Images de page
PDF
ePub

divers noms de Proserpine chez les Grees et chez les Latins. Néanmoins ce n'est pas sur ce fondement que nous établissons notre théorie sur Proserpine, Il nous faut montrer, par notre méthode ordinaire, que cette couronne est celle de Proserpine, parce qu'elle explique tout ce qu'on dit des anciens sur Proserpine, et même les choses les plus disparates.

On sait que Proserpine était fille de Cérès. Dans notre système, les filiations des génies-étoiles sont la plupart fondées sur la succession des levers et des couchers. Cette clef, qui nous a déjà servi si utilement dans tant de fables, nous sert encore à expliquer la filiation de Proserpine. La couronne boréale que j'appelle celle de Proserpine se lève immédiatement à la suite de la vierge et de son épi, et ce signe est censé lui donner la naissance, et la ramener sur l'horizon. Mais la vierge, en astronomie, porte le nom de Cérès et de spicifera. Hygin nous dit de cette constellation qu'on la nomma Cérès. Germanicus César l'appelle aussi Cérès. Enfin, dans l'horoscope que le vieux Astreus tire de Cérès et de Proserpine, il dit à Cérès qu'elle est désignée dans les cieux par la vierge et par son épi1, et que l'ascension de ce signe annonce Cérès qui présidera aux moissons. Il est donc assez vraisemblable que la filiation de Persephone et son union à Cérès sont fondées entièrement sur les aspects et la succession des levers, dont l'un produit toujours celui de l'autre. Elle suit de si près la vierge, que Manilius les unit

t

! Nonnus Dionys, 1.6, v. 102,000

ensemble dans leur ascension, et fait lever la couronne avec les quinze derniers degrés de la vierge céleste; ce qui peut avoir lieu vers le quarantième degré de latitude septentrionale '.

Voilà donc déjà un des traits de Persophone qui convient perfaitement à la couronne boréale.

En Phénicie et en Égypte, elle ne se levait qu'avec les dernières étoiles de la vierge et avec les premiers degré de la balance, signe sur lequel elle est placée; et lorsque le soleil parcourait ce signe, elle était alors en conjonction avec cet astre, et se levait cosmiquement'. Cétait précisément dans ce temps que se célébraient les grands mystères de ces Déesses, lorsque la vierge finissait de se lever héliaquement ou sous la balance : « Circà libræ

signum, Cereri ac Proserpinæ augusta illa et ar« cana mysteria instaurari solent3.

On a trouvé à Rome une statue sur la ceinture de laquelle est représenté l'enlèvement de Proserpine*. Cette Déesse et le char qui l'enlève sont placés sur un bas-relief où sont tracés les douze signes du zodiaque; et la place qu'elle y occupe avec son char répond à la vierge et à la balance, c'est-à-dire qu'elle répond aux mêmes signes auxquels elle répond dans le ciel. On y voit aussi, près du char, sur le signe suivant, un Hercule armé de sa massue; et il est impossible d'y méconnaître l'Hercule céleste placé pareillement dans les cieux à côté de la

[ocr errors]

2

Manil., 1. 5, v. 249. Theon, p. 169.-3 Julian. Orat. 5, 4 Alcand. Jun. et Montfauc., t. 1,pl. 41, fig. 1.

:

couronne boréale, à laquelle il est uni sous le nom de Thésée aussi elle porte le nom de couronne de Thésée qui figure comme un des acteurs de cet enlèvement dans la fable de Thésée et de Pirithoüs':

[ocr errors]

Peu de jours après que le soleil était arrivé à la constellation du scorpion, la couronne boréale, le serpentaire et son serpent se couchaient héliaquement, descendaient au sein des flots de la mer d'Hespérie, et disparaissaient aux yeux d'un Phénicien, sur la Sicile. C'est précisément où l'on plaçait la scène de son enlèvement. Orphée même suppose que Pluton l'enleva le soir, à travers la mer ou à travers l'Océan; et le même auteur fixe en automne ses noces avec le Dieu des enfers, automnalis desponsata3. Aussi était-ce en octobre qu'on célébrait la fête de l'enlèvement de Proserpine au lever du soir du taureau céleste, auquel ce mariage avec Jupiter-serpent donne naissance. Le taureau se levaiten effet au coucher du serpent et de la couronne1. C'était alors que se couchait la couronne, au lever du soir du taureau dont les pleïades, vergiliæ, font partie. C'était au commencement des semailles auxquelles Proserpine présidait au lever du taureau et des pleïades qui, dans le calendrier rural, fixaient cette époque importante. Diodore de Sicile, nous dit aussi que la recherche de Cérès se célébrait au temps des semailles.

3

Théon unit dans leurs aspects la couronne bo

[ocr errors]

! Cedren., p. 81. - Jules Firmic. de Prol. Relig. 17. — Orph., Hym. in Pherseph. Poet. Græc. Plut. de Isid., p. 378.5 Theon., p. 135. Diod. Lic., 1. 5.

réale et la queue du taureau ou les pleïades', et il fait lever la moitié de la couronne avec la balance.

[ocr errors]

Peu de jours auparavant, la couronne précédait le char du soleil, et fixait, par son lever héliaque, le passage de cet astre dans les signes inférieurs" et le commencement du règne de la nuit et de l'empire de Pluton. Elle était donc alors comme le génie des signes inférieurs auxquels elle présidait conjointement avec le serpent. Voilà pourquoi elle était regardée comme la reine du Tartare ou l'hémisphère inférieur et de nos antipodes : aussi Macrobe dit-il « Physici tarræ superius hemispherium, cu«<jus partem incolimus, Veneris appellatione co«<luerunt : inferius verò hemispherium terræ Pro<< serpinam vocaverunt. Ergo apud Assyrios sive « Phænices, lugens inducitur Venus quòd sol, an« nuo gressu, per duodecim signorum ordinem << pergens, partem quoque hesmispherii inferioris ingreditur, quià de duodecim signis zodiaci, sex «< superoria, sex inferiora censentur, et cum est in inferioribus, et ideò breviores dies facit, lugere «< creditur Dea, tanquam sole raptu mortis tempo«<ralis à Proserpinâ retento »3. Voilà pourquoi Proserpine portait le nom de Juno infera. On sait également que l'oracle de Claros donne le titre de Jupiter inferus ou d'adés au soleil, lorsqu'il parcourt les signes inférieurs. Ainsi, l'union de la couronne avec le soleil lorsqu'il passe dans le règne inférieur,

"

[ocr errors]
[ocr errors]

! Theon, p. 169. - Columell., 1. 11, c. 2, p. 431.3 Macrob. Sat., l. 1, c. 21.

et qu'il va échauffer le côté du pôle qui est sous nos pieds, est aussi naturelle que celle de Proserpine avec le roi du Tartare; car, par Pluton l'on doit entendre le soleil peint avec les formes d'Ophiucus et et de son serpent, comme nous l'avons prouvé cidessus.

+

Dans le calendrier rural, cette constellation déterminait le temps des semailles, auxquelles elle présidait, et on l'invoquait comme le génie dépositaire de la force germinatrice qui se développe dans le sein de la terre. Ce rapport à la terre et à la végétation obscure qui s'opère alors dans son sein, lui fit donner l'épithète de chtonia on de terreste qui lui était commune avec Pluton : « Genitabilem et «alendo aptum spiritum stoïci de sacris disputando

[ocr errors]

Dyonisium nominant..... Cererem vero et Proser« pinam spiritum per terram et fruges permean« tem »1. Cicéron, en parlant de ceux qui définissaient leurs Dieux d'une manière incomplète, en ne considérant qu'un attribut particulier et une de leurs fonctions principalès, nous dit : « Pluto Pro

"

serpinam rapuit, quæ Persephon græcè nomina«natur, quam frugum semen esse volunt'. » Porphyre nous en donne une idée encore plus juste:

«

Proserpina omnium ex semente nascentium prae«ses3.» Augustin, nous développant les idées théologiques des anciens sur Proserpine, nous dit d'après Varron: In Cereris sacris prædicantur

2

Cic. de Nat. Deor., 1.2, c. 26. Cicer., ibid. - Porphyr.

de Ant. Nymph. — 4 August. de Civ. Dei, 1. 7.

« PrécédentContinuer »