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de leurs temples, parce que le débordement du Nil arrivait sous le signe du lion'. Il est évident que ce dernier emblème est celui des âges postérieurs, ou du temps auquel le lion se trouvait près du solstice d'été. Mais si la constellation du lion, signe que parcourait le soleil lors du débordement, fut prise pour symbole de ce même débordement, l'astrologie égyptienne fut donc liée avec l'état de la terre et du Nil en Egypte. Lorsque dans l'origine on établit ces rapports entre le ciel et la terre, il n'est pas étonnant qu'on ait dessiné un homme qui verse un fleuve, une urne percée et dont l'eau se répand, ou même simplement ce qu'ils appelaient vas aquarium, pour désigner la division du zodiaque où était le soleil pendant le fort de l'inondation. Les Grecs l'appellent calpé, l'urne; les latins amphora et urna; les Indiens coumbum, cruche; et en pelhvi del ou dol, le seau; c'est le délu des Arabes, le dolium des Latins, etc. Les trois vases dont parle ici Horus-Apollon, sont ceux des trois décans du signe :

Quas partes decimas dixere decania gentes.

(Manil., 1. 4, v. 294.)

C'est ainsi que sur les obélisques qui sont à Rome, le taureau équinoxial se trouve répété souvent trois fois aussi bien que le vautour céleste, génie du printemps et symbole du soleil. On mettait trois épis dans le signe de la vierge, et on peignait trois

1 Theon., p. 123.

béliers dans la case ou dans le signe du bélier; c'est ce qu'on voit en Egypte dans une grotte qui représente les sacrifices de l'équinoxe sous le bélier. Les sacrificateurs sont placés vis-à-vis d'un bûcher composé de trois piles de bois. Il y a dix morceaux à chacune, nombre égal à celui des degrés de chaque signe, et sur chaque pile est un petit bélier. Les prêtres touchent du bout du doigt l'extrémité des rayons solaires, et reçoivent le feu sacré'. Ainsi, cette triple répétition du même symbole ou du vas aquarium, prouve encore que c'est ici un emblème astronomique relatif à un des signes du zodiaque, divisé en trois parties. C'est aussi ce qui fait dire aux Perses, dans leur cosmogonie ou Boundesh, qu'il y a des astres à trois corps, tels que Taschter; et la mythologie grecque admet également des génies ou étoiles à trois corps, tels que Géryon.

Pendant le troisième mois, le cultivateur oisif, forcé de se retrancher sur ses digues, vit au milieu des eaux, et l'Egypte présente alors l'image d'une vaste mer au milieu de laquelle s'élèvent des villes qui semblent flotter au sein des ondes, ou, pour me servir des termes de Diodore, qu'on prendrait pour les îles Cyclades. Les Egyptiens comparèrent naturellement l'état d'inaction de cette vie aquatitique à celui des poissons; et peignirent dans le ciel un poisson ou même deux poissons enchaînés,

1 Montfaucon, 2 vol. suppl. après pl. 51. 2 Diod, Sicil., 1. 1, c. 38, p. 43-47.

tels que nous les voyons dans nos sphères. Le signe céleste que parcourait tous les ans le soleil à cette époque, était l'emblème simple et naturel de leur situation (p).

Vers l'équinoxe d'automne, le Nil se retire et rentre peu de temps après entièrement dans son lit; mais les eaux qu'il a laissées dans les endroits bas séjournent dans plusieurs lieux, et le sol nouvellement découvert ne présente qu'un limon gras qui n'a point encore de consistance pour qu'on y imprime le soc de la charrue. Aussi laissait-on la terre s'affermir après la retraite des eaux, suivant Diodore; et pendant ce temps l'Egyptien voyait croître l'herbe verte, et les troupeaux pouvaient déjà y trouver une abondante pâture 1. On lâchait donc les troupeaux, et leur entrée aux pâturages fut marquée dans les cieux par l'image d'un bélier ou du chef du troupeau.

Ce n'est que dans le cinquième mois, c'est-àdire en novembre, que commencent le labourage et les premiers travaux du peuple agriculteur. Diodore nous dit qu'on jette en novembre le blé sur le limon que le Nil a laissé dans les plaines, et qu'on le couvre en y traçant un sillon sans profondeur avec une charrue très-légère. Pline confirme également ce témoignage2 en réfutant l'opinion de ceux qui assuraient qu'on se bornait à faire remuer le limon humide par des pourceaux (g). Cela, dit-il, a pu être autrefois, mais aujourd'hui inarari cer

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tum est abjecta priùs semina in limo digressi amnis : hoc est novembri mense incipiente. A l'époque où nous considérons la sphère, le soleil en novembre parcourait le taureau céleste, et cet emblème ne fut placé dans les cieux que comme le symbole du commencement des travaux d'un peuple agricole. Non-seulement c'est l'idée que fait naître l'image du bœuf agriculteur; mais il est certain, par le témoignage d'Horus - Apollon rapporté ci-dessus, que le boeuf fut choisi en Egypte pour être le symbole des travaux Bovis masculi cornu depictum opus designat. Manilius' regarde aussi le taureau céleste comme le signe hieroglyphique des travaux rustiques,

Submittit aratris

Colla, jugumque suis poscit cervicibus ipse;
Ille suis Phœbi portat cum cornibns orbem,
Militiam indicit terris, et segnia rura

In veteres revocat cultus, Dux ipse laboris.

Les Egyptiens, qui, dans la suite, abrégèrent ces symboles, au lieu de peindre un boeuf en totalité, en peignirent seulement la corne, qui suffisait pour leur rappeler l'idée totale.

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La végétation * en Egypte est extrêmement prompte, suivant le témoignage de Diodore et de tous les voyageurs modernes. La terre, un mois après être ensemencée, ouvre son sein et montre au laboureur l'espérance de ses récoltes. Les pro

1 Manil., 1. 4, v. 142. 2 Adrian. Jun., t. 8. Antiq. Græc. coll., p. Collumell., 1. 3, c. 8.

ductions nouvelles et l'état d'enfance de la Nature ne pouvaient être mieux peints que par l'emblème de deux enfans naissans, ou même, suivant les sphères orientales, par deux jeunes chevreaux qu'une mère vient de mettre bas'.

Le soleil, après avoir parcouru ce signe, arri— vait au terme de son plus grand éloignement. Il avait paru au mois de juin sur la tête du peuple Egyptien; mais ensuite il n'avait cessé de s'en éloigner, comme s'il eût voulu fuir ce climat et menacer la terre d'une nuit éternelle. Arrivé enfin au solstice d'hiver, il cesse de s'abaisser, il revient sur ses pas pour regagner le point d'où il est parti par un retour vers nos climats, qui le ramène au commencement de sa carrière annuelle. Ce phénomène dut frapper singulièrement les premiers observateurs, et mérita d'être exprimé par un symbole imitatif. L'écrevisse fut l'emblème le plus naturel de cette marche rétrograde', et son image fut tracée dans la division du zodiaque, où le soleil entrait, lorsqu'il cessait de fuir, et qu'il rapportait la lumière et la vie en parcourant, en sens contraire, les mêmes degrés de hauteur qu'il avait parcourus d'abord en descendant du haut des cieux.

Cette époque du mouvement annuel du soleil fut la plus observée en Egypte, et le retour de cet astre vers le trône céleste y donna même naissance à des

Hyd. de vet. Pers. Rel., p. 39o. 2 Isidor. Orig., 1. 5;

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