Images de page
PDF
ePub

plante appelée ferula, et, joyeux de sa. conquête, il fuit aussitôt, non pas en courant, mais en volant en même temps qu'il agitait sa plante, afin d'entretenir l'activité de l'air et d'empêcher son feu de s'éteindre. Pour perpétuer le souvenir de cet évènement on a établi des courses dans lesquelles on secoue des flambeaux avec une extrême rapidité. Jupiter, de son côté, donna aux mortels une femme nommé Pandore, formée par Vulcain, et que les Dieux avaient ornée de toute sorte de qualités et comblée de leurs présens. Il attacha ensuite sur les rochers du Caucase, avec des chaînes de fer, Prométhée, qui y resta ainsi enchaîné pendant trente mille ans; et il plaça à ses côtés un vautour qui rongeait son foie, lequel toutes les nuits se reproduisait de ses blessures. Quelques-uns disent que ce vautour ou cet aigle était né de Typhon et d'Echidna, d'autres, de la terre et du Tartare. Le plus grand nombre le fait fabriquer par Vulcain et animer par Jupiter. Voici comment Prométhée en fut délivré.

On rapporte que Jupiter étant devenu àmoureux de Thétis sans pouvoir obtenir ses faveurs, et continuant toujours ses poursuites, les parques annoncèrent que l'époux de Thétis aurait un fils qui serait plus puissant et plus célèbre que son père.

Prométhée, que ses douleurs tenaient toujours. éveillé, entendit la conversation des parques et en fit part à Jupiter qui craignit, en suivant plus longtemps ses amours pour Thétis, d'en avoir un fils qui fît à son égard ce que lui même avait fait à Sa

turne son père, et qui le chassât de son trône. I crut devoir marquer à Prométhée sa reconnaissance en brisant ses liens; mais en même temps, pour ne pas violer le serment qu'il avait fait que Prométhée serait toujours enchaîné, il voulut qu'il portât à son doigt un anneau de fer et un peu de la pierre à laquelle il avait été attaché. C'est pour perpétuer ce souvenir que dans la suite les autres homme ont porté de semblables anneaux. Quelques-uns même prétendent qu'il porta aussi une couronne; et que c'est depuis cette époque que les hommes portent des couronnes en signe de joie dans la victoire, et dans les repas et les fêtes. On remarquera que Prométhée, ou l'Ingéniculus qui porte ce nom, est placé aux cieux entre la couronne et le vautour. Quand au vautour, on dit qu'Hercule, chargé par Eurysthée d'aller cueillir des pommes au jardin des Hespérides, gardé par le dragon céleste placé près du vautour, se trompa de chemin et arriva au Caucase. Là il trouva Prométhée enchaîné qui lui indiqua sa route. Ce héros, après la conquête des pommes, revint trouver Prométhée et le délivra de ses chaînes en reconnaissance du service qu'il lui avait rendu. L'aigle fut tué, et on mit sur les autels des Dieux, depuis ce temps-là, les entrailles des victimes, où on les brûla, comme pour apaiser les Dieux, en leur donnant les entrailles, puisqu'ils avaient paru avides de celles de Prométhée.

D'autres auteurs, tels qu'Eratosthène 'prétendent

' Hygin. ibid. Germ., c. 29. Eratosth, c. 29.

que cette flèche est celle dont fit usage Apollon pour tuer les cyclopes qui avaient forgé la foudre dont s'était servi Jupiter pour tuer Esculape ou le serpentaire, que suit la flèche à son coucher. On ajoute qu'Apollon avait caché cette flèche chez les Hyperboréens, dans son temple formé d'ailes. On dit qu'elle fut d'abord portée à Appollon dans le temps où Jupiter lui pardonna le meurtre de ses cyclopes, et l'affranchit de l'esclavage où il était réduit chez Admète. Il paraît que cette flèche fut aussi portée à travers les airs par le vent avec les présens de Cérès, qui venaient de naître; elle était énormément grande. Appollon la plaça aux cieux pour être un monument de sa victoire sur les cyclopes. L'aigle semble la tenir dans ses serres'. Elle est placée entre le tropique et l'équateur, et partagée par le colure qui va du cancer au capricorne. Elle touche près de l'épaule Ophiucus où le fameux' Esculape. Elle se couche au lever de la vierge Cérès, et se lève avec le scorpion, suivant Hygin" qui lui compte quatre étoiles. Alfragan lui en donne cinq3, et il la nomme alsohan; d'autres alahance, Satan, muscator, musator", dæmon, schaam sahm, alsahm chez les Arabes; chez les Hébreux chets, chez les Turcs orfercalem 8, obelus, jaculum, telum, canna, arundo, calamus, virga,

[ocr errors]

1-Germ., c. 29. — › Hyg., l. 3, c, 14. — 3 Alfrag., c. 22. — 4 Comm., p. 106,5 Scalig,, p. 434. — Kirk. Edip,, p. 197. - Hyd., p. 24.-Ricciol., p. 227.

missile, vectis vel fossorium, missore, musator; chez les Arméniens, tigris. D'autres la nomment temo meridianus, virgula jacens; les Arabes alahance, alahanze, alchanzato, alsoham, istusc, feluco'.

Les Grecs la nomment oistos'. Les Latins telum3. Columelle fixe au crépuscule du 8 des calendes ide mars le commencement du lever de la flèche ; il marque temps variable pour ce jour. Là commencent les jours des alcyons, et l'on jouit d'un calme profond dans la Mer Atlantique.

XIX. LE DAUPHIN.

On rapporte que Neptune recherchant en mariage Amphitrite, celle-ci, qui voulait conserver sa virginité, se réfugia près d'Atlas où elle se cache comme les autres néréides. Neptune envoya plusieurs émissaires pour l'y chercher, entre autres un certain dauphin qui, après avoir parcouru plusieurs îles et cherché long-temps à l'entour d'Atlas, découvrit la belle Amphitrite. Il la détermina à épouser Neptune, el arrangea tout ce qui était nécessaire au mariage. En reconnaissance de ce service, son image fut placée aux cieux; il obtint lui-même les plus grands honneurs parmi les habitans des mers ; et Neptune voulut qu'il lui fut consacré. Aussi ceux qui élèvent

1

[ocr errors]

Caes., c. 18, p 181. Bay., tab. 15. 3Auson. 4 Goumell., l. 11, c. 2. Germ., c. 3o. Hyg., c. 18. Rheon, p. 139.

3

Hipp., l. 1, c. 27.
Eratosth., c. 31.

des statues à Neptune peignent-ils à ses pieds un dauphin, ou ils le mettent dans sa main pour annoncer combien il est agréable à ce Dieu, et pour être comme un monument de la reconnaissance de Neptune. D'autres auteurs le placent aux cieux en honneur d'Apollon '; et ils en font un animal qui aime la musique, sans doute à cause du nombre des étoiles qui le composent et qui sont en nombre égal à celui des

Muses 2.

Ceux-ci y voient le dauphin qui sauva des eaux le fameux Arion. On raconte que cet Arion cet Arion, excellent musicien, parcourut les différentes îles pour y exercer son talent, et amasser des richesses. Ceux qui l'accompagnaient sur le vaisseau, les uns disent les matelots, d'autres ses esclaves, avides de ses dépouilles, et voulant se partager entre eux ses trésors, formèrent le projet de le jeter dans la mer. Arion, ayant connu leur dessein, leur demanda, non pas du ton d'un maître qui parle à ses esclaves mais comme un innocent qui parle à des scélérats, comme un père à ses enfans, qu'il lui fût au moins permis de se revêtir de ses plus riches habits, et de célébrer lui-même d'avance ses funérailles. Ayant obtenu ce qu'il demandait, il se mit à chanter des airs funèbres au sujet de sa mot. Ses sons harmonieux touchèrent les dauphins qui accourent de toutes parts pour entendre ses chants. Alors Arion, après avoir invoqué le secours des Dieux, se précipita Eratosth., ibid. German., ibid. —

[ocr errors]
[ocr errors]

Theon, p. 139. 5 Theon, ibid. Hygin, ibid.

« PrécédentContinuer »