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allons parler de chacun de ces groupes en particulier: nous commencerons par les pléiades.

Pléiades.

Les pléiades présentent à l'œil un amas ou groupe de sept petites étoiles, ce qui leur a fait donner le nom d'Heptapores' par Euripide 2. Les Latins les ont nommées septistellium.

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Néanmoins on n'en compte que six à la vue, comme l'ont très bien observé les anciens qui en fixaient le nombre à sept, et qui supposaient qu'il était tel autrefois, mais que, depuis, une d'entre elles avait disparu. Voici la fable que l'on fit sur cette disparition. On raconte que six d'entre elles avaient eu commerce avec les immortels; savoir, trois avec Jupiter, deux avec Neptune, et une avec Mars. La dernière fut épouse de Sisyphe. Jupiter eut d'Electre Dardanus; de Maia, Mercure; de Taygéte, Lacédémon. Neptune eut d'Alcyone Hyrée, père d'Orion, et de Celeno, Lycus et Nyctée. Mars eut de Sterope OEnomaüs, dont elle fut la femme, suivant d'autres traditions. Mérope, mariée à Sisyphe, donna naissance à Glaucus que plusieurs font père de Bellerophon ou du cocher céleste. Quoiqu'elle n'eût eu commerce qu'avec un mortel, cependant, à cause de ses sœurs, elle fut mise au nombre des constellations. Mais elle est

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1 Hygin., 1. 2, c. 22.2 Euripid. Iphigen. Act. 1, Sc. I. Erat., c. 14. 3 Proclus, c. 16. Aratus, v. 258.

c. 2. Theon, p. 134.

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Hygin.,

si obscure qu'on ne peut l'apercevoir 1. On dit d'une d'elles, comme de la mère de Bacchus, qu'elle fut frappée de la foudre, et que pour cela elle ne paraît plus 2.

D'autres auteurs prétendent que c'est Electre qu'on ne voit plus, parce que sa douleur ne lui permit pas de rester avec ses sœurs qui forment au ciel un choeur et des danses. Après la prise de Troie, et après la destruction de toute la race de Dardanus son fils, Electre inconsolable se sépara de ses soeurs, et alla se réfugier près du cercle polaire où elle paraît depuis long-temps pleurer, les cheveux épars. C'est ce qui lui a fait donner le surnom de comété3. D'autres auteurs prétendent qu'elle s'était sauvée pour se soustraire aux poursuites amoureuses d'orion, suivant quelques-uns; du soleil, suivant d'autres *; et que cette pleïade fugitive était Electre. Certains auteurs néanmoins veulent que ce soit Mérope qui prit dans la suite le nom de cette fameuse Hippodamie, fille d'OEnomaüs, pour laquelle il combattit Pélops. Hygin prétend que, rougissant de n'avoir pour amant qu'un mortel, tandis que toutes ses sœurs avaient eu des Dieux, cette pléiade avait été forcée de s'en séparer, et qu'elle avait même été chassée de leur cortège; qu'elle était allée cacher sa honte dans un autre lieu du ciel, où elle paraît avec des cheveux épars, telle

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1 Germ. Cæs., c. 13. Eratosth., c. 23. 2 Theon, p. 133. 3 Germ., c. 22. Hygin., 1. 2. 4 German., Cæs., c. 22. 5 Hygin., Fab. 192.

qu'une nébuleuse ou une comète; qu'elle en prit même le nom; qu'elle prit aussi celui de Longodes, à cause de la longueur de cette espèce de chevelure; et de Xiphax, par allusion à l'épée dont elle semble imiter la forme; car son extrémité se termine en pointe.

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Théon ', qui admet quelques-unes de ces traditions, la fait se placer près de la seconde étoile du timon du chariot céleste. C'est là que se réfugia Electre après le désastre de la maison de Dardanus,et elle y est, dit-il, connue sous le nom d'étoile du renard.

Comme la douleur lui avait fait chercher cette retraite obscure, elle ne se montre aux mortels que pour présager des maux 2.

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Les pléiades en général jouent un grand rôle dans l'antiquité, et elles ont obtenu une haute considération. L'histoire fabuleuse ou poétique des Grecs fait descendre d'elles beaucoup de héros *, comme l'assure la cosmogonie des Atlantes, c'est-àdire qu'elles figurent dans beaucoup de légendes et de poèmes sacrés sur la Nature, sur la marche du soleil et des saisons, à laquelle leur position les liait étroitement.

On les faisait communément filles d'Atlas"; ce qui les a fait souvent désigner sous le nom d'Atlan tides. On leur donnait pour mère Pleioné.

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1 Theon ad Arat., p. 134.-2 Hygin., Fab. 192.—3 Germ., C. 22. 4 Diod. Sic., 1. 3, c. 60, p. 220; 1. 4, c. 27, 272 5 Hygin., Fab. 192.6 Hesiod. Oper. et Dies, v. 3go. Virg. Georgic., 1. 1. Diod. Sic., 1. 3. Theon, p. 132. Hygin., 1. 2, c. 23. Germ. Cæs. c. 13, c, 22.

Cette filiation est tout allégorique, et elle à un fondement cosmique, si nous en croyons Théon', Ce savant entend par Atlas l'horizon qui termine la course de tous les astres, et qui les fait naître ; et par Pleionê, l'Océan du sein duquel tous les astres semblent sortir.Ceux qui entendent par Atlas le pôle trouveront encore ici leur compte. Car tous les astres naissent par la rotation apparente du ciel, qui porte les astres autour de l'essieu ou de l'axe du monde, atlas.

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On peut aussi entendre par Atlas quelque constellation circompolaire, telle que le bootès, qui a sa tête près de l'axe du monde et qui semble porter le ciel. Son coucher fait lever le taureau sur lequel sont placées les pléiades. Atlas était un des fils du ciel ou d'Uranus et de Clymène, fille de l'Océan avec Epiméthée et Prométhée. Le nom de ce dernier fut donné à l'Hercule Ingéniculus. Quant au nom de Pleioné, ceux qui le prennent pour l'Océan supposent qu'il désigne la navigation qu'indiquaient effectivement les pléiades 5.

D'autres font venir ce nom de pleion, mot qui signifie quantité et multitude, et que leur fit donner leur nombre et l'espèce d'attroupement qu'elles forment.

Ceux-ci dérivent ce nom de peleias, colombe, parce qu'elles semblent offrir l'image d'une troupe

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de pigeons, comme elles ont paru à quelques-uns présenter celles de petits poussins qui entourent une poule; ce qui leur a fait donner le surnom de poussinière et de gallina cum pullis suis. Théon les compare à une grappe de raisin'. Ceux-là cherchent l'étymologie de ce nom dans le mot grec polein, tourner; ce fut à cause d'elles, dit-on, que l'année elle-même, dont elles mesurent la durée, prit par excellence le nom de pleion'. Quoi qu'il en soit de l'origine de ce nom, on suppose qu'elles et Pleïoné, leur mère, furent forcées de se soustraire aux poursuites d'Orion qui les attaqua dans leur voyage en Béotie3, et qui voulait leur faire violence. Orion les poursuivit, sans pouvoir les joindre, pendant autant d'années que la révolution annuelle renferme de mois, ou pendant douze ans suivant les uns, et suivant d'autres pendant cinq. Jupiter, sensible à leurs malheurs, les plaça aux cieux sur la

queue du taureau qui donna naissance à leur persécuteur, lequel parait encore, dans les cieux les chasser devant lui vers le couchant *.

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Les différens levers et couchers des pléiades annonçaient les époques du temps les plus importantes à connaître pour le laboureur et pour le navigateur, et surtout du labourage et des récoltes 5, du chaud et du froid. Les Latins les appelaient vergilies, parce qu'elles se levaient à la suite de l'ouverture

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