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établie avec lui dans cette partie de la Grèce qu'on appelle île de Pélops ou Péloponèse, lui donna plu. sieurs enfans, entre autres Atrée et Thyeste. C'est ce dernier qui était possesseur du fameux bélier à toison d'or qui est aux cieux ', et dont l'image était en Grèce sur son tombeau❜. On voit par ce tableau abrégé que tous les acteurs de cette fable et leurs parens sont groupés autour de l'équinoxe de printemps et dans la partie du ciel opposée où sont les paranatellons du signe équinoxial. On ne peut méconnaître à ces caractères une fiction astronomique. Myrtile, précipité dans la mer, éprouve le sort de Phaëton précipité dans l'Eridan; et il est aussi Phaëton dans une autre fable.

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Myrtile avait son tombeau en Grèce, que Pélops lui avait fait construire pour apaiser ses mânes après sa mort 3. C'est sur ce tombeau qu'il lui sacrifia, et il lui donna le surnom de taraxippus, nom qui rappelait la ruse qu'il avait employée pour effaroucher les chevaux d'OEnomaüs. Les Phénéates qui prétendaient avoir retrouvé le cadavre de Myrtile que les flots avaient rejeté sur le rivage, et l'avoir enterré chez eux, sacrifiaient tous les ans pendant la nuit à Myrtile1. On sait que les Phénéates honoraient surtout Mercure, et que Myrtile passait pour être le fils de ce Dieu 5. On prétend que c'est lui qui donna son nom à la mer Myrtéenne, dans laquelle il fut précipité. Cette aventure mythologique de

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'Lucian. de Astrol., p. 989. Pausan. Corinth., p. 60. 3 Heliac. 1. p. 199-148. Arcad., p. 249. 4 5 lbid.

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Pélops, d'OEnomaüs et de Myrtile était représentée dans le temple d'Olympie '.

Quelques auteurs appellent ce cocher Orsilochus l'Argien, qui le premier inventa les chars, lequel fut à ce titre transporté aux cieux'. On fait Orsilochus fils de Dioclès, fils lui-même d'Alphée qui coule en Elide 2.

D'autres le nomment Cillas, cocher de Pélops luimême ; ceux-ci Sphæreus, cocher du même Pélops. C'était la tradition des habitans de Trézène". Il avait son tombeau dans l'île Sphérée ou Sacrée, vis-à-vis Trézène ".

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Il est des traditions qui en font Rrochilus", fils de Callithée, prêtresse d'Argos, lequel avait le premier attelé les chars à quatre chevaux.

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On disait que Trochilus était un hiérophante qui s'était sauvé d'Argos pour se soustraire à la haine d'Agénor, et qui avait passé dans l'Attique où il avait épousé une femme d'Eleusis, dont il avait eu Triptolème, un des deux jumeaux qui se lèvent à la suite du cocher': Je soupçonne qu'il est le Trochilus ou Troilus qui fut traîné par ses chevaux, étant mort sur son char 1o.

Plusieurs y ont vu le fameux vainqueur de la Chimère, Bellerophon", et c'est par lui que l'on pourra

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Heliac. 1, p. 157.- Hygin, I. 2, c. 14.3 Pausan. Heliac. 1, p. 140. 4P. 157. Theon, p. 126. — 5 Ibib. 6 Ibib. Corinth., p. 75. - 7 Theon, p. 124. — 8 Pausant. Attic., p. 13. — Hyg., l. 2, c. 23. —1o Virg. Æneid, l. 1. v. 480. • Theon, p. 124.

expliquer la fable faite sur Bellerophon, monté sur le cheval Pégase, qui précède le lever du cocher Bellerophon. Ce dernier tient en sa main la chèvre qui entre dans la composition de la Chimère, monstre astronomique formé du lion solsticial et des deux paranatellons des équinoxes, le cocher et la chèvre d'un côté, et le serpent du serpentaire de l'autre '. Ce monstre symbolique fut formé dans les mêmes principes que le Cerbère dont nous avons parlé à notre article Sérapis; aussi le disait-on né des mêmes parens'. Bellerophon avait son tombeau à Corinthe, près du temple de Vénus Mélanie et du tombeau de Laïs 3. C'était Minerve qui avait rendu le Pégase souple à la volonté de Bellerophon*. On faisait ce héros fils de Neptune et d'Eurynome 5, nymphe qui emprunte ses formes du poisson austral sur lequel est Pégase, et qui précède le cocher dans son lever.

Bellerophon était fameux dans les traditions de Trézène, comme le cocher céleste connu sous le nom d'Hippolyte en ces lieux. Ceux de Trézène montraient chez eux une fontaine d'Hippocrène à l'imitation de celle de Béotie; et qu'on disait également avoir été ouverte par un coup de pied du Pégase que montait Bellerophon lorsqu'il vint dans ces lieux demander en mariage Ethra, fille de Pithée et mère de Thésée. Bellerophon était honoré

'Hesiod. Theon, v. 320.-2 Hesiod., ibid.-3 Paus. Corinth., p. 45. Ibid., p. 47.5 Hygin. Fab. 157.

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Corinth., p. 74.

Pausan.,

dans ces lieux sous le nom d'Hippolyte, fils de Thésée', que ces peuples plaçaient dans la constellation du cocher céleste, et à qui ils sacrifiaient tous les ans. On trouvera dans Apollodore' l'histoire de Bellerophon et de la Chimère, ou du soleil peint avec les attributs du cocher céleste, et voyageant dans la partie septentrionale du monde. On lui attribue les mêmes aventures qu'à Hippolyte; car il fut accusé par Sténobée, femme de Prætus, d'avoir voulu lui faire violence, comme Hippolyte l'avait été par Phèdre, femme de Thésée; quoiqu'il eût rejeté les avances qu'avait faites près de lui cette femme qui en était devenue éperdument amoureuse, et qui, outrée d'un refus, avait employé contre lui les armes de la calomnie pour le perdre. Le cocher avait, sous son nom d'Hippolyte, des tombeaux à Athènes et à Trézène 3. Son temple n'était pas éloigné, dans cette première ville, de celui d'Esculape ou d'Ophiucus nourri par la chèvre que tient le cocher, et qui porta aussi le nom de Thésée, père d'Hippolyte *. Ce jeune infortuné avait été traîné par ses chevaux effrayés comme ceux de Phaëton, autre nom du cocher, par la vue d'un monstre redoutable. On voyait aussi à Trézène la maison et le stade ou Hippolyte faisait courir ses chevaux lorsque Phèdre en devint amoureuse 5. Le tombeau de Phèdre était à peu de distance de celui d'Hippolyte.

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D'autres auteurs y ont placé la plupart des héros

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'P. 174. Apollod., 1. 2. - 3 Pausan. Attic., p. 19. 4 Theon, p. 116.5 Pausan. Corinth. 75.

qui ont passé dans l'antiquité pour avoir inventé les chars à quatre chevaux, ou pour s'être signalés dans l'art de les conduire, tels que Péléthronius', Phaëton, fils du soleil, OEnomaüs, fils d'Astérie, une des atlantides, Amphiarus, fils d'Oïclus, Salmonée, etc.

Mais parmi tous ces noms, le plus fameux est celui de Phaeton, fils du soleil et de Clymène, célèbre par sa chute des cieux dans le fleuve Eridan où il fut précipité au moment où ses chevaux furent effrayés par la vue du scorpion céleste; lequel par son lever fait toujours coucher le cocher et l'Eridan céleste.

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Nous avons déjà expliqué cette fable dans une lettre imprimée dans le Journal des savans 3. Nous allons la rapporter ici avec les corrections que nous avons jugées nécessaires. Le cocher, sous son nom de Phaeton, va nous fournir une nouvelle preuve du génie allégorique des fables. En effet, on explique celle de Phaëton de la manière la plus satisfaisante en se servant de la constellation du cocher. Lorsque cette constellation était placée dans les limites équinoxiales, elle marquait par son lever héliaque l'équinoxe du printemps, le retour de la lumière et de la chaleur, le commencement de l'année et de la végétation. Elle fut adorée souvent comme renfermant la nourrice de Jupiter ou du Dieu de la foudre; nous ne la considérons ici que

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1 Hygin., Fab. 274. Cæsius, c. 9, p. 125. Hygin, Fab. 250,- Journ; déc. 1779.

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