptiens, et cela dès la plus haute antiquité; car enfin, on ne peut pas douter què l'Inde autrefois n'ait communiqué facilement avec l'Egypte par la mer Rouge. Ce qui ferait même croire que les Indiens ne sont pas les inventeurs des méthodes qu'ils employaient, c'est qu'ils n'y ajoutent rien, et qu'ils font machinalement leurs calculs comme des hommes dressés à faire usage 'd'une machine créée par d'autres. Mais enfin, quand bien même encore ils seraient les inventeurs de leurs méthodes, il ne s'ensuivrait pas pour cela qu'ils fussent les inventeurs des figures hieroglyphiques tracées dans la sphère, qui en sont absolument indépendantes, comme nous l'avons déjà observé.

Ce qui nous détermine à les rapporter aux Egyptiens, c'est d'abord que les auteurs anciens leur en font honneur; c'est qu'on y trouve des symboles consacrés également dans leurs temples et dans les cieux ce qui lie essentiellement l'astronomie de ces peuples à leur culte; c'est que, si les Indiens étaient les inventeurs de ces signes, l'éléphant et

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