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Parmi les étoiles du front du taureau, ou parmi les hyades, on en distingue une surtout remarquable par sa grosseur, son éclat et sa couleur rouge. Elle est placée sur l'oeil du taureau; et les Arabes la nomment aldebaran, debiron, addebiris', ain-altor, ou l'oeil du taureau 2.

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Hesychius l'appelle monosillé ; Ptolémée la nomme subruffa ou hypoeirros; d'autres lampidias les Hébreux adom..

Aldebaran est une des quatre étoiles royales: "aussi Riccioli l'appelle-t-il stella dominatrix ; il la nomme encore atin el-taur ou ain ^.

On fait les hyades filles du même père et de la même mère que les pléiades', et on leur donne pour frère Hyas, qui, ayant été à la chasse en Libye, fut mordu par un sanglier, comme Adonis, ou par un serpent, et périt. On remarquera que toutes les étoiles qui se couchent au lever du scorpion deviennent des héros fameux par leur mort, occasionée par la morsure d'un sanglier ou d'un ṣerpent. Cette mort les plongea dans la douleur, comme celle de Phaeton y avait plongé les héliades ses sœurs. Jupiter, touché de leur sort, les plaça

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aux cieux sous le nom d'hyades o.

On suppose aussi qu'elles furent poursuivies par Lycurgue, et qu'excepté Ambroisie, elles se jetè

1 Cæsar., p. 36.-2 Alfrag., c. 22, p. 103; p. 97-109. Alph., p. 207-223. Ulugbeigh, p. 62-67; et Hyde, p. 31-33. ' 3 Hesych.. Monos. -- 4 Bayer, tab. 23. Scalig., p. 435. 5 Ricciol., p. 125.-6 P. 125.7 Theon, p. 132. Hygin., 1. 2 C. 22.- 8 Germ., c. 13. Hygin, Fab. 192.

rent toutes dans les eaux '. Nous avons yu cette fiction dans Nonnus 2. Quant à l'exception faite en faveur d'Ambroisie qui ne se mêle point aux eaux, on aperçoit aisément l'allégorie.

Euripide, dans la tragédie d'Erechtée, ne compte que trois hyades qu'il fait filles d'Erechtée. Myrtile les fait naître de Cadmus ou du serpentaire qui, par son coucher, fait effectivement lever le taureau, et conséquemment les hyades 3.

Tous les auteurs s'accordent à y voir les nourrices de Bacchus ou du Dieu qui prend la double forme du serpent et du taureau, ou des signes de printemps et d'automne, saisons auxquelles présidaient les hyades.

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Columelle place à la veille des ides d'avril une disparition des étoiles appelées suculæ, ou des hyades. Il marque au quinze des calendes de mai le passage du soleil dans le taureau, accompagné de pluies, au quatorze des mêmes calendes un coucher du soir des mêmes hyades avec indication de pluies. Il fixe aux nones de mais le lever des hyades avec le soleil, accompagné du souffle du vent du nord, quelquefois du vent auster et de pluies. Columelle marque aux calendes de novembre, et les jours d'avant, le coucher de la tête du taureau, accompagné de pluies; au quatorze des calendes de décembre', le lever du matin des hya des

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1 Hygin, 1. 2, c. 22.- 2 Ci-dessus, t 4, 1. 3, c. 6.- Theon, p. 132. Germ. c. 13. 4 Colum, l. 11, c. 2, p. 425.—.5 Columell., l. 11, c. 2, p. 426.—6 P 433.7 P. 334.

avec indication de tempête; au douze des mêmes calendes, le coucher des cornes du taureau, vent de nord, froid et pluie; au onze, coucher du matin; à la veille des mêmes calendes, coucher total des mêmes hyades, le favonius ou l'auster soufflent. Il y a quelquefois de la pluie. Germanicus César 'marque au quatorze avant les calendes de mai un coucher du soir des hyades, accompagné de mouvemens orageux sur terre et sur mer. Il en est aussi question au douze des mêmes calendes sous le nom. d'astre parilicium.

Ceux qui comptent sept hyades, au lieu de cinq, ' comprennent sous ce nom les deux étoiles qui sont à la naissance des cornes 2.

TROISIEME. SIGNE.

GÉMEAUX.

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LES astronomes et les mythologues anciens ont placé dans ce signe les dioscures3, ou les deux frères gémeaux, fils de Tyndare, ou plutôt de l'épouse de Tyndare et de Jupiter *, connus dans la fable sous le nom de Castor et de Pollux 5, divinités tutélaires des navigateurs, adorés en Laconie et surtout à Samothrace ". Toute l'antiquité a vanté leur union fraternelle et leur amour pour la plus par

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1 Germ. Cæs., c. 42. 2 Hygin., 1. 3, c. 20. - 3 Eratosth., 4 Hygin., Fab. 155. - 5 Germ. Cæs., p. 9. Hygin., 6 Germ. ibid.

C. 10.

1. 2, c. 23.

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faite égalité entre eux; ce qui leur a mérité d'être placés aux cieux par Jupiter au nombre des astres les plus brillans '. Neptune crut aussi devoir les récompenser en leur donnant les chevaux dont ils se servent, et en leur accordant le privilége singulier de protéger les navigateurs contre les naufrages Je remarquerai ici que dans les monumens anciens, et même dans ceux du moyen-âge, on trouve encore les gémeaux avec des chevaux. Ils sont ainsi. représentés dans le monument trouvé dans l'église de Notre-Dame de Paris, lequel remonte au règne de Tibère, et sur le portail de l'église de Strasbourg. . Leur apparition bienfaisante les fit appeler des divinités salutaires ou des Dieux sauveurs . Nigidius les nomme les divinités de Samothrace, dont il n'est pas permis de révéler la nature, à cause du secret qu'exigent ceux qui président à ces redoutables mystères. Le même auteur prétend que Castor et Pollux, fils de Tyndare, furent honorés du titre de sauveurs après avoir rétabli la tranquillité sur les mers qu'infestaient les pirates. Compagnons de Jason et d'Hercule dans la fameuse expédition en Colchide, ils firent preuve du plus grand courage sur la mer au milieu des orages les plus violens; et sur la terre, en bravant toutes les fatigues et les dangers de la guerre. Jupiter, pour récompenser leur courage, les plaça aux cieux, et ils lui demandèrent de les fixer dans un lieu où ils

pus

1 Hygin., 1. 2, c. 23. 2 Diod. Sic., 1. 4, c. 43. —3 Germ.,

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sent encore servir les hommes, et veiller à leur con servation ce qui leur fut accordé; et encore aujourd'hui, leur vue inspire de la confiance aux mortels qui ont besoin de leur secours.

On raconte qu'Idas et Lynceus, fils d'Apharée de Messène, avaient pour amantes Phébé et Hilaria filles de Leucippe, deux jeunes filles d'une éclatante beauté. L'une, Phébé, était prêtresse de Minerye, et sa sœur prêtresse de Diane. Castor et Pollux en devinrent amoureux et les enlevèrent. Leurs amans prirent les armes pour les délivrer des mains des ravisseurs. Le combat s'engagea ; Castor tua Lyncée dans l'action. Idas, après la mort de son frère, abandonna ses armes et le soin de reprendre son amante, et il ne songea plus qu'à donner la sépulture à son malheureux frère. Tandis qu'il rassembait les débris de son corps et qu'il se préparait à lui élever un monument, Castor survint et voulut s'y opposer, disant qu'il l'avait terrassé comme il aurait fait d'une timide femme. Idas indigné tira son épée et l'enfonça dans l'aîne de Castor qu'il tua. A peine Pollux en fut instruit qu'il accourut pour venger son frère. Idas expira bientôt sous ses coups. Il s'occupa de suite de donner la sépulture à Castor. Comme il avait luimême reçu de Jupiter une étoile, tandis que son frère Castor n'en avait pas, parce qu'il était né du sang de Tyndare ainsi que Clytemnestre, au lieu que

1 Hygin., Fab, 80. Tat. Cont. Gent., p. 150. Ovide. Fast., Į. 5, v. 700.

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