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étoiles qui répondaient autrefois au premier signe, et qui n'y répondent plus depuis plus de deux mille ans. C'est l'effigie des poissons qui y correspond aujourd'hui. Celle du bélier occupe la seconde division on le second signe, appelé autrefois signe du taureau.

Les noms différens, qui désignent un mouton et un bélier dans les différentes langues, ont multiplié la nomenclature de cette constellation. Nous rapporterons les principales dénominations qu'elle a reçues, après avoir donné un précis des petites fictions qu'on y a attachées, d'après les anciens mythologues et autres auteurs qui ont écrit sur la sphère.

Ce bélier a toujours passé pour être celui sur lequel Phryxus et Pellê traversèrent l'Hellespont. Phérécyde prétend que sa toison était d'or '. 'Hellê tomba dans les eaux, et de ses amours avec Neptune elle eut Pæon, suivant les uns, et Edon suivant les autres. Phryxus se sauva et parvint jusque dans les Etats d'Aëtès, roi de Colchide. Il immola son bélier à Jupiter ou au Dieu Ammon, et consacra dans le temple sa riche toison. Jupiter plaça l'animal lui-même ou son image aux cieux, dans la partie étoilée sous laquelle se sème le blé.

Eratosthène 2, après avoir dit que Phryxus avait dépouillé son bélier de sa toison, dont il avait fait

1 Hygin., l. 2, c. 21. Manil., 1. 3, v. 310; l. 4, v. 515; l. 5, v. 3o. Tzetés al Lycoph., v. 22-175. Schol. Apoll., 1. 1, v. 256, l. 2, v. 655-1146-1150.- 2 Eratosth., c. 19.

présent à Aëtès pour rester dans le temple de Jupiter comme un monument, ajoute qu'il alla ensuite se placer au firmament.

Quant à Phryxus, les uns le font naître à Orchomène en Béotie, d'autres en Thessalie. On prétend aussi qu'Eole eut, entre autres fils, Crethée et Athamas. Crethée eut pour épouse Démodicê que d'autres appellent Biadicé. On dit qu'elle fut éprise des charmes de Phryxus, fils d'Athamas, et que, n'ayant pu obtenir de lui ce qu'elle désirait, elle prit le parti de le calomnier auprès de Crethée. Celui-ci, trompé par les discours perfides de son épouse, exigea d'Athamas qu'il fit périr son fils. Mais Nephelê ou la Nue survint, et sauva de leurs mains Phryxus et Hellê sa soeur, qu'elle mit sur un bélier en leur ordonnant de traverser au plus tôt l'Hellespont, et de fuir aussi loin qu'ils pourraient.

Hellê tomba dans le trajet et mourut, et par-là même donna le nom d'Hellespont à ce détroit. Phryxus arriva à Colchos. Cette histoire est aussi rapportée par Germanicus César, avec quelques légères différences'. Il prétend que Phryxus et Hellê avaient voulu faire périr leur belle-mère, et que Bacchus les avait rendus furieux, et qu'errant dans les forêts, leur mère leur présenta un bélier à toison d'or, qu'ils montèrent pour passer le détroit appelé depuis Hellespont. Il ajoute que Phryxus, ayant eu seul le bonheur de passer le trajet, et de là arriver en Colchide, immola ce bélier au

1 German. Cæs., p. 18.

Dieu Mars ou à la planète qui a son domicile dans ce signe céleste; que ce bélier laissa sur la terre så toison avant de passer aux cieux, et qu'elle fut gardée par un dragon. Ce bélier, suivant Eratosthène', était immortel, et c'était Nephelê ou la Nue, la mère de Phryxus et d'Hellê, qui l'avait donné à ses enfans. Théon s'exprime sur ce signe à peu près dans les mêmes termes, ainsi qu'Ovide, Columelle Manilius et une foule d'autres auteurs qui ont parlé de la fable de Phryxus et d'Helle".

On ne peut donc point douter que la fable du bélier à toison d'or, qui porta Hellê et Phryxus, enfans de la Nue et d'Athamas, ne soit faite sur le bélier qui est aux cieux, et qui occupa long-temps l'équinoxe de printemps.

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D'autres auteurs ont lié la fable de ce bélier à celle de Bacchus ou à la fable solaire dont cet astre est le héros sous le nom de Bacchus. C'est ainsi qu'il se trouve lié à la fable solaire des Chrétiens, dans laquelle le soleil figure sous le nom de Christ; il est cet agneau qui répare les péchés du monde. Hermippus disait qu'au moment où Bacchus attaqua l'Afrique, il arriva avec son armée dans un certain endroit de Libye, appelé Ammodès, à cause de la prodigieuse quantité de sables qu'on y trouvait. C'est pourquoi il se vit exposé aux plus grands dangers dans la nécessité où il était de traverser

1 Eratosth., c. 19-2 Theon. p. 129. Ovid. Fast., l. 8, v. 851875; 1. 4, v. 715. Columell., 1. 10, v. 155. Manil,, l. 1, v. 267; 1. 4, v. 742. Hygin., Fab. 188. August., de Civ. Dei, l. 18, c. 13. -3 Hygin., 1. 2, c. 21; Fabrice, 132.

ces sables arides, sans espoir de trouver aucun rafraîchissement pour son armée. Dans cette cruelle perplexité, le hasard fit apercevoir à ses soldats un bélier qui se mit à fuir devant eux. Ils le poursui virent jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés en un certain lieu dans lequel, par la suite, fut bâti le temple de Jupiter Ammon. Là le bélier disparut; mais à sa place ils trouvèrent, contre leur attente, une source d'eau des plus abondantes. Ils s'y désaltérèrent, et ils vinrent raconter à Bacchus leur découverte. Le Dieu y conduisit toute son armée qui s'y rafraîchit. Il y bâtit un temple en honneur de Jupiter; et il y consacra la statue de ce Dieu, à qui il donna les cornes du bélier 1. Il plaça ensuite le bélier aux constellations, afin que, lorsque le soleil se trouverait dans ce signe, la Nature se ré– générât comme elle fait tous les ans au printemps, et surtout en mémoire de la conservation de l'armée de Bacchus, qu'avait sauvée ce bélier.bienfaisant. Comme il avait servi de chef et de guide à ses troupes, il voulut qu'il marchât aussi à la tête de l'armée céleste et de la série ordonnée des signes du zodiaque.

Nigidius raconte le même fait à peu près de la même manière, et il appelle ce bélier l'indicateur de la source immortelle qui abreuva Bacchus

et son armée.

Il y a encore une autre tradition sur Bacchus et sur ce bélier, dont nous avons déjà fait mention,

↑ Isidor. Orig., 1. 3, c. 47.— 2 Germ. Cæs., c. 18.

ainsi que de la première, dans nos chapitres sur Bacchus et sur Ammon 1. Léon, qui avait écrit l'Histoire de l'Egypte, raconte que Bacchus, s'étant emparé de l'Egypte et des pays voisins, avait reçu la visite d'un certain Ammon qui était venu d'Afrique et qui avait amené à ce Dieu une assez grande quantité de troupeaux, afin de mériter par là sa confiance; que Bacchus, en reconnaissance, lui avait donné tout le terrain qui est voisin de la Thèbes d'Egypte, et que, pour perpétuer le souvenir de cette offrande, ceux qui peignaient Ammon le représentaient avec des cornes du bélier. D'autres ajoutent que ce fut aussi cela qui fit placer le bélier aux cieux.

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Enfin, parmi les différentes fictions faites sur ce bélier, il en est qui le font naître des amours de Neptune avec Théophanê, fille d'Althéis. On prétend que le Dieu, étant devenu amoureux de cette nymphe, il la fit passer dans l'île Crumissa, et qu'il eut commerce avec elle sous la forme du bé– lier dont il avait emprunté la métamorphose. II avait changé aussi son amante en brebis pour tromper ses rivaux 3. De cette union naquit le bélier Chrysomallus ou à toison d'or, que monta Phryxus dans son voyage en Colchide, et dont il déposa la toison dans le temple de Mars, d'où elle fut enlevée dans la suite par Jason.

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Lucien y voit le bélier de Thyeste, celui qui

1 Ci-dessus, t. 4, 1. 3, c. 6-7. Hygin, c. 21. - 2 German. Cæs., c. 12. 3 Hygin. Fab. 188.4 Lucian. de Astrol., p. 989.

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