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héliaquement, le soleil parcourt le taureau (1). Supposons même que ce ne fût pas précisément au lever des pléiades, mais plus de quinze jours après, que commençassent les moissons, et que soleil fût déjà aux gémeaux; il restera toujours encore au soleil près de trois signes à parcourir, avant d'arriver au signe de la moissonneuse. Conséquemment le symbole astronomique qui représentait, soit un faisceau d'épis, soit une fille qui porte un épi jaunissant, n'a pu correspondre aux moissons des Grecs ni à celles des Orientaux, qui, n'ayant pas plus de latitude qu'eux, sont censés n'avoir pas dû moissonner beaucoup plus tard.

Au temps d'Hésiode, c'est-à-dire dans l'hypothèse ·la plus favorable aux peuples de cette latitude, le soleil n'entrait au signe de la vierge que près de cinquante jours après le solstice d'été. Or, certainement il y avait longtemps alors que les récoltes de blés devaient être faites. Ainsi, dans l'époque où nous considérons le zodiaque comme calendrier, nous ne voyons aucun des peuples à qui l'on pourrait faire honneur de cette invention, Perses, Indiens, Assyriens ou Phéniciens, dont le climat est au moins aussi chaud que celui de la Grèce et conséquemment les moissons aussi précoces, chez qui l'on puisse accorder ce calendrier symbolique avec l'ordre de son agriculture (m).

Nous sommes donc obligés de remonter à une époque antérieure qui, rapprochant le signe des moissons du solstice d'été, le fasse coïncider avec temps des récoltes des régions tempérées. Mais

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alors, si les symboles de l'agriculture s'accordent en partie avec la terre, les symboles astronomiques, tels que la balance, l'écrevisse et le capricorne, sont bien loin de s'accorder avec le ciel, et cependant ce n'est qu'à cet accord parfait que nous pouvons reconnaître les inventeurs et l'époque de l'invention. La vierge ne peut se rapprocher du solstice que le cancer n'en soit éloigné; la balance n'occupe donc plus un équinoxe. Cependant ces deux emblèmes ont dû y être originairement, comme nous l'avons fait voir, et nous ne pouvons imaginer aucune hypothèse qui place ailleurs qu'aux solstices et à un équinoxe, nos trois premiers symboles. Ce qui nous reste à faire, c'est de les y placer, mais dans un ordre inverse et opposé à celui où ils étaient à l'époque où nous avons fait notre premier essai, c'est-à-dire, de mettre à l'équinoxe du printemps ou à celui des deux équinoxes qui a fixé de préférence l'attention de tous les peuples, l'image naturelle de l'égalité des jours et des nuits, la balance, et de la regarder comme le symbole primordial de l'équinoxe de printemps. Alors le cancer se trouvera au point où le soleil, après avoir paru quitter nos régions, revient sur ses pas, et le capricorne ou le symbole de l'élévation 'occupera le point le plus haut de la course du soleil. Il semblerait que cette position primitive de la balance à l'équinoxe de printemps, dans les siècles où fut inventé le zodiaque, et où fut faite la première divi

1 Tzetès ad Lycophr., v. 17.

sion des cieux, s'était perpétuée chez les Egyptiens, comme paraîtrait l'annoncer cette ancienne tradition que nous ont conservée leurs astrologues. Esculapius', dit Scaliger, ægyptius vetustissimus scriptor in suâ Myriogenesi scripserat, in posterioribus libræ partibus tôn asterôn suncrasin factam, eamque esse natalem mundi. Scaliger cite pour garant Firmicus. Au reste, comme on peut lui donner un autre sens, nous n'y attachons pas grande impor

tance.

Cette nouvelle position de la sphère, en renversant tout, remet tout à sa place; le zodiaque devient le calendrier le plus frappant du climat de l'Egypte, et convient à ce pays exclusivement à tout autre. Les cinq premiers symboles dont le sens se présentait naturellement, et qui semblaient fixer d'une manière claire les points principaux du calendrier rustique et astronomique, s'accordent parfaitement entre eux et avec l'état du ciel et de la terre. Ils vont nous mettre en état d'apercevoir le sens des autres symboles qui ne s'était pas manifesté d'abord aussi clairement: c'est ce que nous allons voir par l'explication détaillée des douze signes du zodiaque, considérés à cette époque.

Les trois premiers signes, à compter du solstice d'été, sont évidemment symboles de l'eau. Le premier est le capricorne, mais un capricorne amphibie, à queue de poisson ou uni au corps d'un poisson. Manilius l'appelle ambiguum sidus terræque

1 Scalig. not. ad Manil., 1. 1, v, 125.

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et ne

marisque 1. Le second est une urne ou un homme penché sur une urne, de laquelle s'écoule un fleuve; le troisième offre deux poissons enchaînés, ou, suivant quelques sphères, un seul poisson. Ces trois symboles aquatiques, qui ne signifient rien dans cette saison pour les autres climats, peignent de la manière la plus claire l'état de l'Égypte dans les trois mois qui suivent le solstice d'été 2. Tous les voyageurs anciens et modernes conviennent que, peu de jours après le solstice, le Nil inonde toute l'Egypte pendant trois mois 3 rentre dans son lit qu'après l'équinoxe d'automne. In totum autem revocatur intrà ripas in librá, centesimo die*. Cet intervalle de trois mois, durée de l'inondation, ne pouvait donc être désignée d'une manière plus naturelle, que par les emblèmes aquatiques tracés dans les constellations que le soleil parcourait durant tout ce temps. Le capricorne occupe, dans notre hypothèse, un des solstices; mais c'est le solstice d'été, et le point le plus élevé de la course du soleil fut assigné à l'animal qui, comme le remarque Macrobe, broute sur les rochers les plus escarpés, et se plaît à vivre de préférence sur la cîme des montagnes, pendent in rupe capella, dit Virgile. Le chef des troupeaux le devint aussi des animaux qui sont peints dans le zo

1 Manil., 1. 4, v. 791.- 2 Diod. Sic., l. 1, c. 36, p. 44.3 Plin., 1. 5, c. 9.

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Nilusque tumescens

In cancrum, et tellus Ægypti jussa natare (Manil., 1. 4, v.748.) Le cancer était alors signe solsticial.

diaque; et le quadrupède qui gravit où les autres ne peuvent atteindre, se trouva naturellement mieux placé au zénith des habitans de Thèbes et de Syène (n), et au terme le plus élevé du mouvement ascendant du soleil, qu'au point le plus bas de sa course annuelle. Macrobe, dans son ex

plication, n'a pas fait attention que le caper a été choisi pour symbole, non pas précisément parce qu'il monte en broutant, qualité qui lui est commune avec plusieurs autres animaux; mais parceque c'est sur la cîme des rochers les plus élevés qu'il se plaît à paraître, et qu'il n'est point de quadrupède qui prenne un essor aussi hardi. Dira-t-on que c'est simplement la marche ascendante du soleil depuis le solstice d'hiver, qu'on a voulu peindre sous cet emblème? On sait que cette marche ascendante ne se manifeste nulle part moins qu'aux environs du solstice; et, d'ailleurs, ce qui est un argument sans réplique, nous prouvons que l'astronomie était déjà inventée bien avant le temps où le capricorne a pu occuper le point solsticial d'hiver. Ainsi, l'origine que lui supposerait Macrobe ne peut avoir lieu, puisqu'il eût été inventé pour être symbole d'un mouvement ascendant que le soleil ne pouvait encore avoir lorsqu'il parcourait ce signe, avant l'époque trop récente de Macrobe, et même des astronomes grecs. En effet, comme remarque très-bien M. de laN auze en attaquant l'opinion sur l'antiquité du zodiaque : « Il n'y a que trois mille six cent quarante ans que l'équinoxe a commencé à entamer la constellation appelée aujourd'hui le

TOME IX.

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