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des inclinations et un caractère analogues à la nature des emblèmes qu'on y avait tracés ; à moins qu'on ne supposât que les observations faites sur le caractère et les goûts de ceux qui naissaient sous certains astres, avaient constaté qu'ils étaient toujours analogues à la nature de certains animaux, et que c'est pour cela que les figures d'animaux, 'qui exprimaient la douceur, comme l'agneau ; le courage, comme le lion; la cruauté, comme le loup, avaient été tracées dans les cieux. Cette opinion est amplement réfutée par Saumaise (Ann. clim. p. 5), et est beaucoup plus invraisemblable que l'autre, d'autant plus que l'observation n'a jamais pu conduire l'homme à ce résultat, au lieu que l'inspection des figures symboliques a bien pu faire créer ces rapports chimériques, chez les hommes persuadés que le ciel aimait toujours à reproduire en bas les formes supérieures et engendrer des êtres analogues à la nature de ses différentes parties. D'ailleurs, si on eût cherché à peindre ainsi les caractères de l'homme par ceux des animaux, on n'y verrait que des animaux qui existent réellement dans la nature, et qui ont un caractère connu, et non pas des monstres qui n'ont nulle part de type, tels que les centaures, etc. (Salmas, p. 11).

(e) p. 5. Avant de donner des noms aux divisions du zodiaque et aux autres parties du ciel, on y traça des figures symboliques dont ces divisions prirent ensuite leurs dénominations (a). Ainsi on appela signes du bélier, du taureau, etc., les divisions dont les étoiles étaient groupées sous les images de ces animaux symboliques.

(f) p. 5. Sextus Empiricus (b) observe avec raison que ce n'est pas sur un fond de ressemblance qu'ont été inventés les symboles astronomiques; mais qu'ils sont comme des caractères emblématiques de la science, comme des signes d'instruction.

« Oceani sitiens cùm jam canis hauserit undam,
« Et paribus Titan orbem libraverit horis, etc.

(Columelle, 1. 10, v. 41.)

(g) p. 8. Lesystème zodiacal présentait le tableau de l'année entière, considérée dans ses rapports avec l'état de la lumière et de la végétation, et avec les travaux du cultivateur. Les noms des mois, dont les signes célestes furent originairement l'expression hieroglifique, furent, chez les Islandais, imaginés d'après leur comparaison avec l'état de la nature dans chacun des mois. Nous en sommes revenus là nousmêmes dans notre nouveau calendrier républicain. Les Allemands ap pellent juin le mois des foins, juillet celui des moissons, septembre e (a) Gemin., p. 7. -- (b) Sex. Emp. ady. Metth. 1. 5. p. 125.

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mois du vent, octobre le mois du vin, etc. Les peuples du Curdistan ont leur mois des roses ou gulan, qui répond à mai ; leurs mois debâc et eilân, dont les noms désignent la chaleur et la sécheresse (a). Tels sont aussi les mois du calendrier royal d'Yezdeghêrd chez les Perses et ceux du Catay (b). Ces calendriers sont presque tous météoro→ logiques.

(h) p. 9. «Non dubium quin cœteras pecudes bos honore superare debeat, quod ille Athenis Cereris et Triptolemi fertur minister; quòd inter fulgentissima sidera particeps cœli; quòd deindè laboriosissimus adhuc homini socius in agriculturâ, cujus tanta fuit apud antiquos veneratio, ut tam capitale esset necare bovem quam civem. » (Colum., 1. 6, ex præm. ; Varro de Re rusticâ, l. 2, c. 5).

(i) p. 9. Je crois devoir répondre à ceux qui prétendent que les sphères grecque, chaldaïque et égyptienne ne se ressemblent point, et qu'ainsi on ne peut tirer une induction générale d'après notre sphère et d'après les animaux qui y sont tracés. Voici ce que dit Saumaise (Ann. Clim. Præf. p. 20): « Easdem figurationes, ut res est, videntur habuisse Chaldæi, AEgyptiique cum Græcis, sed alias historias causasque eorum inter astra relationis commenti sunt; atque indè extitit differentia græcanica spheræ et barbaricæ, sicut à Nigidio diversis voluminibus pertractatæ fuere. In græcanicâ Mu☺oloy poeticæ Græcorum astronomiæ persecutus fuerat, in barbaricâ ægyptiacæ. Fluvium cœlestem Græci Eridanum esse asserebant, AEgyptii Nilum (c). Capricorni alia est historia Græcis, alia AEgyptiis. Quædam videntur Græci et à Syris accepisse, sive à Chaldæis, ut piscium figurationem cum suâ causâ et historiæ rationem, etc. » On voit sur des fragmens d'obèlisques égyptiens le sagittaire et les poissons tels qu'ils sont dans notre zodiaque (d).

(k) p. 12. Origène, dans ses Commentaires sur Saint Jean, fixe à la fin du mois nisan la récolte chez les Juifs. Plusieurs peuples moissonnent, dit Varon (e), durant le temps qui s'écoule depuis le printemps jusqu'au solstice d'été.

(p. 13. L'empereur Julien, dans son hymne au soleil, p. 290, parlant de ceux qui commencent leur année au solstice d'été, donne pour raison qu'alors les récoltes sont faites et serrées, et les fruits prêts à cueillir. Hypparque cite les vers d'Aratus sur le passage du soleil au lion (ƒ), où il est dit qu'alors les campagnes sont vides d'épis. Théon, kp. 123, fait la même observation.

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(a) lyd. de vet. Pers. Relig.; p. 183. p. 197-224. (b) Hyd., p. 21. (c) Pook deseript., t. 2, part. 2, p. 207. (d) De Re rustic., 1. 1, c. 32. (c) Hipp., 1. 2, c. 3 p. 119. · (f) Strab., 1. 17, p. 817.

(m)p. 13Strabon parle d'un puits qui était à Syène, lequel servait à observer le solstice d'été. Le soleil, ce jour-là, se trouvait à midi perpendiculairement placé au-dessus, et son image se peignait au fond des eaux. C'était une espèce de gnomon. « Umbras nusqnam flectente Syene, » dit Lucain.

(2)p 17 Comme le zodiaque a pu être aussi inventé dans l'Éthiopie, si ona dmet la seconde hypothèse qui suppose que l'on employa peutêtre les levers du soir, alors ces trois signes pourraient à toute rigueur désigner aussi les pluies, puisqu'il pleut en Éthiopie sous les trois signes, cancer, lion et vierge, auxquels ceux-ci sont opposés (a).

(o)p.12.Élien (de Animal. I. 10, c. 43) place sous ce mois les grandes pêches de l'Égypte, les poissons couvrant la plaine au moment de la retraite des eaux. Peut-être est-ce là ce qu'on a voulu peindre ? Une ancienne épigramme grecque dit aussi qu'au mois de septembre la pêche était des plus abondantes (b).

(p) p 25 Je crois devoir icirépondre à ceux qui prétendent qu'onne labourait pas en Égypte, et conséquemment que le taureau et la vache n'ont pas pu y être pris pour symboles de l'agriculture.

Outre les témoignages de Pline et de Diodore, que nous apportons ici pour prouver qu'on labourait en Égypte, et que le bœuf fut regardé comme l'animal agricole, même dans ces climats, nous avons la réponse des Égyptiens eux-mêmes. Lorsqu'on demandait aux Égyptiens pourquoi ils honoraient d'un culte religieux la vache, c'est, disaient-ils, parce que cet animal contribue à donner un labour léger aux terres (Diod. Sic. 1. 1, c. 87, p. 97). « Tertia ab ipsis causa affertur, utilas animalium, quâ vitam hanc communem et societatem hominum adjuvant. Nam vacca, inquiunt, et boves, qui terram opere exerceant, parit, et ipsa leviùs solum vomere proscindit την μεν γαρ θήλειαν Βούν έργατας τίκτειν και την ελάφραι τῆς γῆς ἀροῦν

Remarquez que Diodore avait dit 'ailleurs qu'après la retraite du Nit, on donnait un labour léger aux terres, xoupons aporpacs; il dit dans le chapitre suivant, c. 88, p. 98; que les bœufs Apis et Mnevis étaient consacrés, δια την της χρειαν νεωργίας.

Résumons. Les Égyptiens adoraient une foule d'animaux, et lë culte même des animaux semblait être un caractère distinctif de leur religion. Its donnent pour raison du culte de ces animaux les services qu'ils en tiraient, et en particulier ils disent du bœuf et de la vache qu'ils les avaient consacrés à cause du service dont ces animaux sont dans la culture des terres. Donc ils s'en servaient pour le labourage; (a) Nonnos apud Phot. Codex 3, (b) Adrian, Jun., t. 8 Ant. Græc. collect. 21,

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donc ils étaient animaux agricoles, même en Égypte. Car certainement, la raison d'utilité, qui les fit consacrer chez eux, était celle qui leur était relative, et non pas l'utilité dont ils étaient à tout autre qu'à eux.

Ajoutons à cela que Lucien nous dit que ce culte d'Apis, auquel les besoins du labourage avaient donné lieu en Égypte, se rapportait au taureau céleste. Donc le taureau céleste ne fut honoré dans Apis que comme animal agricole, destiné au labourage dont il était le symbole dans les peintures allégoriques, comme il en était l'instrument dans la réalité.

(9)p. 25. Quoique nous soyons persuadés qu'originairement on commença la division du zodiaque par le solstice d'été, nous ne pensons pas pour cela qu'on ait jamais varié. Il est même certain que, dans les derniers temps, c'était de l'équinoxe de printemps que l'on commençait à compter, et c'est encore la méthode aujourd'hui Il paraît que la manière de commencer à compter étant arbitraire, on a même pris le solstice d'hiver pour point de départ des signes, comme le prouve le planisphère de Kirker, OEdip. t2, part. 2, p. 208. Le plus généralement on a pris pour point de départ l'équinoxe, même en Egypte, suivant le témoignage de Théon, Ce commentateur observe qn'Aratus commence son zodiaque par le solstice d'été, quoique les Égyptiens le fissent commencer à l'équinoxe. « Ægyptii meritò ab ariete sumunt initium, omnia animalia sumentes secundum analogiam cum membris corporis. Arietem caput esse ferunt, etc. » Nous observons également que le taureau, gravé sur tous les obélisques avec la lettre A ou avec le caractère numérique de l'unité, annonce que, dès ce temps-là, on comptait de l'équinoxe. Cette méthode était aussi celle des Perses qui appellent A le taureau, B les gémeaux, etc. Mais cela n'empêche pas qu'originairement on ait pu compter du solstice d'été. D'allleurs les Égyptiens avaient plusieurs années, plusieurs périodes qui pouvaient avoir plusieurs points de départ différens. Le zodiaque qui servait à l'astrologie, était aussi employé dans la religion, et fixait la marche du temps dans l'année civile et dans l'année rurale; et conséquemment il put être différemment envisagé. Dans les travaux d'Hercule, nous avons une année qui conmence au solstice d'été; dans les voyages de Bacchus, elle commence à l'équinoxe de printemps. Peut-être l'une était-elle année solaire et l'autre lunaire.

(r) p.31. Dans la Haute-Égypte, les lions paraissent en grand nombre

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(s) p. 31. Dans la Haute-Egypte, les lions paraissent en grand nombre au solstice d'été. Ils en sont chassés par les moucherons (a). Ceci pourrait devenir une source d'explication dans la seconde hypothèse que nous proposons.

(t) p. 32. Hyde (b) observe que c'est parce qu'anciennement ce signe répondait aux moissons, qu'on y peignit une jeune glaneuse, ou même simplement un épi. Voilà pourquoi les Perses appellent ce signe épi, nom que l'on donne encore à la belle étoile de ce signe. Théon lui-même (c) reconnaît que la vierge en particulier est un emblème relatif à l'agriculture, et que toute cette figure est symbolique. Spicam fert virgo, quia agricultura veneratione digna. Quicumque de eâ locuti sunt absurda dixere. Hoc enim totum factum est ποιητική και Αινιγματοδει εξουσιᾳ. » Il en dit autant de l'hydre, du corbeau et de la coupe qu'il regarde comme autant de symboles, comme on peut le voir ci-après. Donc nous sommes fondés à regarder les figures tracées dans nos constellations, comme des emblèmes relatifs à la végétation, aux phénomènes annuels et aux opérations agricoles.

Le nom de vendangeuse, donné à une des étoiles de la vierge, prouve encore cette vérité : « In dexterâ alâ virginis stella splendida quæ vocatur Пpotvyμnτup; nam paucis diebus vindemia tempus præcedit. » (Théon, p. 121.) La figure de l'hirondelle, donnée au poisson céleste, est encore une confirmation, comme nous le faisons voir dans ce Mémoire et dans nos notes.

A l'article du loup qui répond en automne au mois des chasses, Théon dit que cet animal est συμβολον θηρας. (Théon, p. 15o). Il en fut vraisemblablement de même du grand chasseur Orion qui se lève dans cette saison, et qui reste toute la nuit sur l'horizon. Le centaure placé sur la balance, et à l'époque du vin nouveau, tenait une outre pleine de vin : « Arbitrantur eum tenere in dextrâ Burσav id est utrem vini plenum (Germ. c. 38). Pars autem ejus equina juxtà Chelas (la balance, signe d'automne) apposita est,» dit Théon, p. 50. On voit qu'il y a du dessein de la part des inventeurs des signes, d'avoir mis une coupe pleine de vin dans la main du centaure qui répondait au temps où, la vendange étant faite, on goûtait déjà le vin nouveau,

(u) p. 39. Il y a des chasses en Ethiopie dans les grandes chaleurs.

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