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Principium des, Jane, licet velocibus annis

Et revoces vultu sæcula longa tuo.

(Martial, Epig., 1. 8.)

Il présidait avec les saisons et les heures aux portes du ciel; et cette fonction lui fit donner le nom de Janitor ou de portier du ciel.

Præsideo foribus cœli, cum mitibus Horis;
Indè vocor Janus.

Il en avait les clés : « cum clavi figuratur, » dit Macrobe, Sat., 1. 1, c. 9. Et Ovide, Fast., l. 1, v. 99, le représente de même :

Ille tenens dextrâ baculum, clavemque sinistrâ.

Personne n'entrait au ciel s'il n'en ouvrait la porte.

Ovide lui demande pourquoi, dans tous les sacrifices faits aux autres Dieux, il recevait toujours les prémices de l'encens :

.... Cur, quamvis aliorum numina placem,
Jane, tibi primo thura, merumque fero.

Janus répond :

(V. 171.)

Ut per me possis aditum, qui lumina servo,
Ad quoscumque velis, prorsùs habere Deos.

Il était comme le chef de l'harmonie universelle.

Quidquid ubique vides, cœlum, mare, nubila, terras
Omnia sunt nostrâ clausa, patentque manu.

Me penes est unum vasti custodia mundi

Et jus vertendi cardinis omne meum est.

(V. 117.)

Comme l'année solaire et ses divisions recevaient de lui leur impulsion, il eut tout le cortège symbolique du génie du temps.

On mettait à ses pieds douze autels représentatifs des douze mois de l'année dont il faisait l'ouverture (Sat., 1. 1, c. 9). « Varro libro quinto Rerum divinarum scribit, dit Macrobe, Jano aras duodecim pro totidem mensibus dedicatas. » Il présentait dans ses mains le nombre trois cent soixante-cinq, égal à celui des jours de l'année (Ibid.) << Simulacrum ejus plerumque fingitur manu dexterâ trecentorum et sinistrâ sexaginta et quinque numerum retinens, ad demonstrandam anni dimensionem. » Pline en dit autant (Pline, 1. 34, c. 7): « Ut per significationem hanc anni, temporis et ævi se Deum indicaret. » On mettait, souvent aussi, près de lui un seul autel à quatre faces pour désigner, dit Plutarque (Plut. Quæst. Rom.), les quatre saisons de l'année. Quelquefois on désignait la même chose en donnant à sa statue quatre visages, dont les différens âges exprimaient ceux du temps.

Tous ces attributs symboliques du temps et leur explication se trouvent dans ce passage de Suidas sur Janus, dont voici la traduction latine : « Januarii simulacrum est quadriforme, ob quatuor anni conversiones. Alii fingunt dextrâ manu clavum gestantem, ut principem temporis, et aper

torem anni et Janitorem; alii dextrâ ejus nume— rum 300, in sinistrâ 65 tenentem, ut qui sit annus. >> Longin, dit-il, lui donne le nom d'Eonarius, c'est-à-dire de père des siècles et du temps.

Le premier des douze mois fut spécialement sous son inspection, et emprunta de lui son nom. Le commencement de tous les autres lui fut également consacré comme au père du temps et de ses divisions. Numa, dit Macrobe (1. 4, c. 43), donna au premier mois le nom de Janus, « et primum anni esse voluit, tanquam bicipitis Dei mensem. » Et ailleurs (c. 9): «Non solùm januarii mensis, sed omnium mensium ingressus tenet. >>

Il ne nous reste plus rien à désirer pour connaître la nature et les fonctions de Janus dans l'administration universelle du monde. Il s'agit maintenant, avec ces données, de déterminer le lieu qu'il occupe sur la voûte céleste parmi la foule des génies brillans qui la peuplent et forment le cortége du Dieu-soleil, qui s'avance toujours escorté des douze grandes intelligences qui président aux douze divisions de sa marche.

Janus doit se trouver à la tête et au point où commence la révolution des cieux, et qui ouvre la marche du temps qui circule dans le zodiaque, et effectivement il s'y trouve.

Pour nous en assurer, plaçons la sphère telle qu'elle s'offrait aux yeux de Numa lorsqu'il régla son année, et nous verrons que Janus est le premier astre qui monte sur l'horizon, et qui ramène la nouvelle période.

Le commencement de l'année romaine fut fixé, par Numa, peu de jours après le solstice d'hiver et à l'heure de minuit, comme on peut le voir dans Plutarque (Quest. Rom., p. 284), et dans Macrobe (Saturn., L. 1, C. 3).

Or, le capricorne dans lequel était alors le soleil, étant mis sous l'horizon au méridien inférieur, si nous considérons l'état du ciel en ce moment, et si nous tirons en quelque sorte l'horoscope de l'année, en regardant quel signe monte à l'orient, nous trouverons que c'est la vierge, le bouvier et le vaisseau céleste. Les vers d'Aratus nomment le vaisseau parmi les constellations qui se lèvent avec les extrémités de la vierge. Nous trouvons déjà là un des emblèmes astronomiques qui caractérisent Janus, la barque céleste, qui est aussi inséparable de lui que le sont ses clefs. Tout le monde sait que la monnaie romaine portait d'un côté l'empreinte de Janus à deux têtes, et de l'autre celle de sa barque : « Cùm primus æra Janus signaret, dit Macrobe (L. 1, C. 7), servarit ex unâ quidem parte sui capitis effigies, ex alterâ vero navis exprimeretur.>» De là l'expression des enfans dans leur jeu : «Aut capita, aut navia.»>

Ovide pareillement demande à Janus l'origine de l'usage de marquer ainsi la monnaie.

Cur navalis in ære

Altera signata est, altera forma biceps.

(Fast., I. 1, v. 129.)

Ces auteurs s'accordent à dire que ce vaisseau

était celui dans lequel Saturne, Dieu du temps, était arrivé en Italie; allusion manifeste à l'arrivée de l'année qu'annonçait le lever de cette constellation, et laquelle d'ailleurs commençait dans le signe du capricorne, domicile de la planète de Saturne où était alors le soleil. Dans la sphère des décans, rapportée par Scaliger, on voit vers le vingt-troisième degré de la vierge, un génie porté dans un vaisseau : « Vir naviculâ navigans.

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Il nous reste à trouver le navigateur ou l'homme à qui on attribuait la barque. Voyons ce que disent les anciens auteurs des étoiles de la constellation de la vierge ou de celles qui en sont voisines, telles que le bouvier connu sous le nom d'Icare. Plutarque nous dit que, parmi les étoiles qui brillent dans cette bande du ciel, est l'étoile Janus avec ses frères Hymnus, Faustus et Felix. Il les fait petits fils du bouvier ou d'Icare, par sa fille Erigone ou la vierge. Il le place peu loin de l'étoile appelée vendangeuse, et dit de Janus en particulier : <«< Janus prior stella oriens antè pedes virginis. >> (Parallel. p. 307).

Ainsi, toute la partie du ciel qui se trouve border circulairement l'horizon à l'instant précis où la révolution commence, se trouve liée à l'histoire et à la généalogie de Janus qui lui-même part le premier, et s'avance avec le vaisseau sur l'horizon. Peut-on douter après cela que ce ne soit là le génie lumineux qui ouvre la marche de l'année, qui ramène la nouvelle révolution, ouvre les portes de l'Olympe dont il tient les clefs, et qui donne une

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