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céleste, mais considéré à son lever d'automne, époque du labourage et des semailles qui se faisaient, nous dit Plutarque, au lever des pleïades lorsqu'on pleurait la disparition de Proserpine, ou, suivant nous, au coucher de la couronne et du serpent. Le taureau alors passait dans l'hémisphère obscur, et la pleine lune des semailles arrivait dans ce signe; aussi il portait le nom Nyctileus ou de Bacchus nocturne. On le fêtait la nuit, et un boeuf noir était son symbole. Ses rapports à la terre et aux semales lui firent aussi donner le nom chtonios ou de terrestre, comme à Proserpine et à Pluton. Cet aspect avec la couronne ou avec Proserpine en automue était marqué par l'immolation d'un boeuf noir. Les habitans de Cyzique, dit Plutarque', immolaient un boeuf noir à Proserpine. Les Egyptiens avaient aussi leur Vénus ténébreuse dont une vache noire était le symbole, et ils lui donnaient le nom d'athor. On le promenait en Egypte dans le deuil de la mort d'Osiris, et dans le temps où, suivant Plutarque, on pleurait en Béotie la disparition de Proserpine.

Nonnus dit précisément que Jupiter s'était métamorphosé en serpent losqu'il féconda Proserpine et qu'il la rendit mère de Bacchus Zagreus ou de l'ancien Bacchus, et la position du ciel que le vieux Astrée établit au moment de cette conjonction est celle que nous donne le globe à l'instant du coucher de la couronne, et sur laquelle nous établissons toute notre théorie de l'enlèvement ou de la disparition

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'Plut. vitâ Luculli. Nonn. Dionys., 1. 6, v. 74.

de Proserpine. Voici quel est l'état de la sphère au coucher héliaque de la constellation de la couronne et du serpent qui l'accompagne. A l'horizon oriental est le taureau céleste, signe consacré à la planète de Vénus; au méridien, le verseau consacré à Saturne; à l'horizon occidental, le scorpion consacré à la planète de Mars; et au méridien inférieur le lion, signe consacré au soleil. Voilà les quatre points cardinaux des déterminations astrologiques, ou ceux que l'on observait en tirant l'horoscope; et ce sont ici les signes des quatre planètes qu'Astrée considère pour fixer le moment où le ravisseur de Proserpine trompera la vigilance de Cérès.

mes,

Le poète suppose d'abord que Jupiter médite de donner naissance à un nouveau Bacchus, qui soit l'image de l'ancien Bacchus tauriforme; du Bacchus zagreus, fils de Jupiter serpent et de Proserpine, A cette occassion, il peint la jeune Proserpine sous les traits le plus charmans et inspirant l'amour à tous les Dieux; Jupiter surtout, est épris de ses charet la préfère à toutes les Déesses. Cérès alarmée et craignant pour l'honneur de sa fille, va consulter le devin Astrée, occupé à tracer des figures astrologiques. Le jeune Lucifer annonce la Déesse: l'astrologue va au-devant d'elle, et son fils Hespérus les introduit dans un appartement où les vents, fils d'Astrée, lui présentent le nectar qu'elle accepte avec peine. Après le festin Cérès consulte Astrée, qui fait apporter par Astérion son globe céleste. Il le fait mouvoir sur son axe, et porte ses yeux sur le zodiaque pour y considérer les aspects des pla

nètes et des fixes. Si à la place des planètes qu'il désigne, les seules qui entrent dans son horoscope, et dont il était aussi difficile à Nonnus qu'à nous de rapt de Proserpine, fixer la position au moment du on substitue les signes des planètes qui ont une place constante et des rapports connus, et que Nonnus lui-même, quelques vers plus loin, distribue comme nous dans le zodiaque, on a l'état du ciel en auà la tomne, au coucher héliaque de la couronne, pleine lune du taureau. Le scorpion, signe consacré à Mars, est au couchant en aspect avec le taureau de Vénus, et il a à côté de lui, un peu audessus, le serpent céleste dont Jupiter prend la forme pour obtenir les faveurs de la belle Persephone, qui se couche avec lui. Le poète désigne par centrum subterraneum le méridien inférieur, occupé par le signe du lion, qui était consacré au soleil, comme le reconnaît lui-même Nonnus, lorsqu'il nous peint Jupiter rétablissant l'harmonie des cieux après l'incendie et le déluge de l'Univers'

Il place Mars au scorpion, en aspect avec le taureau siège de Vénus, et il le met au couchant dans son horpscope, place qu'occupe effectivement alors le scorpion céleste.

Le poète place Saturne au capricorne; mais on sait que la série recommence ensuite, et qu'il préside également au verseau; et l'épithète d'aquosus ou d'imbrifer qu'il donne dans son horoscope à Saturne, convient bien à ce signe, et désigne

'Nonn. Dionys, 1.6, v. 233.

la maison de Saturne, par où. passe le méridien. Enfin, la circonstance du serpent céleste qui se trouve au couchant avec Mars ou avec le scorpion, fixe incontestablement la position du ciel, et un coucher ou concubitus serpentis et persephones. Aussi dans les, monumens anciens qui représentent l'enlèvement de cette Déesse, on voit un serpent sous les pieds des chevaux, symbole visible du serpent céleste'.

Le poète continue son récit, et nous dit que Cérès, alarmée de cette réponse, attèle ses dragons à son char; qu'elle s'en va avec sa fille vers la mer Adriatique et jusqu'en Sicile; que là elle cache sa fille dans un antre, et qu'elle en confie la garde à ses dragons. Il est aisé de voir, par l'inspection d'un globe, que la Cérès céleste ne se lève jamais sans ses dragons. L'hydre de Lerne, placée à côté d'elle, précède son char et l'accompagne toujours, monte sur l'horizon, et finit de se coucher avec elle. Le serpent d'Ophiucus suit de près son lever et son coucher.

On nous peint ensuite la jeune Persephone, qui file et brode dans sa retraite, lorsque Jupiter, se métamorphosant en serpent, assoupit ses gardiens, et pénétrant dans ce sombre asile, la rend mère de Jupiter zagreus aux cornes de taureau.

Ce Dieu ne vécut pas long-temps, et fut mis en pièces par les Titans: mais dans ce court espace de vie, il subit diverses métamorphoses, tantôt por

Ant. Expliq., t. 1, part. 1, p. 38.

tant l'égide de Jupiter, tantôt prenant la forme de l'enfant, tantôt celle du vieillard, tantôt rugissant sous la figure du lion, tantôt hennissant sous celle du cheval, tantôt sifflant sous la forme tortueuse du serpent, tantôt tigre furieux, souvent taureau indomptable, c'est-à-dire, en un mot, subissant toutes les métamorphoses qu'éprouvait l'âme du monde dans sa circulation périodique à travers les fixes, dont ses statues symboliques empruntaient les formes variées qu'on lui donnait dans les diverses

saisons.

Tels étaient les dogmes théologiques qu'on enseignait dans les mystères de Bachus, de Cérès et de Proserpine, dont toutes les fables sacrées contenaient des allégories relatives à l'action de l'âme du monde et à son influence sur la Nature et la végétation, et aux voyages des âmes.

Ilen était de même des symboles mystérieux qu'on y employait, tels que le serpent d'or qu'on faisait couler dans le sein des initiés, et qu'on retirait par en bas; cérémonie dont il est aisé actuellement d'apercevoir le but allégorique.

Tel est le nom d'Aeva ou d'Hvrn qu'on répétait dans ces mystères, et qui signifie serpent femelle, comme le remarque très bien Clément d'Alexandrie. Clément ajoute que les pommes faisaient partie des attributs symboliques exposés dans les mystères, et il cite pour preuve un vers d'Orphée, qui

Clem. Alex, Protrep., p. 4.

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