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« illa eleusinia quæ apud Athenienses nobilissima fuerent, de quibus Varro nihil interpretatur, nisi « quod attinet ad frumentum, quod Ceres invenit; «et Proserpinam quam; rapiente orco, prodidit, « et hanc ipsam dicit significare fæcunditatem semi« num..... Dicit deindè multa in ejus mysteriis « tradi, quæ nisi ad frumenti inventionem non per«tinant. » Il dit ailleurs : « Proserpinam Deam « existimatam frumentis germinantibus; » et dans un autre endroit : « Eam esse terræ inferiorem par« tem: » deux traditions qui se concilient dans notre théorie.

Eusèbe donne aussi une explication fort approchante de la nôtre. « Proserpina seminum virtus «est Pluto vero sol, qui tempore hyemis remo«tiorem mundi partem perlustrat. Idcirco raptam « ab eo Proserpinam dicunt, quam Ceres sub terrâ «< latentem quæritat. » C'est bien là notre système, qui fait de Pluton le soleil peint avec les attributs de la constellation dans la quelle le soleil se trouve en automne, et qui, par son coucher accompagné de celui de la couronne, fixe l'époque où il va éclairer l'hémisphère inférieur, les régions australes et le pôle. « Quem sub pedibus Stix atra videt manesque profundi'. »

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Proserpine, qui par son lever héliaque déterminait le passage du soleil aux régions australes et à l'hémisphère inférieur, déterminait six mois après, par son lever du soir, le retour de cet astre vers

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1 Euseb. Præp. Ev., 1.3.Virg. Georg., 1. 2, v. 241.

nos régions, lorsque l'astre du jour ramenait la lumière dans nos climats. Ovide fixe ce lever' au 8 des ides de mars, quatorze jours ou une demi-lunaison avant l'arrivée du soleil au bélier. Alors la couronne présidait à l'hémisphère supérieur ou boréal, règne de la lumière, et fixait les moissons égyptiennes qui se font à cette époque. De là cette fable qui suppose qu'elle était six mois aux enfers et six mois dans le ciel, avec Cérès sa mère. Il devait donc y avoir deux fêtes de Proserpine, l'une au printemps, l'autre en automne. Aussi l'empereur Julien les distingue bien?; et il appelle les unes celles du belier, et les autres celles de la balance. «Sanè mysteria bis in honorem Cereris athenienses « celebrant. Primum parva illa mysteria cùm sol << arietem pervadit; majora cùm in Chelis versatur. » Il ajoute que ces dernières étaient des fêtes lugubres, de deuil, d'abstinence. Plutarque en dit autant, et Phornutus opposant entre elles ces fêtes, dit à peu près la même chose : « Proserpinam om«nium abstinentiâ colant. Nam jejunabant in hono« rem Cereris... Nam quum aliquando reifrumen« tariæ penuriam immitteret Dea, post sementem « propriis usibus detraxerunt quindam, ut semi<< nandi tempore festum Deæ celebrarent. At verno « tempore Deæ virentem herbam cum lusu et gau<< dio sacrificant videntes illam vigorem immittere « segeti et abundentia spem protendere. » Salluste le philosophe oppose aussi les fêtes lugubres d'au'Ovid., Fast., 1. 3, v. 459. Julian. Orat. 9.

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tomne, célébrées en honneur de Cérès, aux fêtes agréables du printemps.

Les habitans de l'île de Naxe avaient égalenent deux fêtes d'Ariadne, l'une en septembre, qui était une fête de deuil, et l'autre gaie, vraisemblablement celle du printemps'. Or, l'Ariadne des habitans de Naxe est la Proserpine des Grecs, et les fêtes célébrées dans le même temps avaient pour commun fondement la même apparence astronomique.

Un trait de la vie de Proserpine, qui présente en apparence les absurdités les plus étranges, s'explique de la manière la plus simple par l'astronomie. Jupiter amoureux de Cérès ne trouve d'autre moyen pour obtenir ses faveurs que de se métamorphoser en taureau. Sous cette forme il trompe la Déesse : elle s'irrite de sa témérité. Pour l'apaiser il lui présente les testicules d'un bélier qu'il a coupés, et lui 'fait croire qu'il s'est mutilé lui-même. De cette union naît Proserpine. Jupiter en devient amoureux ensuite, et s'unit à elle sous la forme d'un grand serpent. De ce mariage naquit un taureau; de ma

nie qu'on donnait aux initiés dans les mystères de Cérès, cette énigme mystérieuse : « Le taureau engendre le serpent, et le serpent à son tour engendre le taureau. » Clément d'Alexandrie, Eusèbe, Arnobe', Athénagore3 et Tatien*, rapportent tous cette doctrine secrète des initiations qu'ils regardent

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Plut. vit. Thesei. Arnob., 1. 5.3 Athenag. Lig., P. 77.4 Tat. Contr. Gent., p. 143.

comme l'opinion la plus monstrueuse en fait de religion. C'est en effet l'idée qu'elle présente au premier aspect.

Mais cette théologie monstreuse reçoit un sens dans notre théorie, et l'explication qui en résulte jette un jour nouveau sur les mystères anciens.

Nous avons dit que la couronne boréale se levait acroniquement ou le soir au printemps, lorsque le soleil approchait de la constellation du bélier. Cette époque importante était fixée le matin par le cou cher de la vierge ou de la Cérès céleste, et le soir par celui du taureau qui se couchait au même endroit qu'elle, et qui donnait par là naissance à la couronne et au serpent qui montaient alors sur l'horizon. C'est cette phase astronomique qui arrivant près du bélier, donna lieu à l'allégorie de l'union de Jupiter-taureau fécondant Cérès, et jetant dans son sein le symbole actif de la fécondité qu'il emprunte du bélier, d'où naît ensuite Puella florida, dont il devient amoureux. En effet, six mois après le soleil arrive vers les dernières étoiles de la balance, et s'unit alors à Persephone qui se lève héliaquement avec le serpent céleste placé au-dessous. Ils montent ensemble et se trouvent ensemble encore le soir à l'horizon occidental, et par leur coucher ils font lever le taureau qui, six mois auparavant, par son coucher les faisait lever. C'est cette apparence astronomique et cette succession alternative des levers et des couchers de ces constellations opposées qui sont exprimées dans ce vers mystérieux:

Taurus draconem genuit, et taurum draco.

C'est ce taureau, fils de Proserpine et de Jupiterserpent, que les anciens honoraient sous le nom de Bacchus Zagreus, génie élevé par les hyades ou par les étoiles du taureau céleste qu'on peignait avec des cornes de boeuf, dont on faisait le Dieu du labourage, et en honneur duquel étaient instituées les fêtes sabazia. En effet, le plus ancien Bacchus, suivant, Ciceron était fils de Jupiter et de la belle Persephone': « Dionysios multos habemus, pri<< mum è Jove et Proserpina. » Diodore de Sicile prétend que c'était le second Bacchus : « Suivant les mythologues, dit cet auteur, le second Bacchus naquit de Jupiter et de Proserpine. Ce fut lui qui attela les bœufs à la charrue.....; les peintres et les sculpteurs le peignent avec des cornes. » Et dans un autre endroit il dit encore: «< Quelques-uns prétendent qu'il y a eu un Bacchus beaucoup plus ancien que celui des Grecs, et qui naquit de Jupiter et de Proserpine. Certains auteurs lui donnent le nom de Sabasin : on ne lui offre des sacrifices que la nuit; ce fut lui qui attela les boeufs à la charrue, et facilita les semailles. » Les Chinois ont aussi leur Chin-nong, prince à tête de boeuf et aux yeux de serpent, qui inventa la charrue : c'est l'Osiris égyptien aux cornes de taureau qui inventa aussi le labourage.

Ce fils du serpent et de Proserpine est le taureau

'Cicer. de Nat. Deor., 1. 3, c. 23,

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