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que le cigne, qu'il appelle le grand oiseau, est la forme sous laquelle Jupiter réussit à plaire à Némésis qui prenait successivement toutes les formes pour se soustraire à ses poursuites, afin de garder sa virginité. Comme elle s'était métamorphosée en cygne, Jupiter prit la forme de cet oiseau et dirigea son vol dans l'Attique, près de Ramnunte, où il obtint les faveurs de Némésis. Cette union produisit l'oeuf dont naquit Hélène, suivant le poète Cratês. De retour dans l'Olympe, Jupiter plaça parmi les astres l'oiseau dont il avait pris la forme, et il lui a conservé les ailes déployées', comme il les avait quand il s'envola aux cieux. Théon dit qu'il a les ailes étendues, comme s'il volait en s'abattant sur la terre. Il le plaça près la main droite de Céphée. Théon rapporte aussi une autre tradition, laquelle suppose que ce fut en honneur d'Apollon que le cigne fut placé aux cieux à cause de son chant.

Hygin3 fait Léda fille de Thestius. Jupiter, sous la forme de ce cygne, obtint ses faveurs, selon lui, près des rives de l'Eurotas en Laconie. Elle en eut Pollux et Hélène ; Castor et Clytemnestre étaient de Tyndare.

Une des ailes du cygne s'appuie sur la circonférence du cercle arctique, et touche l'extrémité du pied gauche d'Ingéniculus. L'autre aile s'étend vers le tropique, près des pieds du Pégase1; l'ex

* Germ. c. 24. 4 Hyg. 1. 3, c. Ja

-Theon, p. 136. - 3 Hygin, Fab. 77. —

trémité de sa queue s'unit à la tête du Céphée. Il se couche avec la vierge et la balance, la tête la première. Il se lève avec la fin du sagittaire et avec le capricorne; conséquemment au coucher des gémeaux qui renferment les dioscures. Lorsque le soleil est dans les gémeaux, le cygne monte avec la nuit.

Ovide 'le désigne sous le nom de milvus ou du milan, et il en fixe le lever au 16 avant les calendes d'avril, cinq jours avant l'entrée du soleil au bélier. Il raconte à ce sujet une histoire sur les motifs qui l'ont fait consacrer aux cieux'. On suppose que Saturne avait éte détrôné par Jupiter, et que, pour s'en venger, il avait appelé à son secours les Titans. La terre avait mis au monde un taureau monstrueux, dont la partie postérieure était un serpent. Styx, par ordre des Parques, l'avait enfermé dans une sombre forêt, et entouré d'un triple mur. Les destins avaient promis la victoire sur les Dieux à celui des géans qui brûlerait sur les autels les entrailles de ce boeuf. Briarée, armé d'une hache du métal le plus dur, l'immole, et déjà il se préparait à brûler les entrailles du boeuf, lorsque Jupiter ordonne aux oiseaux de les enlever. Le milan s'en saisit et les lui apporta. C'est ce service qu'a récompensé Jupiter en le plaçant aux cieux.

Si on se rappelle que l'équinoxe de printemps, époque du triomphe de Jupiter sur les Titans et les géans, répondait au signe du taureau céleste, et ce

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? Ovid. Fast., 1. 3, v. 794. V. 795-808.

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lui d'automne au scorpion avec lequel se lève le dragon ou le serpent, on concevra aisément que le taureau et le serpent servirent à composer un emblème astronomique, destiné à exprimer les termes extrêmes de la route du soleil dans les signes supérieurs. Le milvus, étant alors supposé se lever, au moins pour les pays qui ont peu de latitude, annonçait aux mortels la victoire de Jupiter. C'est şur ce même fondement que fut établie la fable de la conquête de la Toison-d'Or gardée par un taureau qui vomissait des flammes et par un dragon. J'ai pris le milvus pour le cygne; mais il pourrait être aussi bien le vautour qui tient la lyre. Germanicus parle du lever du milous en Attique', en mars, et il l'unit à un lever d'Orion. Il parle encore du lever du milvus au 3 des calendes d'avril, quelques jours après le coucher du matin du Pégase.

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La dénomination générique d'oiseau ou de grand oiseau, que les anciens ont donnée à cette constellation, est cause de la différence des oiseaux qu'on y peint, quoique le cygne soit le nom le plus connu. Quelques-uns l'ort appelé le coq ou la poule. C'est surtout chez les Arabes et les Hébreux qu'il prend

ce nom '.

Ulugbeigh' appelle l'étoile du bec, minkár-a-ldeggjágje; celle de la poitrine sadr-al-deggidgje; la

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'Germ.,.c. 42. Kirk. Edip.., t. 2, part. 2, p. 197. Ulugbeigh., p. 30-32. Hyd., p. 19. Scalig., p. 432. Comm. d'Alfrag., p. 106-107. Bay., tab. 9. Ricciol., p. 127. 3 Ulugbeigh, p. 30-32.

TOME IX.

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luisante de la queue, al-ridph, deneb-al-deggjáġjc; l'étoile boréale du genou droit, rucha-al-deggjagje. Ce nom deggjagje signifie la poule, gallina, dit Hyde'; on l'appelle aussi altaír. l'oiseau, et par corrupion, hirseym dans certains globes. Il a la forme de l'oiseau katha, dont le cou et les ailes sont allongés..Sur.ses ailes on remarque quelques étoiles appelées alphwaren, les cavaliers. Katha est un oiseau aquatique semblable, par sa forme et sa grosseur, à une colombe. On l'appelle en persan ispherúd et en turc baghirtik.

On nomme la brillante de la queue arided'; arioph; celle du bec albireo; celle de l'extrémité de la queue azelfage et elhanaf. Le nom de la brillante, arided,. signifie chez les Arabes redolens lilium; ils l'appellent aussi la rose. Le peuple nomme le cygne la croix, à cause de la position des étoiles 5.

Les Latins le nomment olor, cycnus, milvus. Ce mot de milvus se rend chez les Grecs par ictynus et dictys. Les Grecs le nomment ornis". Aratus y ajoute l'épithète de colos, varius &.

Voici ses noms tels qu'ils se trouvent dans Blaeü: Ales canora, Helenæ genitor,ales Jovis, olor ledæus, Ledce adulter, Phobi assessor, volu

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! Hyd. Comm., p. 19. Alphons., p. 217.3 Ricciol. p. 125-106. Bay., tab. 9. Scalig., p. 432.5 Bay, tab. 9, - 6 Hesych. -7 Germ., p. 7. Hipp., 1. 2, c. 2; 1. 2, c. 24.

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8 Arat., v. 275.9 Cæs., c. 20, p. 201.

cris phoebeius avis Veneris, ciconia, milvús; en grec cynos, ornis; en arabe, altayr, hirėzim, arided, adigege, digegi, adigegi, addigagato gallina, tharnigoletk', crux. Celle de la queue se nomme arrioph aridef,, denebedigge, denebaldigaga, denebadigege, dhau-bod-digageti, cauda gallina.

XVII. L'AIGle.

Tous les auteurs anciens s'accordent à voir dans. cette constellation, l'oiseau de Jupiter', l'aigle qui ravit Ganymede fils de Tros, et qui l'emporta aux cieux pour y remplir la fonction d'échanson des Dieux. Nous avons déjà parlé de cet enlèvement à l'article du verseau, Ganymède, que cet aigle précède toujours dans son lever, et qu'il semble enlever

aux cieux.

On donne aussi une autre cause de cette consécration de l'aigle parmi les constellations'. On raconte que, lorsque les Dieux se partagèrent entre eux les différens oiseaux, Jupiter choisit l'aigle. C'est le seul oiseau qui dirige son vol en face du soleil, qui n'en redoute point les rayons et qui exerce sur tous les astres le même empire qu'exerce Jupiter sur les Dieux, et le lion sur les quadrupèdes, lequel est affecté aussi à Jupiter dans la distribution des douze signes entre les douze grands Dieux. Il est

1 Kirck., t. 2, p. 197. v. r96. — 3 Hyg., l. 2, c. 17. 4 Eratosth, ibid.

Ovid. Fast., I. 5, v. 73a; 1.6,
Germ., c. 29. Erat., c. 3o. —

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