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usité chez ce peuple pour désigner la guerre : Armatus homo sagittam jaculans, dit Horus-Apollon', tumultum significat. D'autres, en effet, y peignaient un faisceau de traits ou un carquois. Cette dernière interprétation s'accorde assez avec ce que nous dit Manilius (1. 3, v. 625 et suiv.) sur les travaux de l'homme aux approches du solstice d'été (q).

Cancer ad æstivæ fulget fastigia zonë......

Tunc et bella fero tractantur Marte cruenta,
Nee Scythiam defendit hiems. Germania siccâ
Jam tellure fugit, Nilusque tumescit in arva.
Hic rerum status est, cancri cum sidere Phoebus
Solstitium facit, et summo versatur olympo.

Ces idées sur le sagittaire ont été adoptées par les astrologues, et sous ce signe naissaient les guer

riers.

Necnon Arcitenens primâ cum veste resurgit,
Pectora clara dabit beilo, magnisque triumphis
Conspiscuum patrias victorem ducet ad arces.

(Manilius, 1. 4, v. 559.)

Quoi qu'il en soit, quand même nous ne saisirions pas toujours au juste l'idée qu'on a voulu présenter par ces douze emblèmes, il suffit qu'il s'en trouve plusieurs dont le sens soit si naturel, qu'il ne puisse souffrir d'équivoque; car, comme nous l'avons fait observer, la place d'un seul, bien déterminée, fixe nécessairement celle de tous les autres. Tout ce qu'on pourrait conclure de l'insuf

1 Hor. Apoll., l. 2, c. 8.

fisance de l'explication de quelques-uns de ces signes, c'est que l'intelligence du sens qu'ils ⚫renferment dépend de l'histoire naturelle de ce pays, des occupations de ces peuples et du préjugé qui leur faisait attribuer certaines qualités à tels ou tels animaux, Mais il est plusieurs de ces emblèmes dont le sens est très-clair et l'application très-naturelle; telle est la balance placée à un équinoxe, l'écrevisse ou l'animal rétrograde à un solstice, le boeuf à l'ouverture des travaux rustiques, une fille qui porte un épi, placée au mois des moissons; trois figures aquatiques répondant aux trois mois du débordement; en voilà beaucoup plus qu'il n'en faut pour déterminer la position primitive des astérismes ou constellations du zodiaque, considéré comme calendrier astronomique et rural d'un peuple savant et agricole tout ensemble. Ce qu'il y avait de plus essentiel à prouver, c'est qu'il s'accorde parfaitement avec l'agriculture de l'Egypte, tandis qu'il est aussi d'accord avec la position des points solsticiaux et équinoxiaux dans le ciel à une certaine époque, Il résulte de là que non-seulement il convient à l'Egypte, mais encore qu'il ne convient qu'à elle seule, par la raison que les opérations agricoles de ce pays suivent presque l'ordre inverse de celui qui a lieu dans les autres climats; de manière qu'il est difficile qu'un calendrier rural qui convient au peuple égyptien puisse convenir à quelque autre peuple que ce soit. Nous conclurons donc que c'est avec raison que les anciens écrivains fi

rent honneur à l'Egypte de l'invention des sciences astronomiques.

En vain nous objecterait-on ici qu'on peut supposer une autre position de sphère où les signes des moissons et du labourage s'accordent également avec l'agriculture des autres climats. On ne doit pas oublier qu'il ne suffit pas que cet accord ait lieu pour la terre; qu'il doit encore avoir lieu pour l'état du ciel, et qu'il n'y a pas ici une foule de combinaisons à essayer; il n'y en a que deux. Si on ne met pas avec nous l'écrevisse au solstice d'hiver et la balance à l'équinoxe de printemps, on sera obligé de mettre le premier de ces deux emblèmes au solstice d'été, et le second à l'équinoxe d'automne; et alors la sphère aura la position qu'elle avait environ trois cents ans avant l'ère chrétienne. Mais nous avons fait voir qu'une pareille position du zodiaque ne s'accorde ni avec l'agriculture des Egyptiens, ni avec celle des Grecs, ni avec celle des Assyriens, Phéniciens, Mèdes, Perses, Indiens, ni avec celle en général d'aucun peuple qui moissonne avant le cinquantième jour qui suit le solstice d'été, ni avec celle qui place les labours en automne.

La seule objection qui paraisse de quelque importance contre cette explication à ceux qui croient à un monde créé, c'est la haute antiquité que nous supposons à l'invention du zodiaque; mais elle pourrait être bien moindre si, ce que je ne crois pas, il était arrivé quelque grande inégalité dans la précession des équinoxes. D'ailleurs, nous a vons

supposé que c'est le signe dans lequel entrait le soleil, qu'on a désigné par un caractère hiéroglyphique représentatif de l'état du ciel ou de la terre dans chaque mois. Mais on pourrait dire que les inventeurs avaient placé ces symboles, non pas dans le lieu qu'occupait le soleil, mais dans la partie du ciel opposée; de manière que la succession des levers du soir de chaque signe eût réglé le calendrier et eût exprimé la marche des nuits, comme le disent Aratus et Macrobe '. L'invention de l'astronomie appartiendrait encore incontestablement à l'Egypte, mais ne remonterait pas plus loin que l'époque où le taureau était le signe équinoxial du printemps, deux ou trois mille ans avant l'ère vulgaire. Ainsi, dans cette hypothèse, lorsque le soleil, en conjonction avec le taureau, arrivait le soir à l'horizon, le premier signe qui se trouvait alors à l'orient au-dessus de l'horizon, et qui finissait de se lever, cût été la balance; et l'ascension de cette constellation eût aussi désigné l'équinoxe de printemps. De même, l'entrée du soleil au lion eût été marquée le soir par le lever total et acronyque du capricorne : l'entrée au verseau ou au solstice d'hiver par l'ascension du cancer; l'entrée au bélier répondant aux moissons par le lever du soir de l'épi, ainsi des autres; et tous les emblèmes recevraient le même sens (u).

Quoi qu'il en soit, ce sera toujours à l'Egypte que ces dénominations appartiendront. Il y a en

1 Macrob Som. Scip., l. 1, c. 21.

core un argument que nous avons plusieurs fois indiqué, et qui détruit tout accord qu'on pourrait imaginer avec l'agriculture de quelque peuple que ce soit dans l'hypothèse qui placerait la sphère telle qu'elle était trois cents ans environ avant l'ère chrétienne; c'est l'antiquité qu'on est forcé de donner à l'astronomie, indépendamment de notre système. Si l'astronomie remonte au moins au temps où le lion céleste occupait le solstice d'été, on ne peut pas regarder comme position primordiale du zodiaque, celle qui place à ce solstice l'écrevisse ou le premier degré de ce signe, qui n'a dû y arriver que deux mille centsoixante ans avant cette époque. Or, nous ne pouvons nous empêcher de donner au moins cette antiquité au zodiaque. Bailly, dans son Histoire de l'astronomie ancienne. tome I, a prouvé que non-seulement le lion, mais la vierge même avait dû occuper autrefois le solstice d'été. Nous n'ajouterons rien aux preuves par lesquelles il établit son opinion, preuves tirées des observations anciennes des constellations qui autrefois servaient à déterminer les équinoxes, et qui supposaient le point équinoxial dans les astérismes du taureau. Les autorités qu'il rapporte et les inductions qu'il en tire nous ont paru si concluantes, que nous ne croyons pouvoir mieux faire que d'y renvoyer le lecteur. Le travail que nous avons nousmêmes fait sur la mythologie que nous avons expliquée par l'astronomie, suppose toujours le lion au solstice d'été et le taureau à l'équinoxe de printemps; et les solutions des fables auxquelles nous

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