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sa première direction, angles d'autant plus grands qu'il a fait sur la terre plus de chemin, de manière qu'il arriverait un moment où l'angle deviendrait de cent quatre-vingts degrés, c'est-à-dire que les deux directions n'en feraient plus qu'une, continuées dans les deux sens opposés. C'est alors que son ancien zénith deviendrait son nadir, et son ancien nadir un nouveau zénith. Alors il aurait parcouru la moitié de la circonférence du globė terrestre, et ses pas s'appuieraient sur la terre en sens opposé à celui dans lequel ils s'y appuyaient au moment de son départ. Alors il serait arrivé aux antipodes du lieu d'où on le suppose parti. Il aurait un nouvel horizon au-dessus duquel s'élèverait la moitié du ciel, qui, dans la première position, lui était invisible, et au-dessous duquel s'abaisserait celle qui était auparavant visible. Alors il verrait tous les corps célestes qui sont disséminés sur la voûte qui lui avait été d'abord invisible, et il ne verrait plus aucun de ceux qui éclairaient la voûte qui lui avait été d'abord visible. C'est ainsi qu'en parcourant la moitié de la circonférence du globe terrestre, il serait parvenu à voir toute la circonfé rence de la sphère concave qui enveloppe la terre dans tous les sens. Sans cela, s'il eût toujours resté fixe au centre du même horizon, il eût été condamné à ne voir jamais que la moitié des corps célestes, en supposant toutefois que les corps célestes et la voûte à laquelle ils semblent attachés fussent sans mouvement, et que le globe terrestre sur lequel il est lui-même placé fût immobile. Heureusement

TOME IX.

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pour lui cela n'est pas, et il n'a pas besoin de voyager pour que les corps des diverses parties de la sphère céleste deviennent visibles pour lui. Il y a un mouvement réel de la part de la terre sur laquelle s'appuient ses pas, et conséquemment de tout l'horizon, dont il est lui-même le centre. Ce mouvement réel et circulaire de la terre et de l'horizon terrestre Jui cache et lui découvre successivement les diverses parties du ciel, comme s'il voyageait lui-même autour de la terre immobile, comme nous l'avions supposée d'abord. Lorsque la terre, tournant sur elle-même, aura fait une demi-révolution, il se trouvera exactement placé relativement au ciel, comme s'il eût parcouru sur la terre une demi-circonférence du globe. Il aura sur sa tête la voûte qui était d'abord dessous, et dessous la voûte qui était dessus, en supposant néanmoins qu'il soit placé sur la terre à égale distance des deux pivots sur lesquels roule la terre.

Pôles.

Ces pivots se nomment les pôles de la terre, et la circonférence circulaire qui environne la terre, et qui se trouve placée à égale distance des deux pivots, se nomme l'équateur terrestre.

Equateur.

Ce que je dis ici s'applique donc à ceux qui babitent sous l'équateur terrestre; les autres parti

cipent à ce phénomène plus ou moins, à proportion qu'ils sont plus ou moins éloignés de ce cercle équatorial, ou, pour parler en termes de l'art, en raison inverse de leur latitude sur la terre.

Ce mouvement réel de la part de la terre autour de son axe ou autour de la ligne que l'on suppose passer par son centre et aboutir aux deux pivots sur lesquels elle roule, se répète aux cieux et y produit un mouvement apparent que apparent que l'observateur peu instruit, qui se croit sur une terre immobile, prend pour un mouvement réel. L'axe de la terre prolongé, ou la ligne droite qui, passant par le centre, enfile dans sa direction les deux pivots, va marquer deux points fixes aux cieux, l'un dans l'hémisphère visible, et l'autre dans l'hémisphère invisible, qui deviennent les pivots apparens du mouvement apparent de la sphère céleste. Il en est de même de l'équateur terrestre ou du cercle qu'on imagine sur la terre placé à égale distance des deux pivots terrestres. Il se répète aux cieux, et il y devient un grand cercle qui se meut avec un mouvement trèsrapide, et qui coupe la sphère céleste à égale distance des deux pivots apparens ou des deux pôles célestes. J'ai parlé de lignes, d'axes, et de grands cercles qu'on imagine : car il n'y a rien ici qui ne soit le fruit de l'imagination. Il n'y a de réel et de sensible à l'oeil que la voûte des cieux, qui ellemême, rigoureusement parlant, n'est qu'une illusion optique, que la surface de la terre, que le mouvement qui se manifeste à nous, et que le cercle de l'horizon, qui semble être le terme de ces

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mouvemens, ou au moins qui nous empêché de lés suivre dans la totalité de la rotation des cieux.

Non-seulement l'équateur terrestre se répète dans les cieux, et devient un immense équateur céleste, mais encore tous les cercles parallèles à l'équateur terrestre, qu'on appelle cercles de longitude, se répètent aussi et deviennent aux cieux des parallèles à l'équateur, que coupent perpendiculairement les cercles de déclinaison, lesquels fixent la position des astres, relativement à l'équateur céleste, comme les cercles de latitude et de longitude sur la terre déterminent celle des villes relativement à l'équateur terrestre et aú premier méridien.

Car il est bon d'observer que ce qu'on appelle sur la terre latitude, s'appelle au ciel déclinaison ; comme ce qu'on y appelle longitude ou distance au premier méridien, répond au ciel à ce qu'on appelle ascension droite, ou distance au colure des équinoxes ou au point d'aries, compté le long de l'équateur. Ce cercle équatorial partage la sphère en deux hémisphères : l'un boréal, l'autre austral ; et les écarts de chaque côté de ce cercle s'appellent déclinaisons boréales ou australes, suivant que astres sont sur les cercles qui s'éloignent de l'équateur vers le nord ou vers le midi.'

les

Ces cercles parallèles, en s'éloignant de l'équateur, vont en diminuant de circonférence, jusqu'à ce qu'ils se rétrécissent assez pour n'être plus qu'un point. C'est le pôle ou le pivot, point circulaire sans étendue comme sans mouvement apparent,

mais qui est le centre du mouvement apparent de tous les autres cercles, et qui nous marque aux cieux le point autour duquel roule toute la machine du monde.

Il est placé, dans ces siècles-ci, près de l'extrémité de la queue de la petite ourse, constellation dont nous aurons bientôt occasion de parler. On le nomme pôle arctique ou de l'ourse, pôle du nord, pôle boréal ou septentrional, pôle élevé sur notre horizon, par opposition au pôle antarctique, ou de la voûte invisible, qui est autant abaissé audessous que celui-ci est élevé au-dessus.

Latitude terrestre.

Son élévation à Paris est de quarante-huit-degrés cinquante minutes. C'est la latitude de Paris, ou la distance perpendiculaire qui sépare le cercle parallèle sur lequel est Paris, de l'équateur ou du grand cercle terrestre, auquel 'est parallèle le cercle sur lequel se trouve Paris: car la hauteur du pôle céleste, ou son élévation au-dessus de l'horizon pour un lieu donné, est toujours égale à sa latitude, et l'exprime.

Cercle arctique.

Depuis ce point jusqu'à terre ou jusqu'à l'horizon, on conçoit un rayon de quarante-huit degrés cinquante minutes, qui, se mouvant circulairement autour du pôle en tout sens, engendre un

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