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inquiète et se mit à sa recherche. Moera, chien d'lcare, revint à la maison en hurlant comme s'il eût pleuré la mort de son maître, et par là il donna à Erigone de violens soupçons sur la mort de son père, dont une absence aussi longue lui avait déjà fait pressentir le triste sort. Le chien, fidèle au souvenir de son maître, prend Érigone par les les pans sa robe, et la conduit au lieu où était le cadavre, Dès qu'elle apercut son père, dans le désespoir, l'abandon et la misère où elle se trouva après avoir versé des torrens de larmes, elle ne vit d'autres ressources que de se pendre aux branches de l'arbre au pied duquel on avait enterré Icare. D'autres disent qu'elle se jeta dans le puits où il était, puits qu'on nommait anigrus, et dont personne ne but plus dans la suite. Jupiter, touché de leur sort, les plaça aux cieux. D'autres disent que ce fut Bacchus. Icare devint le bootès; Erigone la vierge, et leur chien Moera, la canicule ou procyon qui se lève avant le grand chien. Cependant une foule de filles athéniennes se pendaient tous les jours, parce qu'Erigone en mourant avait demandé aux Dieux qu'elles mourussent de la même mort dont elle était morte elle-même, si l'on ne vengeait sa mort. Ce fut en conséquence de cela que, guidés par l'oracle d'Apollon, ils instituèrent des fêtes où on se balançait dans l'air, comme avait fait le corps d'Erigone. Ce sacrifice solennel, adopté par les particuliers et par l'Etat, se nomma alétis, parce qu'Erigone, cherchant dans la solitude avec son chien le père

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qu'elle avait perdu, ressemblait aux mendians que les grecs nomment aletides. On donna à Erigone les noms d'Aliora et d'Alétis. On la faisait quelquefois fille d'Egisthe et mère de Penthilus, et l'on célébrait en son honneur les fêtes aiora3

brûlait

On ajoute que la canicule, par son lever, les campagnes et les fruits de l'Attique, et produisait des maladies contagieuses. Aristée, fils d'Apollon et de Cyrène, placé dans le verseau avec lequel se lève le bootès * Icare, et qui monte le soir au solstice de l'été, au lever du matin de la canicule, consulta les Dieux pour connaître le moyen d'apaiser ces fléaux. Il lui fut répondu qu'il devait chercher à apaiser les mânes d'Icare, du bootès ou de la constellation qui ramène le frais de l'automne, et demander à Jupiter que les vents étésiens soufflassent au lever de la canicule pendant quarante jours. C'est à peu près le temps que les calendriers anciens mettent entre le lever du procyon et celui du bootès. Aristée obéit à l'oracle et obtint l'effet de sa demande.

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Enfin, il est une autre tradition qui fait du bootès un fils de Cérès ou de la vierge céleste; c'est l'inverse de celle qui fait la vierge, sous le nom d'Erigone, fille du bouvier ou d'Icare. Malgré la différence des filiations, le fondement astronomiqué est le même. On suppose que Cérès coucha avec

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,Eratosth., c. 3. Pausan. Corinth, p. 6o.3 Moeurs. Græc Feriat., p. 10. - Ovid: Fast., l. 2, v. 155.5 German, 4 V. c. 42.6 Hyg., 1. 2, c. 5.

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Jasion, fils d'Electre et de Corithus, qui, à cause de cela, fut frappé de la foudre. Il en naquit-deux fils, Philomèle et Plutus. Ce dernier,qui était le plus riche, ne fit point de part de ses biens à son père. Philomèle fut obligé de vendre le peu qu'il avait pour acheter deux boeufs, et il fabriqua un chariot auquel il les attela. Ce sont les boeufs d'Icare. Il laboura la terre, et, par la culture qu'il lui donna, il trouva le moyen de subsister. Cérès, pleine d'admiration pour ses talens agricoles, le plaçaaux cieux. où il a l'air de labourer, et elle lui donna le nom de bouvier. On fait naître de lui Pareas qui donna son nom à la ville de Paron...

Pour peu qu'on veuille faire réflexion sur la position qu'a aux cieux le bootès, et sur les rapports qui le lient aux vendanges et aux moissons, il ne sera pas difficile de reconnaître quel a été le fondement des allégories faites sur cette constellation.

Plutarque' raconte l'histoire du bootès sous le nom d'Icare, à quelques circonstances près de différencé. C'est Saturne ou le Dieu du temps et de la planète qui a son exaltation à la balance près du bootes, et son domicile au capricorne et au verseau, qu'il fait arriver chez Icare. Celui-ci avait une fille d'une rare beauté, nommée Entoria, dont il eut pour fils Janus, Hymnus, Fautus et Félix. Le reste de l'histoire d'Icare est à peu près tel que nous l'avons raconté, à l'exception de ce qu'il dit des fils de la fille d'Icare, qui se pendirent aussi. Saturne les plaça 1 Plutarch. Parallel., t. 2, p. 307.

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tous aux cieux. Les uns devinrent la yendangeuse ou l'étoile de la vierge, connue sous ce nom; et Janus est une étoile près des pieds de la vierge, qui les précède dans son lever. On a vu dans notre article Janus l'usage. que nous faisions de cette dénomination astronomique. Voilà à peu près quelles ont été les différentes fables sur les bootès ou sur la constellation placée au nord du signe de la vierge, et qui monte sur l'horizon avec elle et avec le vais...seau appelé l'arche de Noë; de ce Noë qui avait pour femme Barthenos1 nom fort approchant de Parthenos, qui est celui de la vierge.

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On distingué principalement dans la constellation du bouvier une étoile rougeâtre de la première grandeur, connue dans tous les calendriers anciens sous le nom d'arcturus; étoile aussi observée des laboureurs qu'elle l'était des navigateurs. Cette étoile est placée sur le prolongement de la queue de la grande ourse, à peu près au milieu de l'intervalle qui sépare l'extrémité de l'ourse de l'épi de la vierge. Elle se lève aux approches de l'automne3; elle semble appartenir à la partie inférieure de la ceinture du bouvier arcturi oura; elle est placée entre ses cuisses. On a étendu quelquefois cette dénomination d'arcturus à toute la constellation. On donna aussi à la belle étoile arcturus le nom d'eosphoros ou de lucifer".

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Epiph. adv. Hæres., c. 26 Virg. Georg., 1. 1, v. 204. Isidor. Orig., 1. 3, c. 47. — 4 Hyg., I. 3, c. 3. Arat., v. 95.5 German. c. 7. Eratosth., c. 8. Procl., c. 6. Theon, p. 168 Germ., p. 8.6 Theon, p. 1487 Jonna .Tzetès. Hyd. Comm., p. 15.

On distingue encore les étoiles du sceptre ou de l'aiguillon du bouyier, et on les nomme collorobos", ropalos.

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Nigidius donnait à la constellation du bouvier le nom d'orus ou de nourricier d'Orus, fils d'Osiris et .de la vierge Isis'; Théon celui de protrygétès3. Cette constellation a porté plusieurs noms, dont voici les principaux, tels que les donnent Blaeü, Riccioli, Bayer, Stoffler et Scaliger :

Bootis, bubulus, bubuleus, tardibubulcus, pastor, custos boum currum trahentium, clamans clamator, vociferator. Je crois que ces derniers mots sont une mauvaise traduction du mot bootès, qui signfie, non pas clamans ou boans, mais bouvier. On le nomine plaustri custos, ursæ custos erymanthidos, arcturus, arcturus minor, septentrio, Lycaon, Orion, plorans, venator ursæ, insectans ursam, arctophilax, custos arcti et ursarum, hastatuz, lanceator, canis, molossus lairans, sidus horridum, sagittifer, cheguius, ceginus, thegius, deferens lanceam

La plus boréale des étoiles de la jambe gauche se nomme muphrid al-rámik; celle d'entre les cuisses, simák al-rami

Les Arabes, traduisant par clamans le mot bootès, l'ont appelé auwa, vociferator . Ils le peignent

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Hipp., I. 2, c. 23. Theon, p. 117. almas. ann. Clim., p. 594.3 Theon, p. 148.4 Gasius, c. 11, p. 136. Bayer, tab. 5. Kicciol., p. 125-127. Stoffl,, c. 14, p. 106. Scalig., P. 429.5 Alfrag., c. 22.6 Ulugbeig., p. 22. 7 Hyd. Comm., 8, 15-16.

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