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suite de la ligue que l'écrevisse avait formée contre lui avec l'hydre.

On distingue dans cette constellation quelques étoiles particulières. De ce nombre sont celles qu'on appelle les ânes que Bacchus a figurés sur deux étoiles de l'écaille de l'écrevisse 1. Ces deux étoiles sont placées près d'un autre amas d'étoiles connu sous le nom de la crèche 2.

La fable suppose que Bacchus, que Junon avait rendu furieux, errait çà et là dans la Thesphrotie, cherchant à arriver au temple de Jupiter à Dodone, afin d'en obtenir une réponse qui lui indiquât des moyens de guérison. Arrivé près d'un vaste marais qu'il ne pouvait passer, il rencontra deux ânes; et il en monta un et passa le marais sans se mouiller. Il gagna le temple de Dodone où il recouvra son bon sens. Il témoigna alors sa reconnaissance à ces ânes qui l'avaient si bien servi, et il les plaça au nombre des constellations. Quelquesuns même ajoutent qu'il gratifia celui qu'il avait monté dudon de la parole; don qui lui fut commun avec le fameux âne de Balaam. Dans la suite cet âne eut une dispute avec Priape, Dieu de la Nature, dont l'organe de la virilité rivalisait avec le sien; il fut vaincu et tué par lui. Bacchus, sensible à son malheur, le plaça aux cieux sur ce même cancer que Junon, son ennemie, y avait déjà placé.

1 Hyg., l. 2, c. 24. Theon, p. 197. Germ., c. 10. - 2 Erat., c. 11. Arat., v. 892.-3 Hygin., ibid. Lact., l. 1, c. 21. Germ.

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guerre

On donne à cette consécration une autre origine'. On pretend que, dans la des géans, Jupiter convoqua tous les Dieux, et que Bacchus, Vulcain, Silène et les satyres vinrent montés sur des ânes; qu'avant même qu'on se fût'approché, les ânes effrayés se mirent à braire. Le bruit qu'ils firent, et auquel les géans n'étaient point accoutumés inspira de l'effroi à ces ennemis des Dieux, qui prirent aussitôt la fuite et laissèrent la victoire aux habitans de l'Olympe. Les Dieux reconnaissans les placèrent avec leur étable parmi les constella

tions.

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On donne à là nébuleuse du cancer 2 le nom de phatne, prœsepe, ou de crèche ; on la place près des

ânes.

Le cancer a porté différens noms dans diverses langues.

Les Arabes et les Hébreux le nomment sertan, sartan, assartan, alsartan, assartano".

Les Syriens, sartono; les Perses, chercjengh; les Turcs, lenkutch, lenkitch, yenkuteb, yenkitch, ylenkutch, ylenkitch®.

Les Grecs l'appellent carcinos, opistobamos, octapous ou octipes, astacus, cammarus.

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1 Eratosth., c. 11. Hygin., ibid. 2 Eratosth., c. 11. Germ. Arat., v. 892-895. Germ., p. 7. Non., l. 1, v. 455. Procl. c. 16. Theon., p. 197. Achill. Tatt., c. 34. Hipparch., 1. 2, c. 26. Theocrit. Idyll. 22, v. 21. Plin., l. 18, c. 35. Alfrag., C. 22. 3 Epiph. adv. Hæres. Comm. d'Alfrag., p. 108. Bayer, tab. 25. .4 Ricciol., p. 127. 5 Cæs., p. 60. 6 Hyd. Comm. ad Ulugbeigh, p. 35.

TOME 1X.

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Les Italiens, granchio; ceux de Rome, granzo
Les Latins, cancer, nepa.

Les Allemands, krebs".

Les Indiens le nomment karjang en pelhvi3, et carcalla kam en langue brame *,

Blaeu le nomme nepa, astacus cammarus, cyllenium, vel Mercurii sidus; en italien, gammaro ; les Vénitiens l'appellent astase, Hésychius, Cabeiros, d'autres pagouros.

On donne, chez les Arabes 5, à la nébuleuse le nom de meeles, et celui de pesèbre o.

6

Ulugbeigh' lui donne ceux de m'alaph et de alnethra, et aux étoiles qui suivent, les noms de himárein ou al-himarân; ce sont les deux ânes.

Dans les serres droites du cancer, chela, on place trois petites étoiles; et dans les gauches, deux". On donne à ces serres le nom de acubène, azubene, zuben asartani.

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On fixe dans ce signe la huitième station de la lune, anachera qu'on appelle gueule de lion: d'autres la nomment alnethra et emphal-asad",

On donne au cancer l'épithète d'ardens ou de brûlant, de terme ou de borne de la course du soleil 12. Il est appelé aussi une des portes du ciel; c'est celle des hommes 15.

1

Cæs., c. 4, p. 60.

2 P. 59.3 Anquetil. 4 Gentil.
Ricciol.,
· P. 127. Bayer, Uran.,

5 Ptolémée Tetrab., c. 9. 6

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tab. 29. Ulugbeigh, p. 72-74. — 8 Hygin., 1. 3, c. 22. —

9 Bayer, 25. Scalig. 'in Manil., p. 309.10 Alfrag., p. 109.11 Hyde Comm. ad Ulugbeigh, p. 35. 12 Germ., c. I. —

13 Macrob. Som. Scip., l. 1.

C'est le domicile de la lune ', le lieu de l'exaltation de Jupiter, le siége de Mercure dans la distribution des signes entre les douze grands Dieux2. Ce signe était affecté à l'élément de l'eau.

Columelle fixe le coucher total du cancer au seize des calendes de février. Il est accompagné de froids. C'est un coucher du matin. Les Fastes d'Ovide marquent un coucher cosmique de ce même cancer, au trois des nones de janvier. Ce même coucher est marqué au même jour par Columelle; on y lit: Temps variable ".

Le treize avant les calendes de juillet, le même calendrier fixe l'entrée du soleil au cancer, accompagné de tempête; c'est au quinze que c'est au quinze que le fixe Ovide ". Enfin Columelle marque un coucher du milieu du cancer, pour la veille des nones, avec indication de chaleur.

CINQUIÈME SIGNE.

LION.

Tous les astronomes anciens ont dit que ce lion était l'animal fameux, dans l'histoire d'Hercule,

1 Macrob. Som. Scip., 1. 2.—

1. 11, c. 2, p. 427.

2 Manil., 1. 2, v. 438.-3 Col.,

4 Ovid. Fast., l. 1, v. 313. 5

7

Colum.,

p. 431-427.6 Fast., 1. 6, v. 727. - Colum., ibid., p. 428

sous le nom de lion de Némée, dont la défaite fut le résultat du premier travail de ce héros. Aussi a-t-il retenu le nom de Néméen ou de lion de Né

2

le

mée 2. On raconte qu'Hercule, seul et sans armes`, le terrassa et l'étrangla, et qu'il en porta la peau reste de sa vie, en mémoire de cette action glorieuse 5. On a vu, dans notre chapitre sur Hercule, que c'est par cette constellation que nous avons expliqué le premier travail de ce héros, et que c'est à ce signe que nous avons attaché le commencement de la série des douze travaux. Pisandre, auteur de l'Héracléide, et plusieurs autres auteurs, avaient écrit sur cet animal céleste, si l'on en croit Hygin* et Eratosthène. On disait qu'il avait été placé aux cieux, comme un monument destiné à rappeler le souvenir du premier travail d'Hercule". Nigidius prétendait qu'il avait été nourri dans la sphère de la lune par ordre de Junon, et que de-là il était tombé sur la terre, en Arcadie, où il s'était retiré dans une caverne près de Némée afin de surprendre et de faire périr Hercule. Mais ce héros, armé de la massue de Molochus son hôte, l'attaqua et le défit. Depuis ce moment la massue devint son arme,

la

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peau du lion vaincu lui tint lieu de bouclier le reste de sa vie. Ce premier trait de courage rendit Hercule cher aux mortels, et, au contraire, plus

1 Hygin.,l. 2, c. 25. Germ., c. 11. Erat., c. 12. Theon, p. 123. 2 Manil., 1. 4, v. 756; l. 2, v. 621; l. 3, v. 408; 1. 5, v. 204. -3 Eratosth., c. 12. Manil., 1. 2, v. 12. Manil., 1. 2, V. 32.*4 Hygin, 1. 2, c. 25. Eratosth., C. ' 12. Hygin, Fab. 30.

5 Germ., c. 11.

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