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DE LA SPHÈRE

ET DE SES PARTIES.

PREMIÈRE SECTION.

APRÈS avoir proposé nos conjectures sur l'antiquité du zodiaque et sur l'origine des images qui y ont été tracées, ainsi que dans les autres parties du ciel, il est naturel que nous fassions connaître ces diverses images ou figures symboliques, connues sous le nom de constellations, et que nous donnions les noms différens qu'elles ont portés et un précis des petites fables qu'on a faites dessus. Mais avant d'entrer dans ces détails, nous croyons devoir offrir au lecteur un tableau abrégé de la sphère et de ses divisions, connaissance que nous jugeons indispensable pour l'intelligence de notre travail. Peut-être aurait-on désiré que ce petit traité fût mis en tête de l'ouvrage pour initier le lecteur à la connaissance des phénomènes cosmiques. Mais, outre que c'eût été interrompre le plan de notre grand travail et couper le fil de nos idées, nous avons atteint en grande partie ce but dans les pre

miers chapitres du second livre, en traçant la manière dont l'homme a créé ses idées sur la Nature et sur les mouvemens de la sphère et des différens corps lumineux dont l'azur des cieux est semé. Ce que nous dirons ici ne sera pas une répétition, mais un précis plus didactique que le lecteur pourra toujours consulter lorsqu'il voudra donner à ces notions plus de suite et de méthode.

De la Sphère.

On appelle sphère une boule, un solide arrondi dans tous les sens, une surface dont tous les points de la convexité et de la concavité sont également éloignés d'un point commun auquel aboutissent tous les rayons, et que l'on appelle centre. La terre est ce point relativement à la concavité des cieux, sur laquelle sont disséminés les astres, et où les corps lumineux paraissent voyager. Tous les rayons de lumière qui partent de cette voûte, viennent se réunir dans l'oeil de l'observateur placé sur la terre, laquelle n'est, relativement à lui, qu'une surface plane et circulaire dont il occupe le centre. La circonférence de cette surface prolongée dans les cieux coupe circulairement la sphère céleste en deux moitiés : l'une visible qui s'élève au-dessus de nos têtes, et l'autre invisible qui s'abaisse audessous de nos pieds, et au-dessous de la surface. plane que nous foulons en marchant. Là s'arrêtent nos regards, qui ne peuvent jamais voir que la moitié de la sphère concave dont nous OC

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cupons le centre, et dont l'autre moitié nous est éternellement cachée, quand nous restons en place, par la surface en apparence plane sur laquelle nous appuyons nos pas, ou par l'épaisseur de la

terre.

De l'horizon.

Ce cercle, qui détermine notre vue tout autour de nous,, qui semble posé sur la cime des monta-gnes éloignées qui nous environnent, et soutenir la calotte sphérique qui s'élève au-dessus de nos têtes, se nomme en grec l'horizon, en latin le cercle terminateur; car il est le terme de notre vue à partir du sommet des cieux, dans quelque sens que s'abaissent nos regards en descendant, de la voûte sphérique qui nous enveloppe jusqu'à quatrevingt-dix degrés de ce sommet. C'est là l'horizon sensible; car l'horizon visible peut, par des circonstances locales, borner notre vue plus haut.

Zénith et Nadir.

Ce point, que j'appelle sommet des cieux, est celui qui est placé perpendiculairement sur nos têtes, et que la direction d'un fil à plomb marque, toujours dans le ciel. Les Arabes le nomment zénith. Le prolongement du fil à plomb à travers la surface que nous foulons aux pieds passerait par le centre de la terre et irait fixer dans l'autre moitié du ciel, qui est sous nous, un point opposé qui.

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aboutirait aussi au sommet de la voûte invisible. On le nomme nadir. C'est le zénith de ceux qui habitent l'hémisphère opposé au nôtre, et qui appuient leurs pas sur la partie de la terre qui forme comme le revers de la surface, en apparence plane, que nous foulons aux pieds.

Antipodes.

Ces peuples s'appellent nos Antipodes, ou peuples dont les pieds sont opposés aux nôtres. J'ai dit de la surface en apparence plane: car ceci n'est qu'une apparence. La terre, dans la réalité, est elle-même un corps presque sphérique ou une grosse boule, dont la surface est habitée dans tous les sens. Mais quand on considère un point de cette surface d'un petit nombre de lieues de rayon, la courbure de la terre approche sensiblement d'un plan, et paraît telle à l'oeil, sur quelque point de la terre que l'on suppose placé l'observateur. Ainsi, l'homme qui ferait le tour de la terre, voyageant réellement sur la surface courbe d'un corps sphérique, croirait néanmoins toujours marcher sur un plan indéfiniment prolongé. La ligne perpendiculaire qui passe par sa tête et ses pieds, et qui aboutit au zénith et au nadir, aurait l'air de se mouvoir constamment parallèlement à elle-même, quand il ne considérerait que la terre. Mais s'il regardait aux cieux, il verrait bientôt qu'elle ne passe pas par les mêmes points; que son extrémité paraît mobile comme lui, et qu'elle forme des angles avec

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