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du printemps'. Leur dégagement des rayons solaires annonçait les chaleurs; leur coucher du matin, l'arrivée des froids de l'hiver; prérogative qui les distinguait des autres constellations, et qui les fit jouir d'une considération toute particulière 2. Théon fixe leur lever du matin depuis mai jusqu'au 23 juin; leur lever du soir depuis octobre jusqu'au 19 décembre. Leur lever du matin dure cinquante-deux jours aux environs de l'équinoxe de printemps. Le soleil est alors au dix-septième degré du taureau. Leur coucher du soir s'achève durant le même espace de temps après l'équinoxe d'automne, à l'arrivée du soleil dans le sagittaire.

Les pléiades sont proprement les astres indicatifs des temps. Leur lever du matin, continue Théon', annonce le commencement des chaleurs; leur coucher du matin, les travaux du labourage. On ne parle pas de leur coucher du soir qui arrive vers l'équinoxe, et qui n'est indicatif d'aucune opération importante. Quoique formées d'un assemblage d'étoiles très-petites et assez obscures, elles sont néanmoins très-connues et très-fameuses par l'utilité dont est aux hommes la connaissance de leurs levers et de leurs couchers différens. A leur lever commence la moisson; à leur coucher le labourage et les semailles. Elles se lèvent le matin au crépuscule vers le 25 du mois pharmuti qui répond à

1 Hyg., l. 2, c. 22. Germ. Cæs., c. 22. Theon, p. 132. Isidor., 1. 3, c. 47.2 Eratosth., c. 25. 3 Theon ad Arat. Phæn., p, 132-134-135.- 4 P. 134.

avril, le soleil étant alors au taureau. C'est alors que se fait la moisson chez les Egyptiens. Elles se lèvent le soir lorsque le soleil est au scorpion, au mois, athur qui répond à novembre; c'est la saison. du labourage. Elles se lèvent alors le soir, et sont visibles toute la nuit sur l'horizon. C'est Jupiter lui-même, dit Théon', qui les a ainsi placées, afin qu'elles fussent pour les mortels des annonces fidèles des révolutions des saisons, du commencement des étés et des hivers. Elles se couchent aussi le matin au mois athur lorsque l'hiver commence. Leur lever du soir ramène le froid, comme celui du matin ramène les temps chauds. Elles sont placées, ajoute Théon3, sur la partie postérieure du taureau, et elles se lèvent avec le bélier lorsque le soleil est à la fin de ce signe, au commencement des chaleurs, lorsqu'on moissonne les orges.

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Aratus, Cicéron son commentateur, Isidore de Séville, Festus Avienus, etc., parlent dans les mêmes termes des péliades ou vergilies, comme d'astres indicateurs des saisons, des travaux agricoles et de la navigation. Aussi Pindare les appelle orias. Elles tiennent le premier rang, dit Germanicus parmi les astres qui concourent au progrès de la végétation et aux récoltes des fruits. Elles renferment, dans l'intervalle de six mois que mesurent leurs différens levers, les moissons, les vendanges et la maturité de toutes les récoltes; elles mesurent

1. Theon, p. 135. 2 P. 117. 3P. 121.4 Aratus, v. 265.5 Isidor. Orig., 1. 3, c. 47.6 German., c. 42,

également les périodes successives de chaud et de froid, qui partagent en deux la durée de l'année.

Voilà à peu près les titres qui ont acquis aux pléiades une aussi grande célébrité chez les anciens. C'est donc sur ce groupe d'étoiles qu'il faut le plus souvent porter ses yeux dans l'explication de la mythologie. On y trouvera le plus grand nombre des nymphes qui figurent, sous différens noms, dans les fables sacrées. Nous allons rapporter les noms les plus connus qui nous aient été conservés, et qui doivent nous servir de guides dans l'analyse des fables où ces noms-là sont employés.

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On nomme ' Electre, Maia, Taygeté, Alcyone, Célano, Stéropè ou Astéropé et Mérope. Ces sept étoiles, dit Hygin appelées pléiades, ont été placées par les anciens astrologues sur la division du taureau et du bélier. C'est ce qui les a fait appeler par quelques-uns la queue du taureau. Elles sont connues chez nos Latins sous le nom de vergilies. Hygin nomme Calypso parmi les filles d'Atlas et de Pleionê . Plutarque en appelle une Pasiphaë".

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Germanicus César les fait aussi nourrices de Bacchus, comme les hyades. Il en fait, d'après l'autorité de Phérécyde, ses sœurs filles de Lycurgue, venues de l'île de Naxe.

La cosmogonie des Atlantes les fait filles d'Hes

1 Erat. c. 23. Diod. Sic., 1. 3, c. 60, p. 229. - 2 Hygin., 1. 2. c. 22; 1. 3, c. 20, German., c. 22. Hygin, fab, 192.

3 Hygin, Fab. I. 4 Plut. vit. Cleom. et Agid., p. 799

périe et d'Atlas, et leur donne indistinctement les noms d'hesperides et d'atlantides'. Hespérie, leur mère, était fille d'Hesperus, frère d'Atlas. Ce sont ces sept jeunes filles que Bousiris, roi d'Egypte avait chargé des pirates d'enlever. Mais Hercule tua ces brigands, et rendit les sept filles à leur père, comme nous l'avons vu dans notre explication des travaux d'Hercule ".

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Leur groupe eut encore différens noms chez différens peuples.

Hésychius nommele groupe des pléiades satilla 3. Chez les Chaldéens et les Hébreux on les appela athorage, athoraye.

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Chez les Arabes on les nomme althoraia, atauria, benath-algnasch, altorich, aldagageh. Sous leur aspect il était bon de se marier, de labourer la terre et d'entreprendre les voyages de mer.

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On les nomme aussi benat-el nauschi, les filles de la réunion.

Ulugbeigh', prince tartare et astronome, donne à l'extrémité boréale des pléiades le nom de wasatal-thuraia, et à l'extrémité australe celui d'al-thuraja.

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Hyde, dans son Commentaire sur Ulugbeigh 3, confirmant et expliquant la dénomination donnée aux pléiades par ce prince astronome, nous dit que

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Diod-Sic., l. 4, c. 27, p. 272. 2 Ci-dess, t. 2, l. 3, c. 1. 3 Hesych. v. Satill. Tab. Alph., p. 207. Haly-Ben-Ragel, -5 Rabbi Ben-Joseph. Astr. Arab. Kirk. OEdip., t. 1, p. 351. Bayer, t. 23.6 Ricciol., p. 125.-7 Ulugbeigh, p. 62-67. -8 Hyd. Com., p. 31-33.

les Coptes les appellent les six astres; les Arabes l'astre par excellence, al-negjim, les Syriens, chimo, les Perses, perv et pervinz, les Turcs, ulgher. D'Herbelot' prétend que le nom que leur donnaient les Perses pervinz, signifie un poisson. Kirker assure que les Hébreux les désignent par un mot qui signifie appui des temps et des périodes séculaires". La raison de cette dénomination est aisée à saisir. Ils leur donnaient aussi le nom de succoth-benoth, ou de poule avec ses poussins. C'est aussi sous ces traits que les peignent les Indiens qui les nomment pilladou codi; ils les appellent aussi cartiguey, et ils donnent ce même nom à un de leurs mois.

Cette dénomination de poussinière ou de poule avec ses poussins était familière aux Hébreux, si on en croit leurs rabbins. Ils prétendent que c'est cette constellation qui est désignée dans l'écriture sous les noms de chima3 et de succoth-benoth; que de même qu'ils appelaient le coq schevi, ils appelaient la poule succoth, et le mot benoth désigne ses petits. Nous sommes entrés, à cet égard, dans quelques détails à notre article des divinités syriennes. D'autres rabbins ont cru trouver, dans les pléiades appelées altoraia par les Arabes, la constellation désignée dans Job sous le nom d'aisch et de ses petits. Mais nous croyons qu'on doit plutôt la rapporter à la chèvre et à ses chevreaux dont nous par

Biblioth. orient., p. 997.-2 Kirker OEdip., t. 2, p. 356. Bailly Astr. anc. Disc. Prel., p. 30.- 4 Hyde Com., p. 3031. Kirk. OEdip., t. 1, p. 350. 5 Job., c. 38. 6 Ci-des., t. 5, 1. 3, c. 18.

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