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DEUXIÈME SIGNE.

TAUREAU.

LE taureau des constellations' passe pour être celui qui porta sur son dos Europe en Crète, suivant Euripide. Jupiter, qui avait pris cette forme pour surprendre cette jeune princesse, avait placé aux cieux l'animal qui l'avait si bien servi dans cette métamorphose. C'était, suivant Nigidius, un taureau de Neptune, qui avait toute l'intelligence de l'homme. Il vint à Sidon y chercher la fille d'Agénor ou Europe. Il la surprit qui jouait avec ses compagnes dans le temple d'Esculape ou du serpentaire, Cadmus, en aspect avec le taureau dont il est le principal paranatellon. Il l'enleva, la chargea sur son dos et la porta, à travers les flots, jusqu'en Crète, où il la livra à Jupiter. Ce Dieu, en reconnaissance de ce service, le plaça parmi les constellations. Germanicus l'appelle le taureau de la fille d'Agénor.

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Théon y voit aussi le taureau qui porta Europe de Phénicie en Crète. C'est aussi l'opinion d'Eratosthène. Ovide et Manilius en parlent dans les mêmes termes ".

↑ Hygin, l. 2, c. 22. Germ. Cæsar.

2 Nonnus Dionys.

3 German. Cæsar. ibid. - 4 Theon. ad Arat. Phen., p. 124.5 Eratosth., c. 14.6 Ovid. Fast.. I. 5, v. 604. Manil,, I. 4, v. 630.

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C'est donc par lui qu'il faut expliquer la fable d'Europe et celle de Jupiter métamorphosé en taureau, pour ravir cette princesse, ainsi que celle du boeuf de Cadmus, qui, en se couchant, marqua le lieu où devait être bâtie Thèbes.

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D'autres auteurs y ont vu la vache Io ou l'animal dont la fille d'Inachus prit la forme après son aven→ ture galante avec Jupiter'. Ce Dieu, pour la consoler, l'avait placée aux cieux sous cette forme. La partie antérieure représentait le bœuf, mais la partie de derrière était assez obscure pour qu'on ne pût distinguer le sexe. Aussi Ovide dit-il qu'on ignore si c'est un boeuf ou une vache qui est dessiné dans cette partie du ciel. Eratosthène l'appelle aussi le simulacre d'Io ou de l'Isis égyptienne qui prenait les formes d'Io. De là l'épithète de pharia juvenca, que lui donne Ovide . C'est dans ce signe que la lune Isis a le lieu de son exaltation; et c'est de lui qu'elle emprunte ses formes de bœuf ou de vache, ainsi qu'Astartê.

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Plusieurs y ont vu le fameux taureau dont fut amoureuse la fille de Minos, Pasiphaé, dont le nom est resté à une des pléiades ou des étoiles groupées sur le taureau céleste. Eratosthène prétend que c'est même pour cacher son sexe qu'on n'a pas figuré la partie postérieure du taureau des constel

2 Ovid. Fast. 1. 4.

1 Ovid. Metamorph., 1. 1, fab. 10. V. 721.-3 Eratosth., c. 14. Hygin, Fab. 145.- 4 Ovid. Fast., 1. 4, v. 320.5 German. Cæs., c. 13. Lucian de Astrolog. 6 Plut. vita Cleom. et Agid., p. 799.

lations. Théon y voit aussi le taureau célèbre dans les amours de Pasiphaé 2.

C'est donc par ce taureau qu'il faut expliquer l'aventure de cette princesse et ses monstrueux amours avec un taureau, d'où naquit le Minotaure composé des parties de l'homme et de celles du boeuf.

'Enfin quelques auteurs l'ont appelé le taureau de Marathon, et l'on a vu qu'effectivement c'est par cet animal que nous avons expliqué la victoire d'Hercule et celle de Thésée sur ce taureau fameux sous le nom de taureau de Marathon".

C'est ce taureau qui donne naissance à Orion, petit-fils d'une pléiade, ou dans la peau duquel trois Dieux répandirent la semence d'où naquit Orion, constellation qui effectivement se lève toujours à la suite du taureau.

C'est lui que monte Mithra ou le Dieu-soleil chez les Perses 5. C'est lui dont les testicules sont rongés par le serpent d'automne. C'est lui qui brise l'oeuf Orphique au Japon. C'est lui qui donne la fécondité à la lune dans la théologie des Perses ".

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C'est lui que représentait Apis dans les temples de l'Egypte. C'est lui qui nous a toujours servi à expliquer les anciennes fables sacrées dans lesquelles le boeuf ou le taureau joue quelque rôle.

1 Germ. Cæs. ib.- 2 Theon ad Arat., p. 124.- 3 P. 123.4 Ci-dessus, t. 3 et 4, 1. 3, c. 1-4.5 Porph. de Antr. Nymph. Hyd. de vet. Pers. Rel., p. 113. 6 Zend Avest., t, 2, p. 117, etc.—7 Lucian. de Astrol., p. 986.

Il porta différens noms dont voici les principaux :

Les Chaldéens l'appellent tauro.

Les Arabes le nomment altaur, athaur1, thaur

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Les Indiens, gao, touna en pehlvi; urochabam, en langue brame

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Les Turcs, oghúz, oúd, okiûz, sighir, suhhur'.

Les Grecs, tauros.

Les Latins, taurus.

Les Allemands, Stier.

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On lui donne dans Blaeu les noms de portitor Europa, taurus candidus, princeps armenti, bubulum caput, Io, Inachis, inachia juvenca, Isis, Chironis filia, Osiris, Veneris sidus, taurus Cyrtos, peptéos, incurvus, flexus, nixus, curvatus, à cause de sa position courbée.

La lune avait son exaltation dans ce signe, et Vénus son domicile. Cette même Déesse présidait aussi au taureau dans la distribution des douze signes entre les douze grands Dieux. Ce signe était affecté à l'élément de la terre.

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1 Ricciol., p. 128.2 Bayer Uran., tab. 38. Ric. Cæs., p. 3o. Hyd., p. 31-33.4 Anquetil, Zend Avest., t. 2, p. 349.5 Le Gent., t. 1.6 Hyd. Comm. ad Ulugb., p. 31. 33. .7 P. 225... 9 Cæs., c. 2, p. 29-30.

On le représentait couché, incurvus'. Souvent aussi on le trouve, dans les monumens, dans l'attitude d'un taufeau furieux 2.

Il est représenté regardant le soleil levant *.

Sa corne gauche s'unit au pied droit du cocher *.

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Il se lève et se couche à contre-sens ou en sens opposé à celui vers lequel il tourne la tête". Nonnus lui donne l'épithète de phlogeros qui vomit des feux. Tels étaient les taureaux que subjugua Jason.

Le taureau renferme plusieurs groupes d'étoiles qui ont été observés séparément; telles sont les pléiades et les hyades '. Le premier groupe, connu sous le nom de poussinière, est placé sur le dos du taureau près du bélier, suivant Nicandre, et près des pieds de Persée, suivant Hipparque *; le second sur le front du taureau. Les premières sont au nombre de sept; les autres de cinq, quoi→ qu'on en ait aussi souvent porté le nombre à sept.

Non-seulement leur configuration, mais leur liaison étroite avec les équinoxes et avec les opérations agricoles, ont contribué surtout à les faire remarquer. Aussi jouent-elles un grand rôle dans l'astronomie poétique et rurale des anciens. Nous

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1 Aratus, v. 167-417.-2 Bianchini. Hygin., 1. 3, c. 22. Germ., c. 13. 4 Hygin., 1. 3, c. 12-19. Theon, p. 125. 5 Hygin., l. 3, c. 20.— 6 Nonnus Dionys., l. 2, v. 283. 7 Manil., 1. 1, v. 375.; 1, 5, v. 140.8 Theon, p. 133.

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