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dans les eaux au milieu d'eux. Un de ces dauphins le reçut sur son dos, et le porta ainsi jusqu'au cap Ténare où l'on voit encore la statue d'Arion avec son dauphin, dont l'image fut placée aux cieux. Les esclaves qui croyaient s'être affranchis de la servitude par cette perfidie, abordant au cap Ténare, y retrouvèrent leur maître qui les punit du dernier supplice. Germanicus César rapporte cette aventure à l'article d'Orion qu'il prétend être le célèbre Arion comme nous le verrons bientôt.

Il est encore une tradition sur ce dauphin ; c'est celle que nous avons déjà expliquée dans le poème de Nonnus, où il s'agit de Jupiter enfant enlevé par des pirates toscans '; elle est aussi rapportée par Hygin, d'après Aglaostène qui avait écrit l'histoire de Naxe. Cet auteur racontait que des matelots toscans reçurent sur leur bord Bacchus enfant, qu'ils devaient conduire à Naxe avec ses compagnons, et le rendre aux nymphes, ses nourrices. Pendant le trajet, ces matelots, séduits par l'appât du gain, voulurent conduire ailleurs le vaisseau. Bacchus, ayant.soupçonné leur dessein, ordonne à ses compagnons de jouer des airs de musique et de chanter. Les Toscans, charmés de ses accords, se mirent à danser, et dans l'ivresse de leur joie, ils se précipitè rent dans la mer sans le savoir, et ils furent métamorphosés en dauphins. Bacchus, voulant perpétuer le souvenir de cet évènement, a placé aux cieux l'i

German., c. 31. - 2 Ci-dess., t. 2.

mage d'un de ces dauphins. Hygin raconte ailleurs ce fait avec quelques circonstances différentes. Il suppose que ces Toscans étaient pirates de profession; qu'ayant reçu sur leur bord Bacchus, jeune enfant, qui les priait de le conduire à Naxe, ils avaient été séduits par ses charmes, et avaient voulu jouir de la fleur de sa jeunesse ; que le pilote Acetès, ayant cherché à les en détourner, avait été maltraité par eux; qu'alors Bacchus, voyant qu'ils persistaient dans leur dessein, changea les rames en thyrses entortillés de pampres, les cordages en lierre; que des lions et des panthères s'élancèrent de toutes parts contre eux; et que les pirates effrayés sautèrent dans la mer où ils furent métamorphosés en dauphins. C'est de là qu'ils ont pris le nom de dauphins tyrrhéniens, et la mer de mer tyrrhénienne. Ils étaient douze dont voici les noms: Ethalion, Medon, Lycabas, Libys, Opheltès, Melanthus, Alcimedon, Epopeus, Dicty's, Simon, Proteus et Acetès. C'est ce dernier qui sauva Bacchus.

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Ovide a raconté les mêmes aventures mythologiques dans ses Métamorphoses et dans ses Fastes 3. Dans ses Métamorphoses, il parle de l'outrage fait à Bacchus par les pirates toscans; et dans ses Fastes, de l'aventure d'Arion et des noces d'Amphitrite. Hygin rapporte aussi dans ses Fables l'aventure d'Arion avec quelques circonstances différentes, et

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Hygin, Fab. 134. Ovid. Metam., 1. 5, v. 6o5-6go. -3 Satur., 1. 2, v. 8o. 4 Hygin, Fab. 194.

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dont le résultat est toujours qu'Apollon, charmé des talens d'Arion, l'avait placé lui et son dauphin aux cieux. Ces variantes se retrouveront dans l'histoire d'Arion, rapportée à l'article Orion, tirée de Germanicus qui place Orion ou Arion aux cieux avec son dauphin'. Théon dit aussi que ce dauphin fut mis au nombre des constellations pour avoir porté Arion sur le rivage. Il est placé aux cieux près de l'aigle, il touche de l'extrémité de sa queue le cercle équinoxial. Sa tête touche presque le nez du cheval Pégase, fils de Neptune, auquel il est consacré. Il se couche après le lever de la tête de la vierge, et se lève avec les derniers degrés du sagittaire. Il a la forme rhomboïde 3. L'étoile du milieu du rhombe, Lycatès, se lève avec le soleil, la veille des ides de décembre. Columelle marque au 3 des calendes de février le commencement du coucher du dauphin *. C'est au trois des nones qu'Ovide fixe son coucher total 5. Columelle marque aux ides de juin un lever du soir du dauphin, accompagné du souffle du favonius et de petite pluie. Ovide fixe un lever achronique du dauphin le 5 des ides de juin, et un autre au 13 des calendes de juillet, à l'entrée du soleil au cancer, le lendemain du lever d'Orion. C'est cette circonstance qui a donné lieu à la fable d'Orion ou d'Arion, et son dauphin.

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Germ., c. 31. Theon, p. 139.

— 4 Columell., t. 11,

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3 Hipp., 1. 2, c. 2.

c. 2, p. 421. — 5 Ovid. Fast., 1. 2, v. 80.

- 6 Columell., p. 427. 7 Ovid, Fast., 1. 6, v. 471-720.

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Columelle marque aux ides d'août un coucher du dauphin, accompagné de tempête; au dix-neuf des calendes de septembre, un coucher du matin du même dauphin, également avec. tempête. Le même auteur fixe❜au six des calendes de janvier le commencement du lever du dauphin, au matin, avec tempête.

Varron3 prétend que le meilleur temps de concevoir pour les vaches, est depuis le lever du dauphin.

Les Arabes nomment le dauphin al-dulphin ou al-delphin*. La queue du dauphin s'appelle dans Ulugbeigh danab al-dulphin. On le nomme hieros ichtys, le poisson sacré; l'animal musicien, Simon, animal repandi rostri, piscium rex, hermippus, curvus, Triton, Apollo".

En grec, delphis, le lion marin'.

XX. LE CHEVAL PÉGASE.

La constellation du cheval céleste porte le nom de Pégase, fils de Neptune "et de la gorgone Méduse". C'est lui qui, sur le mont Hélicon, fit jaillir la célèbre fontaine appelée fontaine du cheval ou Hippocrène ", allusion manifeste à la source d'eau du ver

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Columell., ibid., p. 428. · P. 435. 3 Varro de re Rustic., 1. 2, c. 5.4 Comm. sur Alfrag. 4, p. 106. - 5 Ulugbeig et Hyde, p. 25. — 6 Ricciol., p. 128.7 Cæs., c. 21, 208. Ricciol., p. 126-127. Bay., t. 17. 8 Arat., v. 31.

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9 Alfrag., c. 22. — 10 Theon. p. 128. - "Hesiod. Thoogon., v. 281. — 12 Hyg., I. 2, c.-19. Germ., c. 17. Eratosth., c. 18.

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Ovid. Fast. 1. 3, v. 456.

TOME IX.

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seau qui se lève toujours avec le pied de Pégase placé au-dessus d'elle. En effet, suivant Hygin ', il porte sa tête sur la main droite de l'homme du verseau avec lequel il se lève.

Quelques auteurs en font la monture de Jupiter', d'autres celle de Bellerophon, qui monta dessus pour aller combattre la Chimère; et après la chute de ce héros, le cheval s'envola aux cieux où il est placé 3. On raconte que dans le temps où Bellérophon se rendit chez Proetus, fils d'Abas, roi des Argiens, Antias, épouse de ce prince, devint amoureuse de lui, et lui promit que, s'il voulait répondre à ses désirs, elle le placerait sur le trône de son époux. N'ayant pu le faire consentir à ses voeux, et craignant qu'il ne trahît son secret, elle prit les devans, et l'accusa auprès de son époux d'avoir voulu lui faire violence. Le roi, qui aimait Bellerophon, ne voulut pas le faire périr par lui-même; mais il le chargea d'une mission auprès d'Iobates, père de la reine, que les uns nomment Antia, d'autres Sthenobée, avec un ordre secret de venger l'honneur de sa fille, et d'exposer Bellerophon à la Chimère qui ravageait alors la Lycie par des feux qu'elle vomissait. On sent que ce monstre, composé des parties du lion, auquel s'unit le soleil au fort des chaleurs de l'été, n'a pas peu contribué à faire dire que la Chimère brûlait tout de ses feux qui s'éteignent, à la chute de Bellerophon ou du cocher, à la fin de l'au

Hygin, 1. 3, c. 17. Theon, p. 175. → 2 Germ. ibid. 3 Erat. ibid.

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